Charles
de Foucauld et l’Eucharistie
Je connais peu Charles de Foucauld mais cet homme me
fascine. J’ai déjà écrit deux blogues à son sujet. J’ai lu hier sur l’internet
des pages très belles sur l’amour que Frère Charles vouait à l’Eucharistie. Je
me plais à penser que le goût de l’adoration eucharistique qui habite le cœur de
plusieurs de nos paroissiens, est dû en partie à l’intercession de ce cher
Bienheureux.
Je viens tout juste de relire le blogue que j’ai écrit
le 13 novembre 2016 et je me surprends d’apprendre que j’ai écrit ce jour-là
que je confiais à Charles de Foucauld les « quarante heures » d’adoration que nous étions sur le point de
vivre en paroisse. Ces « quarante heures d’adoration » ont été un
moment très important dans la vie de notre paroisse. C’est à cette occasion qu’a
été manifesté au grand jour le cœur eucharistique de mes paroissiens. À mon
grand étonnement et à ma grande admiration, les 40 heures d’adoration se sont remplies
rapidement et furent un événement mémorable.
Il fait bon de se remémorer certains
passages de ce blogue de l’an 2016 : (1)
« Le frère Charles, frère universel tout comme
frère François, a voulu imiter après sa conversion, la vie cachée de Nazareth.
Sa vie toute de prière et de charité a été vécue parmi les plus pauvres, mais
aussi dans une grande solitude. Solitude et non pas isolement. Frère Charles
avait pour Ami Jésus, l’Amour incarné. Et cet Amour incarné, frère Charles le
contemplait dans l’Eucharistie à tous les jours. Le jour de son assassinat, on
a trouvé, tout près du corps figé et immobile du Bienheureux, un petit ostensoir
dans le sable, contenant Jésus Eucharistie.
Je confie à frère Charles les 40 heures d’adoration
que nous vivrons en paroisse la fin de semaine prochaine. Quand Charles de
Foucauld fut béatifié le 13 novembre 2005, un journaliste a interviewé une religieuse
faisant partie d’une des Communautés qui ont fleuri sous l’inspiration de frère
Charles, après sa mort. Voici une des questions qui lui furent posées :
En quoi sa béatification vous semble
t-elle importante pour l’Église?
Elle me semble importante pour les pays du Sud.
L'Europe a pendant longtemps été réticente à ce sujet... Nous avons
attendu cette béatification 80 ans ! Le frère Charles parle aujourd'hui aux
Africains, aux Latino-Américains... Il s'agit de découvrir ses multiples
facettes ! Mais je suis aussi étonnée, et heureuse, de voir combien l'adoration
eucharistique, longtemps remisée au magasin des antiquités, est redécouverte
par les jeunes. Cette adoration nourrit ma vie. Porter le monde dans
l'adoration, c'est l'esprit même de la spiritualité du Père de Foucauld. (2)
Citations de Charles de Foucauld:
" L'adoration du
Saint-Sacrement est le repos, le rafraîchissement, la joie " (à Mme
Bondy, 19 janvier 1903)
"Adorer la sainte Hostie, ce devrait être le fond de la vie de tout humain." (à Suzanne Perret, le 15 décembre 1904)
"Adorer la sainte Hostie, ce devrait être le fond de la vie de tout humain." (à Suzanne Perret, le 15 décembre 1904)
" Quelle joie immense, mon Dieu. Passer plus de quinze
heures en ayant rien d'autre à faire que de te regarder et te dire: 'Seigneur
je t'aime !' Oh, quelle douce joie ! "
"
Coeur Sacré de Jésus, Merci de vous exposer à nos yeux, de vous donner à
nous, de nous faire le don infini de votre présence, dans votre Sainte Hostie,
sur le Saint Autel. Merci de vous donner, de vous présenter, de rester avec
nous ainsi tout le jour, toute la nuit, à toute heure, toute notre vie, transformant
notre vie, en une vie toute divine. Merci Coeur Sacré de Jésus de cet excès de
bonté, de cet excès de bonheur ! "
« À
Beni-Abbès, Charles avait établi un règlement de vie où la prière occupait la
première place: Sainte Messe et action de grâces, Bréviaire, Chemin de Croix,
Chapelet... Mais l'adoration de la Très Sainte Eucharistie l'emporte
sur tout: il y consacre trois heures et demie chaque jour, réparties en trois
moments de silence. On lit dans son journal: « Mai 1903 – Aujourd'hui, trente
ans que j'ai fait ma première Communion, que j'ai reçu le Bon Dieu pour la
première fois... Et voici que je tiens Jésus en mes misérables mains! Lui, se
mettre dans mes mains! Et voici que, nuit et jour, je jouis du saint
tabernacle, que je possède Jésus pour ainsi dire à moi seul! Voici que chaque
matin je consacre la Sainte Eucharistie, que chaque soir je donne, avec
elle, la bénédiction! » (3)
Les
yeux de Charles de Foucauld que nous pouvons voir sur les photos mises
ci-dessus, sont pour moi des yeux transformés et transfigurés par ses très
nombreuses heures passées devant le Très Saint Sacrement. La beauté
et la bonté de Dieu se reflètent dans son regard.
