Est-ce que les chiens vont au ciel ?
Bonjour chers amis! Bon dimanche! Le dimanche est le jour du Seigneur, le jour du repos et de la détente. Il faut
essayer de mettre nos problèmes de côté et apprécier les joies simples de la
vie et les joies extraordinaires que nous procure l’amitié divine.
Voici donc un blogue qui va dans
cette ligne. Un blogue qui semble plus léger, mais qui de fait ne l’est pas.
C’est au contraire, selon moi, un blogue très profond.
Vous devez être étonnés parfois
des questions qui montent dans votre cœur et même sur vos lèvres. Avouez bien
honnêtement que la plupart d’entre vous (et je serais porté à penser que tous
parmi vous) se sont posés au moins une fois dans leur vie la question que vous
avez lue il y a un instant: « Est-ce que les chiens vont au ciel ?».
Comme vous le savez, si vous
lisez tous mes blogues, je lis en déjeunant (au petit déjeuner, pour vous mes amis Français). En ce moment, je
lis le livre de Mme Odile Haumonté, intitulé: « Au quotidien avec l’Esprit Saint ». Le temps de Pâques est le
temps par excellence de l’Esprit. Je tenais à lire un livre sur l’Esprit Saint.
Le livre de Mme Haumonté me convient parfaitement en ce moment. D’ailleurs cette chère dame
est en train de devenir un de mes auteurs préférés, ce que vous savez déjà si
vous lisez tous mes blogues. Quand j’emploie les mots « si vous lisez tous
mes blogues », je blague, évidemment (blague
et blogue vont d'ailleurs bien ensemble). J’ai
écrit jusqu’à maintenant 732 blogues. Je me doute bien que personne d'entre vous a eu le temps de lire tous ces blogues. Je trouve extraordinaire toutefois le fait que
l’internet offre la possibilité de conserver tous ces blogues. Je ne les ai
même pas conservés moi-même, mais le blogue les conserve tous. Vous pouvez lire
les titres des 732 blogues en consultant les « archives du blog ». En passant, il semble qu’en français, on
doive écrire « blogue » et non pas « blog ». C’est
probablement une façon de nous démarquer de l’anglais.
Je disais donc que madame Odile Haumonté est devenue un de mes auteurs préférés. Cette dame, mère de cinq enfants, s’intéresse à tout: au cinéma, à la peinture, au rap, à la nature, à la spiritualité, etc. Elle a un magnifique don
d’écriture et nous partage tout de façon très personnelle. Voici quelque lignes
d’elle que j’ai lues ce matin:
« Mes
enfants (cette dame a quatre enfants)
me demandaient souvent si les chiens ou les cochons-dindes allaient au paradis.
La question peut sembler embarrassante si on cherche à lui accoler la notion
d’âme immortelle et plus encore celle du baptême comme visa pour le paradis,
mais au fond, elle est très simple: si les fleurs, les papillons et les
ânes ne nous suivent pas dans l’autre vie, alors il faut imaginer un paradis en
béton! Pourquoi ne retrouverions-nous pas notre chien au Ciel puisqu’à sa
manière de chien, il nous a aimés ici-bas? Le Ciel ne sera pas moins beau que la Terre, donc il y aura bien
au Ciel des roses et leur parfum, des chants d’oiseaux, le lion couché près de
l’agneau, les ruisseaux et les prairies, le goût des fraises. Humains, animaux,
plantes et minéraux seront réconciliés dans une paix sans fin. N’est-ce pas ce
que nous murmurent certains paysages grandioses, certains couchers de soleil ou
les parfums entêtants des soirs d’été? » (1)
J’avoue
que je suis d’accord en grande partie avec ce que pense et écrit Mme Haumonté.
Je sais très bien, d’une part, que le ciel, ce n’est pas la terre et que Jésus
ne nous a presque rien dit sur le ciel, précisément parce que ce sera tellement
nouveau, qu’on ne pourrait pas comprendre ce qu’Il nous en aurait dit; mais
d’autre part, je sais aussi ce qu’a écrit le grand saint Paul, dans sa Lettre
aux Romains:
« La création attend avec
impatience la révélation des fils de Dieu. Car
la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à
cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de
l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée
aux enfants de Dieu. Nous le
savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un
enfantement qui dure encore. Et
elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous
avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et
la rédemption de notre corps. »
(Romains 8, 19-23)
Ces paroles de saint Paul
sont très étonnantes, mais aussi très éclairantes: « la création a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de
l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté et la gloire donnée
aux enfants de Dieu ».
