« Mon fils que voilà était mort » (Jésus)
La citation ci-dessus est tirée du document "MISERICORDIAE VULTUS" ( le "VISAGE DE LA MISÉRICORDE") que le pape François a écrit pour lancer le "GRAND JUBILÉ DE LA MISÉRICORDE" qui a eu lieu du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016. (1)
Homélie du Père Guy Simard, omv, le 24e dimanche du temps ordinaire
La liturgie de la messe de ce dimanche est une fois de plus bouleversante. L’évangile d’aujourd’hui nous présente les trois paraboles de la Miséricorde que nous retrouvons dans l’évangile de saint Luc au chapitre 15. La troisième parabole appelée désormais la « parabole du Père Miséricordieux », autrefois appelé la « parabole du fils prodigue » est tellement extraordinaire qu’on qualifie parfois cette page de l’évangile de la façon suivante: « l’évangile dans l’évangile » (« la bonne nouvelle dans la Bonne nouvelle »). Pourquoi cette page est-elle si importante? Parce que c’est dans cette page que rayonne avec le plus d’éclat la Miséricorde de Dieu notre Père. C’est en Jésus notre Sauveur que la Miséricorde de notre Père des cieux se révèle à son plus haut degré. Mais on ne peut pas comprendre la grandeur de la Miséricorde de Dieu, si on ne voit pas la grandeur du péché. Quelqu’un a dit un jour : « Petit péché, petit Sauveur; grand péché, grand Sauveur ». Je ne sais pas ce qu’il en est de vous, mais moi, j’ai besoin d’un GRAND SAUVEUR.
La parabole du Père Miséricordieux nous
révèle l’infinie grandeur de la Miséricorde de notre Père du ciel, et nous
montre aussi, par contraste, la laideur et l’immensité du péché. Car
en nul autre lieu des évangiles, selon moi, est montrée aussi clairement
l’immense gravité du péché et de ses conséquences.
La Parole de Dieu
de ce dimanche, nous faitt comprendre que le péché, dans son essence, consiste
à se détourner de Dieu. Et la seule chose que Dieu nous demande, peu importe
l’énormité de nos péchés, c’est de retourner à Lui.
Dans la parabole du
Père Miséricordieux, il y a une expression qui revient deux fois et qui est à
mes yeux très forte. Le Père de la parabole, quand son fils cadet revient à lui
et admet avoir péché contre lui, dit aux serviteurs : « Vite,
mangeons et festoyons car mon fils que voilà était mort, et il est
revenu à la vie » (Lc 15, 23 et 24). « Mon fils était mort »
dit la parabole inventée par Jésus.
Et quand le fils
aîné, scandalisé par la bonté de son père et rempli de jalousie envers son
frère, refuse de participer à la fête, son père sort le trouver et lui
dit : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui
est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir car ton frère
que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est
retrouvé. » (Lc 15, 31 et 32)
Cette mort dont parle
Jésus dans cette parabole, elle est très spéciale. C’est la seule fois, à ma
connaissance, que Jésus exprime ainsi la conséquence du péché. Le péché tue la
vie de Dieu en nous. Pas n’importe quel péché; le péché grave. On n’entend plus
parler tellement de la différence entre péché grave et péché véniel; mais on
devrait en parler. Si le fils aîné est si scandalisé par la bonté de son père,
c’est parce qu’il sait pertinemment que de dépenser l’héritage de son père pour
aller forniquer avec des prostituées, c’est grave. Et de fait, c’est grave,
très grave. C’est tellement grave que cela a tué la vie divine dans le fils
cadet. Dans la première Lettre de saint Jean, l’auteur dit
clairement qu’il y a des péchés qui ne conduisent pas à la mort et qu’il y a
un péché qui entraîne la mort (1 Jn 5, 16). Il est évident dans le contexte
de la lettre, que saint Jean ne parle pas de la mort physique mais de la mort spirituelle,
la mort de la vie de Dieu en l’être humain. Et si l’être humain a le malheur de
mourir physiquement dans cet était, il risque de connaître une mort éternelle,
c’est-à-dire une vie éternelle sans Dieu. Il existe donc des péchés qui mènent
à ce genre de mort. Saint Paul nous donne une liste de péchés qui empêchent de
recevoir le Royaume de Dieu en héritage, dans sa première lette aux
Corinthiens (1 Co 6, 9-10).
Si on regarde bien
les évangiles, on se rend compte que la seule mort qui existe vraiment pour
Jésus, c’est la mort de la vie de Dieu en nous, ce qu’on appelait auparavant la
« mort de l’âme ». Le mort de l’âme ce n’est pas tout à fait
exact car l’âme est immortelle. Mais par mort de l’âme, on veut dire la mort de
la vie de Dieu dans l’être humain. Pour Jésus, c’est cela la vraie mort.
Car quand Jésus se
trouve devant ce que nous nous appelons la mort, c’est-à-dire la mort physique,
souvent il n’appelle pas cela la mort. Par exemple, quand la fille de Jaïre est
morte, Jésus a dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant
n’est pas morte, elle dort » (Mc 5, 39). Quand Jésus a
appris la mort de son bon ami Lazare, il a dit à ses disciples « Lazare,
notre ami, s’est endormi; mais je vais aller le tirer de ce sommeil »
(Jn 11, 11). Quelqu’un qui meurt dans l’amitié de Dieu, selon Jésus, ne meurt
pas; il s’endort tout simplement, mais il se réveillera dans la Vie divine.
Celui dont l’âme est morte dans le sens où il s’est coupé de la vie de Dieu,
dans le sens où il a tué la vie de Dieu en lui, s’il meurt ainsi, il se
réveillera dans l’au-delà non pas dans la Vie éternelle, mais dans la mort
éternelle. Par Vie éternelle, je veux dire ici une vie en plénitude, une vie
dans la plénitude de l’Amour. Par mort éternelle, je veux dire une vie de
malheur éternel, d’égoïsme et de douleurs éternels.
La Vie éternelle et
la mort éternelle ne se réfèrent pas à l’existence de l’âme car l’âme humaine
est éternelle; elle ne meurt pas, elle ne mourra jamais. Par Vie éternelle et
mort éternelle, on veut décrire l’état de l’âme dans l’au-delà, une fois partie
de cette vie. L’âme se dirigera vers un bonheur éternel ou un désespoir
éternel. C’est d’ailleurs là le sens du dernier article du Credo. Nous
terminons le Credo ou notre profession de foi en disant : « Je
crois en la Vie éternelle. Amen. ». On ne veut pas dire par là que
nous croyons que seuls les justes ressusciteront et que les méchants seront à
jamais détruits. Car les justes et les damnés vivront tous éternellement. Tous
nous ressusciteront. Mais le corps de chacun de nous retrouvera son âme là où elle
sera : au ciel ou en enfer. La Vie éternelle en laquelle nous disons
croire est l’éternelle félicité promise par Dieu notre Père à ses amis.
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