Carême 2018
Demain, tous les catholiques du
monde entier entreront en Carême. Quelle force et quelle puissance de salut,
cela représente! Nous sommes tellement habitués à quantifier les choses, à
mesurer l’impact de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas. Or le domaine
du spirituel est non quantifiable; il échappe à toute emprise et à tout calcul.
Et pourtant son influence sur le monde est indéniable et nécessaire pour la
bonne marche des choses et pour la vie en société. Imaginons qu’il n’existe plus
en ce monde, et en particulier au Québec, de moines et de moniales, ces
personnes qui dédient leur vie entière à la prière, à la charité et à la
mortification pour le salut du monde. Imaginons que l’eucharistie ne soit plus
célébrée sur la planète. Si cela se produisait, nous assisterions sûrement à
une dégradation de la qualité de vie dans le monde. Cela est sûr.
Comme chrétien, je suis persuadé
que Dieu ne se laisse pas dépasser et vaincre par le mal; je suis convaincu que
le bien surpasse le mal, même quantitativement. Mais je suis tout aussi certain
que si plus personne ne priait Dieu, que si personne ne s’associait à la Passion et à la Résurrection de Jésus
pour le salut du monde, notre pauvre planète serait un lieu où résiderait la
mort ou tout au moins une atmosphère morbide. Nous n’avons, pour nous en
convaincre, qu’à regarder les lois que passent les sociétés dite évoluées et
souvent peuplées de nombreux athées: lois sur l’avortement, sur l’armement sans
limite, sur l’euthanasie, pour ne parler que de celles qui regardent l’être
humain et quoi encore; toutes ces lois privilégient la mort sur la vie. Et ici,
je n’ai même pas mentionné les lois qui favorisent la pollution et donc la mort
d’animaux, de plantes et de tous les organismes vivants. Les derniers papes que
l’Esprit Saint nous a donnés ne cessent d’encourager la CULTURE DE LA VIE comme réaction à la CULTURE DE LA MORT qui a court dans de
nombreux pays. La joie, la vie, la bonté, l’attention aux autres et au bien
d’autrui, sont souvent des valeurs que l’on retrouve plus facilement dans les
pays dits « sous-développés ». Pour ma part, je considère les
nations super industrialisées et malheureusement de plus en plus athées comme
étant presque des sous-produits de l’espèce humaine (1).
Et je crie haut et fort, en union avec un de mes
auteurs-compositeurs-interprètes québécois préférés: « HEUREUX LES
PAUVRES ».
« Heureux les
pauvres
Debout les pauvres
Car le Royaume des cieux vous
appartient
Car le Royaume des cieux est
en vos mains. »
(Richard Vidal, chant: L’Autre
Visage)
Le Carême est un des deux temps forts de l’année pour les catholiques, avec l’Avent qui nous prépare à Noël. Le Carême quant à lui, nous prépare à la plus grande
fête de l’année: la fête de Pâques. Un temps fort nous invite et nous incite à
faire plus pour le Seigneur et pour le salut du monde. Que ferai-je, que
feras-tu de plus dans ta vie pour vivre ce temps béni? Je t’invite à offrir
ce que tu feras de plus dans ta vie de prière ou de charité pour que plusieurs
personnes participent à la session Vie nouvelle et pour que de jeunes adultes deviennent
disciples-missionnaires en notre paroisse.
P.
Guy, omv, curé.
Extrait du message du pape François pour le Carême de cette
année:
Un
cœur froid
Dans
sa description de l’enfer, Dante Alighieri imagine le diable assis sur un trône
de glace[2]; il habite dans la froidure de l’amour étouffé. Demandons-nous
donc: comment la charité se refroidit-elle en nous? Quels sont les signes qui
nous avertissent que l’amour risque de s’éteindre en nous?
Ce qui
éteint la charité, c’est avant tout l’avidité de l’argent, « la racine de tous
les maux» (1Tm 6, 10); elle est suivie du refus de Dieu, et donc du refus de
trouver en lui notre consolation, préférant notre désolation au réconfort de sa
Parole et de ses Sacrements.[3] Tout cela se transforme en violence à
l’encontre de ceux qui sont considérés comme une menace à nos propres
«certitudes»: l’enfant à naître, la personne âgée malade, l’hôte de passage,
l’étranger, mais aussi le prochain qui ne correspond pas à nos attentes.
