La Très Sainte TRINITÉ
Nous vivons aujourd'hui en Église, la solennité de la Sainte Trinité
Sandro Botticelli : la Pala delle Convertite ou La Sainte Trinité
"Cette œuvre, peinte sur bois, représente Dieu le créateur, la colombe du Saint-Esprit située, en signe d’amour et d’échange, entre le visage du Père et celui du Fils. Ils sont alignés verticalement dans une mandorle (forme géométrique en forme d’amande) où figurent des séraphins (créatures ailées qui, dans la bible, entourent le trône de Dieu). Le Père soutient de ses mains la croix du Christ qui est entourée de deux éperons rocheux. Devant celui de droite figure Saint Jean Baptiste. De son bâton, il montre ce qui est au centre de cette représentation : le Christ en croix. A gauche, Marie-Madeleine, avec de longs cheveux huileux lui couvrant le corps, le visage émacié tourné vers Jésus, prie intensément. Dans la partie inférieure, près de ses pieds figurent deux autres petits personnages. Il s’agit de l’Archange Raphaël, reconnaissable à ses ailes. Son nom signifie Dieu guérit (de l’hébreu : refa = guérir et El = Dieu). Il est accompagné de Tobie tenant à la main le poisson, que sur ordre de Raphaël, il avait capturé pour en extraire le fiel qui guérirait la cécité son père Tobias.
Que retenir de la présence de tous ces personnages. Celle de la Sainte Trinité nous révèle que, de la complémentarité des différences et des distinctions, nait l’amour. Celle de Jean-Baptiste et de Marie-Madeleine évoquent l’appel à la conversion. Nous sommes invités à nous laisser transformer par l’amour de Dieu. L’Archange Raphaël (qui est le patron des voyageurs et dispensateur des dons du Saint Esprit) nous rappelle que Dieu nous accompagne constamment pendant la durée de notre pèlerinage terrestre et que les dons de l’Esprit Saint nous permettent de nous entraider afin que, malgré nos dissemblances, nous ne formions qu’un seul corps. Celle de Tobie, avec le poisson qui avait dans l’antiquité des vertus de guérison nous appelle à découvrir l’infinie miséricorde de Dieu. L’ange Raphaël a dit à Tobie : « Éventre le poisson, enlève-lui le fiel, le cœur et le foie, mets-les à part pour les emporter… Car le fiel, le cœur et le foie sont des remèdes efficaces » (Tb 6, 4). Depuis l’origine de l’Église, le Christ a été symbolisé par les lettres qui forment, en grec, le mot Poisson, ICHTUS. Elles sont traduites en français par : Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Saint Augustin évoquant le Livre de Tobie a écrit : « Ce poisson, qui remontait le fleuve et se livrait à Tobie, c’est le Christ qui par sa passion amère, a mis en fuite Satan et guéri le monde aveugle ». Cette discrète présence a donc, dans le tableau, une grande valeur symbolique. Elle nous invite à découvrir qu’il est la préfiguration du Christ qui, totalement uni au Père par un amour mutuel, guérit nos cœurs et nos tourments intérieurs et nous convie à la Vie Eternelle.
En ce dimanche, faisons nôtre ces paroles du chant des Moines de l’Abbaye de Keur Moussa (Sénégal) : A toi la louange, ô Père qui nous a donné la vie. A toi la louange, ô Fils toi qui nous a rachetés ! A toi la louange, ô St Esprit, toi qui nous as comblés de tes dons. Que l’univers entier redise : nous Te louons, nous T’adorons et nous Te bénissons. Gloire à Toi, Seigneur, qui nous a convié à la demeure éternelle !" (1)
J'aime cette reproduction de la Sainte Trinité car le peintre lui a donné aussi un autre nom: La Pala delle Convertite qui peut se traduire ainsi : le Rétable des personnes converties. On comprend alors pourquoi Botticelli a mis Marie-Madeleine et Jean le Baptiste au pied de la Croix.
La Trinité nous lance ici un vibrant message de conversion. La MISÉRICORDE du Dieu trinitaire nous invite à la conversion, seul chemin de salut.
On dit que Botticelli a changé avec cette peinture sa façon de peindre. Et on dit que cela est dû à la personnalité et à l'enseignement du Dominicain florentin Savonarole. Cela m'impressionne car un de mes deux Bienheureux préférés, Pier Giorgio Frassati, était un grand admirateur de Savonarole. Pier Giorgio a eu une grande admiration pour des personnalités de l'Ordre des Dominicains ; pour saint Dominique, bien sûr, mais aussi pour d'autres personnalités dominicaines. Il a avait sur le meuble à côté de son lit un cadre contenant l'image de Sainte Catherine de Sienne qui faisait partie du Tiers-Ordre de saint Dominique. Trois ans avant sa mort, Pier Giorgio devient membre laïc du tiers-ordre des Dominicains. Lorsqu'il a fait sa profession perpétuelle comme laïc dominicain, il a choisi de s'appeler Frère Jérôme en l'honneur de Jérôme Savonarole, un Frère Dominicain du 15ème siècle qu'il admirait pour sa volonté de réforme démocratique et sa lutte pour la chasteté (2).
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