Voici
maintenant quelques extraits des pages que j’ai lues hier et dont j’ai parlé au
début du présent blogue :
Lettre aux Fraternités de la
Fraternité sacerdotale N° 192, octobre 2007
CHARLES DE FOUCAULT, UNE VIE EUCHARISTIQUE
Auteur : Marc Prunier
Charles de Foucauld n'est pas un théologien de
l'Eucharistie, mais il a vécu l'Eucharistie : il a fait de toute sa vie une
grande Eucharistie.
Son intuition, depuis le premier jour de sa rencontre
avec le Christ jusqu'à sa mort, semble être d'avoir trouvé le porche royal
d'entrée dans le mystère de l'Eucharistie : c'est le lavement des pieds, le
grand agenouillement de Jésus qui révèle l'agenouillement de Dieu devant
l'homme qu'il aime et qu'Il veut sauver. Le Repas de l'Eucharistie, Jésus
l'introduit par le geste du serviteur, de l'esclave, et il dit à Philippe : « Qui Me voit, voit le Père ! ».
L'Eucharistie est le sacrement de l'humilité de Dieu, de Dieu qui descend à la
rencontre de l'humanité et que Charles de Foucauld veut suivre et imiter
jusqu'au bout. "Lui, de condition
divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, mais il
s'anéantit..." Phil. 2
"Je suis fait pour me cacher" dit-il encore,
prenant exemple sur la vie cachée du Seigneur. Charles de Foucauld entend à la
lettre le précepte du Seigneur de se mettre "à la dernière place lorsqu'on
est invité". Luc 14 /10 L'Eucharistie est par excellence le repas de la
dernière place : le repas où Jésus," Maître et Seigneur ", se fait le
serviteur et l'esclave, jusqu'au don total de Lui-même le repas de l'amour où
le disciple est invité à faire et à vivre ce qu’il voit de son Seigneur.
L'Eucharistie, pour Charles de Foucauld, c'est d'abord
le sacrement de cette Présence de Jésus Présence infiniment réelle, vivante,
agissante, mais Présence cachée, silencieuse, discrète, gratuite, dans un
partage total de ce qui fait la condition des hommes... L'Eucharistie continue
cette Présence cachée, silencieuse, vivante.., C'est "Emmanuel, Dieu avec
nous ", "tous les jours jusqu'à la fin du
monde ".
Se tenir auprès de Jésus Eucharistie, c'est apprendre,
à vivre la même gratuité d'une présence offerte sans utilité, dans l'obscurité
de la foi, dans la fidélité, dans le silence ; présence offerte comme "le
parfum de grand prix versé sur les pieds de Jésus "Jean 12/3 ss. Se tenir
près du Saint Sacrement, c'est entrer dans le mystère de l'enfouissement du
Christ. L'Eucharistie est une école d'enfouissement : enfouissement de Jésus au
cœur du monde, comme le grain jeté en terre ; enfouissement de l'apôtre qui se
veut "frère universel " ; enfouissement total de frère Charles tué le
1er décembre 1916 tandis que l'Hostie consacrée est enfouie dans le sable.
