Syméon et Anne, modèles pour les aînés
Syméon et Anne (Lc 2, 25-38)
Je viens de lire une homélie
merveilleuse du pape François, prononcée récemment, le 2 février dernier. Cette
homélie m’a réjoui car elle m’a montré que dans les faits, nos aînés peuvent
faire encore beaucoup pour le Royaume de Dieu sur terre.
J’ai plusieurs fois dit que la
catégorie de personnes qui me déçoit le plus dans la société actuelle, ce sont
les aînés. Tant de nos aînés ici au Québec, et particulièrement à Montréal,
semblent avoir oublié Dieu ainsi que tout le bien qu’ils pourraient apporter à
notre société. Il est vrai que ce sont très majoritairement les aînés qui
fréquentent l’église le dimanche au Québec et dans ma paroisse. Je remercie ces aînés de tout coeur et je ne les remercierai jamais assez. La déception dont je parle dans ce blogue, ne s'applique évidemment pas à eux.
Quoi qu'on dise ou quoi qu'on pense, c’est à l’église le dimanche, que « tout se passe ». C’est là que Jésus, par un acte de charité extraordinaire, rend présent le sacrifice parfait, le sacrifice qui nous ouvre les portes du ciel. Seules les personnes qui réalisent le don immense que Dieu nous fait en rendant présent devant nos yeux l’événement historique qui a transformé et sauvé le monde: le mystère pascal, CROIX ET RÉSURRECTION (1), peuvent comprendre à quel point il est grave de manquer ce rendez-vous divin dominical sans raison valable. Si la grande majorité des aînés de ma paroisse participaient comme il se doit à la messe dominicale, je n’aurais pas assez de place pour les accueillir en n’ayant que trois messes par fin de semaine. Hélas, nos aînés semblent parfois plus prêts à se divertir, qu’à louer Dieu et intercéder pour notre peuple. Si les aînés que nous ne voyons plus à la messe, se déplaçaient le dimanche pour offrir leur vie avec Jésus pour le salut du monde, notre monde changerait, j’en suis certain. Mais certains aînés semblent plus prompts à laisser « le monde » (le monde sans Dieu) ensevelir Jésus en eux, qu’à porter Jésus au monde.
Quoi qu'on dise ou quoi qu'on pense, c’est à l’église le dimanche, que « tout se passe ». C’est là que Jésus, par un acte de charité extraordinaire, rend présent le sacrifice parfait, le sacrifice qui nous ouvre les portes du ciel. Seules les personnes qui réalisent le don immense que Dieu nous fait en rendant présent devant nos yeux l’événement historique qui a transformé et sauvé le monde: le mystère pascal, CROIX ET RÉSURRECTION (1), peuvent comprendre à quel point il est grave de manquer ce rendez-vous divin dominical sans raison valable. Si la grande majorité des aînés de ma paroisse participaient comme il se doit à la messe dominicale, je n’aurais pas assez de place pour les accueillir en n’ayant que trois messes par fin de semaine. Hélas, nos aînés semblent parfois plus prêts à se divertir, qu’à louer Dieu et intercéder pour notre peuple. Si les aînés que nous ne voyons plus à la messe, se déplaçaient le dimanche pour offrir leur vie avec Jésus pour le salut du monde, notre monde changerait, j’en suis certain. Mais certains aînés semblent plus prompts à laisser « le monde » (le monde sans Dieu) ensevelir Jésus en eux, qu’à porter Jésus au monde.
