Georges Bernanos et la joie
Georges Bernanos, 1888 - 1948
Chers lecteurs et lectrices,
Je suis présentement en vacances dans notre chalet familial situé à 52 kilomètres au nord de la ville de Québec. Le chalet, héritage de nos défunts parents, est situé en un lieu enchanteur. Je commence normalement mes journées en lisant au petit déjeuner. Au chalet, j'ai l'impression d'être sur un bateau en prenant mon petit déjeuner car le lac se trouve juste derrière les grandes fenêtres de la façade du chalet. Très tôt, en début journée, le lac est très calme, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous.
J'ai apporté pour mes vacances un livre que je me suis procuré à Rome en novembre dernier. J'ai fait un voyage dans la ville éternelle en compagnie d'une amie paroissienne dans le but de souligner en compagnie du pape, le trentième anniversaire de l'existence du Système des Cellules Paroissiales d'Évangélisation (SCPÉ) (1)
Une fois à Rome, j'en ai profité pour aller contempler l'original de la peinture du Caravage intitulée: "L'appel de Matthieu". Cette peinture se trouve dans l'église Saint Louis des Français. Cette peinture est tellement belle et m'impressionne tellement (voir le blogue que j'ai écrit à ce sujet: https://dieumajoie.blogspot.com/2019/12/de-matthieu-selon-le-caravage-guy.html) que j'ai voului me procurer le livre de Sandra Magister intitulé: "Caravaggio, Il vero Matteo" ("Caravage, le vrai Matthieu"). Pour cela, je suis allé dans une des librairies religieuses les plus connues de Rome. Ils n'avaient pas le livre. Mais mes yeux se sont posés sur un livre qui a tout de suite attiré mon attention à cause du titre: " Il prete e la gioia" ("Le prêtre et la joie"). Le livre est écrit par Don Alessandro Pronzato, un illustre inconnu pour moi mais non pas pour le pape François. Il est dit au début du livre que le pape François, lors de son voyage à Cuba en 2015, a fait cadeau à Fidel Castro de deux livres de Don Alessandro Pronzato dont celui intitulé: "La nostra bocca si aprì al sorriso" ("Notre bouche s'est ouverte au sourire") (2). Il faut le faire, n'est-ce pas : donner un livre qui encourage à sourire à Fidel Castro qui n'est sûrement pas l'homme le plus souriant au monde ?
Quelle longue introduction, n'est-ce pas? Mais cette introduction peut avoir son utilité. Elle nous fait comprendre, grâce à la façon dont j'ai trouvé le livre de Don Alessandro, que nous sommes davantage guidés par Dieu que nous nous guidons nous-mêmes. C'est une vérité qu'il me faut apprendre moi dont le prénom se dit "Guido" ("Je guide") en italien. L'autre leçon, si on peut l'appeler ainsi, que me donne le présent blogue, c'est qu'il y a un temps propice à chaque chose, un "kairos" comme disent les Grecs et les écrits du Nouveau Testament. Comment se fait-il que je lise ce livre seulement maintenant, neuf mois après l'avoir acheté ? Chose certaine, si j'avais lu ce livre avant aujourd'hui, j'aurais probablement écrit un blogue sur cette oeuvre, mais le blog aurait certainement été différent de celui que je suis en train d'écrire.
Don Alessandro dit à la page 31 de son livre, que Georges Bernanos, cet écrivain et romancier français, fait partie des auteurs qui ont renforcé sa foi, plus que tous les livres des théologiens, y compris ceux qu'il n'a pas lus. Don Alesssandro cite d'assez longs passages du roman de Bernanos intitulé: "Journal d'un curé de campagne", Voici quelques passages cités par Don Alessandro, passages qui, bien sûr, ont rapport à la joie :
« Tiens, je vais te définir un peuple chrétien par son contraire. Le contraire d’un peuple chrétien, c’est un peuple triste, un peuple de vieux. Tu me diras que la définition n’est pas trop théologique. D’accord. Mais elle a de quoi faire réfléchir les messieurs qui bâillent à la messe du dimanche. Bien sûr qu’ils bâillent! Tu ne voudrais pas qu’en une malheureuse demi-heure par semaine, l’Eglise puisse leur apprendre la joie! Et même s’ils savaient par cœur le catéchisme du Concile de Trente, ils n’en seraient probablement pas plus gais. »
Don Alessandro dit à la page 31 de son livre, que Georges Bernanos, cet écrivain et romancier français, fait partie des auteurs qui ont renforcé sa foi, plus que tous les livres des théologiens, y compris ceux qu'il n'a pas lus. Don Alesssandro cite d'assez longs passages du roman de Bernanos intitulé: "Journal d'un curé de campagne", Voici quelques passages cités par Don Alessandro, passages qui, bien sûr, ont rapport à la joie :
