mardi 24 janvier 2017

Pourquoi évangéliser et Qui évangélise?

Pourquoi évangéliser et Qui évangélise?
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« Je suis venu pour que les gens aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10)

« Vivre, ce n’est pas vivoter » (Pier Giorgio Frassati)


Les personnes qui réfléchissent à l’évangélisation dans notre monde moderne, disent toutes la même chose: il ne faut pas mettre le focus en premier lieu sur le « comment évangéliser », mais sur le « pourquoi ». Avant de se lancer dans le « comment évangéliser », il faut se demander pourquoi nous devons évangéliser. Plus nous aurons approfondi en nous et ancré en nous les raisons pour lesquelles nous devons évangéliser, plus nous voudrons évangéliser et plus nous nous efforcerons de trouver des moyens, des méthodes pour évangéliser. Voici quelques réflexions sur ce sujet, tirées d’un document de l’AECQ (Assemblée des Évêques  Catholiques du Québec)

Les initiales EG mises entre parenthèses, réfèrent à l’exhortation apostolique du pape François, intitulée: Evangelii Gaudium (La Joie de l’Évangile)

« La finalité de l’activité missionnaire de l’Église ne peut être autre que la vie, la joie et le bonheur des hommes, des femmes et des enfants d’aujourd’hui. En d’autres termes, la fin poursuivie ne peut être de l’ordre de la reconquête. Ce qui est fondamentalement en jeu, ce n’est pas de permettre à l’Église de retrouver sa place centrale dans la société ou de retrouver des masses de chrétiens.

La finalité est celle même de la mission du Fils: « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et la vie en abondance. » (Jn 10, 10) « Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. » (EG 49) Cela suppose un décentrement de l’Église. « Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. » (EG 49) Ce décentrement nous fait nous tourner vers cette « multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt: ‘Donnez-leur vous-mêmes à manger’ (Mc 6, 37). » (EG 49) En amont, ce décentrement nous fait nous tourner vers Celui qui envoie et qui nous précède (EG 162 et 298) vers celui qui a « l’initiative » (EG 12, 24, 111 et 112) et qui est à la source de l’activité missionnaire et qui l’accompagne. Comme l’écrit le pape François « Je propose de m’arrêter un peu sur cette façon de comprendre l’Église, qui a son fondement ultime dans la libre et gratuite initiative de Dieu. » (EG 111) (1)

C’est très clair, nos évêques invitent l’Église du Québec à se décentrer d’elle-même. La préoccupation de l’Église, ce ne doit pas être elle-même. Désirer que les gens reviennent à l’Église, ce n’est pas le bon motif pour évangéliser. Désirer que l’Église exerce plus de pouvoir dans la société, ce n’est pas le bon motif pour évangéliser. Le vrai motif de l’évangélisation, c’est le bien des gens; c’est leur bonheur profond. Jésus est venu pour nous donner la vie en abondance, nous donner sa joie, ce qu’Il appelle la "joie parfaite " (Jn 15, 11). La préoccupation de l’Église, ce ne doit pas être elle-même, mais les gens, les gens qui ne vivent pas de Dieu, du vrai Dieu, et qui à cause de cela, ne peuvent pas être foncièrement heureux. Voilà ce qui doit nous motiver à évangéliser: nous voulons rendre les gens heureux. La véritable question est là: est-ce que j’aime suffisamment les gens pour leur proposer ce qui les rendra vraiment heureux?

Dans le paragraphe suivant, nos évêques vont jusqu’à dire qu’on ne devrait même pas parler, en un sens, de la « mission de l’Église ». Ils nous invitent ici aussi à tout un « décentrement ». Car le mot latin « missio » veut dire « envoi ». Or c’est Dieu qui envoie; c’est Dieu qui propose la joie, la Vie, le bonheur.

« En effet, l’initiative de l’action missionnaire ne vient pas de l’Église. Si, au sens strict, le terme mission signifie l’« action d’envoyer », le sujet de cette action est Dieu qui envoie le Fils et l’Esprit. Au sens fort du terme, l’Église n’a pas de mission. La mission n’est pas ce que l’Église réalise ou se propose de faire, ou encore ce qu’elle poursuit comme intention et qui détermine son action. La mission — mot que l’on doit réserver à l’action de Dieu qui envoie — est l’action d’un autre qui envoie, d’un Dieu tourné vers l’humanité qu’il a tant aimée. En effet, à la source de la mission, il y a l’amour de Dieu, son désir de bonheur pour le monde. À la source de l’activité missionnaire, il y a l’amour pour l’autre, la bienveillance de Dieu pour l’humanité sur laquelle il se penche en vue de panser ses plaies. Notre communion à cet « amour immense » (EG 11) à la source de la mission, nous sort de l’ennui, de la tristesse, des obscurités du temps présent et des faiblesses ecclésiales. » (2)