Mme Haumonté a raison de
nous mettre en garde contre la tentation de tout « raisonner » quand
nous parlons des choses de Dieu et des plans divins. Le principal langage de
Dieu, est le langage de l’amour. On parle souvent du chien comme étant « l’ami fidèle de l’homme ». Je
connais un couple qui est marié depuis au-delà de 25 ans. C’est un couple qui
s’aime beaucoup. Ce couple avait un chien qui vient de mourir après avoir mené
la « vie commune » avec ce
couple durant dix-sept ans. Je vois souvent la femme de ce couple. Elle a vécu
un véritable deuil suite au départ de leur chien. Je vois aussi un homme de
plus de soixante-dix ans, venir deux fois par jour dans le parc adjacent à notre terrain, en compagnie de son chien. Cet homme passe des heures par jour à cet endroit, à contempler le fleuve Saint-Laurent et à bavarder avec des amis ou des passants. Cet homme avait un très beau chien, mais ce
chien est décédé, il y de cela un an environ. Ce chien a été remplacé par un
autre chien, beaucoup moins beau, mais beaucoup plus docile et aimable. Car, ne
nous y trompons pas: quand nous disons que les animaux aiment, nous disons la
vérité. Parfois le chien est le seul être sur cette terre qui sache témoigner de l’amour inconditionnel de Dieu pour son maître. Voilà en effet la
grande qualité du chien: il sait instinctivement aimer inconditionnellement sont maître, si ce dernier l'aime le moindrement. Que le maître entre joyeux à la maison ou
l’air maussade, le chien l’aimera autant et le lui montrera de façon tangible.
Si le maître vient à contracter une maladie incurable, le chien devinera ce qui
se passe et montrera encore plus d’affection envers son maître bien-aimé, et de
façons inhabituelles et surprenantes. Et vous croyez que les personnes qui
n’ont goûté l’amour inconditionnel de Dieu qu’à travers leur chien, ne
retrouveront pas leur chien bien-aimé au Ciel????
La liturgie catholique nous
invite à dépasser nos catégories rationnelles pour parler de Dieu et de la
louange qui lui est due. Le dimanche matin, aux Laudes (office du matin dans le
bréviaire appelé aussi: "Prière du Temps Présent"), nous prions un cantique tiré du livre
de Daniel dans la Bible. Nous
attribuons clairement une attitude « humaine »
de louange aux animaux et même aux végétaux:
62 Et
vous, le soleil et la lune,
bénissez le Seigneur,
63 et
vous, les astres du ciel,
bénissez le Seigneur,
64 vous
toutes, pluies et rosées,
bénissez le Seigneur !
65 Vous
tous, souffles et vents,
bénissez le Seigneur,
66 et
vous, le feu et la
chaleur,
bénissez le Seigneur,
67 et
vous, la fraîcheur et le froid,
bénissez le Seigneur !
68 Et
vous, le givre et la rosée,
bénissez le Seigneur,
69 et
vous, le gel et le froid,
bénissez le Seigneur,
70 et
vous, la glace et la neige,
bénissez le Seigneur !
71 Et
vous, les nuits et les jours,
bénissez le Seigneur,
72 et
vous, la lumière et les ténèbres,
bénissez le Seigneur,
73 et
vous, les éclairs, les nuées,
bénissez le Seigneur :
A lui, haute gloire, louange éternelle !
74 Que
la terre bénisse le Seigneur :
A lui, haute gloire, louange éternelle !
75 Et
vous, montagnes et collines,
bénissez le Seigneur,
76 et
vous, les plantes de la terre,
bénissez le Seigneur,
77 et
vous, sources et fontaines,
bénissez le Seigneur !
78 Et
vous, océans et rivières,
bénissez le Seigneur,
79 baleines
et bêtes de la mer,
bénissez le Seigneur,
80 vous
tous, les oiseaux dans le ciel,
bénissez le Seigneur,
81 vous
tous, fauves et troupeaux
bénissez le Seigneur :
A lui, haute gloire, louange éternelle !
82 Et
vous, les enfants des hommes,
bénissez le Seigneur :
A lui, haute gloire, louange éternelle !
83 Toi,
Israël,
bénis le Seigneur,
84 Et
vous, les prêtres,
bénissez le Seigneur,
85 vous,
ses serviteurs,
bénissez le Seigneur !
