dimanche 11 octobre 2020

Le ciel

Le ciel 

Aujourd’hui la Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à penser au ciel.  

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

« Le Seigneur préparera un festin ; il essuiera les larmes sur tous les visages » (Is 25, 6-10a)

Lecture du livre du prophète Isaïe

    Le Seigneur de l’univers
préparera pour tous les peuples, sur sa montagne,
un festin de viandes grasses et de vins capiteux,
un festin de viandes succulentes et de vins décantés.
    Sur cette montagne, il fera disparaître
le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples
et le linceul qui couvre toutes les nations.
    Il fera disparaître la mort pour toujours.
Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages,
et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple.
Le Seigneur a parlé.

    Et ce jour-là, on dira :
« Voici notre Dieu,
en lui nous espérions, et il nous a sauvés ;
c’est lui le Seigneur,
en lui nous espérions ;
exultons, réjouissons-nous :
il nous a sauvés ! »
    Car la main du Seigneur
reposera sur cette montagne.

    – Parole du Seigneur.

ÉVANGILE

« Tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce » (Mt 22, 1-10)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    Jésus se mit de nouveau à parler
aux grands prêtres et aux pharisiens,
et il leur dit en paraboles :
    « Le royaume des Cieux est comparable
à un roi qui célébra les noces de son fils.
    Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités,
mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
    Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités :
‘Voilà : j’ai préparé mon banquet,
mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ;
tout est prêt : venez à la noce.’
    Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent,
l’un à son champ, l’autre à son commerce ;
    les autres empoignèrent les serviteurs,
les maltraitèrent et les tuèrent.
    Le roi se mit en colère,
il envoya ses troupes,
fit périr les meurtriers
et incendia leur ville.
    Alors il dit à ses serviteurs :
‘Le repas de noce est prêt,
mais les invités n’en étaient pas dignes.
    Allez donc aux croisées des chemins :
tous ceux que vous trouverez,
invitez-les à la noce.’
    Les serviteurs allèrent sur les chemins,
rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent,
les mauvais comme les bons,
et la salle de noce fut remplie de convives.

    – Acclamons la Parole de Dieu.

Homélie en vidéo : 

Pensez-vous souvent au ciel ? J'espère que oui. De fait, on devrait y penser tous les jours. Les auteurs spirituels nous disent qu'il est très bénéfique de penser à chaque jour à notre mort. Je le crois aussi. Mais je pense qu'il est encore plus bénéfique de penser au ciel, ce lieu paradisiaque qui nous est promis. 

Jésus ne nous a pas dit grand chose sur le ciel. Il ne le pouvait pas, parce que ce sera tellement différent de toutes les expériences que nous avons. Cependant, Jésus a voulu nous donner un avant-goût du ciel par des images que nous connaissons: le banquet, les noces, le retour vers le Père. Dieu nous parle dans la première lecture d'un endroit où il n'y aura plus de mort. Comme nous devrions penser souvent au ciel! 

Je pense que les saints pensaient souvent au ciel, et que c'est une des raisons pour lesquelles ils sont devenus saints. Saint Paul est un très bel exemple. Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul écrit ceci: 

"Que Dieu le Père ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles," (Ep 1, 18)

Et dans sa première lettre aux Corinthiens, il donne l'exemple de la course. Saint Paul sait que les Corinthiens, qui habitent la Grèce. sont sensibles à des images provenant de l'athlétisme. Saint Paul écrit ceci: 

24 Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter.

25 Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas.

26 Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide.

27 Mais je traite durement mon corps, j’en fais mon esclave, pour éviter qu’après avoir proclamé l’Évangile à d’autres, je sois moi-même disqualifié. (1 Co 9, 24-27)


Et dans sa lettre aux Philippiens, saint Paul nous dit: 

13 Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant,

14 je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. (Ph 3, 13-14)

On voit que Paul avait toujours les yeux sur le but. Et de fait, on sait qu'il est arrivé au but, au ciel. Il est allé direct au ciel car il est mort martyre. 

