dimanche 31 juillet 2016

" Gardez-vous de toute âpreté au gain " (Jésus)

« Gardez-vous de toute âpreté au gain »  (Jésus)

L’évangile d’aujourd’hui est d’une actualité criante. Jésus, notre Seigneur et notre Dieu nous dit, du haut de toute son autorité: « Gardez-vous de toute âpreté au gain, car la vie d’un homme, fût-il  dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. » (Lc 12, 15).

Saint Paul, pour sa part, nous dit dans une de ses lettres pastorales: « La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent » (1 Timothée 6, 10).

La parole que nous entendons aujourd’hui de la bouche de Jésus, met le doit sur le fléau numéro un qui afflige notre monde et qui est la cause d’injustices graves et d’inégalités scandaleuses: l’âpreté au gain, la recherche obsessionnelle des richesses. « GARDEZ-VOUS DE TOUTE ÂPRETÉ AU GAIN !!! », nous dit Jésus du haut de toute son autorité.   

L’évangile d’aujourd’hui commence par une demande faite à Jésus. Un homme demande à Jésus de régler ce qu’il juge comme étant une injustice familiale: « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ». Jésus lui dit qu’il n’a pas l’autorité pour régler ce problème; qu’il aille voir un juge. Mais Jésus profite de la situation pour se tourner vers la foule et pour donner à tous une règle de conduite. S’adressant à la foule, Jésus dit: « Gardez-vous de toute âpreté au gain, car la vie d’un homme, fût-il  dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. »

La religion n’est pas là pour régler les problèmes. Elle est là pour donner des règles de vie. Pour régler les problèmes, il y a la justice des hommes, qui, espérons-le, s’inspirera de la Parole de Dieu. Jésus fait savoir à cet homme qui l’interroge, qu’Il ne règlera pas son problème, mais Il fera beaucoup mieux: Il lui donnera un principe de vie qui le conduira sur le chemin du bonheur et de la vraie liberté.   

Aujourd’hui, dans le monde, le pape François est l’autorité morale par excellence. Grâce à lui, nous entendons en quelque sorte la voix de Jésus. Le pape ne cesse de proclamer sur tous les tons que l’économie n’est pas une fin en soi. La fin, le but, c’est l’être humain. Il faut servir la personne, avant l’économie.

« L’argent doit servir et non pas gouverner! Le Pape aime tout le monde, riches et pauvres, mais il a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches doivent aider les pauvres, les respecter et les promouvoir. Je vous exhorte à la solidarité désintéressée et à un retour de l’économie et de la finance à une éthique en faveur de l’être humain. » (La joie de l’Évangile, no. 58).

Dans cette même exhortation apostolique, le pape cite un des plus fameux Pères de l’Église: saint Jean Chrysostome, qui dit ceci: « Ne pas faire participer les pauvres à ses propres biens, c’est les voler et leur enlever la vie. Ce ne sont pas nos biens que nous détenons, mais les leurs. ». (La joie de l’Évangile », au numéro 57).

Cette phrase de saint Jean Chrysostome a fait revenir à ma mémoire un des textes les plus forts que j’aie mis sur mon blogue. Ce texte a pour titre: M. Jean-Robert Ouimet: le bon vigneron (voir: Dieu ma joie: M. Jean-Robert Ouimet: le bon vigneron)

M. Jean-Robert Ouimet est un des hommes d’affaires les plus prospères qu’ait connu le Québec. Il est le fondateur de la compagnie Cordon Bleu. M. Ouimet est devenu très riche. À tel point que sa richesse lui a causé un jour un malaise et un problème moral. En 1983, il a pris l’avion en direction de Calcutta pour aller consulter Mère Teresa et lui demander conseil. Arrivé devant celle qui sera canonisée par l’Église dans quelques semaines, il lui a demandé s’il devait donner tout ce qu’il avait. Voici le témoignage de M. Ouimet:

« J’ai rencontré Mère Teresa, il y a 26 ans, en 1983. Et, je lui posé ma question : Est-ce que je dois donner tout ce que j’ai? On a tous de l’argent, une certaine richesse, une sécurité alors qu’au Canada, des millions d’humains n’ont pas de travail. Elle me répond : Tu n’as rien à donner, tu n’as rien à toi. Ce n’est pas à toi, tout t’a été prêté. Si tu veux, dit-elle, tu peux gérer pour Dieu, mais c’est mieux avec Dieu. Si tu veux faire cela, ajoute-t-elle, il faut que tu suives la hiérarchie de l’Amour du Christ. Ta femme d’abord (alors qu’en 1983, ma femme ne passait pas au premier rang). Après ta femme, ce sont tes 4 enfants, pas avant. Tes enfants ne t’appartiennent pas; ils te sont prêtés. Dieu va te demander ce que tu as fait de ta femme, tes 4 enfants et après les humains avec lesquels tu travailles. Un par un, il va te demander ce que tu as fait avec ces gens-là. 

