André Frossard et la tendresse de Dieu
"André Frossard est né le dans le Doubs. Il est le fils de Ludovic-Oscar Frossard, l'un des fondateurs historiques du Parti communiste , qui est à 31 ans le premier secrétaire général du PC-SFIC, puis ministre dans les gouvernements du Front populaire.
André Frossard fréquente l'École des arts décoratifs. Il fera alors carrière dans le journalisme en tant que dessinateur et chroniqueur.
Sa grand-mère paternelle, Stéphanie Schwob (1861-1924) est juive et son village de l'est, Foussemagne (Territoire de Belfort), est « le seul village de France où il y avait une synagogue et pas d'église. » Sa grand-mère du côté maternel, Fanny Pardonnet (1869-1936) est protestante.
Élevé dans un athéisme parfait, « celui où la question de l'existence de Dieu ne se pose même plus »1, il adopte à l'âge de 20 ans la religion catholique le dans la chapelle des religieuses de l’Adoration Réparatrice rue d'Ulm, déménagée au 39 rue Gay-Lussac, à Paris (5e) dans laquelle il était entré, insouciant, à la recherche d'un ami André Willemin. Il raconte cette conversion soudaine dans son livre à succès : Dieu existe, je L'ai rencontré." (1)
Lorsque j'avais une vingtaine d'années, mon frère Luc de deux ans mon aîné, m'a recommandé la lecture du livre de Frossard qui a fait sensation à l'époque et qui a pour titre: "Dieu existe, je l'ai rencontré". Je n'ai pas voulu lire ce livre car le titre me rebutait. Je me disais que l'auteur ne devait pas être trop normal pour avoir choisi un tel titre. Mais deux ans environ après que mon frère m'eut proposé ce livre, je l'ai lu et je l'ai beaucoup aimé. Le livre de Frossard est sorti en 1969, quelques mois après mai 68, année que le quotidien Le Devoir a appelée "l'année de tous les soubresauts" (2).
Comme vous avez pu le lire en lisant l'extrait ci-dessus du site internet Wikipédia, André Froassard s'est converti au catholicisme à l'âge de 20 ans (plus précisément le 8 juillet 1935) après être entré par hasard dans la chapelle des religieuses de l'Adoration Réparatrice. Comme il en était à chaque jour dans cette chapelle, le Saint-Sacrement était exposé à la vue et à la piété des fidèles. Frossard a bien noté qu'un objet mystérieux en or était posé sur une table dans le choeur de la chapelle et qu'un objet blanc de forme ronde se trouvait en son milieu. Mais Frossard ne savait aucunement de quoi il s'agisssait. Mais laissons-le lui-même nous partager ses impressions:
" Il est dix-sept heures dix. Dans deux minutes, je serai chrétien." (Dieu existe... p. 159)
"Le fond de la chapelle est assez vivement éclairé. Au-dessus du maître-autel vêtu de blanc, un vaste appareil de plantes, de candélabres et d'ornements est dominé par une grande croix de métal ouvragé qui porte en son centre un disque d'un blanc mat. ... Je suis déjà entré dans des églises, pour l'amour de l'art, mais je n'ai jamais vu d'ostensoir habité, ni même, je crois, d'hostie, et j'ignore que je suis en face du Saint-Sacrement, vers lequel montent deux files de cierges allumés.
... Mon regard passe de l'ombre à la lumière, revient sur l'assistance sans ramener aucune pensée, va des religieuses à l'autel, puis, je ne sais pourquoi, se fixe sur le deuxième cierge qui brûle à gauche de la croix. Non pas le premier, ni le troisième, le deuxième. Et c'est alors que se déclenche, brusquement, la série de prodiges dont l'inexorable violence va démanteler en un instant l'être absurde que je suis et faire venir au jour, ébloui, l'enfant que je n'ai jamais été. (Dieu existe ... pp.163-164)
"Tout d'abord, ces mots me sont suggérés : vie spirituelle.
Ils ne me sont pas dits, je ne les forme pas moi-même, je les entends comme s'ils étaient prononcés près de moi à voix basse par une personne qui verrait ce que je ne vois pas encore.
La dernière syllabe de ce prélude murmuré atteint à peine en moi la rive du conscient que commence l'avalanche à rebours. Je ne dis pas que le ciel s'ouvre : il ne s'ouvre pas, il s'élance, il s'élève soudain, fulguration silencieuse, de cette insoupçonnable chapelle dans laquelle il se trouvait mystérieursement inclus. Comment le décrire avec ces mots démissionnaires, qui me refusent leurs services et menacent d'intercepter mes pensées pour les consigner au magasin des chimères ? ...
