L'autorité de Jésus
En ce 4ème dimanche de l'année B, l'évangile nous dit que Jésus enseignait "en homme qui a autorité", et non pas comme les scribes ; on pourrait ajouter, selon moi, "et non pas comme les pharisiens".
ÉVANGILE
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1, 21-28)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm.
Aussitôt, le jour du sabbat,
il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
On était frappé par son enseignement,
car il enseignait en homme qui a autorité,
et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue
un homme tourmenté par un esprit impur,
qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?
Es-tu venu pour nous perdre ?
Je sais qui tu es :
tu es le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement :
« Tais-toi ! Sors de cet homme. »
L’esprit impur le fit entrer en convulsions,
puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur
et se demandaient entre eux :
« Qu’est-ce que cela veut dire ?
Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !
Il commande même aux esprits impurs,
et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout,
dans toute la région de la Galilée.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Le mot "autorité" étymologiquement, vient du verbe "augere" qui veut dire "augmenter", "faire croître". Mais augmenter quoi ? Augmenter la crainte et la peur ? NON. Augmenter la CONFIANCE? OUI.
L’autorité, c’est faire grandir l’autre !
Nous croyons qu’il faut de l’autorité pour gérer le pays, une entreprise, ou un service. Et nous pensons souvent que l’autorité, c’est pouvoir donner des ordres et les faire appliquer. Il n’est donc pas étonnant qu’on parle de crise de l’autorité !
Michel Serres nous apprend que le mot « autorité » vient du latin et fait partie du même groupe que augmenter (augere en latin). Il en conclut qu’avoir de l’autorité sur quelqu’un, c’est l’augmenter, le faire grandir.
« Celui qui a autorité sur moi doit augmenter mes connaissances, mon bonheur, mon travail, ma sécurité, il a une fonction de croissance. La véritable autorité est celle qui grandit l’autre. » Michel Serres (article du Point) (1)
Les pharisiens et les scribes aimaient rabaisser les gens du haut de leur autorité. Jésus aime à élever les gens du haut de son humilité. Les pharisiens et les scribes aimaient faire peser de lourds fardeaux sur les épaules des gens mais sans les remuer eux-mêmes d'un seul doigt (Mt 23, 4). Jésus veut nous soulager de nos fardeaux et nous donner le repos : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous procurerai le repos" (Mt 11, 28).
Dans l'évangile d'aujourd'hui, on voit Jésus exercer son autorité sur les esprits impurs. En seulement six paroles (six mots) Jésus réussit à faire taire l'esprit impur et le faire sortir du pauvre homme qui était sous son emprise. À d'autres endroits Jésus commande à la mer et au vent. Mais l'exercice de l'autorité de Jésus m'émerveille surtout quand d'une seule parole il bouleverse et change la vie des gens. Un bel exemple de cela est l'appel de l'apôtre Matthieu. Matthieu était juif et travaillait pour les Romains. Or il ne faisait pas n'importe quel travail pour les Romains, il percevait pour eux les impôts des Juifs, Il était détesté de ses frères juifs mais il était riche. En deux mots, Jésus va changer toute la vie de Matthieu. Saint Bède le Vénérable nous dit ceci :
"Jésus vit un homme assis au bureau de la douane ; son nom était Matthieu. « Suis-moi », lui dit-il. Il le vit non pas tant avec les yeux du corps qu’avec le regard intérieur de sa miséricorde. ~ Il vit le publicain, et parce qu’il le vit d’un regard qui prend pitié et qui choisit, il lui dit : « Suis-moi », c’est-à-dire imite-moi. En lui demandant de le suivre, il l’invitait moins à marcher derrière lui qu’à vivre comme lui ; car celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher dans la voie où lui, Jésus, a marché. ~ Matthieu se leva et le suivit. Rien d’étonnant que le publicain, au premier appel impérieux du Seigneur, ait abandonné sa recherche de profits terrestres et que, négligeant les biens temporels, il ait adhéré à celui qu’il voyait dépourvu de toute richesse. C’est que le Seigneur qui l’appelait de l’extérieur par sa parole le touchait au plus intime de son âme en y répandant la lumière de la grâce spirituelle. Cette lumière devait faire comprendre à Matthieu que celui qui l’appelait à quitter les biens temporels sur la terre était en mesure de lui donner dans le ciel un trésor incorruptible." (Office des lectures du 21 septembre 2024)
Matthieu a vu dans le regard de Jésus que cet homme qui l'appelait à le suivre était capable de lui donner plus que tout l'or du monde ; il a bien compris que Jésus pouvait le rendre heureux et le faire grandir dans l'amour.
