24 janvier: saint François de
Sales
Saint François de Sales
À Montréal aujourd’hui, les écoles sont fermées. La
ville, après avoir été ensevelie sous la neige depuis dimanche, connaît un
redoux et la pluie est venue s’ajouter à cela. La circulation automobile est au
plus lent en ville et les rues et trottoirs sont convertis soit en piscine, soit
en patinoire. La rencontre qui devait avoir lieu ce soir en notre paroisse pour
les adorateurs et adoratrices qui sont inscrits à l’adoration continue de jour
en notre chapelle d’adoration, a été annulée à cause du mauvais temps. Je reste
donc chez moi cet après-midi et cela me donne l’occasion d’écrire un blogue sur
le saint du jour: saint François de Sales. Ce saint, je ne le connais pas
tellement, mais il me fascine.
Commençons donc par montrer à quel point ce saint
avait confiance dans le pouvoir de l’adoration eucharistique. Comme vous le
savez probablement, nous vivons en ce moment la grande semaine annuelle de
prière pour l’unité des chrétiens. Cette semaine se terminera demain avec la
fête de la conversion de saint Paul. Mais le fait qu’on célèbre liturgiquement
la mémoire de saint François de Sales à chaque année durant cette semaine de
prière, est très providentiel. Car l’évêque saint François de Sales a travaillé
toute sa vie à unir les chrétiens de dénominations différentes. Dans les lignes
qui vont suivre, vous constaterez que de très nombreux calvinistes (un des courants du protestantisme) sont
devenus catholiques grâce à l’adoration eucharistique.
Saint François de Sales
avait fait de l'exposition du Saint Sacrement une occasion pour ramener les
personnes à la foi de l'Église des Pères. Quand il arriva à Thonon, il n'y
avait qu'une quinzaine de catholiques. En quatre ans, il y avait bien eu
quelques personnes qui étaient revenues dans la barque de Pierre, mais fort
peu. En octobre 1598, il décida d'organiser les Quarante Heures (*). Avec une audace
folle, il passa tout l'été à préparer cette acclamation de l'unique Roi
dans la Sainte Hostie. Le temps arriva enfin où Jésus fut exposé
solennellement dans l'église de Saint Augustin : des draps d'or, des cierges,
l'évêque, les prélats, un cardinal délégué du pape, tous devant le Seigneur de
l'univers dans l'ostensoir. Des personnes vinrent de tout le Chablais. Des
centaines de calvinistes venaient s'agenouiller devant le Saint Sacrement. En
onze jours, les archives retiennent qu'il y a eu 2.300 personnes qui revinrent
à l'Église de toujours, comme mûries au soleil du Saint Sacrement.
Tiré de: Maurice
Henry-Coüannier, Saint François de Sales et
ses amitiés, Monastère de la Visitation, Paris, 1993.
Ce qui m’impressionne
le plus chez ce saint, c’est qu’il ait réussi avec l’aide de Dieu à convertir
son cœur colérique en un cœur rempli de douceur. À tel point qu’on considère saint
François de Sales comme le saint de la douceur dans l’Église catholique. La
prière d’ouverture à la messe d’aujourd’hui, fait référence à cette douceur légendaire
chez ce saint évêque. Voici la prière d’ouverture de la messe d’aujourd’hui : Toujt par
« Pour le salut des âmes, Seigneur, tu as voulu
que l'évêque saint François de Sales devienne le serviteur de tous en toutes
choses ; fais que, soutenus par son exemple, nous donnions une preuve de ta
douce charité en nous dévouant pour nos frères. Par Jésus Christ, ton
Fils …
Ce saint est la preuve vivante que l’on peut et que l’on
doit prendre la conversion au sérieux. Même notre péché dominant peut
complètement disparaître de notre vie et faire place à la vertu opposée. C’est
la grande leçon que je retiens de notre saint du jour. Mais il ne faut pas
penser que la colère ait complètement disparu du cœur de François de Sales. La
perfection chrétienne ne consiste pas à faire disparaître les passions de notre
cœur, mais à ne pas leur donner libre cours. Voici le témoignage recueilli dans
un livre intitulé : Saint François
de Sales peint par les dames de la Visitation, ses contemporaines :
« La charité de notre saint fondateur lui avait
appris non seulement à étouffer les longs ressentiments, mais encore à réprimer
les premiers mouvements de la colère.
Un commandeur de Malte l’avait vivement sollicité d’accorder un
bénéfice à un ecclésiastique de ses amis. Il apprit que le saint Évêque avait
jugé son protégé indigne de remplir les fonctions de curé, et l’avait définitivement
refusé. Alors, plein de colère, il entra brusquement et insolemment dans la
chambre du Prélat, s’emporta en reproches, en menaces et en injures. Notre
Saint l’écouta, bonnet à la main, quoique le commandeur eût son chapeau sur la
tête. Lorsque celui-ci eut fini son injurieux discours, il sortit brusquement
sans donner au Saint le loisir de dire une seule parole. Les témoins de cette
scène en furent indignés, et dirent qu’il fallait demander raison d’un
semblable procédé. Le Saint leur imposa le silence : Je dois au contraire, leur dit-il, savoir bon gré à cet homme de m’avoir ôté la parole et la peine d’opposer
les raisons de la justice aux comportements de ses désirs. M. son frère lui
demanda en confidence s’il était bien possible que la colère ne l’eût point saisi
en cette rencontre. Le saint Évêque qui ne savait ni feindre ni mentir, lui
avoua qu’alors, comme en beaucoup d’autres circonstances, la colère bouillait
dans son cerveau comme l’eau dans un vase mis sur le feu; mais qu’avec la grâce
de Dieu il résisterait toujours à cette passion, dût-il mourir de la violence
de sa résistance; que son naturel sanguin et colérique allumait souvent la
colère dans la partie inférieure de son âme; mais qu’Il tâchait de ne jamais
rien dire sous son influence; que c’était l’ouvrage particulier de la perfection
intérieure de suffoquer les passions et de les étrangler à leur premier abord,
comme le jeune David égorgeait les lions et les ours qui venaient dévorer son
troupeau. » (1)
Docteur de l’amour: " Tout par amour, rien par force. " (François de Sales)
« Canonisé en 1665, et nommé Docteur de
l’Église en 1877, Saint François de Sales est considéré comme le “Docteur de
l’amour”. Ce titre que l’Église lui a attribué le définit parfaitement. En
effet, sa vie mouvementée fut constamment illuminée par une charité débordante
qui transparaît dans cet extrait d’une lettre adressée à Jeanne de
Chantal :“Quand sera-ce que nous serons tous détrempés en douceur et
charité envers notre prochain ? Quand verrons-nous les âmes de nos
prochains dans la sacrée poitrine du Sauveur ? Hélas! qui regarde le
prochain hors de là, il court fortune de ne l’aimer ni purement, ni
constamment, ni également; mais là, mais en ce lieu-là qui ne l’aimerait? Qui
ne supporterait ses imperfections ? Qui le trouverait de mauvaise
grâce ? Qui le trouverait ennuyeux ? Or, il y est ce prochain, ma
très chère fille, il est dans le sein et la poitrine du divin Sauveur; il y est
comme très aimé et tant aimable, que l’Amant meurt d’amour pour lui. Amant
duquel l’amour est en sa mort et la mort en son amour. »