Juste avant que je quitte, Mère Teresa m’a dit ceci : « Mr. Ouimet, even if you want to manage what God has loaned to you, even if you want to that, don’t try. Without praying a lot, you will not be able. » (« M. Ouimet, même si vous désirez administrer ce que Dieu vous a prêté, même si vous voulez faire cela, n’essayez pas. Sans beaucoup prier, vous ne serez pas capable. ») Je savais qu’elle avait raison, il fallait que je prenne une décision. Je suis dans l’avion et je me dis: « Seigneur, je décide de gérer avec Toi. » Je venais de comprendre que je devais gérer avec Dieu; néanmoins Mère Teresa venait de mettre tout mon programme de vie par terre. Elle venait de me dire que sans la prière, je ne réussirais pas. J’ai dit : «Jésus, je sais qu’elle avait raison, et permets-moi de t’informer que j’ai pris ma décision: tous les jours de ma vie, à compter du dimanche 7 février 1983, je vais aller te recevoir à l’Eucharistie. » Je témoigne que 26 ans plus tard, je n’ai jamais manqué une journée sauf par exception. Je n’ai pas de mérites, j’en ai besoin même encore plus aujourd’hui. Si je suis ici ce soir, c’est à cause de cela. C’est cela qui m’a tenu dans la vie. Si ma femme et mes enfants étaient ici, ils vous diraient que je parle moins et que j’écoute plus, et surtout que je les aime plus. Je trouve que pour moi (ce soir, je ne fais aucun enseignement; je vous raconte et vous en faites ce que vous voulez), la fréquentation à l’Eucharistie m’a sauvé. Tous les jours depuis 26 ans, c’est ce qui m’a aidé à aimer plus. »

Ce témoignage est vraiment extraordinaire. Il nous montre à l’évidence que l’enseignement moral, aussi bon soit-il, sera toujours insuffisant. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un Sauveur, de Quelqu’un qui se nomme Dieu et qui est capable de réaliser en nous ce qu’il nous serait impossible d’accomplir si nous ne pouvions compter que sur nos propres forces.

Personnellement, j’aime beaucoup le message que Jésus donne aujourd’hui à tous ceux et celles qui recherchent de façon effrénée la richesse, qui ne travaillent que pour eux-mêmes, sans penser aux plus démunis. Voici ce que Jésus pense d’eux et leur dit :

« TU ES FOU ! » (Lc 12, 20)


mercredi 27 juillet 2016

Le pape François dénonce la vente d'armes

Le pape François dénonce la vente d’armes


Mon ami Mathieu m’a dit hier au téléphone qu’il a mis sur Facebook un texte du pape François qui condamne la vente d’armes. Mathieu m’a aussi dit qu’il reçoit beaucoup de messages de gens qui sont touchés par les propos du pape sur ce sujet. Il est vrai qu’il est très rare d’entendre un chef d’État (le pape est aussi un chef d’État) se prononcer contre le commerce des armes. Cela se comprend aisément: la plupart des pays les plus riches et les plus industrialisés de la planète, vendent des armes aux pays qui vivent des conflits, dans un but purement économique. Voilà où aboutit la logique des nations qui mettent l’économie au-dessus du bien des personnes.

J’ai donc été voir sur l’internet pour constater par moi-même à quel point le pape a souvent dénoncé les pays qui font le commerce des armes. Étonnamment, il semble que se soit surtout en présence de jeunes que le pape s’est ouvert le cœur sur ce sujet. J’ai écrit « étonnamment », mais de fait, cela ne m’étonne pas car les adultes sont plus portés à l’hypocrisie et à la duperie, que les enfants. Les adultes se forgent toujours de très bonnes raisons pour justifier le mal qu’ils font. Ne dit-on pas que « la vérité sort de la bouche des enfants ». De plus, le présent appartient aux adultes, mais l’avenir appartient aux enfants. Le pape sait très bien qu'en touchant le coeur des enfants, il construit l'avenir. Voici quelques unes des interventions du pape sur ce sujet.

Question, d’un enfant égyptien: « Cher Pape, nous venons de pays pauvres où il y a des guerres. L’école est un bien pour nous; pourquoi les personnes puissantes n’aident-elles pas l’école ? ».

Réponse du pape: Pourquoi les personnes puissantes n’aident-elles pas l’école ? On peut poser la question à un niveau un peu plus large aussi : pourquoi de nombreuses personnes puissantes ne veulent-elles pas la paix ? Parce qu’elles vivent des guerres ! L’industrie des armes, cela est grave ! Les puissants, certains puissants, gagnent de l’argent en fabriquant des armes, et ils vendent les armes à ce pays-là qui est contre celui-ci, et ensuite ils les vendent à celui-ci qui est contre celui-là... C’est l’industrie de la mort ! Et ils gagnent de l’argent. Vous savez, la cupidité nous fait beaucoup de mal, l’envie d’avoir plus, plus, plus d’argent. Quand nous voyons que tout tourne autour de l’argent — le système économique tourne autour de l’argent et pas autour de la personne, de l’homme, de la femme, mais autour de l’argent — on sacrifie beaucoup et on fait la guerre pour défendre l’argent. C’est pourquoi tant de personnes ne veulent pas la paix. On gagne plus avec la guerre! On gagne de l’argent, mais on perd des vies, on perd la culture, on perd l’éducation, on perd tant de choses. C’est pour cela qu’ils ne la veulent pas. Un prêtre âgé que j’ai connu il y a plusieurs années disait cela : le diable entre à travers le portefeuille. Par la cupidité. C’est pour cela qu’ils ne veulent pas la paix! » (1)

Environ un mois plus tard, le pape répondait dans la même ligne à une autre jeune :