86 Les
esprits et les âmes des
justes,
bénissez le Seigneur,
87 les
saints et les humbles de coeur,
bénissez le Seigneur,
88 Ananias,
Azarias et Misaël,
bénissez le Seigneur :
A lui, haute gloire, louange éternelle !
Bénissons le Père, le Fils et l'Esprit Saint :
A lui, haute gloire, louange éternelle !
(Tiré du Cantique des trois enfants -Ananias, Azarias et Misaël - dans le
livre de Daniel, chapitre 3,
versets 62 à 88)
Et tout cela ne continuerait pas au Ciel ????
Post scriptum:
Le chien de DON BOSCO
Dans les premiers temps de
l’Oratoire, le quartier du Valdocco n’était pas peuplé comme il l’est
aujourd’hui. Les habitations étaient rares et des terrains vagues, parsemés de
broussailles, séparaient l’Oratoire des dernières maisons de la ville. Aussi,
lorsque Don Bosco était dehors, la nuit venue, on n’était pas sans inquiétude
sur son compte. Il devait, pour rentrer, traverser des lieux presque déserts,
très favorables à une agression, et l’on n’ignorait pas que des scélérats avaient
juré sa mort.
On le suppliait d’être prudent.
Mais, lorsqu’il s’agissait de l’exercice de son saint ministère, ou de
l’intérêt des enfants, rien ne pouvait le retenir. Un soir qu’il revenait de la
ville, assez tard non sans quelque appréhension et hâtant le pas, il vit tout à
coup, à ses côtés, un énorme chien gris. Son premier mouvement fut un peu de
crainte. Mais il fut bien vite rassuré lorsque ce bel animal se mit à lui faire
fête, et à régler son pas sur le sien. Il l’accompagna ainsi jusqu’à l’Oratoire
et disparut.
Par la suite, lorsque Don Bosco,
retenu à la ville, se trouvait dans la nécessité de rentrer de nuit, à peine
avait-il franchi les dernières maisons habitées, que le chien manquait rarement
de paraître, et il lui faisait conduite jusqu’à la porte. Don Bosco eut bien
vite lié commerce d’amitié avec ce fidèle et précieux compagnon, qu’il avait
surnommé il Grigio (le Gris), à cause de sa couleur, et qui n’apparaissait que
lorsque Don Bosco en avait besoin. À plusieurs reprises, ce chien lui sauva
manifestement la vie. Une fois, il rentrait à l’Oratoire par une nuit très
sombre. Le ciel était menaçant et voilé de gros nuages. Pour ne pas trop
s’éloigner des lieux habités, il avait pris le chemin qui, de la Consolata, conduit à
l’hospice Cottolengo. À un certain endroit de la route, deux individus, qui le
suivaient depuis un instant, se précipitent sur lui. L’un d’eux lui jette un
manteau sur la tête, tandis que l’autre, lui appliquant sa main sur la bouche,
comme un bâillon, étouffe ses cris. Don Bosco se sentait perdu, lorsque
retentit un aboiement si formidable qu’on aurait dit le rugissement d’un lion
en fureur, et, au même instant, il Grigio se précipite sur les agresseurs qu’il
terrasse en un clin d’œil. Don Bosco peut se débarrasser du manteau qui
l’étouffait, et il voit l’un des malfaiteurs qui détale au plus vite; l’autre
est couché par terre dans la position la plus critique, maintenu par le chien
qui l’a saisi à la gorge.
— Maître, maître ! Appelez votre chien,
implore le pauvre diable, il m’étrangle.
—
Je l’appellerai
si tu me promets d’être sage à l’avenir.
—
Oui, oui, mais
appelez votre chien ; je suis mort.
Don Bosco parle
au chien qui lâche immédiatement l’individu. Celui-ci, sans dire un mot,
s’empresse de fuir à toutes jambes. Un autre soir, Don Bosco revenait chez lui
par le Corso S. Massimo. Un assassin, embusqué derrière un arbre, tira sur lui; à bout portant, deux coups de pistolet qui ratèrent tous les deux; la
capsule seule partit. Il se précipita alors sur Don Bosco pour en finir d’une
autre manière ; mais à ce moment, survint il Grigio qui, d’un bond furieux
renversa cet infâme sicaire et le mit en fuite. Puis il accompagna Don Bosco
jusqu’à la porte de l’Oratoire.
