Samedi Saint: Jour du Silence
Le Samedi Saint est le Jour du Silence par excellence de l’année. Dieu est mort. L’homme a tué Dieu, son Dieu. La Parole s’est tue; la Parole s’est éteinte. Le Dieu de toute bonté, le Dieu de toute douceur, le Dieu de toute onction s’est tu parce que les hommes ont voulu le faire taire. Quelle en est la conséquence? La conséquence est celle-ci: UN SILENCE DE MORT. Quant on fait taire Dieu, quand on muselle Dieu, il règne un silence de mort et une culture de la mort, comme le disent tous nos derniers papes.
Il existe des personnes sur cette terre qui font de
façon dramatique cette expérience de la mort de Dieu. Parmi ces personnes, il y
a bien sûr les gens qui vivent dans le péché que l’Église appelle
« mortel » du fait qu’il coupe la vie de l’être humain de sa source
de vie qui est Dieu. On peut être vivant physiquement et intellectuellement,
mais mort spirituellement, mort au plus profond de nous-mêmes.
Mais il existe aussi des personnes qui sont plongées
en Dieu à l’année longue mais qui le Samedi Saint, font l’expérience dramatique
de la mort de Dieu, du SILENCE DE DIEU. Je veux parler ici des contemplatives
et contemplatifs dont le charisme ou la grâce reçue de Dieu est d’adorer Jésus-Eucharistie jour et nuit, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J’ai une bonne amie qui
est religieuse chez les Servantes de
Jésus-Marie. Dans sa communauté, on adore Jésus-Eucharistie jour et nuit.
Les religieuses de ce couvent ont toujours Jésus ressuscité devant les yeux à l’année
longue. Sauf pour les 48 heures environ où le Seigneur leur est enlevé: du jeudi soir après la Cène du Seigneur jusqu'à la Veillée pascale. Mon
amie religieuse m’a confié que ces 48 heures sont très douloureuses pour elle. Les
religieuses se sentent désemparées et désorientées un peu comme Marie Madeleine qui, à l’aube de Pâques. se rend au tombeau à la recherche de Celui que son cœur aime » (Cantique
des cantiques, chapitre 3, verset 1).
En très peu de mots, ma chère amie m’a fait comprendre que c’était presque l’enfer
que de vivre ces heures où Notre Seigneur est absent. De fait, l’enfer, c’est
essentiellement cela: l’absence de Dieu, la douloureuse absence de Dieu. J’imagine
que durant ces heures, les contemplatives qui vivent le même charisme que mon
amie, et ici je pense à mes amies les Recluses
Missionnaires qui vivent tout près de chez moi et qui adorent elles aussi Jésus-Eucharistie jour et nuit, doivent intercéder pour les personnes athées de notre
époque qui ignorent de quel amour elles sont aimées. Mais les Recluses Missionnaires et les Servantes de Jésus-Marie, n’ont pas de
divertissements à leur portée pour leur faire oublier la peine causée par l’absence
de Dieu. Elles n’ont qu’un silence dur à porter et à vivre. Mettez une personne
athée dans une chambre où il n’y aurait qu’une chaise et c’est tout; pas d’ordinateur,
pas de TV, etc. Je suis sûr que les minutes que cette personne vivrait lui
semblerait insupportable. J’ai l’impression que le silence doit être difficile
à supporter pour quelqu’un qui ne croit pas en Dieu. Mais peut-être bien qu’en
cela je fais erreur.
Le silence habité
Mais ce soir, lors de la Veillée pascale, tout redeviendra à la normale pour mes chères amies contemplatives et adoratrices. Quand Jésus sera
finalement de retour parmi elles, le silence sera toujours là, mais il s’agira
d’un silence habité. Laissons saint Bruno nous dire en quoi consiste le silence
habité :
« Ce que la solitude et le silence du désert apportent d’utilité et
de divine jouissance à ceux qui les aiment, ceux-là seuls le savent, qui en ont
l’expérience.
Là, en effet, les hommes forts peuvent se recueillir autant qu’ils le
désirent, demeurer en eux-mêmes, cultiver assidûment les germes des vertus, et
se nourrir avec bonheur des fruits du paradis.
Là on s’efforce d’acquérir un œil dont le clair regard blesse d’amour le
divin époux et dont la pureté donne de voir Dieu.
Là on s’adonne à un loisir bien rempli et l’on s’immobilise dans une
action tranquille.
Là Dieu donne à ses athlètes, pour le labeur du combat, la récompense
désirée : une paix que le monde ignore et la joie dans l’Esprit Saint. » (1)
Comme je le mentionne dans la note en bas de page, cette citation de saint Bruno se trouve dans le livre intitulé "Jeanne Le Ber, la recluse au coeur des combats" et écrit par madame Françoise Deroy-Pineau. Immédiatement après avoir cité saint Bruno, madame Deroy-Pineau écrit ceci:
« L'un des effets incroyables de cette qualité de silence est de plonger les autres, comme par osmose, dans la profondeur de leur propre recueillement, chacun selon sa manière. Un tel silence, naturellement plongé dans la Sagesse, fait jaillir chez chacun sa propre sagesse.
Le silence de Jeanne Leber n'est pas le mutisme impuissant de qui ne sait pas parler. Il est lumineux. Car elle a pris conscience qu'une certaine qualité de silence pèse plus que tous les mots. (2)
Et madame Deroy-Pineau cite à ce moment-là saint Basile de Césarée qui dit:
« De même que les objets nets et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux-mêmes resplendissants et tirent d'eux-mêmes une autre lumière, de même les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres.
De là viennent la prévision de l'avenir, l'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, la distribution des dons spirituels, la citoyenneté céleste, la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu, et le comble de ce que l'on peut désirer: devenir Dieu. » (2)
Comme je le mentionne dans la note en bas de page, cette citation de saint Bruno se trouve dans le livre intitulé "Jeanne Le Ber, la recluse au coeur des combats" et écrit par madame Françoise Deroy-Pineau. Immédiatement après avoir cité saint Bruno, madame Deroy-Pineau écrit ceci:
« L'un des effets incroyables de cette qualité de silence est de plonger les autres, comme par osmose, dans la profondeur de leur propre recueillement, chacun selon sa manière. Un tel silence, naturellement plongé dans la Sagesse, fait jaillir chez chacun sa propre sagesse.
Le silence de Jeanne Leber n'est pas le mutisme impuissant de qui ne sait pas parler. Il est lumineux. Car elle a pris conscience qu'une certaine qualité de silence pèse plus que tous les mots. (2)
Et madame Deroy-Pineau cite à ce moment-là saint Basile de Césarée qui dit:
« De même que les objets nets et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux-mêmes resplendissants et tirent d'eux-mêmes une autre lumière, de même les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres.
De là viennent la prévision de l'avenir, l'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, la distribution des dons spirituels, la citoyenneté céleste, la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu, et le comble de ce que l'on peut désirer: devenir Dieu. » (2)
(1) Saint Bruno, cité dans : Françoise Deroy-Pineau, Jeanne
Le Ber, la recluse au cœur des combats, Bellarmin, pp. 112 et 113.
(2) Ibid, p. 113.
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