Cela m’amène à la deuxième partie du titre de ce blogue: « Qui évangélise? » Celui qui évangélise, c’est Jésus par son Esprit. Ce n’est pas nous qui évangélisons, mais c’est Jésus qui évangélise grâce à l’Esprit Saint. « Jésus, envoie sur nous ton Esprit ». C’est un peu dur pour moi d’écrire cela car j’aimais jusqu'à maintenant, me percevoir comme un « évangélisateur » potentiel. Et je désirais former des « évangélisateurs et évangélisatrices ». Mais dans les faits, il n’y a qu’un évangélisateur: Jésus par l’Esprit Saint. Et si saint Paul a été un évangélisateur extraordinaire, c’est parce qu’il a pu dire un jour en vérité les paroles suivantes: « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Je ne crains pas de donner à saint Paul le titre "d'évangélisateur " puisqu'il était devenu une copie vivante de Jésus. Mais pour ma part, je préfère désormais me considérer comme étant tout au plus un " agent d'évangélisation ".   

Un des fondements bibliques de l’évangélisation, est ce qu’on appelle « le mandat missionnaire ». Il s’agit des dernières paroles de Jésus avant de monter au ciel:

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur terre. Allez! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 18-20)

Le danger dans la façon de recevoir ce mandat missionnaire, c’est de mettre le focus sur  nous parce que Jésus nous demande de « faire des disciples ». Mais encore là, il nous faut vivre un « décentrement ». Car les paroles les plus importantes de ce passage, sont les toutes dernières paroles: « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20)

« Partons si vous le voulez de ce que l'on appelle communément la charte de la mission, dans la finale de l'Évangile de Mt. La lecture courante de ces versets, liée à une certaine conception de l'Église militante, met l'accent sur le mandat missionnaire et fait de l'activité missionnaire la note dominante de ce texte. On donne couramment une lecture semi-pélagienne de ce texte en privilégiant l'intervention humaine aux dépends de la puissance du Christ ressuscité. … Le verset 20, qui est probablement le verset clé de ce texte, ne devient plus alors qu'un promesse consolante du Christ pour soutenir l'oeuvre de ses apôtres. Selon cette lecture, marquée par une certaine pratique missionnaire, c'est comme si le Christ avait dit:  "allez, et puis moi je serai avec vous jusqu'à la fin des siècles". Le Christ serait donc là seulement comme un compagnon qui peut, éventuellement, donner un petit coup de pouce devant l'énorme tâche qui est celle de partir convertir les nations. Or, le "je suis avec vous" n'est pas subordonné à l'envoi en mission, comme si le Christ ressuscité promettait d'être là simplement pour seconder le travail missionnaire qui serait notre oeuvre. La présence du Christ ne se subordonne pas à la mission: elle la domine. C'est le Christ glorieux qui rassemble les nations. En d'autres mots, la mission n'est pas une activité que l'on exercerait à propos de Jésus, avec l'aide bienveillante de ce dernier.  Or ce n'est pas l'évangélisateur qui porte l'Évangile, mais c'est l'Évangile qui doit porter l'évangélisateur. » (3)

J’ai parlé dernièrement sur mon blogue, du mouvement appelé: « I Am Second », « Je suis deuxième ». Avouons bien humblement, que nous avons beaucoup de difficulté à nous situer à notre véritable place. Comme il nous est difficile de nous décentrer de nous-mêmes, et de nous reconnaître "deuxième" !   « JÉSUS, SOIS NOTRE CENTRE ! ».

 


(1) Le tournant missionnaire des communautés chrétiennes Devenir une

www.eveques.qc.ca/documents/2016/Le_tournant_missionnaire2016.pdf, pp. 10-11.


(2) Ibid.


(3) La pratique missionnaire - Missionnaires d'Afrique

mafr.net/index.php/fr/missionevangile/lapratiquemissionnaire









 

2 commentaires:

  1. Merci.

    Je garderai ces mots près de moi et puisse Dieu me permettre de ne jamais les oublier! Je me donne dès maintenant l'objectif de devenir un OUTIL d'évangélisation dont le Seigneur pourra se servir selon sa volonté. D'ailleurs, les manuels de référence des CPÉ parlent d'agents d'évangélisation, et non pas d'évangélisateurs!

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  2. Cher Mathieu,

    J'aime beaucoup l'expression que tu as choisi: "OUTIL d'évangélisation". Comme je l'ai dit dans le blogue, je ne suis plus capable de me dire "évangélisateur"; mais j'ai aussi de la difficulté à me considérer comme un "agent d'évangélisation". Encore là, c'est, selon moi, attribuer trop d'importance et de pouvoir à l'être humain. Saint Paul ne dit-il pas que nous ne sommes que des arrosoirs, mais que c'est Dieu qui assure la croissance: "Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donnait la croissance.Donc celui qui plante n’est pas important, ni celui qui arrose; seul importe celui qui donne la croissance: Dieu" (1 Co 3, 6-7)

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