« Et merci à toi, Sara, passionnée de théâtre. Merci. « Je pense aux paroles de Jésus: donner la vie ». Nous en avons parlé à présent. « Souvent, nous respirons un sentiment de manque de confiance pour la vie ». Oui, parce qu’il y a des situations qui nous font penser: « Mais, est-ce la peine de vivre ainsi? Que puis-je attendre de cette vie? ». Pensons, dans ce monde, aux guerres. J’ai parfois dit que nous vivons une troisième guerre mondiale, mais par morceaux. Par morceaux : en Europe, il y a la guerre, en Afrique, il y a la guerre, au Moyen-Orient, il y a la guerre, dans d’autres pays, il y a la guerre... Mais comment puis-je avoir confiance dans une telle vie, puis-je avoir confiance dans les responsables du monde? Lorsque je donne mon vote à un candidat, puis-je avoir la certitude qu’il ne conduira pas mon pays à la guerre? Si tu ne te fies qu’aux hommes, tu as perdu! Cela me fait penser à une chose: des gens, des dirigeants, des entrepreneurs qui se disent chrétiens, et qui fabriquent des armes ! Cela me rend un peu méfiant: ils se disent chrétiens! « Non, non père, moi je ne fabrique pas, non, non... Mais j’ai placé mes économies, mes investissements, dans les usines d’armement ». Ah! Et pourquoi? « Parce que les intérêts sont un peu plus élevés... ». Et même le double jeu est monnaie courante aujourd’hui: dire une chose et en faire une autre. L’hypocrisie... Mais voyons ce qui s’est passé au siècle dernier: en 1914, en 1915, précisément. Il y a eu la grande tragédie de l’Arménie. Beaucoup sont morts. Je ne me souviens plus du nombre, plus d’un million certainement. Mais où étaient les grandes puissances alors? Elles regardaient d’un autre côté. Pourquoi? Parce qu’elles étaient intéressées par la guerre, leur guerre! Et ceux qui meurent sont des personnes, des êtres humains de deuxième classe. Puis, dans les années trente-quarante, la tragédie de la Shoah. Les grandes puissances avaient les photographies des lignes ferroviaires qui conduisaient les trains aux camps de concentration, comme Auschwitz, pour tuer les juifs, et aussi les chrétiens, également les roms, les homosexuels, pour les tuer là. Mais, dis-moi, pourquoi ne les ont-ils pas bombardées? L’intérêt! Et peu après, presque en même temps, il y a eu les lagers en Russie: Staline... Combien de chrétiens ont-ils souffert, ont-ils été tués? Les grandes puissances se partageaient l’Europe comme un gâteau. De nombreuses années ont dû s’écouler avant de parvenir à une « certaine » liberté. Il y a l’hypocrisie de parler de paix et de fabriquer les armes, et même de vendre des armes à celui-ci qui est en guerre avec celui-là, et à celui-là qui est en guerre avec celui-ci ! (2)

Mais il ne faut pas croire que le pape se prive de lancer le même message aux adultes, et ce, dans les endroits les plus stratégiques. Lors de son allocution devant le Congrès des États-Unis l’an dernier, le pape a clairement montré son désaccord avec le commerce des armes:

« Dans cette perspective de dialogue, je voudrais reconnaître les efforts réalisés au cours des derniers mois pour aider à surmonter les différences historiques liées à de déplorables épisodes du passé. C’est mon devoir de bâtir des ponts et d’aider tous les hommes et toutes les femmes, de toutes les manières possibles, à faire de même. Lorsque des pays qui avaient été en désaccord reprennent le chemin du dialogue – un dialogue qui aurait pu avoir été interrompu pour des raisons les plus légitimes – de nouvelles opportunités s’offrent pour tous. Cela a demandé, et demande, courage et hardiesse, qui ne sont pas synonymes d’irresponsabilité. Un bon dirigeant politique est quelqu’un qui, ayant à l’esprit les intérêts de tous, saisit le moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme. Un bon dirigeant politique choisit toujours d’initier des processus plutôt que d’occuper des espaces (cf. Evangelii gaudium, n. 222-223).

Être au service du dialogue et de la paix signifie aussi être vraiment déterminé à réduire et, sur le long terme, à mettre fin aux nombreux conflits armés dans le monde. Ici, nous devons nous demander: pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à ceux qui planifient d’infliger des souffrances inqualifiables à des individus et à des sociétés? Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est simple: pour de l’argent; l’argent qui est trempé dans du sang, souvent du sang innocent. Face à ce honteux et coupable silence, il est de notre devoir d’affronter le problème et de mettre fin au commerce des armes. » (3)


(1) Discours du pape François aux enfants et jeunes des écoles italiens, Salle Paul VI, lundi le 11 mai 2015. Pour lire le dialogue en entier le dialogue du pape avec les enfants, veuillez cliquer sur le mot suivant: Français. 

(2) Rencontre du pape François avec les jeunes à Turin, Piazza Vittorio, dimanche le 21 juin 2015. Pour lire le texte en entier, veuillez cliquer sur le mot suivant:  Francese.

(3) Visite au Congrès des États-Unis d’Amérique, Capitole des Etats-Unis, Washington D.C., jeudi le 24 septembre 2015. Pour lire le texte en entier, veuillez cliquer sur le mot suivant: Français.




lundi 25 juillet 2016

Pape François JMJ 2016: imitons Pier Giorgio

Pape François JMJ 2016: imitons Pier Giorgio  

 

Le rêve du pape François pour les Journées Mondiales de la Jeunesse

Que les jeunes découvrent un saint qui leur ressemble trait pour trait.

 


Comment faire découvrir l’amour de Jésus à plus d’un million de garçons et de filles ?

Tout bon éducateur sait que, pour faire passer un message, rien ne vaut un bon exemple. Le Pape a donc choisi comme témoin de ces Journées Mondiales de la Jeunesse un jeune étudiant, auquel tous les participants pourront s’identifier: Pier Giorgio Frassati.

Frassati (1901-1925) était originaire de Turin. Il aimait l’alpinisme et le ski, faisait des études d’ingénieur. Souvent il rendait visite aux plus pauvres dans leurs foyers. Une poliomyélite fulgurante l’a conduit à la mort en moins d’une semaine, du 29 Juin au 4 Juillet 1925.