« Tiens, je vais te définir un peuple chrétien par son contraire. Le contraire d’un peuple chrétien, c’est un peuple triste, un peuple de vieux. Tu me diras que la définition n’est pas trop théologique. D’accord. Mais elle a de quoi faire réfléchir les messieurs qui bâillent à la messe du dimanche. Bien sûr qu’ils bâillent! Tu ne voudrais pas qu’en une malheureuse demi-heure par semaine, l’Eglise puisse leur apprendre la joie! Et même s’ils savaient par cœur le catéchisme du Concile de Trente, ils n’en seraient probablement pas plus gais. »
« D’où vient que le
temps de notre petite enfance nous apparaît si doux, si rayonnant? Un gosse a
des peines comme tout le monde, et il est, en somme, si désarmé contre la
douleur, la maladie! L’enfance et l’extrême vieillesse devraient être les deux
grandes épreuves de l’homme. Mais c’est du sentiment de sa propre impuissance
que l’enfant tire humblement le principe même de sa joie. Il s’en rapporte à sa
mère, comprends-tu? Présent, passé, avenir, toute sa vie, la vie entière tient
dans un regard, et ce regard est un sourire. Hé bien, mon garçon, si l’on nous
avait laissés faire, nous autres, l’Église eût donné aux hommes cette espèce de
sécurité souveraine. Retiens que chacun n’en aurait pas moins eu sa part
d’embêtements. La faim, la soif, la pauvreté, la jalousie, nous ne serons
jamais assez forts pour mettre le diable dans notre poche, tu penses! Mais
l’homme se serait su le fils de Dieu, voilà le miracle! Il aurait vécu, il serait
mort avec cette idée dans la caboche – et non pas une idée apprise seulement
dans les livres, - non. Parce qu’elle eût inspiré, grâce à nous, les mœurs, les
coutumes, les distractions, les plaisirs et jusqu’aux plus humbles nécessités.
Ça n’aurait pas empêché l’ouvrier de gratter la terre, le savant de piocher sa
table de logarithmes ou même l’ingénieur de construire ses joujoux pour grandes
personnes. Seulement nous aurions aboli, nous aurions arraché du cœur d’Adam le
sentiment de sa solitude. Avec leur ribambelle de dieux, les païens n’étaient
pas si bêtes: ils avaient tout de même réussi à donner au pauvre monde
l’illusion d’une grossière entente avec l’invisible. Mais le truc maintenant ne
vaudrait plus un clou. Hors l’Église, un peuple sera toujours un peuple de
bâtards, un peuple d’enfants trouvés.
Ne s’amuse pas qui
veut. La moindre poupée de quatre sous fait les délices d’un gosse toute une
saison, tandis qu’un vieux bonhomme bâillera devant un jouet de cinq cent
francs. Pourquoi? Parce qu’il a perdu l’esprit d’enfance. Hé bien, l’Église a
été chargée par le bon Dieu de maintenir dans le monde cet esprit d’enfance,
cette ingénuité, cette fraîcheur. Le paganisme n’était pas l’ennemi de la
nature, mais le christianisme seul l’agrandit, l’exalte, la met à la mesure de
l’homme, du rêve de l’homme. Je voudrais tenir un de ces savantasses qui me
traitent d’obscurantiste, je lui dirais: « Ce n’est pas de ma faute si je porte
un costume de croque-mort. Après tout, le Pape s’habille bien en blanc, et les
cardinaux en rouge. J’aurais le droit de me promener vêtu comme la Reine de
Saba, parce que j’apporte la joie. Je vous la donnerais pour rien si vous me la
demandiez. L’Église dispose de la joie, de toute la part de joie réservée à ce
triste monde. Ce que vous avez fait contre elle, vous l’avez fait contre la
joie. …
Mais que vous servirait
de fabriquer la vie même, si vous avez perdu le sens de la vie? Vous n’auriez
plus qu’à vous faire sauter la cervelle devant vos cornues. Fabriquez de la vie
tant que vous voudrez! L’image que vous donnez de la mort empoisonne peu à peu
la pensée des misérables, elle assombrit, elle décolore lentement leurs
dernières joies. Ça ira encore tant que votre industrie et vos capitaux vous
permettront de faire du monde une foire, avec des mécaniques qui tournent à des
vitesses vertigineuses, dans le fracas des cuivres et l’explosion des feux
d’artifices. Mais attendez, attendez le premier quart d’heure de silence.
Alors, ils l’entendront, la parole – non pas celle qu’ils ont refusée, qui
disait tranquillement: « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie » - mais celle qui
monte de l’abîme: « Je suis la porte à jamais close, la route sans issue, le
mensonge et la perdition. » (3)
(1)
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(2)
(3) Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne, cité sur le site internet suivant:
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