Cet exemple de la course m'a fait penser à une fable très connue de Jean de La Fontaine: Le lièvre et la tortue (1). Dans cette fable, la tortue lance un défi au lièvre. Elle fixe un but à atteindre; disons 1 kilomètre. L'auteur ne fixe pas de distance. Le lièvre accepte la gageure. Comme il se sait plus rapide que la tortue, il en profite, chemin faisant, pour faire de petits détours pour admirer les fleurs, le paysage ou se nourrir d'herbe. Il ne fixe pas le but des yeux. La tortue, elle ne quitte pas le but des yeux. Eh bien, c'est elle qui arrivera au but la première. À force d'être distrait du but, on risque fort de ne pas l'atteindre. 

Nous voyons la même chose dans la parabole que Jésus développe aujourd'hui. Les invités à la noce se sont laissés distraire par leurs occupations et ils ont manqué le bateau, comme on dit par chez nous. 

Demandons à Dieu de garder toujours les yeux sur le but, afin de pouvoir l'atteindre un jour. 

Les gens qui n'ont pas la foi considèrent que les chrétiens qui croient au ciel et qui pensent au ciel, sont des rêveurs qui s'évadent de la réalité. Mais le Concile Vatican II dit clairement que le fait de penser au ciel, non seulement ne nous fait pas fuir la réalité et notre monde, mais nous rend encore plus actif ici-bas. Car la matière première (les âmes) dont sera formé le ciel, c'est ici-bas qu'elle se prépare. Le but premier de tous chrétiens est de se rendre au ciel et d'emmener avec lui une multitude de gens. 

Je termine ce blogue en citant un auteur que j'aime beaucoup: Guy de Larigaudie. Cet homme mordait dans la vie à pleines dents. Il a visité tous les continents. Voici ce qu'il dit dans le dernier paragraphe de son livre intitulé: Étoile au grand large: 

Je me suis promené à travers le monde comme dans un jardin clos de mur. J’ai mené l’aventure d’un bord à l’autre des cinq continents et j’ai réalisé les uns après les autres tous les rêves de mon enfance. Le parc de la vieille demeure périgourdine où je fis mes premiers pas s’est élargi aux limites de la terre et j’ai joué sur la mappemonde le beau jeu de ma vie. Pourtant les murs du jardin n’ont fait que reculer et je suis toujours en cage. Mais un jour viendra où je pourrai chanter mon chant d’amour et de joie. Toutes les barrières se briseront. Et je posséderai l’Infini. 

Guy de Larigaudie, 1908-1940, chef scout, aventurier et écrivain
  LE LIÈVRE ET LA TORTUE

  Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
   Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
   Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
   Si tôt que moi ce but. Si tôt ? Êtes-vous sage ?(1)
              Repartit l'Animal léger.(2)
              Ma Commère, il vous faut purger
              Avec quatre grains (3) d'ellébore.
              Sage ou non, je parie encore.
              Ainsi fut fait : et de tous deux
              On mit près du but les enjeux.
              Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire ;
              Ni de quel juge l'on convint. (4)
   Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire ;
   J'entends de ceux qu'il fait lorsque prêt d'être atteint
   Il s'éloigne des Chiens, les renvoie aux calendes, (5)
              Et leur fait arpenter les landes.
   Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
              Pour dormir, et pour écouter
       D'où vient le vent, il laisse la Tortue
              Aller son train de Sénateur. (6)
              Elle part, elle s'évertue ;
              Elle se hâte avec lenteur.
   Lui cependant méprise une telle victoire ;
              Tient la gageure (7) à peu de gloire ;
              Croit qu'il y va de son honneur
       De partir tard. Il broute, il se repose,
              Il s'amuse à toute autre chose
       Qu'à la gageure. À la fin, quand il vit
   Que l'autre touchait presque au bout de la carrière, (8)
   Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit
   Furent vains : la Tortue arriva la première.
   Eh bien, lui cria-t-elle, avais-je pas raison ? (9)
              De quoi vous sert votre vitesse ?
              Moi l'emporter ! et que serait-ce
              Si vous portiez une maison ?

 Le lièvre et la tortue
               illustration de Foulquier (XIXème)




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