lundi 2 septembre 2024

L'obscurantisme

 L'obscurantisme 

Résumé

Qu'est-ce que l'obscurantisme ? Ce terme revient régulièrement dans un contexte où l'on parle beaucoup de terrorisme et d'extrémisme religieux. Or cette association entre obscurantisme et religion ne se préoccupe ni des pratiques religieuses multiples et hétérogènes des, individus, ni d'autres formes de violences qui ne sont pas forcément fiées à la religion : le sexisme, le racisme, l'antisémitisme, le dogmatisme politique et économique, le paternalisme, etc. ... Un ouvrage qui met en cause brillamment beaucoup de nos stéréotypes.

Il y a de cela quelques jours, lors d'une émission de télévision, j'entendais M. Marc Laurendeau, ancien journaliste de Radio-Canada à la retraite parler de Maurice Duplessis jadis premier ministre du Québec. M. Laurendeau a dit à deux reprises comme s'il s'agissai d'un fait établi, que ce premier ministre était un "obscurantiste". Cela m'a fâché même si je n'étais pas surpris que M. Laurendeau s'exprime ainsi.  

"Maurice Duplessis est le premier ministre de 1936 à 1939 et de 1944 à 1959, soit l'année de sa mort. Cet avocat de formation est très proche de l’Église et des valeurs traditionnelles mises de l’avant par celle-ci (le retour à la terre, les familles nombreuses). Sur le plan social, cette époque est marquée par un mouvement de traditionalisme et de nationalisme. Elle est surnommée la « grande noirceur » par certains historiens pour différentes raisons, dont l’omniprésence de l’Église catholique.

Étant lui-même un fervent catholique, Duplessis accorde beaucoup de place à l’Église dans plusieurs secteurs, dont l’éducation et la santé." (1)

Je crois savoir ce que M. Laurendeau voulait dire lorsqu'il qualifiait M. Duplessis d'obscurantiste. L'obscurantisme que l'on attribue au régime Duplessis s'applique sûrement au domaine politique, mais aussi et surtout selon moi au domaine religieux. Il est clair dans mon esprit que pour monsieur Laurendeau, comme pour plusieurs de nos intellectuels québécois, il fallait que le Québec se coupe de ses racines religieuses pour entrer dans la modernité. Les moqueries à l'égard de la religion catholique étaient d'ailleurs un des thèmes récurrents du groupe humoristique appelé Les cyniques dont faisait partie M. Laurendeau et qui remplissait les salles de spectacle dans les années soixante et soixante-dix. 

Je suis sûr que si M. Laurendeau était à côté de moi et qu'il me voyait reproduire ci-dessous la pensée de M. Jean-François Lisée sur la Loi sur la laïcité de l'État au Québec, il me dirait qu'il est tout à fait d'accord avec ça. M. Jean-François Lisée écrivait dans le devoir du 15 décembre 2021 

                        Laïcité et obscurantisme

"Le temps est venu de répondre sans inhibition au sujet de la loi québécoise. Elle est féministe, antidiscriminatoire et avant-gardiste. Elle s’inscrit dans un combat pluricentenaire pour les lumières et contre l’obscurantisme. Elle est exemplaire et courageuse.

Une loi féministe.Une loi féministe. Les grandes religions sont toutes fondamentalement misogynes et opposées à l’égalité entre les hommes et les femmes. La Loi sur la laïcité fait en sorte que l’État refusera désormais, pour ses salariés en position d’autorité, de cautionner et de normaliser les symboles de ces religions.

Une loi antidiscriminatoire. Elle l’est de deux façons. D’abord, elle met toutes les convictions sur un pied d’égalité. Avant elle, il était interdit pour un salarié en autorité d’afficher avec des macarons ou des vêtements ses convictions politiques, sociales, même écologiques, donc ancrées dans la logique et la science, mais permis d’afficher ses convictions religieuses, fondées sur des récits mythiques et des dogmes dont on peut aisément démontrer la fausseté historique et scientifique.