Dans son message pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, adressé aux jeunes qui se réunissent en ce moment même à Cracovie, le pape François a expliqué :

« Pier Giorgio était un jeune homme qui a compris ce que cela signifie d’avoir un cœur miséricordieux, en répondant à l’appel des plus nécessiteux. Il a donné beaucoup plus que de simples choses matérielles. Il s’est donné lui même, a passé du temps, échangé des mots, écouté beaucoup. Il a servi les pauvres avec une grande discrétion, sans jamais se mettre en avant ».
« Un jour avant sa mort, gravement malade, il a donné ses dispositions sur la façon d’aider ses amis défavorisés. Lors de ses funérailles, les membres de sa famille et ses amis ont été stupéfaits par la présence de tant de pauvres gens qu’ils ne connaissaient pas, et qui s’était liés d’amitié avec le jeune Pier Giorgio ».

Les reliques de Pier Giorgio Frassati, habituellement gardées dans la cathédrale de Turin, ont voyagé jusqu’à Cracovie, à l’Église de la Sainte Trinité des Dominicains (Stolarska 12), pour que les jeunes puissent les voir et prier auprès d’elles.

Dans cette vidéo, proposée par Aleteia vous pourrez découvrir les plus belles images de la vie de Pier Giorgio, béatifié par saint Jean-Paul II, qui l’a appelé « l’homme des huit béatitudes ».

Le rêve du pape François pour les JMJ  
fr.aleteia.
Comment faire découvrir l'amour de Jésus aux jeunes. 

vendredi 22 juillet 2016

Un " blitz " pour Archer

Un « blitz » pour Archer  

Archer Senft 


Chers lecteurs et lectrices,

Je vous parlé plus d’une fois du jeune Archer Senft qui s’est blessé gravement le 5 août dernier. Il est en grande partie paralysé depuis ce temps. Le 5 août 1830, notre fondateur, le Père Bruno Lantéri mourait et, très probablement montait au ciel. Mme Louise Senft, la mère d’Archer, a mis toute sa confiance en l’intercession de notre fondateur, pour obtenir la guérison miraculeuse de son cher fils Archer. Mme Senft poursuit deux buts depuis un an: d’abord et avant tout la guérison totale de son fils et aussi la béatification du Père Lantéri, dans le cas où Archer serait guéri miraculeusement par son intercession. Si nous obtenions un miracle par l’intercession du Père Lantéri, la béatification de notre fondateur serait grandement hâtée.

J’admire beaucoup Mme Senft, ainsi que toute sa famille qui comprend sept membres: deux parents et cinq enfants. Je viens d’aller voir le journal de bord que tient madame Senft sur le web. Voici comment elle commence sa relation de dimanche dernier, 17 juillet 2016 :

LATEST UPDATE FROM THE SENFT FAMILY:   DERNIERS DÉVELOPPEMENTS
Sunday, July 17, 2016
Archer Senft
Friends & Family Update
Sunday 7-17-16 DAY 347

Miracles do Happen          Les miracles surviennent vraiment
It is true.       C’est vrai
    

Mme Senft décrit alors un évènement qui s’est produit dernièrement dans la condition physique d’Archer. Ce qu’elle explique est très technique. Mais voici quelques phrases qui se trouvent à la fin de la relation de cette journée:

« Vous avez fait plusieurs intentions pour les poumons d’Archer. Vous avez prié Dieu, Jésus et notre Mère Marie. Vos demandes d’intercession à l’endroit du Père Bruno Lantéri ont été exaucées. Toutes! En unisson, en communion, Archer Senft a expérimenté un miracle. Il n’y a pas d’explication médicale. Et ses poumons vont pouvoir agir à pleine capacité. Archer pourra prendre de profondes respirations lorsque son diaphragme va se renforcer et que la trachée sera enlevée.

Le miracle de la création. Et au moment où nous l’attendions le moins. Il nous a pris par surprise (une gentille surprise).

Dieu est bon. Dieu est si agissant dans nos vies. Dans les vôtres aussi. Vous savez cela, non? Grâce à toutes ces prières pour Archer, vous sentez-vous plus près de Dieu? Nous, oui. Merci. Merci vraiment beaucoup.

Louise Senft  (1)


Chers amis, comme vous le voyez, le miracle est déjà en partie réalisé. Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire avant la guérison complète. Archer est toujours en chaise roulante. Je vous encourage donc à intensifier votre prière pour Archer, alors que nous approchons à grands pas du 5 août, date du terrible accident vécu par Archer. Ce 5 août est très spécial pour nous, les Oblats de la Vierge Marie. Non seulement il nous rappelle le jour de la mort du Père Lantéri et de son entrée au ciel, mais c’est le 5 août de l’année jubilaire que nous vivons en l’honneur des 200 ans d’existence de notre Congrégation religieuse (1816-2016). Voilà une raison de plus pour avoir confiance en la Miséricorde de Dieu envers Archer et sa charmante famille. Je vous prie de réciter la prière suivante, si possible à chaque jour, d’ici au 5 août prochain:


Aujourd’hui, l’Église célèbre la fête de Sainte Marie Madeleine. Dans l’office des lectures d’aujourd’hui (dans « la prière du temps présent »), le pape saint Grégoire le Grand nous invite à la persévérance dans la prière. C’est par sa persévérance que Marie-Madeleine a reçu la grâce d’être la première à voir le Ressuscité.

HOMÉLIE DE S. GRÉGOIRE LE GRAND 
SUR L'ÉVANGILE DE JEAN

Marie Madeleine, après être venue au tombeau sans y trouver le corps du Seigneur, crut qu'on l'avait enlevé et porta cette nouvelle aux disciples. Une fois venus, ceux-ci constatèrent et ils crurent qu'il en était comme elle l'avait dit. L'Évangile note aussitôt: Après cela, les disciples rentrèrent chez eux. Puis il ajoute: Mais Marie restait là dehors à pleurer

À ce sujet, il faut mesurer avec quelle force l'amour avait embrasé l'âme de cette femme qui ne s'éloignait pas du tombeau du Seigneur, même lorsque les disciples l'avaient quitté. Elle recherchait celui qu'elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu'elle croyait enlevé. C'est pour cela qu'elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l'efficacité d'une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole: Celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.