Le deux
février, l’Église fête la
Présentation de Jésus au Temple. Deux des
personnages principaux de ce mystère joyeux, sont des aînés: le vieillard
Syméon et la prophétesse Anne, àgée de 84 ans. Même si
c’est le vieillard Syméon qui est le plus mis en évidence dans ce passage des
évangiles, j’avoue que la prophétesse Anne est celle qui m’impressionne le
plus. Voici ce qu’on nous dit d’elle :
« Il y avait aussi une femme prophète,
Anne, fille de Phanuël, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en
âge; après sept ans de mariage, demeurée
veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne
s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la
prière. Survenant à cette heure
même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux
qui attendaient la délivrance de Jérusalem. » (Lc 2, 36-38)
Quelle femme extraordinaire! Pour qui pensez-vous
qu’elle priait et qu’elle jeûnait? Pour elle-même? Probablement. Mais assurément
et surtout pour son peuple. Quel modèle à imiter de nos jours! Syméon et Anne
étaient tous les deux animés d’une espérance vaste
comme le monde et tous les deux, dès qu’ils ont rencontré le Messie, se sont
mis à l’annoncer joyeusement au monde, à le porter au monde.Voilà la tâche et l’apostolat principal de tous les aînés chrétiens: porter
Jésus au monde; le présenter au monde, pour que les personnes puissent faire un
choix. Syméon et Anne ont non seulement annoncé Jésus, mais ils l’ont fait avec
enthousiasme et réalisme. Mais laissons la parole au pape François:
« Le chant de Syméon est le chant
de l’homme croyant qui, à la fin de ses jours, peut affirmer: c’est vrai,
l’espérance en Dieu ne déçoit jamais (cf. Rm 5, 5), il ne trompe pas. Syméon et
Anne, dans leur vieillesse, sont capables d’une nouvelle fécondité, et ils en
témoignent en chantant: la vie mérite d’être vécue avec espérance parce
que le Seigneur garde sa promesse ; et Jésus lui-même expliquera cette
promesse dans la synagogue de Nazareth: les malades, les prisonniers,
ceux qui sont seuls, les pauvres, les personnes âgées, les pécheurs sont
invités, eux aussi, à entonner le même chant d’espérance; Jésus est avec
eux, il est avec nous (cf. Lc 4, 18-19).
Ce
chant d’espérance, nous l’avons reçu en héritage de nos pères. Ils nous ont
engagés dans cette ‘‘dynamique’’. Sur leurs visages, dans leurs vies, dans leur
dévouement quotidien et constant, nous avons pu voir comment cette louange
s’est faite chair. Nous sommes héritiers des rêves de nos pères, héritiers de
l’espérance qui n’a pas déçu nos mères et nos pères fondateurs, nos aînés. Nous
sommes héritiers de nos anciens qui ont eu le courage de rêver; et comme
eux, aujourd’hui, nous voulons, nous aussi, chanter: Dieu ne trompe pas,
l’espérance en lui ne déçoit pas. Dieu vient à la rencontre de son peuple. Et
nous voulons chanter en nous introduisant dans la prophétie de Joël:
« Je répandrai mon pouvoir sur tout esprit de chair, vos fils et vos
filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos
jeunes gens par des visions » (3, 1).
Cela
nous fait du bien d’accueillir le rêve de nos pères pour pouvoir prophétiser
aujourd’hui et retrouver ce qui un jour a enflammé notre cœur. Rêve et
prophétie ensemble. Mémoire de la façon dont ont rêvé nos anciens, nos pères et
mères et courage pour poursuivre, prophétiquement, ce rêve.
Cette
attitude nous rendra féconds, nous, personnes consacrées, mais surtout elle
nous préservera d’une tentation qui peut rendre stérile notre vie
consacrée: la tentation
de la survie. Un mal qui peut s’installer peu à peu en nous, dans nos communautés.
L’attitude de survie nous fait devenir réactionnaires, peureux; elle nous
enferme lentement et silencieusement dans nos maisons et dans nos schémas. Elle
nous projette en arrière, vers les exploits glorieux – mais passés – qui, au
lieu de susciter la créativité prophétique issue des rêves de nos fondateurs,
cherchent des raccourcis pour fuir les défis qui aujourd’hui frappent à nos
portes. La psychologie de la survie ôte la force à nos charismes parce qu’elle
nous conduit à les ‘‘domestiquer’’, à les ramener ‘‘à portée de main’’ mais en
les privant de cette force créatrice qu’ils ont inaugurée ; elle fait en
sorte que nous voulons davantage protéger des espaces, des édifices ou des
structures que rendre possibles de nouveaux processus. La tentation de la
survie nous fait oublier la grâce, elle fait de nous des professionnels du
sacré mais non des pères, des mères ou des frères de l’espérance que nous avons
été appelés à prophétiser. Ce climat de survie endurcit le cœur de nos aînés en
les privant de la capacité de rêver et, ainsi, stérilise la prophétie que les
plus jeunes sont appelés à annoncer et à réaliser. En peu de mots, la tentation
de la survie transforme en danger, en menace, en tragédie ce que le Seigneur
nous présente comme une opportunité pour la mission. Cette attitude n’est pas
propre uniquement à la vie consacrée, mais à titre particulier nous sommes
invités à nous garder d’y succomber.