C'est un cristal indestructible, d'une transparence infinie, d'une luminosité presque insoutenable (un degré de plus m'anéantirait) et plutôt bleue, un monde, un autre monde d'un éclat et d'une densité qui renvoient le nôtre aux ombres fragiles des rêves inachevés. Il est la réalité, il est la vérité, et je la vois du rivage obscur où je suis encore retenu. Il y a un ordre dans l'uuivers, et à son sommet, par-delà ce voile de brume resplendissante, l'évidence de Dieu, l'évidence faite présence et l'évidences faite personne de celui-là même que j'aurais nié un instant auparavant, que les chrétiens appellent notre Père, et de qui j'apprends qu'il est doux, d'une douceur à nulle autre pareille, qui n'est pas la qualité passive que l'on désigne parfois sous ce nom, mais une douceur active, brisante, surpassant toute violence, capable de faire éclater la pierre la plus dure et, plus dur que la pierre, le coeur humain.
Son irruption déferlante, plénière, s'accompagne d'une joie qui n'est autre que l'exultation du sauvé, la joie du naufragé recueilli à temps, avec cette différence toutefos que c'est au moment où je suis hissé vers le salut que je prends conscience de la boue dans laquelle j'étais sans le savoir englouti, et je me demande, me voyant par elle encore saisi à mi-corps, comment j'ai pu y vivre, et y respirer.
En même temps une nouvelle famille m'est donnée qui est l'Église, ...
Toutes ces sensations que je peine à traduire dans le langage inadéquat des idées et des images sont simultanées, comprises les unes dans les autres, et après des années je n'en aurai pas épuisé le contenu. Tout est dominé par la présence, au-delà et à travers une immense assemblée, de celui dont je ne pourrai plus jamais écrire le nom sans que me vienne la crainte de blesser sa tendresse, devant qui j'ai le bonheur d'être un enfant pardonné, qui s'éveille pour apprendre que tout est don." (Dieu existe ... pp. 165- 167)
"Un père du Saint-Esprit entreprit de me préparer au baptême en m'instruisant de la religion dont je n'ai plus à préciser que je ne savais rien. Ce qu'il me dit de la doctrine chrétienne, je l'attendais et je le reçus avec joie ; l'enseignement de l'Église était vrai jusqu'à la dernière virgule, et j'en prenais acte à chaque ligne avec un redoublement d'acclamations, comme on salue un coup au but. Une seule chose me surprit : l'eucharistie, non qu'elle me parut incro-yable ; mais que la charité divine eût trouvé ce moyen inouï de se communiquer m'émerveillait, et surtout qu'elle eût choisi pour le faire, le pain qui est l'aliment du pauvre et la nourriture préférée des enfants. De tous les dons éparpillés devant moi par le christianisme, celui-là était le plus beau." (Dieu existe ... pp. 171-172)
Le jeune Bienheureux Carlo Acutis, qui sera canonisé l'an prochain, a passé les trois dernières années de sa vie à monter une Exposition sur les Miracles Eucharistiques. Cette exposition est montrée partout dans le monde depuis trois ans. En plein milieu du recueil (livre) qui contient tous les miracles eucharistiques recensés par Carlo, il y a une page dédiée à André Frossard. Puisqu'il a été converti en présence du Saint-Sacrement exposé, Carlo voit en cela, et avec raison selon moi, un miracle dû à l'Eucharistie.
Le livre d'André Frossard a été une bombe médiatique dans les années soixante. De nombreuses personnes ont été touchées par son témoignage. M. Frossard a alors entendu parler d'une autre conversion instantanée reçue par un incroyant à Rome en 1842 dont le nom est Alphonse Ratisbonne. Cet homme imbu de lui-même, était entré un peu par hasard dans une église à Rome. Il reçut ce jour-là (le 20 janvier 1842) l'insigne grâce de bénéficier d'une apparition de la Vierge Immaculée. Il s'est converti sur le champ et est devenu prêtre. J'ai vécu neuf ans à Rome et l'église du miracle, appelée Sant'Andrea delle Fratte, est mon endroit préféré dans la ville éternelle. J'y retournerai en septembre prochain alors que j'accompagnerai un pèlerinage sur les pas de Carlo Acutis, organisé par l'Agence de circuits touristique Spiritours (2). Pour en connaître davantage sur la conversion d'Alphonse Ratisbonne, voir: La Médaille Miraculeuse : son plus grand miracle.
André Frossard a été tellement impressionné par les similitudes entre sa conversion et la conversion d'Alphonse Ratisbonne, qu'il a écrit un chapitre sur ce sujet dans son livre intitulé : "Il y a un autre monde" (3). Même si ces deux conversions ont été instantanées et totalement imprévues, dans les deux cas, les convertis ont reçu presque instantanément une vision en quelque sorte globale de tous les dogmes et vérités contenus dans la religion catholique. De sorte qu'en se préparant au baptême et en apprenant les vérités de la foi catholique et Ratisbonne et Frossard avaient l'impression de déjà posséder en eux ces connaissances, quoique en germe.
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