Elle a donc commencé par chercher, et elle n'a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c'est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s'est produit, c'est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu'ils avaient trouvé. Car l'attente fait grandir les saints désirs. Si l'attente les fait tomber, ce n'était pas de vrais désirs. C'est d'un tel amour qu'ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité.  

(1) Archer Senft Updates 2016 | Being Relational www.beingrelational.com/archer-senft-



dimanche 17 juillet 2016

" Marie a choisi la meilleure part " (Jésus)

« Marie a choisi la meilleure part » (Jésus)
 
Quand j’étais plus jeune, j’entendais souvent des personnes me dire qu’elles n’aimaient pas l'évangile qui nous parle de la visite que fit un jour Jésus à Marthe et Marie. Plusieurs femmes me disaient qu’elles ne comprenaient pas le parti pris de Jésus pour Marie. « Plusieurs femmes » car l’évangile d’aujourd’hui met en scène deux femmes. Ces femmes d’aujourd’hui étaient presque aussi fâchées que Marthe dans l’évangile d’aujourd’hui. Car on peut facilement imaginer la colère de Marthe lorsqu’elle dit à Jésus: « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service? Dis-lui donc de m’aider? » Cette phrase est manifestement prononcée par une femme exaspérée. Cela contraste avec la douceur de Jésus dans sa réponse: « Marthe, Marthe, tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part; elle ne lui sera pas enlevée ».

Alors que l’Église nous propose en fin de semaine ce passage biblique, je me suis interrogé sur la cause d’une telle colère. Et j’en suis venu à me dire que si on n’aime pas cet évangile, c’est qu’il contredit en nous une façon de faire qu’on aime et qu’on trouve normale. D’ailleurs à chaque fois que quelqu’un n’aime pas une Parole de Jésus ou des Paroles de Jésus, c’est parce que cela contredit quelque chose en nous, et ce quelque chose, c’est souvent notre nature pécheresse.

Quand on lit ce passage des évangiles pour la première fois, on a l’impression que Marthe est la vaillante et que Marie est la fainéante, la paresseuse. Mais là n’est pas la question. La véritable question que pose cet évangile, est la suivante: dans ma vie, est-ce que je privilégie le FAIRE ou l’ÊTRE. Voilà la véritable question. Or de nos jours, on privilégie le faire et non pas l’être. On préfère l’action, plutôt que de se donner du temps pour savoir qui nous SOMMES et qui EST DIEU.

Quand on agit, quand on rend service, quand on se met en mouvement, on a l’impression de ne pas perdre notre temps. Par contre, si nous sommes assis aux pieds du Seigneur, à l'adorer pendant une demi-heure, nous avons souvent l'impression de perdre notre temps.Comme c'est bizarre, n'est-ce pas?

Un jour, j’écoutais une émission sur un des meilleurs joueurs de ballon-panier qu’il y a sur la planète. Quelqu’un le rencontre pour la première fois et lui dit: « Vous êtes un joueur de basketball, n’est-ce pas »? Et lui de répondre: « Non, je ne suis pas un joueur de basketball. Je joue au basketball, je fais cela pour vivre, mais ce n’est pas ce que je suis ». Autrement dit: « Je SUIS beaucoup plus que cela ».

La question qu’on doit se poser aujourd’hui, est celle-ci: quel temps est-ce que je donne à mon être profond? Nous, ici aujourd’hui, qui sommes dans cette église, nous savons des choses que beaucoup de nos contemporains ne savent pas: nous savons que nous sommes des enfants de Dieu, créés à son image et qu’il existe une façon d’être des enfants de Dieu. Être enfant de Dieu, ce n’est pas être n’importe comment. Un enfant de Dieu ne se comporte pas n’importe comment car un enfant de Dieu, ce n’est pas n’importe qui. Et nous croyons que nous avons un Maître, Jésus, qui nous a dit et qui continue à nous dire qui nous sommes et comment nous devons être. Tant de voix circulent autour de nous durant la semaine et nous disent des faussetés, oui des faussetés sur ce que nous sommes. On doit absolument confronter ces erreurs de jugement  avec la Parole de Dieu. La Parole de Dieu devrait être notre Pain quotidien. Jésus a dit: « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu ». Qu’est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que de même qu’il faut nourrir notre corps à chaque jour, de même il faut nourrir notre âme à chaque jour. Mais on ne doit pas nourrir son âme avec n'importe quoi. On fait beaucoup attention de nos jours à ce que notre corps ingurgite. Et on ne ferait pas attention à la nourriture que reçoit notre âme? On doit nourrir son âme d'abord et avant tout par la Parole de Dieu. Nourrir son âme, c’est nourrir son être profond. 

Nous devrions passer plus de temps dans une journée à écouter ce que Dieu a à nous dire, plutôt qu’à écouter ce que monsieur ou madame tout le monde veut bien nous dire via la radio ou la télévision. D'autant plus que, très souvent, ces gens ne croient même pas en Dieu. Car ce que nous entendons, c’est cela qui contribue à nous former ou à nous déformer. Notre être profond est façonné par ce que nous voyons et ce que nous entendons. Si je me laisse façonner par la pensée de ceux qui ne croient plus en Dieu, je deviendrai certainement autre que ce que je devrais être. Si je passe trente minutes dans la chapelle, à adorer le Seigneur dans sa Parole que je mets sur mes genoux (voir la photo ci-dessous) afin de la mettre dans mon cœur, je fais une des choses les plus importantes de ma vie. Je laisse Dieu me façonner à son image. Voilà la seule chose nécessaire dont parle Jésus aujourd’hui dans l’évangile. OUI, MARIE A CHOISI LA MEILLEURE PART; IL N’EST PAS QUESTION QU’ELLE LUI SOIT ENLEVÉE.

