Bienheureuse Dina Bélanger
“ Aimer et laisser
faire Jésus et Marie ”.
En cette année de la vie
consacrée, il me fait plaisir de présenter au grand public une de nos Bienheureuses québécoises: Dina
Bélanger. Dina Bélanger a été béatifiée par le pape Jean-Paul II, le 20 mars
1993, en même temps que la fondatrice de la Congrégation à
laquelle elle appartenait (Congrégation
de Jésus-Marie), nommée Claudine Thévenet.
(Les informations qui suivent, écrites en couleur, sont tirées du fascicule publié par
la Conférence
des évêques catholiques du Canada)
Dina
est née à Québec (c'est la première Bienheureuse née à Québec, ma ville natale),
le 30 avril 1897, fille unique de Séraphia Matte et Olivier Bélanger. À
quatorze ans, elle demande à être pensionnaire au couvent de Bellevue (endroit où ma sœur Marie a étudié). Elle
fait alors la prière suivante : « Ô mon Dieu, accordez-moi, pendant mon séjour ici, de ne pas vous offenser par la
plus légère faute vénielle volontaire ». À quatorze ans, elle consacre
à Dieu sa virginité. couleur
Ses
études terminées, elle revient chez ses parents et poursuit des études de
piano. Elle se trace un règlement de vie axé sur la prière, la messe, la
communion, le chapelet et la méditation. Elle accompagne sa mère dans
l’exercice des œuvres de charité de la paroisse, auprès des pauvres et des
malades.
En
1916, elle accepte avec plaisir de s’inscrire au Conservatoire de New York.
Pendant deux ans, elle y fait des études supérieures de piano et d’harmonie. De
retour à Québec, Dina donne des concerts et poursuit des études d’harmonie par
correspondance.
À
vingt-quatre ans, elle entre au noviciat des Religieuses de Jésus-Marie à
Sillery. Elle prend l’habit l’année suivante sous le nom de Marie Sainte-Cécile
de Rome, et prononce ses vœux annuels de religion le 15 août 1923. En
septembre, elle est désignée professeur de musique au couvent Saint-Michel de
Bellechasse. Elle y fera trois séjours interrompus par la maladie.
Depuis
l’âge de onze ans, Dina est favorisée d’une intimité avec Notre-Seigneur, qui
la conduit aux plus hauts sommets de la vie mystique. À la demande de sa
supérieure, à compter de 1924, elle fait le récit de ses expériences
spirituelles. Admise à la profession perpétuelle le 15 août 1928, Dina entre
définitivement à l’infirmerie en avril suivant. Elle y décédera le 4 septembre
1929, à l’âge de 32 ans, emportée par la tuberculose pulmonaire qui avait été
diagnostiquée au printemps 1926.
Sa spiritualité
Elle
fait sa première communion à dix ans et dès lors, le recueillement, la
méditation, l’intimité avec Jésus, occupent ses pensées. Son aspiration vers
Dieu, elle la traduit alors par ces mots : « Dieu seul ! Comme le cerf altéré
soupire après l’eau des fontaines, ainsi mon âme soupire après vous, ô mon
Dieu! Mon Dieu, je souffre de ne pas souffrir! Je meurs de ne pas mourir! »
Favorisée
de grâces exceptionnelles, Dina multiplie les exercices de piété et les
sacrifices volontaires alors que Jésus se communique à son âme par une voix et
des visions intérieures. « J’étais
d’une nature extrémiste, écrit-elle dans son autobiographie; je me livrais au bien, alors j’étais décidée
à monter jusqu’au sommet ». Mais sa nature indépendante lui donne fort
à lutter contre son « goût
d’isolement et de paix égoïste ».
Dina
étudiante, a du goût pour toutes les sciences. Elle est passionnée de l’art et
du beau et vise au plus parfait : « Je voulais reconnaître en moi les talents divins »,
écrit-elle, mais son idéal est si élevé qu’elle considère ne pas mériter les
éloges reçus. Naturellement portée à la méditation, elle n’éprouve pas le
besoin de demander aux livres l’aliment spirituel dont elle est avide :
« C’est que Jésus me le donnait
lui-même. Il se faisait le grand Livre où rayonnaient à mes yeux, en gros
caractères, le secret du bonheur et la science de l’amour ».