La
création, elle aussi, devient un témoin silencieux de ce refroidissement de la
charité: la terre est empoisonnée par les déchets jetés par négligence et par
intérêt; les mers, elles aussi polluées, doivent malheureusement engloutir les
restes de nombreux naufragés des migrations forcées ; les cieux – qui dans le
dessein de Dieu chantent sa gloire – sont sillonnés par des machines qui font
pleuvoir des instruments de mort.
L’amour
se refroidit également dans nos communautés. Dans l’Exhortation Apostolique Evangelii
Gaudium, j’ai tenté de donner une description des signes les plus évidents
de ce manque d’amour. Les voici: l’acédie égoïste, le pessimisme stérile, la
tentation de l’isolement et de l’engagement dans des guerres fratricides sans
fin, la mentalité mondaine qui conduit à ne rechercher que les apparences,
réduisant ainsi l’ardeur missionnaire.[4]
Que
faire?
Si
nous constatons en nous-mêmes ou autour de nous les signes que nous venons de
décrire, c’est que l’Église, notre mère et notre éducatrice, nous offre pendant
ce temps du Carême, avec le remède parfois amer de la vérité, le doux remède de
la prière, de l’aumône et du jeûne. (Pape
François, message pour le Carême 2018)
(1) Je
suis conscient que cette façon de m’exprimer peut sembler méprisante aux yeux
de certains. Je m’exprime ainsi en réaction au fait que certaines personnes
athées considèrent les croyants en Dieu comme étant des personnes simples ayant
peu évolué et que la pauvreté maintient souvent dans l’ignorance. Ignorance et
croyance en Dieu sont souvent associées dans l’esprit des tenants de
l’athéisme. Pour moi, le fait de ne pas croire en Dieu réduit en quelque sorte
l’être humain à l’état animal, le propre de l’animal étant de ne pas être
ouvert du tout à l’infini. Le « roseau pensant » dont a parlé
Blaise Pascal, n’est pour certains qu’un animal un peu plus évolué, mais un
animal tout de même. Penser ainsi est vraiment sous-évaluer l’espèce humaine.
Chant: L’Autre
Visage
Voici les paroles d’un chant composé par Richard
Vidal pour le lancement du livre Debout
les pauvres! de Laurette Lepage, le 28 mai 2009.
L’Autre Visage un soir m’a révélé
Le Serviteur qu’on a défiguré:
Les sales déchets, les sans-victoire
Les crucifiés sur nos trottoirs.
Quand tu iras
Marcher près de leur peur,
Tu sentiras
Le souffle de mon cœur;
Je te le dis:
« Heureux les pauvres
Debout les pauvres
Car le Royaume des cieux vous appartient
Car le Royaume des cieux est en vos mains. »
L’Autre Visage m’a dit de regarder
Les engelures de notre société :
Les froides nuits, les longs calvaires,
Les rêves morts dans la misère.
Quand tu iras
Toucher leur dur enfer
Tu reviendras
Le coeur plein de prière.
Je te le dis:
« Heureux les pauvres
Debout les pauvres
Car le Royaume des cieux vous appartient
Car le Royaume des cieux est en vos mains. »
L’Autre Visage m’a tant enraciné
Dans son amour des plus abandonnés :
Les rejetés, les charbons noirs,
Les oubliés du dépotoir.
Quand tu iras
Sur leur terrain brûlé,
Tu reviendras
Les yeux illuminés.
Je te le dis:
« Heureux les pauvres
Debout les pauvres
Car le Royaume des cieux vous appartient
Car le Royaume des cieux est en vos mains. »
Chant composé par Richard Vidal, pour le lancement du livre Debout les pauvres! de Laurette Lepage, le 28
mai 2009.
Questions
pour un partage:
Es-tu
fier de vivre dans un pays du premier monde, dans un pays super
industrialisé? Comment perçois-tu les pauvres? Sont-ils pour toi la chance de
l’Église, l’avenir de l’Église?
Que
feras-tu de plus pour le Seigneur et pour le salut du monde en ce Carême
2018 ?