Notre chapelle d’adoration: L’ange adorateur qui est à droite du tabernacle, est l’ange de l’écoute. Il a sur ses genoux le livre de la Parole de Dieu. Il nous invite à écouter ce que Dieu a à nous dire sur nos joies et nos peines.




vendredi 15 juillet 2016

Pier Giorgio Frassati: révolutionnaire

Pier Giorgio Frassati: révolutionnaire

« Heureusement qu’il existe une grande Justice dans l’au-delà, car s’il n’existait pas de Dieu Bon et Juste, notre vie serait inutile » (Pier Giorgio Frassati)


Nous sommes aujourd’hui le 15 juillet 2016, au lendemain de la fête des Français qui s’est terminée hier à Nice, vers 23h30, par le terrible acte terroriste qui a fait jusqu’à maintenant 84 morts et de nombreux blessés.

Contrairement à ce qu’on pense généralement, le 14 juillet est fête nationale en France, non pas pour commémorer le 14 juillet 1789, date à laquelle le peuple prit La Bastille de façon violente et sanglante, mais plutôt le 14 juillet 1790 où fut annoncer la fondation d’une Fédération nationale regroupant des représentants des fédérations locales constituée depuis un an en France. Les Français fêtent non pas un événement sanglant, mais un désir de fédération, d’unité nationale (1). Il n’en demeure pas moins que cette fête a comme véritable origine le début de la Révolution française, le 14 juillet 1789. Mais je loue ce désir de ne pas fêter un événement sanglant.

Hier, eut lieu un acte révolutionnaire très sanglant. Quelle tristesse! Quelle honte! Je crois en la Révolution, mais en la Révolution de l’Amour. Il faut que soit « révolu » le temps de la haine, de la destruction et du mépris de la vie humaine.

Tout chrétien doit être « révolutionnaire » à la manière de Jésus: contester l’ordre établi, quand il va contre les droits humains fondamentaux. Pier Giorgio Frassati, qui est devenu mon saint préféré, a été un révolutionnaire à son époque. Il a voulu et fait la révolution de l’Amour, révolution fondée sur l’idéal chrétien. Pier Giorgio était très politisé. Il a lutté contre la montée du fascisme qui fit rage en son temps, ce qui lui valut quelques séjours au poste de police. Mais Pier Giorgio menait une lutte pacifique, même s’il chassa un jour à coups de poing des fascistes qui s’étaient introduits en sa demeure par effraction et qui terrorisaient les domestiques. Ce côté révolutionnaire pacifiste de Pier Giorgio me plaît et me fascine.

À l’âge de 21 ans, il entra dans le tiers ordre Dominicain et prit le nom de Frère Jérôme, en l’honneur de Jérôme Savonarole. Les Dominicains essaient de l’en dissuader car Savonarole n’était pas un saint ou un Bienheureux de l’Ordre des Dominicains; il était Dominicain, mais non canonisé ni béatifié. Mais Pier Giorgio insista pour le prendre comme patron et modèle. Pier Giorgio admirait Savonarole pour « le courage, rare en son temps, avec lequel il combattit l’immoralité de toutes les classes de la société. Il était attiré par Savonarole à cause de sa lutte pour la pureté de la foi, contre tout ce qui est médiocre, injuste, extérieur, superficiel et impur. L’intrépidité avec la quelle Savonarole avait défendu ses propres idéaux et la force avec laquelle il avait combattu la tyrannie représentée par les Médici, lui plaisait. … Quand on le saluait en l’appelant « Frère Jérôme, il souriait et souvent répondait: « Que je puisse l’imiter dans la lutte et dans la vertu » (2) Pier Giorgio admirait aussi Savonarole pour sa lutte en faveur de la démocratie. Ce frère Dominicain mort sur la bûcher à cause de ses convictions, était le modèle parfait et comme fait sur mesure pour le jeune Frassati. 

Il se voulut l'héritier du message de Savonarole pour un nouvel ordre laïc, dans lequel se résume la prédication évangélique de cet apôtre qu'il admira dans sa figure morale et sociale, dans sa force de lutteur et de martyr. Le père François Robotti, prieur du couvent au moment de sa prise d'habit, écrivait : "Il m'a demandé de prendre le nom de frère Jérôme, car il voyait dans l'ardent Savonarole un modèle d'austère pureté, de recherche chrétienne de la démocratie et d'ardent apostolat religieux et social. Bien que vivant dans le monde, il voulait imiter ces qualités, spécialement en participant avec ardeur à la vie des associations catholiques de la jeunesse (F.U.C.I.) qui, sous d'autres formes, furent tant aimées du grand réformateur florentin". (3)
   

Engagement politique:

En période de troubles en Italie, Pier Giorgio se livre de plus à une forme d'activisme politique, et cela malgré les dangers liés au contexte politique. Il se forge une pensée démocrate chrétienne, et milite pour le nouveau parti démocrate chrétien, le PPI, collant des affiches lors de la campagne pour les élections de 1919, et écrivant dans le journal du parti "Momento". Il affiche publiquement son appartenance au groupe politique des Jeunesses catholiques.