Toutefois, l’autobiographie de Thérèse de l’Enfant-Jésus l’éclaire sur la
science de l’abandon. Novice, elle s’offre comme victime, martyre et apôtre en
union avec Marie selon l’esprit de Grignion de Montfort.
Sa
vie spirituelle s’approfondit et elle découvre les richesses de la Trinité : « Pour que Dieu puisse verser à profusion ses
grâces dans une âme humaine, il faut qu’Il trouve Jésus vivant en elle … Pour devenir un abîme capable d’être envahi
par l’Infini, il faut d’abord l’anéantissement absolu, dans le domaine
spirituel, de l’être humain ». Des lumières lui sont données pour
comprendre la présence de Jésus dans l’Eucharistie. Jésus lui révèle
intérieurement : « Tu ne me
posséderas pas plus au ciel, car je t’ai absorbée en entier ».
Dina
s’ouvre à la vie apostolique et missionnaire, et a faim de donner Jésus aux
âmes, en particulier les âmes religieuses et sacerdotales. « Dans toutes mes actions, mes paroles, mes
pensées, mes désirs, je me sens passive, comme sous l’influence de l’Être
suprême, comme sous la poussée, aussi suave que puissante, de l’Esprit d’amour.
Ma liberté est totale, et la moindre contention n’existe pas en cet état.
Simplement, la grâce est si forte que je ne puis pas y résister ».
L’attention continuelle à Dieu dans l’amour, devient son unique emploi. « Aie confiance en ma miséricorde. C’est
justement parce que tu es faible et misérable, que je t’ai choisie »,
lui dit intérieurement Jésus. Son union à lui est si profonde qu’elle peut
écrire : « Le Christ Jésus vit
à ma place sur la terre. Il s’est substitué à moi, et je ne suis plus rien ».
Elle rejoint ainsi la parole de l’Apôtre : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».
Pour
faire comprendre à quel point Dina Bélanger était unie à Jésus, qu’il suffise
de savoir que Jésus l’appelait « ma
petite moi-même »:
« Jésus y est tellement à l'aise qu'il communique avec elle comme avec l'amie la plus intime, n'hésitant pas à l'appeler ma petite moi-même. Oui, je t'ai choisie pour me reproduire en toi (...), lui avait-il dit, nul ne te ravira mon Coeur. Ces paroles laissent percevoir la vocation privilégiée de Dina Bélanger » (1)
« Jésus donna deux guides à Dina: l’Hostie et
l’Étoile: “L’Hostie, c’était
Lui-même; l’Étoile, c’était sa Sainte Mère. Il me représenta un chemin d’épines
dans lequel il était passé le premier et où il désirait me voir marcher.
D’abord les épines étaient peu nombreuses; elles se multipliaient à mesure que
j’avançais... Et je voyais sans cesse l’Hostie et l’Étoile, qui figuraient
Jésus et Marie, au-dessus de ma route, un peu en avant de moi...
Je saisis comment le plus léger refus pouvait me priver d’une immense quantité de grâces; après un premier manquement, la volonté a moins de résistance... Par contre, la correspondance à l’inspiration sainte attire un autre secours du ciel... Par ma faute, il m’était possible de compromettre ma mission... Et toutes ces âmes qui attendaient la lumière de ma fidélité! Je renouvelai à Jésus ma ferme résolution de répondre à ses désirs. J’étais confiante en son amour, en sa bonté, et confondue en ma misère extrême. Mon doux Maître me dit:
Je saisis comment le plus léger refus pouvait me priver d’une immense quantité de grâces; après un premier manquement, la volonté a moins de résistance... Par contre, la correspondance à l’inspiration sainte attire un autre secours du ciel... Par ma faute, il m’était possible de compromettre ma mission... Et toutes ces âmes qui attendaient la lumière de ma fidélité! Je renouvelai à Jésus ma ferme résolution de répondre à ses désirs. J’étais confiante en son amour, en sa bonté, et confondue en ma misère extrême. Mon doux Maître me dit:
— Je veux me servir de toi
parce que tu n’es rien, je veux prouver ma puissance par ta faiblesse.
