Notre-Dame-des-Innus
J'ai rencontré dernièrement mon amie Anne-Marie Forest et elle m'a montré une reproduction de la peinture qu'elle a créée et qui a pour nom : Notre-Dame-des-Innus. J'ai été ébloui par la beauté et la bonté qui émanent du visage de cette Vierge autochtone. J'ai alors demandé la permission à Anne-Marie de mettre cette Vierge sur mon blogue. Puisque l'article ci-dessous est publié par Mission chez nous (1), Anne-Marie m'a mis en contact avcc le directeur de Mission chez nous qui m'a gentiment accordé la permission de mettre sur mon blogue l'article ci-dessous. Je l'en remercie.
Anne-Marie Forest est artiste et agente de pastorale. Née en France, elle vit au Québec depuis 39 ans. Elle étudie les arts aux Écoles des Beaux-Arts de Lyon et de Paris. Formée en théologie à l’Institut de pastorale des Dominicains à Montréal, elle chemine aussi avec l’accompagnement de jésuites, dans la spiritualité de saint Ignace de Loyola. Elle travaille comme illustratrice pendant plusieurs années et réalise des peintures murales dans plusieurs églises de Montréal. Depuis 2010, elle s’engage au sein de plusieurs communautés en régions éloignées et en territoires autochtones.
Notre-Dame-des-Innus
La dévotion à la Vierge Marie est très présente dans plusieurs communautés autochtones. Anne-Marie Forest, qui a déjà été agente de pastorale à Manawan, est directrice de l’organisme Pasto Art Mobile et artiste-peintre. Après avoir réalisé un premier tableau de Marie montrant un visage avec des traits atikamekw, elle a décidé de poursuivre son travail avec ce nouveau tableau en lien avec les Innus. Elle nous décrit ici son processus de création.
Cette suggestion de peinture m’a été proposée par Ali Nnaemeka, o.m.i., après avoir découvert la représentation de Notre-Dame-des-Atikamekw que j’avais installée à l’église de Manawan.
J’ai donc été touchée par cette demande et je me suis mise à l’œuvre. J’ai d’abord trouvé une photo ancienne (de 1895 environ) d’une dame d’origine autochtone souriante qui m’a inspiré le visage de Marie. Puis, une sculpture datant du moyen âge où l’on voit Jésus tenant une colombe pour nous l’offrir, symbole de l’Esprit saint, m’a donné l’idée de représenter l’enfant Jésus tenant un oiseau. L’oiseau, de façon générale, est un messager qui communique avec le Créateur en montant très haut dans le ciel.
J’ai habillé l’enfant avec un costume traditionnel de chasseur en toile de tente brodée.
Dans la main de Marie, j’ai déposé l’image symbolique de pureté de la fleur de lis, ici dans les couleurs de l’iris que l’on trouve au Québec et sur la cote Nord, ainsi que quelques fruits orange de Chicoutai que j’ai goutés lors d’un voyage en Minganie (en référence aux fruits de l’Esprit).
Les fruits de l’Esprit enseignés dans la doctrine chrétienne sont très semblables aux sept points d’enseignement autochtone, transmis depuis des générations par les aînés, que sont la sagesse, l’amour, le courage, l’honnêteté, le respect, l’humilité et la vérité.
Près de l’enfant se trouvent ses mocassins, ornés d’une croix brodée en perles, qui annoncent déjà sa mort, mais tout près se trouve l’image d’un papillon, symbole iconographique de résurrection.
Les mocassins évoquent ici la cérémonie des premières pas présents dans la spiritualité et la culture des Premières Nations, mais aussi lors des funérailles pendant le dépôt du corps du défunt dans sa tombe. Comme je l’ai entendu, « pour sa dernière marche vers le Créateur afin qu’il le reconnaisse! »
Dans le ciel est présent un vol d’outardes qui forment une communauté solidaire, ainsi qu’en arrière-plan, un ours et un caribou, animaux souvent cités comme faisant partie de l’identité de plusieurs communautés autochtones, car ils ont aidé à leur survie.
En arrière-fond, à droite, se trouve une tente, d’où sort un peu de fumée, signifiant ainsi qu’elle est habitée. Elle fait référence à la présence des Innus dans le territoire, le Nitassinan, bien avant l’arrivée des colons européens. J’aime cette image de la tente qui peut évoquer aussi Moise, et sa vocation itinérante dans les récits de l’Ancien testament, ainsi que la Tente de la rencontre, lieu privilégié pour parler à Dieu.
Le canot est le moyen de déplacement et de communication sur cette route d’eau qui relient les Innus entre eux et leur donne accès à tant de ressources, comme le poisson et le saumon que j’ai esquissés. Jésus se nourrissait lui aussi de poisson! Le saumon, sur le plan symbolique, est celui qui remonte la rivière, vers la naissance de sa progéniture, mais aussi vers sa propre mort, qui intervient souvent juste après la ponte. Dans la symbolique chrétienne, le poisson est aussi l’un des symboles majeurs qu’utilisaient les premiers chrétiens en signe de reconnaissance. Il représente le Sauveur durant les débuts de l’Église primitive et rappelle l’eau, le baptême.
Le panier en écorce de bouleau est marque du respect envers la nature, don du Créateur. L’arbre offre donc sa robe pour permettre aux humains de fabriquer ce dont ils ont besoin.
Pour l’ensemble du tableau, j’ai communiqué avec plusieurs femmes originaires de la Côte-Nord qui m’ont fait part de leurs connaissances et de leurs suggestions. J’ai donc fait quelques corrections à la suite de ces remarques toujours pertinentes et intéressantes. Une œuvre faite dans la réciprocité !
Merci à ces collaboratrices de l’œuvre ainsi qu’à l’Esprit saint, inspirateur et guide durant ce temps de prière par le pinceau !
Œuvre réalisée en septembre 2024.
Tiré de : https://missioncheznous.com/notre-dame-des-innus/
(1) https://missioncheznous.com/