jeudi 3 janvier 2019

Charles de Foucauld et l'Eucharistie

Charles de Foucauld et l’Eucharistie

Je connais peu Charles de Foucauld mais cet homme me fascine. J’ai déjà écrit deux blogues à son sujet. J’ai lu hier sur l’internet des pages très belles sur l’amour que Frère Charles vouait à l’Eucharistie. Je me plais à penser que le goût de l’adoration eucharistique qui habite le cœur de plusieurs de nos paroissiens, est dû en partie à l’intercession de ce cher Bienheureux.

Je viens tout juste de relire le blogue que j’ai écrit le 13 novembre 2016 et je me surprends d’apprendre que j’ai écrit ce jour-là que je confiais à Charles de Foucauld les « quarante heures » d’adoration que nous étions sur le point de vivre en paroisse. Ces « quarante heures d’adoration » ont été un moment très important dans la vie de notre paroisse. C’est à cette occasion qu’a été manifesté au grand jour le cœur eucharistique de mes paroissiens. À mon grand étonnement et à ma grande admiration, les 40 heures d’adoration se sont remplies rapidement et furent un événement mémorable.

Il fait bon de se remémorer certains passages de ce blogue de l’an 2016 : (1)

« Le frère Charles, frère universel tout comme frère François, a voulu imiter après sa conversion, la vie cachée de Nazareth. Sa vie toute de prière et de charité a été vécue parmi les plus pauvres, mais aussi dans une grande solitude. Solitude et non pas isolement. Frère Charles avait pour Ami Jésus, l’Amour incarné. Et cet Amour incarné, frère Charles le contemplait dans l’Eucharistie à tous les jours. Le jour de son assassinat, on a trouvé, tout près du corps figé et immobile du Bienheureux, un petit ostensoir dans le sable, contenant Jésus Eucharistie.

Je confie à frère Charles les 40 heures d’adoration que nous vivrons en paroisse la fin de semaine prochaine. Quand Charles de Foucauld fut béatifié le 13 novembre 2005, un journaliste a interviewé une religieuse faisant partie d’une des Communautés qui ont fleuri sous l’inspiration de frère Charles, après sa mort. Voici une des questions qui lui furent posées :

En quoi sa béatification vous semble t-elle importante pour l’Église?
Elle me semble importante pour les pays du Sud. L'Europe a pendant longtemps été réticente à ce sujet... Nous avons attendu cette béatification 80 ans ! Le frère Charles parle aujourd'hui aux Africains, aux Latino-Américains... Il s'agit de découvrir ses multiples facettes ! Mais je suis aussi étonnée, et heureuse, de voir combien l'adoration eucharistique, longtemps remisée au magasin des antiquités, est redécouverte par les jeunes. Cette adoration nourrit ma vie. Porter le monde dans l'adoration, c'est l'esprit même de la spiritualité du Père de Foucauld. (2)
Citations de Charles de Foucauld:

" L'adoration du Saint-Sacrement est le repos, le rafraîchissement, la joie " (à Mme Bondy, 19 janvier 1903)

"Adorer la sainte Hostie, ce devrait être le fond de la vie de tout humain." (à Suzanne Perret, le 15 décembre 1904) 