En septembre 1921, Pier Giorgio, qui vient d'avoir 20 ans, participe au premier congrès de la Jeunesse catholique italienne, à Rome. Le congrès a l'autorisation de célébrer la messe dans le Colisée le 4 septembre, mais lors de l'arrivée des fidèles au matin, l'autorisation est reportée et les congressistes sont accueillis par la police. Alors qu'ils essaient de déposer une gerbe devant la tombe du Soldat inconnu, la manifestation est interdite par les autorités. La police exige que tous les drapeaux soient retirés, mais Pier Giorgio défend celui du Cercle Cesare Balbo. Il finit par être arrêté avec ses camarades et emprisonné. Au cours d'un interrogatoire musclé, les policiers apprennent qu'il est le fils de l'ambassadeur d'Italie à Berlin, lui présentent leurs excuses et veulent le remettre en liberté mais Pier Giorgio refuse de sortir de prison sans ses camarades, et tous les détenus sont relâchés.  

En 1921, Pier Giorgio s'est inscrit au Parti populaire italien de don Sturzo qui se réclame des idées de la Démocratie chrétienne.

Au cours du mois d'octobre 1921, Pier Giorgio rend visite à sa famille à Berlin. Il en profite pour passer plusieurs semaines à Fribourg-en-Brisgau où il étudie, auprès du professeur Karl Rahner, la langue et la culture allemandes. C'est au cours de cette période, et au cours de discussions avec Karl Rahner, qu'il renonce au sacerdoce: "Je veux pouvoir aider, par tous les moyens possibles, les gens de mon pays, et j'y parviendrai mieux en conservant mon état laïc plutôt qu'en devenant prêtre, parce que chez nous, les prêtres n'ont pas, comme en Allemagne, de contacts avec le peuple. Un ingénieur des mines peut, en donnant le bon exemple, avoir une action plus efficace."

Le 28 mai 1922, Pier Giorgio, après avoir étudié la spiritualité pendant plus de quatre ans, devient membre laïc du Tiers Ordre dominicain. Il explique ainsi son choix : "Dans l'état laïc, j'aurai plus facilement des contacts quotidiens avec le peuple, je pourrai plus facilement assister mes frères." L'année suivante, il fait profession perpétuelle comme laïc dominicain sous le nom de Frère Jérôme en l'honneur de Jérôme Savonarole, qu'il admire pour sa volonté de réforme démocratique et de lutte pour la chasteté. Il continue son engagement auprès des pauvres, dans lequel il voit "briller autour de ces êtres misérables et défavorisés une lumière que nous n'avons pas."

L'arrivée du parti de Benito Mussolini au pouvoir le 28 octobre 1922 est pour Pier Giorgio source d'une grande tristesse, mais aussi d'un sentiment de révolte dans la mesure où le Parti populaire italien ("les Populaires"), présidé par Alcide De Gasperi, s'allie aux fascistes dès le mois de septembre 1922. L'union est de courte durée : le PPI est dissout en 1926 et Alcide De Gasperi, devenu un opposant sérieux, condamné à 4 ans de prison. De Berlin, que sa famille s'apprête à quitter, Pier Giorgio écrit à ses amis :"J'ai donné un coup d'œil au discours de Mussolini et tout mon sang bouillait dans mes veines. Je suis vraiment déçu par l'attitude des Populaires ! Où est la foi de nos hommes ?[…] Il fait bon vivre ici où l'on est tranquille, loin du pays tombé entre les mains d'une bande de fripouilles."

En janvier 1923, Pier Giorgio se montre très préoccupé par la crise internationale que provoque l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises. Il écrit une lettre à la Jeunesse catholique de la Ruhr le 13 janvier 1923 ; publiée dans le journal "Deutsche", elle tend à soutenir la population : "En ces moments tragiques et douloureux où un pied étranger foule le sol de votre patrie et vos foyers, nous vous envoyons, nous étudiants catholiques, l'expression de notre amour fraternel […] La paix véritable naît de l'amour chrétien pour le prochain et non pas tant de la justice. Or, ces gouvernements préparent pour toute l'humanité un avenir fait de nouvelles guerres. La société moderne s'enlise dans les passions humaines et s'éloigne de tout idéal d'amour et de paix. Nous devons, vous et nous qui sommes catholiques, faire souffler l'esprit de bonté qui naît seulement de la Foi dans le Christ."

En octobre 1923, le journal auquel il participe, "Momento", soutient désormais le Duce et sort le drapeau du cercle "Momento" en son honneur lors de sa venue à Turin. Pier Giorgio écrit alors une lettre de démission du Cercle Cesare Balbo auquel appartient le journal : "Je suis vraiment révolté d'apprendre que ce drapeau, que j'ai tant de fois porté dans les cortèges religieux, tu l'aies exposé au balcon pour rendre hommage à cet homme qui détruit les œuvres pies, ne met aucun frein aux fascistes, laisse assassiner les ministres de Dieu comme Don Minzoni, permet que l'on commette d'autres vilenies et cherche à couvrir ces méfaits en rétablissant le crucifix dans les écoles […] Je prends toute la responsabilité de mon acte ; j'ai enlevé le drapeau et je t'adresse irrévocable démission […] "  (4)

Comme on peut le voir par ces textes, Pier Giorgio était très « politisé ». On le connaît surtout pour son implication envers les pauvres, mais son implication civile était beaucoup plus large que cela. Il avait une vision très large et très chrétienne des choses.