J'espère que vous connaissez la merveilleuse série sur Jésus intitulée: "The Chosen" ou "L'élu" en français (2). Dans cette série, le personnage que je préfère est Matthieu. Il est un peu bizarre mais il m'est très sympathique. Voici l'appel de Matthieu dans "The Chosen" :
Je t'invite à regarder le fragment du film "The Chosen" qui contient le moment où Matthieu est appelé par Jésus à le suivre.
YouTube · #OnEstEnsemble · 6 déc. 2021
Saint Jean Bosco dont nous allons célébrer la fête dans trois jours, le 31 janvier, était un grand éducateur. Dans le texte ci-dessous, il nous fait comprendre comment doit s'exercer la véritable autorité.
LETTRE DE S. JEAN BOSCO À SES CONFRÈRES
Que de fois, mes chers fils, dans ma longue carrière, j'ai dû me persuader de cette grande vérité : il est toujours plus facile de s'irriter que de patienter, de menacer un enfant, que de le persuader ! Je dirai même qu'il est plus facile, pour notre impatience et pour notre orgueil, de châtier les récalcitrants que de les corriger, en les supportant avec fermeté et douceur.
Je vous recommande la charité que saint Paul employait envers les nouveaux convertis à la religion du Seigneur, et qui le faisait souvent pleurer et supplier quand il les voyait peu dociles et répondant mal à son zèle.
Écartez tout ce qui pourrait faire croire qu'on agit sous l'effet de la passion. Il est difficile, quand on punit, de conserver le calme nécessaire pour qu'on ne s'imagine pas que nous agissons pour montrer notre autorité ou pour décharger notre emportement.
Considérons comme nos enfants ceux sur lesquels nous avons un pouvoir à exercer. Mettons-nous à leur service, comme Jésus qui est venu pour obéir, non pour commander. Redoutons ce qui pourrait nous donner l'air de vouloir dominer, et ne les dominons que pour mieux les servir.
C'est ainsi que Jésus se comportait avec ses Apôtres, en supportant leur ignorance, leur rudesse et même leur manque de foi. Il traitait les pécheurs avec gentillesse et familiarité, au point de susciter chez les uns l'étonnement, chez d'autres le scandale, et chez beaucoup l'espoir d'obtenir le pardon de Dieu. C'est pourquoi il nous a dit d'apprendre de lui à être doux et humbles de cœur.
Puisqu'ils sont nos enfants, éloignons toute colère, quand nous devons corriger leurs manquements, ou du moins modérons-la pour qu'elle semble tout à fait étouffée.
Pas d'agitation dans notre cœur, pas de mépris dans nos regards, pas d'injures sur nos lèvres. Ayons de la compassion pour le présent, de l'espérance pour l'avenir : alors vous serez de vrais pères, et vous accomplirez un véritable amendement.
Dans les cas très graves, il vaut mieux vous recommander à Dieu, lui adresser un acte d'humilité, que de vous laisser aller à un ouragan de paroles qui ne font que du mal à ceux qui les entendent, et d'autre part ne procurent aucun profit à ceux qui les méritent. (Office des lectures du 21 septembre, dans le bréviaire)
(1) https://parcours-performance.com/lautorite-cest-faire-grandir-lautre/
(2) Pour voir en français les trois premières saisons de cette magnifique série, veuillez cliquer sur le lien suivant: https://qub.ca/tvaplus/tva/l-elu