Cette dernière phrase, il me l’a répétée en d’autres
circonstances par des mots qui reviennent toujours à cette idée:
— C’est justement parce que tu
es incapable et faible que je me sers de toi, afin que mon action seule
apparaisse.
Jésus se substitue à Dina
Jésus se substitue à Dina
Le 13
novembre 1923, Dina va bénéficier d’une grâce étonnante qui éclairera tout le
reste de sa vie, et qui est comme le prélude à sa mort annoncée pour le 15 août
suivant: “Le 13 novembre au
matin, dixième jour (de
ténèbres intérieures) et fête
de Saint Stanislas Kostka, patron des novices, Notre Seigneur revint avec ses
consolations et chargé de ses miséricordes à mon égard. Il me montra un autel
assez élevé sur lequel s’élevaient de brillantes flammes: c’était l’autel de
son amour. Dans sa main, je vis mon cœur, le mien, celui qu’il m’avait enlevé à
la retraite du postulat; il me le fit regarder, comme pour me donner l’avantage
de me livrer une fois de plus entièrement et librement à lui, puis il le plaça
sur l’autel; le feu l’enveloppa, je le vis brûler jusqu’à la dernière fibre; il
n’en resta rien, absolument rien.
Durant
l’incendie divin, il me semblait que ma nature frémissait, gémissait, et,
enfin, elle me parut morte au moment de la destruction complète. Quand le
brasier n’eut plus d’aliment, le feu s’abaissa et s’éteignit. Au centre, il
restait des cendres. Jésus s’approcha, souffla sur elles et les anéantit.
Enfin, il ne restait rien de moi-même.
Néanmoins,
si j’étais morte selon les desseins du Sauveur, n’étais-je pas encore vivante
sur la terre? Oui, mais alors, Jésus prit ma place. Il se substitua à mon être.
Il venait de me faire disparaître, le champ était libre. Il pouvait agir
lui-même en liberté. Il me démontra que mes apparences extérieures n’étaient
plus qu’un manteau dont il était obligé de se servir, un manteau qui le
dérobait aux regards humains et lui permettait de continuer sa vie ici-bas.
Puis il ajouta:
— Afin de te prouver que ce tableau n’est pas un
effet de ton imagination et que cette action d’anéantissement de ton être vient
en vérité de moi, Jésus, ton Dieu, je te donne un signe extérieur.
À ce moment
même Dina se mit à sangloter. Jésus lui dit:
— C’est moi, qui te fais pleurer; voilà le signe
que je t’accorde.
Les larmes
de Dina coulèrent pendant longtemps, mais, curieusement, elle n’eut pas
les yeux rougis... Après cette faveur insigne de la substitution de Jésus en
elle, souvent la voix de Jésus lui disait:
— Laisse-moi faire.
Et souvent
aussi Jésus répétait sa soif des âmes:
— J’ai soif des âmes! J’ai soif d’amour! Je mendie
les cœurs... On ne m’écoute pas, on me repousse, on m’insulte et on me
frappe!... Oh! que j’ai soif et que je souffre!...
Et
encore:
— Aujourd’hui, je veux ramener beaucoup de brebis
égarées; je vais les chercher; toi, pour leur obtenir la grâce du retour,
laisse-moi faire en tout. (2)
« En
mai 1924, Dina écrit: “Mon
Jésus, ah! que je t’aime! Je veux vivre et mourir martyre d’amour, victime
d’amour, apôtre d’amour pour vous seul, mon Dieu! Marie, ma bonne Mère, vous
que j’aime tant, accordez-moi d’aimer toujours Jésus et de le faire aimer avec
son Cœur à lui, et avec votre Cœur à vous. »
En cette année de la vie
consacrée, il fait bon entendre les confidences que Jésus Eucharistie a faites à Dina Bélanger:
Jésus cherche des consolateurs
Jésus est souvent
délaissé dans son Eucharistie. Il n’y a que peu d’adorateurs devant ses tabernacles.