" Quelle joie immense, mon Dieu. Passer plus de quinze heures en ayant rien d'autre à faire que de te regarder et te dire: 'Seigneur je t'aime !' Oh, quelle douce joie ! "
" Coeur Sacré de Jésus, Merci de vous exposer à nos yeux, de vous donner à nous, de nous faire le don infini de votre présence, dans votre Sainte Hostie, sur le Saint Autel. Merci de vous donner, de vous présenter, de rester avec nous ainsi tout le jour, toute la nuit, à toute heure, toute notre vie, transformant notre vie, en une vie toute divine. Merci Coeur Sacré de Jésus de cet excès de bonté, de cet excès de bonheur ! "
« À Beni-Abbès, Charles avait établi un règlement de vie où la prière occupait la première place: Sainte Messe et action de grâces, Bréviaire, Chemin de Croix, Chapelet... Mais l'adoration de la Très Sainte Eucharistie l'emporte sur tout: il y consacre trois heures et demie chaque jour, réparties en trois moments de silence. On lit dans son journal: « Mai 1903 – Aujourd'hui, trente ans que j'ai fait ma première Communion, que j'ai reçu le Bon Dieu pour la première fois... Et voici que je tiens Jésus en mes misérables mains! Lui, se mettre dans mes mains! Et voici que, nuit et jour, je jouis du saint tabernacle, que je possède Jésus pour ainsi dire à moi seul! Voici que chaque matin je consacre la Sainte Eucharistie, que chaque soir je donne, avec elle, la bénédiction! » (3)
Les yeux de Charles de Foucauld que nous pouvons voir sur les photos mises ci-dessus, sont pour moi des yeux transformés et transfigurés par ses très nombreuses heures passées devant le Très Saint Sacrement. La beauté et la bonté de Dieu se reflètent dans son regard. 
Voici maintenant quelques extraits des pages que j’ai lues hier et dont j’ai parlé au début du présent blogue :
Lettre aux Fraternités de la Fraternité sacerdotale N° 192, octobre 2007

CHARLES DE FOUCAULT, UNE VIE EUCHARISTIQUE

Auteur : Marc Prunier

Charles de Foucauld n'est pas un théologien de l'Eucharistie, mais il a vécu l'Eucharistie : il a fait de toute sa vie une grande Eucharistie.

Son intuition, depuis le premier jour de sa rencontre avec le Christ jusqu'à sa mort, semble être d'avoir trouvé le porche royal d'entrée dans le mystère de l'Eucharistie : c'est le lavement des pieds, le grand agenouillement de Jésus qui révèle l'agenouillement de Dieu devant l'homme qu'il aime et qu'Il veut sauver. Le Repas de l'Eucharistie, Jésus l'introduit par le geste du serviteur, de l'esclave, et il dit à Philippe : « Qui Me voit, voit le Père ! ». L'Eucharistie est le sacrement de l'humilité de Dieu, de Dieu qui descend à la rencontre de l'humanité et que Charles de Foucauld veut suivre et imiter jusqu'au bout. "Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, mais il s'anéantit..." Phil. 2

"Je suis fait pour me cacher" dit-il encore, prenant exemple sur la vie cachée du Seigneur. Charles de Foucauld entend à la lettre le précepte du Seigneur de se mettre "à la dernière place lorsqu'on est invité". Luc 14 /10 L'Eucharistie est par excellence le repas de la dernière place : le repas où Jésus," Maître et Seigneur ", se fait le serviteur et l'esclave, jusqu'au don total de Lui-même le repas de l'amour où le disciple est invité à faire et à vivre ce qu’il voit de son Seigneur.

L'Eucharistie, pour Charles de Foucauld, c'est d'abord le sacrement de cette Présence de Jésus Présence infiniment réelle, vivante, agissante, mais Présence cachée, silencieuse, discrète, gratuite, dans un partage total de ce qui fait la condition des hommes... L'Eucharistie continue cette Présence cachée, silencieuse, vivante.., C'est "Emmanuel, Dieu avec nous ", "tous les jours jusqu'à la fin du monde ".

Se tenir auprès de Jésus Eucharistie, c'est apprendre, à vivre la même gratuité d'une présence offerte sans utilité, dans l'obscurité de la foi, dans la fidélité, dans le silence ; présence offerte comme "le parfum de grand prix versé sur les pieds de Jésus "Jean 12/3 ss. Se tenir près du Saint Sacrement, c'est entrer dans le mystère de l'enfouissement du Christ. L'Eucharistie est une école d'enfouissement : enfouissement de Jésus au cœur du monde, comme le grain jeté en terre ; enfouissement de l'apôtre qui se veut "frère universel " ; enfouissement total de frère Charles tué le 1er décembre 1916 tandis que l'Hostie consacrée est enfouie dans le sable. "Adorer la Sainte Hostie devrait être le fond de la vie de tout être humain" En adorant Jésus-Hostie, le priant se laisse transformer à la ressemblance de Jésus. L’Eucharistie appelle à devenir soi-même, à la suite de Jésus, une présence humble et silencieuse, et surtout brulante d'amour, au milieu de ses frères les hommes. C'est ce style de témoignage, cette ardeur de charité fraternelle, que Frère Charles veut porter à tous les hommes. "Me tenir au pied du Saint Sacrement. Me tenir dans le lieu où Jésus est, et non courir dans ceux où il fut. Passer au pied du Saint Sacrement tous les moments sans exception où la volonté de Dieu ne m'appelle pas ailleurs, comme on passe auprès de l'être aimé tous les moments sans exception qu'il est possible d'y passer."