Une loi avant-gardiste. Force est de constater que l’expérience québécoise face à la religion est singulière en Amérique du Nord. Nulle part ailleurs les religieux n’ont freiné l’épanouissement d’un peuple. ... Plus rapidement et plus fermement que dans le reste de l’Amérique, les Québécois déclarent individuellement et collectivement une indépendance de plus en plus forte envers le religieux. On le voit dans nos positions plus progressistes et plus précoces sur l’avortement, le mariage gai, la fin de vie et la laïcité, qui forment un continuum. (2)

C'est tout simplement incroyable d'entendre M. Lisée dire que la religion catholique est contre l'égalité entre les hommes et les femmes. Nos personnalités publiques parlent souvent de la religion à travers leur chapeau. On voit qu'ils n'ont jamais lu les documents officiels de l'Église catholiques, spécialement ceux écrits par les derniers papes. Comment peut-on critiquer une religion qu'on ne connaît pas ? Où est alors l'honnêteté intellectuelle ?

Pour moi, il n'y pas pire OBSCURANTISME que l'ATHÉISME. Croire qu'au terme de notre vie nous finissons tous dans un trou pour n'en sortir jamais et que nous servirons alors uniquement à nourrir des animaux ou faire croître des plantes, est la pire NOIRCEUR que je connaisse. Beaucoup de parents québécois pensent cela et, j'imagine, l'apprennent à leurs enfants. À quelle éducation peuvent alors prétendre ces enfants. Si on finit tous dans un trou, pourquoi vouloir absolument vivre en faisant le bien car nous savons tous que très souvent le mal est beaucoup plus facile à exécuter que le bien et beaucoup plus rapide. Dostoïevski a fait dire un jour à l'un de ses personnages de roman : "Si Dieu n'existait pas, tout serait permis."

Dans une lettre, Dostoïevski écrit:

« Maintenant supposons qu’il n’y a pas de Dieu ni immortalité de l’âme. Maintenant dites-moi, pourquoi devrais-je vivre avec droiture et faire de bonnes actions, si je vais mourir entièrement sur terre? … Et si c’est le cas, pourquoi ne devrais-je pas (tant que je peux compter sur mon intelligence et l’agilité pour éviter les être pris par la loi) couper la gorge d’un autre homme, voler, … » (3)

Vous allez me dire que ces exemples mentionnés par le grand écrivain russe sont extrêmes. Mais nous n'avons qu'à écouter les nouvelles d'ici ou d'ailleurs pour voir que l'honnêteté, le respect d'autrui (en particulier celui des élèves envers leurs professeurs), le pacifisme, etc, ne font pas de progrès dans les sociétés qui ont voulu se débarrasser de Dieu ; au contraire. ces sociétés se déshumanisent de plus en plus. L'évangéliste saint Jean associe le péché aux ténèbres. Pour moi cela est ÉVIDENT. Le péché, voilà la GRANDE NOIRCEUR. Et ne pas voir cela conduit au désastre et conduira toujours au désastre. 

Et Jean-Paul Sartre a écrit dans "L'existentialisme est un humanisme : " Dostoïevski avait écrit : "Si Dieu n'existait pas, tout serait permis." C'est là le point de départ de l'existentialisme."

Madame Régine Pernoud, la grande spécialiste du Moyen-Âge, période de l'histoire que le milieu anglophone qualifie de "Dark Ages" ("Période noire") a écrit plusieur livres pour montrer qu'il faisait bon vivre à cette époque. C'est le cas de son livre au titre un peu humoristique

Méprisés pendant des siècles, encensés par les romantiques, ces mille ans d'histoire ont presque toujours été recouverts de la crasse de l'ignorance. ...

Tout n'était pas parfait à cette époque, bien sûr, mais il faisait bon y vivre.  

Comme il est beau de voir des gens consacrer temps, énergie et talents à faire tomber les préjugés !

 

(1) https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/histoire/la-societe-sous-duplessis-h1645

(2) https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/654621/laicite-et-obscurantisme

(3) https://la-philosophie.com/si-dieu-existe-pas-tout-est-permis-dostoievski 

  

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