Pourtant, Jésus est là, véritablement vivant, avec sa chair, son âme et sa
divinité. Et, de plus, comme Jésus est présent dans l’intégralité de son
humanité, Il reste dans son Eucharistie avec toute sa sensiblité.
Combien peu
d’âmes comprennent la plainte de son Cœur au tabernacle!... plusieurs
l’entendent; bien peu, hélas! la comprennent!” Jésus
confie:
— Mon Cœur pense continuellement aux âmes, et la
plupart des âmes, même consacrées, m’oublient si souvent. Je veux que tu penses
toujours à moi comme je pense toujours à toi et aux âmes.
On m’oublie!
On m’oublie! Ce ne sont pas seulement les âmes du monde qui m’offensent, ce
sont les âmes religieuses qui m’oublient. On prie, on agit avec une sorte de
piété de surface; dans la prière et dans l’action, l’amour manque de
profondeur. Mon Cœur est si sensible à l’amour vrai de la part des âmes qui me
sont consacrées! Je suis si sensible à leur amour désintéressé, à leur amour
qui ne cherche en tout que mes seuls intérêts!... Je veux de l’amour, j’en
cherche et j’en trouve si peu! On me traite comme un Être absent, quand je suis
si réellement présent auprès des âmes et dans les âmes!
Nous sommes en
août 1928. Dina essayait de consoler le Cœur de Jésus des outrages qu’il reçoit
dans l’Eucharistie. Jésus dit:
— Je suis bien plus sensible à l’amour indifférent
des âmes qui me sont consacrées qu’aux sacrilèges et aux profanations criminels
dont je suis l’objet de la part de mes ennemis. Je donne tant de grâces et de
lumières aux âmes qui me sont consacrées... Offre-moi à mon Père... Offre
l’amour et la patience de mon Cœur Eucharistique. Par l’offrande de mon Cœur,
tu supplées infiniment pour tous les outrages que, mon Père et moi, nous
recevons; tu supplées au manque d’amour des âmes consacrées...
Si tu savais
combien tu me fais plaisir quand tu désires me consoler!
Il est vrai,
affirme Dina, que le Seigneur, dans l’Hostie consacrée, ne peut pas souffrir:
mais l’outrage, le mépris, la haine, l’oubli, l’indifférence, l’ingratitude
l’atteignent quand même dans sa sensibilité, et blessent son Cœur
Eucharistique.
— La souffrance de mon Cœur, dit Jésus, c’est le martyre de l’amour. Toi,
aime-moi!
Le Cœur
Eucharistique parle souvent des âmes consacrées: “Il m’a fait prier pour elles, m’a
demandé des actes de mortification intérieure, afin de le consoler et d’obtenir
pour les âmes qu’il s’est choisies une connaissance plus grande du Don de Dieu.
Le Don de Dieu pour les âmes consacrées, c’est le Cœur de l’Époux.”
Les plaintes de
Jésus continuent:
-Dans toutes
les communautés religieuses, il y a beaucoup d’âmes consacrées qui ne
comprennent pas ce que c’est que le renoncement parfait... Et il y en a si peu
qui comprennent l’amour de mon Cœur... Il y a bien peu d’âmes consacrées à qui
mon Cœur peut se communiquer comme il le désire!”
Un jour, Jésus
montra à Dina des âmes consacrées trop distraites:
-Et moi, je
passe... Mon Cœur demande de la consolation, et toutes ces âmes, s’occupant
d’elles-mêmes ou du monde, ne me consolent pas... Toi, prie, souffre, aime-moi,
en ne t’occupant que de moi seul.
Dina est comme
accablée par la douleur de Jésus qui lui demande:
-Veux-tu la garder, cette souffrance intime
de mon Cœur que je te donne à certains moments?... Offre à mon Père, pour mes
prêtres, l’esprit de prière de mon Cœur, mon esprit d’oraison, l’union parfaite
de mon Cœur avec lui. C’est ce qui manque à tant de mes prêtres, l’esprit
d’oraison, de vie intérieure. (3)