dimanche 17 juin 2012

À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ?

À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu?
Voilà la question qui occupe l’esprit de Jésus dans l’évangile de  ce onzième dimanche du temps ordinaire : à quoi vais-je comparer le règne de Dieu ? Je dirais plus simplement : à quoi vais-je comparer la vie de Dieu ? Jésus est venu sur terre pour nous parler de Dieu, pour nous montrer qui est Dieu, pour nous faire comprendre qui est Dieu. Lui, Jésus, sait qui est Dieu, étant Dieu lui-même, étant une des trois Personnes de la divine Trinité. Il connaît par expérience interne qui est Dieu. Mais comment expliquer cela aux gens, à des humains en particulier? C’est toute une tâche, n’est-ce pas? 
Un des meilleurs moyens que Jésus ait trouvé pour nous parler de Dieu, ce sont les paraboles, ces petites histoires inventées par Jésus ou ces comparaisons qui sont sorties de son imagination et de son cœur. C’est un moyen approprié pour nous parler de Dieu car la parabole révèle et cache en même temps. On ne peut pas révéler Dieu totalement; on peut dire quelque chose sur Dieu mais son identité et son mode de fonctionnement resteront toujours en grande partie cachés à nos yeux et à notre intelligence.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous propose deux paraboles. Une des deux paraboles est la suivante :
Jésus disait encore : « À quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter? Il est comme une graine de moutarde: quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde Mais quand on l'a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. » (Marc 4, 30-32) 
Première révélation : de même qu’un grain dans un champ est caché, de même le règne de Dieu (ou la vie de Dieu), est caché. Cela est vrai et je n’ai pas besoin d’essayer de vous convaincre que Dieu est caché. Il est si bien caché que certaines personnes nient son existence. Or, s’il est caché, il faut le trouver. Le trouver où ? À l’intérieur. À l’intérieur de quoi ou de qui ? À l’intérieur de nous. Un de mes prochains textes sur mon blogue portera sur l’intériorité, l’intériorité comme chemin obligé pour rencontrer Dieu. Pour trouver Dieu, il faut entrer en nous-mêmes. Dieu est au plus profond de nous; Dieu habite en nous. Il n’est pas caché bien loin; Il est caché en nous. Et c’est en nous qu’il faut le trouver. Saint Augustin une fois converti à Dieu a dit cette phrase admirable : « Je te cherchais à l’extérieur et tu étais à l’intérieur de moi. Je te cherchais dans tes créatures et je négligeais le Créateur.» Il faut s’exercer à chercher et à trouver Dieu là où il se trouve : au dedans de nous. Jésus n’a-t-il pas dit aussi : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous », selon la traduction que la Vulgate (1) fait du texte que l’on retrouve en Luc 17, 21 ?  