Les amis de Pier Giorgio connaissaient mieux que quiconque son « esprit révolutionnaire ». Pier Giorgio se faisait appeler « le citoyen Robespierre » et signait ainsi plusieurs de ses lettres. Ce nom qu’il se donnait, ne peut que frapper notre intelligence et notre imagination. Robespierre fut un des agents les plus controversés de la Révolution française. Parfois le jeune Frassati signait ses lettres de façon encore plus espiègle: « Terroristement te salue Robespierre »: parce qu’il appartenait à la Société des Types Louches, Département des Agités, Section Terreur », groupe avancé d’étudiants – « voyoux » (le mot "lestofanti" est très difficile à traduire- unis par la passion envers la montagne, les études universitaires, la religion, les rites étudiants et les farces. » (5)

Le pape François aime beaucoup Pier Giorgio Frassati. Il a parlé de lui plus d’une fois. Il y a un an environ, le pape s’est adressé à des jeunes, à Turin, la ville natale de Pier Giorgio. Le pape a invité les jeunes « à aller à contre-courant, c’est-à-dire à être courageux et créatifs ». Et il a cité Pier Giorgio en exemple:   

« Et je dirais un mot: faire à contre-courant. Faire à contre-courant. Pour vous, jeunes qui vivez cette situation économique, même culturelle, hédoniste, consumiste, avec des valeurs comme des « bulles de savon », avec ces valeurs, on ne va pas de l’avant. Faire des choses constructives, même petites, mais qui nous rassemblent, nous unissent entre nous, avec nos idéaux, tel est le meilleur antidote contre ce manque de confiance dans la vie, contre cette culture qui t’offre uniquement le plaisir, avoir une vie facile, avoir de l’argent et ne pas penser à autre chose.

Être à contre-courant, c’est-à-dire être courageux et créatifs, être créatifs. L’été dernier j’ai reçu, un après-midi — c’était au mois d’août... Rome était morte — ; j’avais parlé au téléphone avec un groupe de jeunes filles et garçons qui faisaient du camping dans diverses villes d’Italie, et ils sont venus me voir — je leur ai dit de venir —, mais les pauvres, ils étaient tous sales, fatigués... Mais joyeux ! Parce qu’ils avaient fait quelque chose « à contre-courant » !

Très souvent, les publicités veulent nous convaincre que cela est beau, que cela est bon, et ils nous font croire que ce sont des « diamants », mais en réalité, ils nous vendent du verre ! Et nous devons aller contre cela, ne plus être ingénus. Ne pas acheter de saletés qu’on nous fait passer pour des diamants.

Et pour finir, je voudrais répéter la phrase de Pier Giorgio Frassati : si vous voulez faire quelque chose de bon dans la vie, vivez, ne vivotez pas. Vivez ! » (6)

J’ai pris connaissance de ces paroles du pape en regardant sur l’internet une émission de télévision sur Pier Giorgio Frassati. À cette émission, était présent Roberto Falciola, le vice-postulateur pour la canonisation de Pier Giorgio. Quelqu’un lui a demandé: « Qu’est-ce que cela signifie pour vous être créatifs ». Il a répondu en parlant d’une photo très connue qui montre Pier Giorgio qui quitte son habit de riche, se met en bras de chemise et aide des pauvres à déménager. Voilà, selon Roberto Falciola, une forme de créativité: que les riches aident concrètement les plus pauvres.



À la fin de cette émission télévisée, Roberto Falciola a raconté un fait qui m’a impressionné: 

« Le soir même des funérailles de Pier Giorgio, le cardinal de Turin Giuseppe Gamba (archevêque de Turin du 1924 à 1929), qui connaissait Pier Giorgio, a pris une feuille de papier et une plume et a écrit à un prêtre salésien qui s’appelait Antonio Cojazzi, qui connaissait Pier Giorgio depuis qu’il était enfant, pour lui recommander de se mettre tout de suite au travail pour recueillir des témoignages sur la vie de Pier Giorgio, parce qu’il était convaincu que ce jeune homme serait une lumière capable d’éclairer le chemin de tant de jeunes. » (7)   

Je veux terminer ce blogue en citant de nouveau le pape François. À l’approche de Noël, en 2013, le pape François a rencontré les étudiants universitaires de Rome et à la fin de son discours, il a de nouveau cité Pier Giorgio en exemple:

« Que l’engagement à marcher dans la foi et à vous comporter de manière cohérente avec l’Évangile, vous accompagne en ce temps de l’Avent, pour vivre de façon authentique la commémoration de la Naissance du Seigneur. Le beau témoignage de Pier Giorgio Frassati peut vous être utile, lui qui disait: « Vivre sans une foi, sans un patrimoine à défendre, sans soutenir une lutte continuelle pour la vérité, ce n’est pas vivre, mais vivoter. Nous ne devons jamais vivoter, mais vivre. »  (Lettre a I. Bonini, 27.II.1925) (8)



(2) Beato Pier Giorgio Frassati terziario domenicano. Ricordi, ...

https://books.google.ca/books?isbn=8870944301 

 

www.revueenroute.jeminforme.org/pier_giorgio_frassati_1.php

(5) Alberto Sinigaglia, Presentazione alla III edizione di Una vita mai spenta, dans : Luciana Frassati, Mio fratello Pier Giorgio Una vita mai spenta, Aragno, 2010, p. 163.

(6) Visite pastorale du pape François à Turin, Rencontre avec les jeunes [Français] 

(7) 

Il diario di Papa Francesco - Puntata del 7 luglio 2016 - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=0HeydSBtJjk
7 juil. 2016 - Ajouté par Tv2000it
La puntata de “Il Diario di Papa Francesco” del 7 luglio 2016 condotta da Gennaro Ferrara con Marco ...  

(8) Célébration des premières vêpres de l’Avent avec les étudiants universitaires de Rome, le premier dimanche de l’Avent, Basilique du Vatican, samedi le 30 novembre 2013: 

30 novembre 2013

https://w2.vatican.va/.../francesco/.../2013/.../papa-francesco_2013...