Pierre marche sur les eaux
ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU, CHAPITRE 14, VERSETS 22 À 34.
22 Aussitôt Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules.
23 Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul.
24 La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.
25 Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
26 En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.
27 Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »
28 Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. »
29 Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
30 Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
31 Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
32 Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
33 Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
34 Après la traversée, ils abordèrent à Génésareth.
Je suis en train de lire le merveilleux livre du cardinal Vanhoye sur les saints Pierre et Paul. Le chapitre 4 du livre n'a que quatre pages et porte sur un sujet unique : la marche de Pierre sur les eaux sur l'ordre de Jésus.
Je suis fier d'avoir trouvé l'image ci-dessus où on représente Pierre qui marche assez normalement sur les eaux à la rencontre de Jésus. J'aime la position et l'allure des deux personnages. On voit clairement que Jésus n'a aucune hésitation à se tenir debout sur les eaux, montrant ainsi sa divinité et sa domination sur la création. Chez Pierre, au contraire, on sent l'hésitation mais tant qu'il a les yeux fixés sur Jésus, tout va bien.Note : Les passages que vous lirez ne sont pas tirés à proprement parler d'un livre, mais plutôt d'enregistrements. Le cardinal Vanhoye, sj, a donné à quelques reprises des Exercices spirituels (une forme de retraite) sur Pierre et Paul. Des personnes qui ont suivi ces retraites ont tellement appréciées les enseignements du Père Vanhoye, qu'elles les ont enregistrées et ensuite retranscrites. Un véritable travail de moine. Le Père Vanhoye leur a été très reconnaissant. Vous remarquerez probablement le ton direct propre au langage verbal. Si le cardinal Vanhoye avait écrit un live, il aurait sûrement peaufiné certaines phrases.
L'épisode biblique de la marche de Pierre sur les eaux, fait immédiatement suite à la multiplication des pains dans les évangiles. Voici ma traduction de certains passages du livre du cardinal Vanhoye :
"Après la multiplication des pains, au lieu de profiter du succès, Jésus contraignit les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive. La traductino de la CEI dit qu'il "ordonna" aux disciples, mais le texte grec dit "contraignit les disciples" (Mt 14, 22), suggérant que les disciples n'étaient pas enclins à partir. Pour les disciples, le comportement de Jésus devait sembler déconcertant. Après ce miracle, Jésus faisait exactement le contraire de ce qu'aurait fait un homme politique : Jésus cherchait la solitude justement au moment où la foule était prête à le prendre comme chef. L'évangéliste nous dit : "Ayant congédié la foule, il monta sur la montagne, seul, pour prier"(Mt14, 23). Le coeur de Jésus ne se conforme pas aux calculs politiques.
Puis Jésus met les disciples dans une situation difficile, sur une barque agitée par les vagues à cause du vent. Ils sont sans le Seigneur."
NDLR (1): Le cardinal Vanhoye semble suggérer que l'envoi des apôtres sur l'autre rive a pour but de leur faire vivre une situation difficile dans l'intention de leur donner un enseignement d'une grande importance. Cela suppose que Jésus savait à l'avance qu'un vent impétueux allait se lever sur la mer et causerait des difficultés aux apôtres. Je partage cette intuition du cardinal. Je n'ai aucune difficulté à croire que Jésus jouissait à certains moments tout au moins, d'une clairvoyance spéciale, qui lui faisait entrevoir certains événements avant qu'ils ne se produisent.
"Tant de fois nous nous trouvons dans des situation analogues ; nous devrions savoir que nous pouvons compter sur la prière de Jésus ; il était sur la montagne en train de prier. Il est "toujours vivant pour intercéder pour nous" dit la Lettre aux Hébreux (7, 25). Donc, même si nous ne sentons pas sa présence mais seulement la tempête, nous devons savoir dans la foi que nous pouvons compter sur lui.
Troisième moment : Jésus s'approche, mais sa venue, loin de porter remède à la situation, en augmente encore plus l'angoisse, parce que Jésus vient en marchant sur la mer et manifeste tranquillement sa pleine union à Dieu."
NDLR : Nous savons la suite : les disciples paniquent et crient croyant voir un fantôme. Jésus les rassure et leur dit : "Courage, c'est moi, n'ayez pas peur". Le cardinal Vanhoye emploie le mot "courage" et non pas le mot "confiance" qui figure dans le texte biblique mis au début de ce blogue. Pierre demande un signe à Jésus pour prouver que c'est bien lui. Il demande à Jésus de lui ordonner de venir vers lui sur les eaux. Jésus consent et dit : "Viens!". Pierre enjambe la barque et se met à marcher sur les eaux. Mais après un moment, voyant la force du vent, il eut peur et commença à enfoncer. Il crie alors vers Jésus qui lui tend la main, le sauve et lui reproche son peu de foi.
Dans la vie de chacun de nous, des épreuves arriveront, des tempêtes nous assailliront. Que faire ? Voici le réponse du cardinal Vanhoye :
" La réponse est claire : au lieu de fixer notre attention sur les difficultés et les dangers, nous devons fixer notre regard sur le Seigneur, avec foi en sa puissance et par-dessus tout en son amour. Si nous fixons notre attention sur les difficultés, les difficultés augmenteront et prendront des dimensions insurmontables. C'est là un processus psychologique normal : celui qui fixe l'attention sur les difficultés, devient obsédé par les difficultés et perd aussi les moyens normaux qu'il aurait autrement."
NDLR : Oh que j'aime ce paragraphe écrit par le cardinal Vanhoye ! C'est ce que j'appelle de la fine et saine psychologie. J'ai vu cette réaction et cette tentation chez les personnes qui ont tendance à fixer leur attention sur les difficultés et non pas sur le Seigneur..
"Au contraire, si nous fixons notre regard sur le Seigneur, alors nous trouverons la voie de la sortie, qui ne sera pas une solution humaine, mais la solution du Seigneur, valide et féconde: non pas une régression, mais un progrès. Si notre foi est trop faible, faisons comme Pierre, c'est-à-dire crions : "Seigneur, sauve-moi !" Seigneur, augmente ma foi ! C'est déjà un grand réconfort de savoir que nous pouvons crier au Seigneur, et nous ne devons pas manquer de le faire, et même de façon répétée."
NDLR : Voilà un autre conseil essentiel.
Avec les grands dangers, il existe aussi une tentation insidieuse, celle de renoncer pratiquement à vivre pleinement dans la foi : la tentation de chercher un arrangement plus sûr, plus équilibré pour notre existence... Grâce à certains appuis humains, d'un genre ou l'autre, à certains arrangements, à certains compromis, nous pouvons, si nous commençons à aller dans cette direction, nous éloigner peu à peu de la foi vive. Nous devons être vigilants: nous sommes appelés par le Seigneur à vivre une relation avec lui, une relation de foi et de confiance. Le Seigneur nous interroge : "Pourquoi cherches-tu ces appuis ? Est-ce que tu doutes de moi ? Rappelle-toi que la foi est le seul appui sûr: tu ne dois pas être une personne de peu de foi ; tu dois croire en moi toujours plus profondément, toujours plus résolument, faire confiance à mon coeur." Voilà la voie qui conduit à la lumière et à la plénitude de la vie." (2)
NDLR : Chercher sa sécurité et sa tranquillité dans des chemins non voulus par le Seigneur, voilà sûrement le plus grand des dangers.
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