Le cardinal Carlo Maria Martini, dans une retraite qu’il prêchait à des jeunes,  a essayé de leur faire comprendre comment nous pouvons rencontrer le Seigneur. De fait, ce sont les jeunes eux-mêmes qui lui avaient demandé : « Comment pouvons-nous apprendre à mieux prier pour pouvoir rencontrer plus intimement le Seigneur? » (Carlo Maria Martini, Tu mi scruti e mi conosci, Àncora, p.77) Le cardinal Martini a alors invité les jeunes au recueillement, à entrer en eux pour y trouver Dieu. Le cardinal a alors donné deux exemples : son expérience personnelle et l’exemple du pape Jean-Paul II. Voici ses paroles que je traduis pour vous de l’italien :
« Je me trouve souvent distrait par des visites, des audiences, des rencontres, des appels téléphoniques, des nouvelles; mais du moment où je réussis finalement à me recueillir, je vois plus clairement ce que Dieu veut de moi, ce que je dois faire, ce qui est vraiment important. E je reprends force. C’est un secret que celui du recueillement. J’ai pu, à titre d’exemple, constater que notre Saint Père le pape Jean-Paul II connaît ce secret et le vit quotidiennement. Durant les voyages très fatigants qu’il fait, quand il est forcé de parler continuellement, le pape réussit toujours à trouver ne serait-ce que quelques minutes pour se recueillir en silence. Il semble alors se détacher de tout et de tous car il demeure immobile, concentré. Il m’est arrivé de le noter alors que nous étions ensemble en hélicoptère. De même aussi le matin, avant de commencer sa journée intense et fatigante, le pape se retire dans sa chapelle dans un silence absolu et reste immobile. Je pense que c’est justement à cause de cette profonde intériorité qu’il est plein de force lorsqu’il parle. »  (Ibid, pp. 78-79)    
Et voici la deuxième parabole que Jésus nous propose dans l’évangile d’aujourd’hui :
Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi.  Et dès que le grain le permet, on met la faucille, car c’est le temps de la moisson. » (Marc 4, 26-29)
Deuxième révélation : la semence, aussi petite soit-elle, aussi cachée soit-elle, possède une puissance énorme, une énergie énorme, une vitalité énorme. Cette petite semence a la possibilité de produire au centuple. Et rien n’arrête sa croissance. Que je dorme ou que je sois éveillé, elle grandit. Cette parabole que seul l’évangéliste saint Marc nous rapporte, est certainement une des plus optimistes et réalistes qui soient. La vie de Dieu croît en celui qui croit; et croît toujours, à moins de tuer volontairement cette vie divine; ce qui, malheureusement, peut arriver. Mais même là, la vie pourra ressusciter si nous le désirons. Ne dit-on pas qu`à Hiroshima ou à Nagasaki, alors que la bombe atomique avait tout détruit et tué, la végétation et la vie se sont mises à renaître après des années.
Cette petite parabole de Marc nous enseigne que même s’il y a du chiendent autour de la plante, même s’il y a du chiendent dans ma vie de chrétien à cause de mes péchés, de mes nombreux péchés, la vie divine croît toujours, grandit toujours, progresse toujours. Comme c’est beau, n’est-ce pas ??? Et comme c’est encourageant !!!
Jésus, pour révéler Dieu, ne s’est pas servi de raisonnements théologiques, de démonstrations mathématiques; Il s’est servi de la nature et de l’observation de la nature. Le surnaturel, comme le mot le dit, est un ajout à la nature. Pour comprendre le surnaturel, il faut « observer la nature », l’observer au sens de la regarder attentivement mais l’observer aussi au sens de respecter ses demandes et ses exigences. 
(1)   La Vulgate est la traduction latine de la Bible qu’a faite saint Jérôme.

mardi 12 juin 2012

Un an déjà !

Un an déjà !

Cher lecteur, chère lectrice, 

Aujourd'hui mon blogue a un an. Lorsque je parle aux gens de mon blogue, souvent je l'appelle "mon bébé". Je suis très fier de ce blogue et je me réjouis de voir que des personnes de différents pays aiment à le lire et à s'en nourrir. Il m'arrive parfois de relire un des nombreux textes que j'y ai mis (plus de cinquante à date), et je m'étonne de ce que j'ai écrit. Cela me fait toujours du bien de me relire. C'est très bon signe, selon moi; cela veut dire que l'Esprit est à l'oeuvre. Je pense que lorsqu'un texte nous touche, il est bon de le relire quelque temps plus tard. Nous avons trop tendance à penser qu'une chose lue ne vaut pas la peine d'être relue. Erreur ! Qui n'a pas fait l'expérience de revoir un bon film et de trouver de nouvelles choses dans ce même film, d'être " touché " à des moments différents de la projection ? 

Je célèbre aussi aujourd'hui mon anniversaire d'ordination presbytérale. Le 12 juin 1983, j'étais ordonné prêtre par le pape Jean-Paul II en la basilique Saint-Pierre de Rome. Je considère que mon blogue est une des façons les plus excellentes pour moi d'exercer mon ministère sacerdotal. 

Merci à vous de me lire; merci à vous de prier pour moi. Si jusqu'à maintenant, vous n'avez pas prié pour moi, je vous encourage à le faire. Ainsi, grâce à vous, je pourrai continuer à écrire sur mon blogue et, peut-être, vous toucher à nouveau et nous conduire joyeusement à la rencontre du Seigneur. 

Amicalement, 

Guy, omv    

dimanche 3 juin 2012

La Sainte Trinité et le mystère du mal

La Sainte Trinité et le mystère du mal:

Au lendemain du temps pascal, il nous fait bon de célébrer notre Dieu : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Aujourd’hui, dans l’Église, c’est solennité; c’est la fête de notre Dieu; c’est la fête de la très Sainte Trinité. C’est grâce à Jésus que nous savons cette vérité extraordinaire que notre Dieu est un seul Dieu en trois Personnes. Jamais nous n’aurions pu savoir cela si Dieu en personne ne nous l’avait révélé. Seul Dieu, selon moi, et Dieu en personne, dans la Personne de son Fils unique Jésus Christ, était habilité à nous dire cela, à nous apprendre cela et surtout, à nous le faire croire.
La doctrine sur la Trinité n’est pas facile à comprendre et notre Dieu trois fois saint étant un mystère, nous ne parviendrons jamais à le saisir complètement. Mais nous pouvons tout de même comprendre, ou à tout le moins intuitionner quelque chose de son mystère et nous en réjouir. C’est ce que je me propose de faire dans les lignes qui suivent : vous proposer des réflexions sur notre Dieu qui, je l’espère, vous aideront à l’aimer davantage et à mettre davantage toute votre confiance en Lui.
Une des choses les plus belles que j’aie entendues sur Dieu, a été dite par Éric-Emmanuel Schmitt. Éric-Emmanuel Schmitt est l’auteur francophone le plus lu sur la planète. Je suis sûr que plusieurs d’entre vous le connaissent. J’aime toujours entendre parler M. Schmitt de sa conversion ou lire quelque chose à ce sujet. Cet écrivain s’est converti à Dieu en février 1989, dans le désert du Hoggar. Il est entré athée dans le désert et il en est ressorti croyant. Je vous invite à lire son témoignage dans l’avant-propos de sa pièce de théâtre intitulée : Mes Évangiles (1). Cette pièce de théâtre est, en quelque sorte, un deuxième écrit sur un même thème car l’auteur a voulu « réécrire pour la scène » son roman intitulé : L’Évangile selon Pilate. Alors qu’il était perdu dans le désert, Schmitt a vécu la plus belle nuit de sa vie, sa nuit mystique comme il aime lui-même l’appeler. Voici comment Éric-Emmanuel Schmitt a décrit cette nuit à un journaliste du journal La Croix :

« Quand la nuit et le froid sont tombés, comme je n’avais rien, je me suis enterré dans le sable. Alors que j’aurais dû avoir peur, cette nuit de solitude sous la voûte étoilée a été extraordinaire. J’ai éprouvé le sentiment de l’Absolu et, avec la certitude qu’un Ordre, une intelligence, veille sur nous, et que, dans cet ordre, j’ai été créé, voulu. Et puis la même phrase occupait mes pensées : Tout est justifié. »

Cette expérience de l’écrivain francophone le plus lu sur la planète est tout simplement extraordinaire, spécialement pour notre époque, pour la sensibilité de l’homme et la femme modernes. Car plus que jamais, selon moi, le grand obstacle à la foi en un Dieu bon et aimant est le « mystère du mal ». Selon ce que je comprends de l'expérience spirituelle qu'a vécue M. Schmitt dans le désert en 1989, en découvrant que "tout est justifié", toutes les objections contre un Dieu bon qui pourrait être complice du mal, sont disparues en un instant de son coeur. La phrase « Tout est justifié » est l’équivalent de dire que « Tout a un sens ». Alors que de très nombreuses personnes peinent à trouver un sens à la vie, un sens à ce qui leur arrive, M. Schmitt a reçu de Dieu ce cadeau extraordinaire de savoir et de croire que tout a un sens. Et les mots " dans cet ordre, j'ai été créé, voulu ", revêtent une signification particulière lorsqu'on entend monsieur Eric-Emmanuel Schmitt nous dire que c'est suite à cette expérience dans le désert qu'il est devenu écrivain; que toute cette imagination créatrice que l'on retrouve dans ses écrits a en quelque sorte "débloqué", vu le jour. C'est vraiment comme si en cette nuit de 1989, M. Schmitt avait été "créé à nouveau", en quelque sorte.  

La fin de semaine dernière, je remplaçais mon confrère Sylvain pour la messe de 10h à l’église Ste-Marthe, à la Rivière des Prairies. Lorsque je vais là, je rencontre un homme assez extraordinaire du nom de Jean. Après la messe, Jean me dit qu’une des choses les plus belles qu’il ait lues sur Dieu a été écrite par Julienne de Norwich, une mystique anglaise du 14ème et 15ème siècles. Si je me souviens bien, ce qui avait frappé Jean, ce sont des phrases qui ressemblent à la révélation qu’a eue Éric Emmanuel Schmitt. Je lui ai demandé de me faire parvenir ce texte. Je ne l’ai pas encore reçu. Mais ma confiance en Jean est si grande et mon admiration envers cet homme est telle que j’ai voulu, en cette fête de notre Dieu, aller voir ce que dit cette grande mystique. Dans un des textes récents que j’ai mis sur mon blogue, en date du 14 mai 2012, j’ai cité avec crainte et tremblement cette mystique qu’est Julienne de Norwich. Je l’ai citée parce que c’était le Père Raniero Cantalamessa qui le faisait. Or, en faisant ces jours-ci une recherche sur cette mystique, j’ai découvert que notre pape Benoît XVI avait parlé assez longuement de Julienne de Norwich lors de l’audience générale du mercredi 1er décembre 2010. Or le pape fait justement allusion au fait que Julienne de Norwich est très importante à cause des lumières qu’elle nous donne sur le « mystère du mal ». Voici ce qu’a dit le pape durant cette audience:

