Un événement extraordinaire
J'ai vécu aujourd'hui un des beaux moments de ma vie presbytérale (sacerdotale).
Voici, ci-dessous, la genèse de cet événement.
Les personnes sont réelles, mais j'ai changé leurs noms pour ne pas qu'elles soient facilement identifiables.
Chronologie des événements :
Mardi le 9 août la secrétaire de la paroisse m'avise que des funérailles auront lieu mercredi le 17 août. Ce seront des funérailles d'une enfant nommée Agathe qui aurait eu 5 ans ce jour-là. Ses parents désiraient que leur enfant ait ses funérailles le jour de son anniversaire. À chaque année, tout le monde se rassemblait pour fêter l'anniversaire d'Agathe. Ses parents désiraient que la famille se réunisse une fois de plus lors de son anniversaire, mais dans des circonstances très différentes.
Dans un courriel, notre secrétaire me met au courant du fait que Diane et Louis avaient trois filles : Judith 7 ans, Agathe qui aurait aura 5 ans le 17 août, et Jasmine qui a deux ans.
Je téléphone à la famille et je leur dis que je désire les rencontrer. Les parents m'invitent chez eux pour vendredi après-midi, le 12 août, à 14h30. Je me rends à leur domicile. Je suis très bien accueilli. Je rencontre les parents et leurs deux petites filles.
Les parents sont des catholiques très convaincus et qui fréquentent leur communauté chrétienne. Ils sont assidus à la messe dominicale. Leur foi leur aide énormément à traverser cette épreuve, mais leur souffrance est grande. J'apprends que la mort d'Agathe est due à une tumeur qu'elle a eue au cerveau. Un médicament a smblé faire effet mais par la suite, les choses se sont précipitées et la mort de la petite est arrivée très vite. Une des souffrances de Diane, est d'entendre la petite Jasmine, âgée de deux ans, lui demander : "Où est Agathe ?" Cette petite est trop jeune pour réaliser ce qui se passe. Vers la fin de la rencontre, Diane me dit que son papa est sur le point d'entrer en soins palliatifs. Je les quitte en les assurant de mes prières.
Toute la famille vient à la messe dans notre paroisse, dimanche le 14 août. Le soir, Diane m'appelle pour me demander si je pourrais aller donner l'onction des malades à son père qui est aux soins palliatifs à l'hôpital. Je lui dis que je pourrais aller voir son papa le lendemain, lundi le 15 août. Mais j'ajoute que, puisque le lundi est ma journée de congé hebdomadaire, si elle pense que son père en a encore pour quelques jours à vivre, je pourrais y aller mardi. Diane me dit qu'elle va en parler avec son père. Le lendemain, lundi, Diane me dit que son père est disposé à me recevoir le jour suivant, mardi.
Mardi matin, le 16 août, je me rends auprès de Denis, le père de Diane. Il n'est malheureusement pas conscient, alors que la veille il était très éveillé. Je lui donne le sacrement de l'onction des malades. Plus tard dans la journée, j'appelle Diane pour avoir une information concernant les funérailles de sa fille et elle en profite pour me demander de prier pour son père car il est très possible qu'il ne passe pas la nuit. Quelle tristesse ! Je souhaitais qu'il ne meurt pas le lendemain, jour des funérailles d'Agathe, sa petite-fille.
Le mercredi 17 août, à 14h, ont eu lieu les funérailles d'Agathe. Alors que j'accueillais la famille à la porte de l'église, Diane m'apprend que son père est décédé en matinée. Ce que je craignais était arrivé. Diane me demande de prier pour sa mère qui est très affectée par ces deux morts. Vous pouvez imaginer la douleur et la tristesse qui devait habiter le coeur de Diane alors qu'elle perdait son papa le matin et enterrait sa petite fille en après-midi. Les fuérailles, bien que très émouvantes, se sont somme toute bien déroulées.
Le lendemain, jeudi le 18 août, je téléphone à Sylvie, la mère de Diane, pour lui offrir mes plus sincères condoléances pour la mort de son époux. Elle me demande alors si je pourrais célébrer les funérailles de son mari lundi le 22 août à 13h. J'accepte volontiers J'apprends que Denis sera exposé dimanche, en après-midi.
Dimanche matin, le 21 août, toute la famille de Diane et Louis est à la messe de 10h dans notre paroisse. Je suis édifié de cela, sachant qu'ils devront être au salon funéraire en après-midi. Il est clair dans mon esprit qu'il venaient chercher la force de Dieu et du saint sacrifice de la messe.
L'événement extraordinaire :
J'arrive maintenant à l'événement extraordinaire qui fait l'objet de ce blogue. Vous me direz peut-être que tout ce que j'ai écrit jusqu'à maintenant est déjà pas mal extraordinaire. Oui, c'est vrai, mais ce que j'ai écrit jusqu'à maintenant est "tristement extraordinaire".
Cet après-midi (dimanche après-midi. le 21 août), vers la fin de l'après-midi, je me suis dirigé vers le salon funéraire. En arrivant, j'ai croisé du regard Sylvie, l'épouse du défunt, Diane et Louis. Je leur ai fait signe que j'irais les trouver dans un instant, mais que je désirais d'abord aller faire une prière devant le défunt. Une fois mon moment de prière terminé, je me dirige vers Sylvie, Je la salue et je salue ensuite Diane. J'arrive devant Louis; je le salue, il me salue et me dit: "Diane est enceinte." Je n'en croyais pas mes oreilles. Il m'a assuré que oui. Je me suis alors tourné vers Sylvie et Diane et toutes deux avaient un large sourire. Les trois personnes qui avaient été les plus affectées par les drames des derniers jours, avaient un large sourire sur leurs visages. Comme c'était beau ! Je leur ai dit que c'était merveilleux et que j'étais ému. J'ai dit aux autres membres de la famille qui étaient à côté d'eux : "Les voyez-vous sourire ?" Et le sourire aux lèvres eux aussi, il m'ont répondu : "Oui." J'ai demandé à Louis à quel moment ils ont appris la nouvelle. Il m'a répondu : "Il y a deux jours."
Jamais de ma vie j'aurais pu imaginer en me rendant au salon funéraire, que je verrais mes nouveaux amis sourire à la vie à nouveau.
OUI, LE SEIGNEUR FAIT BIEN LES CHOSES.
"MISERICORDIAS DOMINI, IN AETERNUM CANTABO." (Psaume 88, verset 2)
"JE CHANTERAI ÉTERNELLEMENT LES MISÉRICORDES DU SEIGNEUR."