Il s'agit bien d'un projet de vie contemplative, mais aussi d'un projet proprement missionnaire…

Pour Frère Charles, c'est la présence de Jésus qui sauve. Présence à Nazareth, Présence au Tabernacle. Ouvrir un Tabernacle est chaque fois une fête pour Frère Charles : c'est chaque fois apporter cette présence du Sacré-Cœur en pays de mission. Célébrer la messe est par excellence un acte de mission "Chaque jour je puis célébrer le Saint Sacrifice; la Saint Hostie prend possession de son domaine..." En allant lui aussi à la rencontre du monde jusqu'au bout du désert, Charles de Foucauld veut continuer cette Présence de Jésus, Présence qui rayonne par l'ardeur de l'amour et la vérité d'un partage de tout avec les hommes, et non par la prédication.

Il se fait lui-même ce qu'est Jésus dans l'Eucharistie : une présence cachée, silencieuse, donnée, livrée, qui ne s'impose pas, mais s'offre dans une totale gratuité d'amour, dans le seul but de devenir serviteur et petit frère de tous...

L'offrande de soi

L'Eucharistie est le sacrement du Sacrifice du Christ, c'est-à-dire de l'offrande que Jésus fait de Luimême sur la Croix : "Voici mon corps livré, voici mon Sang versé". Vivre l'Eucharistie, c'est entrer dans cette même dynamique de l'offrande de soi, c'est consentir à une mission, un envoi, une responsabilité confiée par Jésus à son disciple : " Ce que J'ai fait, faites-le vous aussi "... "Faites ceci en mémoire de moi ! "... Ce que Saint Paul exprime aussi en écrivant : "Devenez Eucharistie" (Col 3,15) "Offrez vous vous-mêmes en sacrifice vivant !" (Rom 12,1) Vivre l'Eucharistie implique de consentir à l'invitation de Jésus "c'est chez toi que je viens célébrer ma Pâque avec mes disciples." (Matthieu 26,18)

Eucharistie et martyre

Toute sa vie Charles de Foucauld a laissé grandir en lui la soif, l'attente, le désir de mourir martyr. "Vivre aujourd'hui, comme si je devais mourir ce soir martyr" Cet intime désir est l'expression d'une longue et profonde identification au Christ. C'est un désir, à proprement parler, "eucharistique ", qui s'enracine dans la grande tradition de l'Église primitive... Le martyre est la plus ultime et la plus parfaite participation à l'Eucharistie du Seigneur. cf. St. Ignace d'Antioche : " Je suis le froment de Dieu. Je dois être moulu par la dent des bêtes pour être trouvé un pur pain du Christ " … Et toute la vie de Frère Charles semble culminer dans cette mort violente, à la porte de son "bordj"de Tamanrasset, où son corps culbute dans le sable, comme une vie perdue, une vie donnée. Quelques semaines plus tard, on retrouvera le petit Ostensoir, avec l'Hostie consacrée, dans le sable tout près du lieu où est tombé Frère Charles... La messe est dite!

"Pour moi, vivre c'est le Christ"
"Je vis, mais ce n'est plus moi,
           c'est le Christ qui vit en moi" (4)   


(2) Béatification de Charles de Foucauld - Charles de Foucauld - Figures ...

croire.la-croix.com/.../Figures.../Charles-de-Foucauld/Beatification-de-Charles-de-Fou...

 

(3) Lettre du : Bienheureux Charles de Foucauld

www.clairval.com/lettres/fr/2005/08/31/6310805.htm

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