« Je voudrais souligner un autre point. Le Catéchisme de l’Eglise catholique rapporte les paroles de Julienne de Norwich quand il expose le point de vue de la foi catholique sur un thème qui ne cesse de constituer une provocation pour tous les croyants (cf. nn. 303-314). Si Dieu est suprêmement bon et sage, pourquoi le mal et la souffrance des innocents existent-ils? Même les saints, précisément les saints, se sont posé cette question. Illuminés par la foi, ils nous donnent une réponse qui ouvre notre cœur à la confiance et à l’espérance: dans les mystérieux desseins de la Providence, Dieu sait également tirer du mal un bien plus grand, comme l’écrivit Julienne de Norwich: «J’appris de la grâce de Dieu que je devais rester fermement dans la foi, et que je devais donc solidement et parfaitement croire que tout aurait bien fini...» (Le livre des révélations, chap. 32). Oui, chers frères et sœurs, les promesses de Dieu sont toujours plus grandes que nos attentes. Si nous remettons à Dieu, à son immense amour, les désirs les plus purs et les plus profonds de notre cœur, nous ne serons jamais déçus. «Et tout sera bien», «chaque chose sera pour le bien»: tel est le message final que Julienne de Norwich nous transmet et que moi aussi je vous propose aujourd’hui. Merci. »  (Benoît XVI, 1/12/2010)

Voici quelques extraits de l’œuvre de Julienne de Norwich intitulée : Les Révélations de l’Amour Divin :

Troisième révélation : compréhension spirituelle
« Rien n'est fait par hasard, tout est ordonné et réglé par la prévoyante sagesse de Dieu; s'il nous en semble autrement, c'est que nous sommes aveugles ou à courte vue. Pour l'homme, certaines oeuvres sont bonnes, d'autres mauvaises. Pas pour Dieu; toutes sont bonnes et parfaites, et entre ses oeuvres, la plus grande et la plus petite le sont au même titre. Toutes choses furent, même avant leur accomplissement, établies par lui dans l'ordre qu'elles conserveront pour toujours. Et rien, absolument rien, ne s'en écartera, car c'est dans le plein exercice de sa bonté infinie que Dieu a fait toutes choses; et la Trinité est toujours pleinement satisfaite de toutes ses oeuvres. »

Treizième révélation : compréhension spirituelle

« Notre Seigneur me remit ensuite dans l'esprit l'ardent désir de le posséder; et je vis que rien ne s'y opposait si ce n'est le péché. Je me dis que si le péché n'avait pas existé, nous aurions tous été purs et semblables à Dieu, tel qu'il créa nos premiers parents. Je m'étais souvent demandé pourquoi la grande sagesse de Dieu qui prévoit tout n'avait pas mis obstacle au premier péché; car, pensais-je, tout alors eût été bien. Jésus m'y répondit : ''Il convient que le péché existe; mais, sois sans inquiétude, tout ira bien, tout finira bien.''  Avec ce simple motpéché, Notre Seigneur me mit dans l'esprit tout ce qui n'est pas bon en général; toutes les souffrances et douleurs, corporelles ou spirituelles, toutes les souffrances passées ou à venir, y compris la Passion. Mais je ne vis pas le péché; je crois, en effet, qu'il n'a pas de substance, ni aucune sorte d'être; on ne saurait le connaître autrement que par la souffrance qu'il cause. On peut dire que la souffrance est quelque chose pour un temps donné, car elle nous purifie, nous amène à nous connaître nous-mêmes et à demander miséricorde. Notre bon Seigneur réconforte par ces paroles : ''Il est vrai que le péché est cause de toutes ces souffrances; mais tout ira bien, oui, tout ira bien, aie confiance, tout finira bien.''  Ces paroles me furent adressées avec la plus parfaite tendresse, sans me montrer aucune sorte de blâme. C'était donc bien mal à moi et un grand manque de confiance filiale de me plaindre ou de m'étonner de la conduite de Dieu, alors que Lui ne m'inflige aucun reproche pour mes péchés.  Je vis dans ces paroles un merveilleux mystère, profondément caché en Dieu; mystère qu'il nous révélera un jour. Dans mon anxiété pleine de tristesse, je disais à Notre Seigneur : ''Ah! Mon bon Jésus, comment pourrait-il se faire que tout aille bien, étant donné le grand mal que le péché fait à la créature?''  Notre Seigneur daigna me répondre tout à fait doucement et avec un air des plus tendres : ''Puisque j'ai réparé le plus grand mal, tenez pour certain que je réparerai aussi tout ceux qui sont moindres.''  L'enseignement qui me fut donné ici, c'est que nous devons mettre toute notre confiance en notre bien-aimé Sauveur et nous réjouir en lui seul. »

« Tout ira bien, tu le verras toi-même. »

Dans ces deux paroles, mon âme saisit plusieurs enseignements. Jésus veut que nous sachions qu'il ne fait pas seulement attention aux choses nobles et grandes, mais aussi aux petites, aux actions les plus humbles. La moindre chose ne sera ni oubliée ni perdue. C'est là ce que veut dire: Tout ira bien.