Retournons
au passage de l’évangile et contemplons de nouveau la scène. Ce qu’a suscité le
chant de louange en Syméon et Anne, cela n’a pas été, bien sûr, de se regarder
eux-mêmes, d’analyser et de revoir leur situation personnelle. Cela n’a pas été
de s’enfermer de peur que quelque malheur ne puisse leur arriver. Ce qu’a
suscité le chant a été l’espérance, cette espérance qui les soutenait dans la
vieillesse. Cette espérance s’est vue récompensée dans la rencontre avec Jésus.
Lorsque Marie dépose dans les bras de Syméon le Fils de la Promesse , le vieillard
commencer à chanter, il fait une “liturgie”, il chante ses rêves.
Lorsqu’elle met Jésus au milieu de son peuple, celui-ci trouve la joie. Oui, il
n’y a que cela pour pouvoir nous redonner la joie et l’espérance, seulement
cela nous préservera de vivre dans une attitude de survie. Uniquement cela fécondera
notre vie et maintiendra vivant notre cœur. Mettre Jésus là où il doit
être : au milieu de son peuple.
Nous
sommes tous conscients de la transformation multiculturelle que nous
traversons ; personne n’en doute. D’où l’importance que la personne consacrée
soit insérée avec Jésus dans la vie, dans le cœur de ces grandes
transformations. La mission – en conformité avec chaque charisme spécifique –
est de nous rappeler que nous avons été invités à être levain de cette masse
concrète. Certes, il peut y avoir des ‘‘farines’’ meilleures, mais le Seigneur
nous a invités à faire lever la pâte ici et maintenant, avec les défis qui se
présentent à nous. Non par une attitude défensive, non poussés par nos peurs,
mais les mains à la charrue, en cherchant à faire croître le grain souvent semé
au milieu de l’ivraie. Mettre Jésus au milieu de son peuple signifie avoir un
cœur contemplatif, capable de discerner comment Dieu marche dans les rues de
nos villes, de nos villages, de nos quartiers. Mettre Jésus au milieu de son
peuple signifie prendre en charge et vouloir aider à porter la croix de nos
frères. C’est vouloir toucher les plaies de Jésus dans les plaies du monde, qui
est blessé et désire et demande à ressusciter.
Nous
mettre avec Jésus au milieu de son peuple ! Non comme des activistes de la
foi, mais comme des hommes et des femmes qui sont continuellement pardonnés,
des hommes et des femmes unis dans le baptême pour partager cette onction et la
consolation de Dieu avec les autres.
Nous
mettre avec Jésus au milieu de son peuple, car « nous ressentons la
nécessité de découvrir et de transmettre la “mystique” de vivre ensemble, de se
mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans les bras, de se soutenir, de
participer à cette marée un peu chaotique qui [avec le Seigneur] peut se
transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane
solidaire, en un saint pèlerinage… […] Si nous pouvions suivre ce chemin, ce
serait une très bonne chose, très régénératrice, très libératrice, très
génératrice d’espérance! Sortir de soi-même pour s’unir aux autres »
(Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 87) non seulement
fait du bien, mais aussi transforme notre vie et notre espérance en un chant de
louange. Mais cela, nous ne pouvons le réaliser que si nous faisons nôtres les
rêves de nos pères et les transformons en prophétie.
Accompagnons
Jésus pour qu’il rencontre son peuple, pour qu’il soit au milieu de son peuple,
non pas dans la lamentation ou dans l’anxiété de celui qui a oublié de
prophétiser parce qu’il ne prend pas en charge les rêves de ses pères, mais
dans la louange et dans la sérénité ; non pas dans l’agitation mais dans
la patience de celui qui se fie à l’Esprit, Seigneur des rêves et de la
prophétie. Et ainsi, nous partageons ce qui nous appartient : le chant qui
naît de l’espérance. (2)
Oui nos
aînés peuvent prophétiser à notre peuple, parler à notre peuple de l’existence
de Dieu, de sa présence dans le monde, de son action et de son amour. « Seigneur, envoie ton Esprit, qui renouvelle
la face de la terre » (prière
inspirée du psaume 103).
(1) On dira peut-être que la résurrection
de Jésus n’est pas vraiment « historique »,
puisqu’elle transcende l’histoire, mais à un moment donné, il faut arrêter de
jouer sur les mots.
(2) XXIe Journée mondiale de la Vie consacrée - Fête de la Présentation ...
https://w2.vatican.va/.../fr/.../papa-francesco_20170202_omelia-vita-consacrata.html
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