"Adorer la Sainte Hostie devrait être le fond de la vie de tout être
humain" En adorant Jésus-Hostie, le priant se laisse transformer à la
ressemblance de Jésus. L’Eucharistie appelle à devenir soi-même, à la suite de
Jésus, une présence humble et silencieuse, et surtout brulante d'amour, au
milieu de ses frères les hommes. C'est ce style de témoignage, cette ardeur de
charité fraternelle, que Frère Charles veut porter à tous les hommes. "Me
tenir au pied du Saint Sacrement. Me tenir dans le lieu où Jésus est, et non
courir dans ceux où il fut. Passer au pied du Saint Sacrement tous les moments
sans exception où la volonté de Dieu ne m'appelle pas ailleurs, comme on passe
auprès de l'être aimé tous les moments sans exception qu'il est possible d'y
passer."
Il s'agit bien d'un projet de vie contemplative, mais
aussi d'un projet proprement missionnaire…
Pour Frère Charles, c'est la présence de Jésus qui
sauve. Présence à Nazareth, Présence au Tabernacle. Ouvrir un Tabernacle est
chaque fois une fête pour Frère Charles : c'est chaque fois apporter cette
présence du Sacré-Cœur en pays de mission. Célébrer la messe est par excellence
un acte de mission "Chaque jour je puis célébrer le Saint Sacrifice; la
Saint Hostie prend possession de son domaine..." En allant lui aussi à la
rencontre du monde jusqu'au bout du désert, Charles de Foucauld veut continuer
cette Présence de Jésus, Présence qui rayonne par l'ardeur de l'amour et la
vérité d'un partage de tout avec les hommes, et non par la prédication.
Il se fait lui-même ce qu'est Jésus dans l'Eucharistie
: une présence cachée, silencieuse, donnée, livrée, qui ne s'impose pas, mais
s'offre dans une totale gratuité d'amour, dans le seul but de devenir serviteur
et petit frère de tous...
L'offrande de soi
L'Eucharistie est le sacrement du Sacrifice du Christ,
c'est-à-dire de l'offrande que Jésus fait de Luimême sur la Croix : "Voici
mon corps livré, voici mon Sang versé". Vivre l'Eucharistie, c'est entrer
dans cette même dynamique de l'offrande de soi, c'est consentir à une mission,
un envoi, une responsabilité confiée par Jésus à son disciple : " Ce que
J'ai fait, faites-le vous aussi "... "Faites ceci en mémoire de moi !
"... Ce que Saint Paul exprime aussi en écrivant : "Devenez
Eucharistie" (Col 3,15) "Offrez vous vous-mêmes en sacrifice vivant !" (Rom 12,1) Vivre l'Eucharistie implique de consentir à l'invitation de Jésus
"c'est chez toi que je viens célébrer ma Pâque avec mes disciples." (Matthieu 26,18)
Eucharistie et martyre
Toute sa vie Charles de Foucauld a laissé grandir en
lui la soif, l'attente, le désir de mourir martyr. "Vivre aujourd'hui,
comme si je devais mourir ce soir martyr" Cet intime désir est
l'expression d'une longue et profonde identification au Christ. C'est un désir,
à proprement parler, "eucharistique ", qui s'enracine dans la grande
tradition de l'Église primitive... Le martyre est la plus ultime et la plus
parfaite participation à l'Eucharistie du Seigneur. cf. St. Ignace d'Antioche :
" Je suis le froment de Dieu. Je dois être moulu par la dent des bêtes
pour être trouvé un pur pain du Christ " … Et toute la vie de Frère
Charles semble culminer dans cette mort violente, à la porte de son "bordj"de Tamanrasset, où son corps culbute dans le sable, comme une vie perdue,
une vie donnée. Quelques semaines plus tard, on retrouvera le petit Ostensoir,
avec l'Hostie consacrée, dans le sable tout près du lieu où est tombé Frère
Charles... La messe est dite!
"Pour moi, vivre c'est le Christ"
"Je vis, mais ce n'est plus moi,
c'est le Christ qui vit en moi" (4)
(2) Béatification de Charles de Foucauld - Charles de Foucauld - Figures ...
croire.la-croix.com/.../Figures.../Charles-de-Foucauld/Beatification-de-Charles-de-Fou...
(3) Lettre du : Bienheureux Charles de Foucauld
www.clairval.com/lettres/fr/2005/08/31/6310805.htm
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