Dans la seconde parole, il s'agissait des actions mauvaises à nos yeux et qui causent de si grands maux qu'il nous paraît impossible qu'elles arrivent jamais à une bonne fin. Nous le constatons, avec désolation et tristesse, sans pouvoir nous résigner à entrer dans les vues de Dieu comme nous le devrions. Cela vient de ce que notre raison est aveuglée, trop simple pour comprendre la suréminente Sagesse, la Puissance et la Bonté de la Trinité. Par ces mots, Notre Seigneur voulait dire : ''Pour le moment, sois seulement fidèle et confiante; un jour viendra où tu verras cela en toute vérité, au sein d'une joie parfaite.''

Il y a une Oeuvre que la sainte Trinité accomplira au dernier jour. Quand et comment sera-t-elle faite? Aucune créature ne saurait le dire avant son accomplissement. Cette grande Oeuvre décidée par Dieu de toute éternité, profondément cachée dans son sein, connue seulement de lui, c'est celle où toutes choses seront par lui réparées. Car, de même que la Trinité a créé tout de rien, ainsi fera-t-elle que tout ce qui n'est pas bien le devienne. La plénitude de la joie consiste à voir Dieu en tout. Il permet parfois que nous fassions quelques chutes, plus graves qu'auparavant à ce qu'il nous semble. Si nous ne faisions aucune chute, nous ne saurions pas à quel point nous sommes faibles par nous-mêmes; puis nous ne connaîtrions pas aussi bien l'amour extraordinaire que notre Créateur a pour nous. Jamais, à aucun moment, nous n'aurions eu moins de valeur à ses yeux. » (Julienne de Norwich, Les Révélations de l’Amour Divin)

Une des phrases les plus lumineuses qui aient été écrites sur le mystère du mal, nous vient de saint Augustin: « Car le Dieu Tout-puissant (...), puisqu’il est souverainement bon, ne laisserait jamais un mal quelconque exister dans ses œuvres s’il n’était assez puissant et bon pour faire sortir le bien du mal lui-même. » (S. Augustin, enchir. 11, 3).

Je veux terminer ce texte en l’honneur de la Trinité par un message que m’a envoyé un de mes meilleurs amis de Québec nommé Michel. Voici ce que m’a écrit Michel :

Le passage suivant d'un film de Pagnol m'a fait penser au sacrement de la réconciliation:

Angèle, entraînée par un mauvais garçon, s’est prostituée. Saturnin, l’employé de ses parents, vient la chercher à Marseille. (C'est Fernandel qui jouait le rôle de Saturnin.)

« Écoute, ce qui t’arrive en ce moment, voilà comment je le comprends… C’est comme si on me disait : « Notre Angèle est tombée dans un trou de fumier. » Alors moi j’irais, et je te prendrais dans mes bras, et je te laverais bien. Et je te passerais des bois d’allumettes sous les ongles, et je te tremperais les cheveux dans l’eau de lavande pour qu’il ne te reste pas une paille, pas une tache, pas une ombre, rien… Je te ferais propre comme l’eau, et tu serais aussi belle qu’avant. Parce que, tu sais, l’amitié, ça rapproprie tout, tout, tout… Et si un jour, par fantaisie, tu venais me dire : « Saturnin, tu te rappelles le jour où je suis tombée dans le fumier? » moi, je te dirais « Quel fumier ? … Où ?... Quand ? … Comment ? … » Moi, je t’ai vue si petite, que je te vois propre comme tu es née. »

En allant voir sur internet, j’ai appris que cette scène est tirée du film de Marcel Pagnol, intitulé : Angèle, film français réalisé en 1934 d’après le roman de Jean Giono intitulé: Un de Baumugnes. Cela nous montre à quel point tout nous parle de Dieu, tout nous instruit sur qui est Dieu : l’art, le roman, le cinéma, la peinture, la nature, etc.

JOYEUSE SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE TRINITÉ !!!


(1)  Eric-Emmanuel Schmitt, Mes Évangiles, Éditions Albin Michel, 2004.