Un autre soir, Don Bosco se préparait à sortir. Comme il
était déjà tard, sa mère, la bonne Madame Marguerite, essaya de le dissuader de
ce projet, mais sans y réussir.
La porte ouverte, Don Bosco trouve, sur le
seuil, le chien couché bien en travers, et qui ne se dérange pas.
Il le pousse légèrement du pied:
— Allons, Grigio,
laisse-moi sortir.
Mais le chien gronde d'une façon menaçante, et
ne bouge pas.
— Vous
voyez bien, mon fils, dit Madame Marguerite, que ce chien est plus raisonnable
que vous ? Au moins suivez ses conseils, et ne sortez pas.
À deux reprises Don Bosco essaya encore de
passer; mais sur le refus réitéré du chien de faire place, et en présence
de ses grognements significatifs, il finit par rentrer tranquillement dans sa
chambre.
Moins d'un quart d'heure après, un voisin arrive
en toute hâte, pour avertir Don Bosco de bien prendre garde, et surtout de ne
pas sortir. Il avait aperçu, embusqués dans une ruelle, quatre individus de la
pire espèce, et il les avait entendus manifester leur dessein, bien arrêté,
d'en finir cette fois avec Don Bosco, et de le tuer. (2)
Il y eut d’autres épisodes "d'apparitions" de Grigio au cours de la vie de Don Bosco. Il est dit que lorsque les persécutions contre le saint prêtre cessèrent, le chien ne se manifesta plus.
Les plus sceptiques parmi vous face à la position que je prône dans ce blogue, seront probablement les personnes les plus rationnelles. Si vous êtes dans cette catégorie, voici un texte qui ne manquera pas de vous surprendre. Le philosophe Jean Guitton, membre de l'Académie française, a écrit un jour une lettre posthume à un chien nommé Gyp.
Jean Guitton
Cher Gyp,
As-tu une âme, mon petit chien?
J'ai séjourné, il y a bien longtemps, à Hickleton chez un grand seigneur anglais, Lord Halifax, que tu connais bien. Lord Halifax ne pouvait se séparer de toi, son petit chien, qu' il avait appelé Gyp.
Gyp, je m'en souviens, tu prenais à cinq heures le thé avec lui. Tu étais de sa famille, comme l'est un frère. Mais ce qui m'a le plus surpris, c'est que lorsque tu es mort, ton maître t'a fait faire un petit cercueil et il t'a enterré près de l'église.
Un jour, je lui dis que sa conduite avec toi m'étonnait beaucoup : il te traitait comme si tu avais eu une âme, et donc une immortalité, Alors, le vieux lord me regarda en même temps qu'il te regarda. Il me dit : «Peut-être Gyp n'a-t-il pas d'âme (soul), mais Gyp a certainement un avenir (future). Car il a pour moi des mouvements d'amour — ici, ayant compris, tu aboyas — et tout mouvement d'amour est nécessairement éternel, comme la beauté.»
Cette tendresse avait rapproché Maurice Genevoix de tes congénères, et de tous les animaux, en particulier des écureuils, qu'il affectionnait. Il disait que l'animal n'est pas une bête. Il est bien plus : l'animal, pour Genevoix, était un «préhomme ensoleillé».
Je crois à la souffrance des animaux. Il me suffit d'entendre la plainte des bêtes pour savoir qu'elles souffrent. Je ne suis pas comme Descartes qui, lorsqu'il donnait un coup de pied à un chien, le faisait sans aucune pitié, parce que le chien était pour lui une mécanique.
Saint Paul disait que les animaux gémissent avec la création tout entière.
Mais je crois à la souffrance des animaux d'un point de vue religieux. Car le Christ sur la croix était semblable à un agneau blessé. Selon saint Jean, le Christ est mort au moment même où l'on immolait les agneaux pour célébrer la pâque juive. Par son oblation, Jésus mettait fin aux autres sacrifices : il est devenu le seul Agneau.
Et de ce point de vue, je pense que l'animal qui souffre est associé d'une manière très lointaine à la Passion.
Et c'est pour toi, Gyp, que je me récite le quatrain de Gérard de Nerval:
Respecte dans la bête un esprit agissant:
Chaque fleur est une âme à la nature éclose.
Un mystère d'amour dans le métal repose,
Tout est sensible! Et tout sur ton être est puissant
Jean Guitton
in Lettres Ouvertes
© Éditions Payot & Rivages, 1993
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