samedi 28 janvier 2012

Péchés et conversion de David

Péchés et conversion de David
Hier et aujourd’hui (vendredi et samedi), l’Église nous propose comme premières lectures à la messe, le récit des péchés de David et de sa conversion. Ce récit est un des plus impressionnants de toute la Bible. C’est le cardinal Carlo Maria Martini, alors qu’il était archevêque de Milan, qui m’a fait découvrir la beauté ce ces textes. Le cardinal Martini a souvent parlé des péchés de David et de sa conversion lors de ses retraites et dans ses livres. Voici les réflexions que je vous propose sur ces textes, réflexions influencées bien sûres par la méditation du cardinal Martini.

Les textes liturgiques de ces deux derniers jours sont tirés du deuxième livre de Samuel, au chapitre 11. Mais pour en comprendre toute la portée, il faudrait avoir lu aussi le premier livre de Samuel. Les deux livres de Samuel nous racontent la vie de David et nous montrent à quel point cet homme était admirable. Ce n’est pas pour rien que Dieu fait savoir au prophète Samuel qu’Il a trouvé un remplaçant au roi Saül en la personne de David : « un homme selon Son cœur (selon le cœur de Dieu). Voici comment le Seigneur  parle de David en saint Luc, dans Les Actes des Apôtres : « J'ai trouvé David, fils de Jessé, un homme selon mon cœur, qui accomplira toutes mes volontés. » (Actes, 13, 22)

Le premier livre de Samuel et une bonne partie du deuxième livre de Samuel nous montrent à quel point David était un homme juste. C’est pour cette raison qu’il sera tellement déconcertant de voir le roi David commettre deux péchés très graves aux yeux de Dieu : l’adultère et le meurtre prémédité. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que la raison pour laquelle Dieu a voulu mettre ces faits dans les Saintes Écritures, c’est pour nous avertir que tout être humain est pécheur et donc susceptible de commettre les pires abominations, si les circonstances se présentent.

Voyons un peu comment David est tombé dans le piège, dans le panneau comme on dit ici au Québec. D’ailleurs, un des titres que le cardinal Martini donne à un chapitre sur les péchés de David est précisément celui-ci : le piège. Le chapitre 11 du deuxième Livre de Samuel commence ainsi : « Au retour de l'année, au temps où les rois se mettent en campagne, David envoya Joab et avec lui sa garde et tout Israël : … Cependant David restait à Jérusalem. ». Première erreur : David aurait dû aller lui-même faire la guerre; il était en pleine forme et Dieu lui faisait vaincre tous ses ennemis. Pourquoi a-t-il laissé aller Joab à sa place? Lorsqu’on manque à son devoir d’état, on risque de se mettre dans le pétrin.

Le texte biblique continue : « Il arriva que, vers le soir, David, s’étant levé de sa couche et se promenant sur la terrasse du palais, aperçut, de la terrasse, une femme qui se baignait. Cette femme était très belle. David fit prendre des informations sur cette femme, et on répondit : « Mais c’est Bethsabée, fille d’Éliam et femme d’Urie le Hittite! » Alors David envoya des émissaires et la fit chercher. Elle vint chez lui et il coucha avec elle. » Deuxième erreur : le grand roi David, sûr de lui-même et convaincu de sa vertu a dû se dire : « Une personne équilibrée comme moi et vertueuse comme je le suis peut certainement se permettre un regard ou même quelques regards sur cette femme qui prend son bain ». Ce faisant, tout l’homme pécheur en lui s’est mis en branle. Il s’est mis à désirer cette femme et puisqu’il a tous les pouvoirs (ou croit avoir tous les pouvoirs), il fait venir cette femme au palais et couche avec elle. Voilà l’adultère pure et simple car on lui a très bien dit que cette femme est l’épouse d’un autre. Tout a commencé par ce qu’on peut appeler une « curiosité malsaine des yeux »; quelque chose d’assez anodin en soi. Mais Jésus ne nous a-t-il pas avertis : « Qui est fidèle en très peu de chose est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup. » (Lc 16, 10).

Quelques jours plus tard, Bethsabée fait savoir à David qu’elle est enceinte. Ah, là les choses se corsent. Cela n’était pas prévu. On sait bien que certains gestes peuvent entraîner certaines conséquences mais dans le feu de l’action et de la passion, on n’oublie facilement cette vérité. C’est alors que le grand David deviendra vraiment ignoble. Il ne faut surtout pas que les gens apprennent l’origine de cet enfant. Il faut tout cacher au peuple. David est de plus en plus envahi par les ténèbres. Saint Jean l’évangéliste ne cesse de nous dire que le péché, c’est les ténèbres. Peu de passages de la Bible le montrent aussi clairement que celui-ci. Alors David, pour se déprendre de tout cela, pour sauver son honneur et sa réputation, ira jusqu’au meurtre; et au meurtre très bien calculé. Je vous invite à aller lire le passage dans votre Bible car je dois ici couper au plus court. David demande à Joab de lui renvoyer Urie. Ce dernier arrive à Jérusalem et malgré toutes les tentatives faites par David pour qu’Urie aille coucher chez lui et puisse penser un jour qu’il est le père de l’enfant, Urie couche aux portes du palais. Alors David écrit une lettre à Joab lui demandant de mettre Urie à l’endroit le plus dangereux de la bataille et de retirer les troupes pour être certain qu’Urie meure. Le saint roi David remet la lettre à Urie sans que ce dernier ne puisse se douter qu’il portera son arrêt de mort au commandant Joab. Ce dernier exécute les ordres et Urie est tué. On vient apprendre à David que son ami et fidèle sujet Urie est mort. David feint la tristesse et prend Bethsabée pour épouse. Si on avait dit à David quelques jours plus tôt, qu’il commettrait l’adultère et le meurtre prémédité, il ne l’aurait jamais cru. Le cardinal Martini nous dit que David a fait l'expérience de la fragilité humaine. Le cardinal Martini établit aussi un lien entre les péchés de David et les phrases suivantes de Jésus:  

« Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule : « C’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »(Mc 7, 15b. 21-23)

Lorsque j'ai lu les commentaires du cardinal Martini sur les péchés de David, j’ai réalisé de façon tout à fait dramatique et inattendue que je possédais dans mon cœur les douze péchés qu’énumère Jésus dans l’évangile d'aujourd'hui. Avant de lire le commentaire du cardinal Martini, j’avais naïvement pensé que je possédais en moi deux ou trois des péchés énumérés par Jésus; et je me sentais somme toute assez bon. Mais une fois éclairé par les réflexions du cardinal, il ne faisait aucun doute dans mon esprit que je possédais ces douze péchés dans mon cœur. Évidemment, je ne veux pas dire que j’ai commis à date ces douze péchés. Je n’ai heureusement pas encore commis de meurtre. Mais je suis sûr de posséder en moi la racine de tous ces péchés et si, par malheur, des circonstances favorables (ou plutôt défavorables) se pointaient à l’horizon dans ma vie, je pourrais, hélas, tomber dans le panneau, dans le piège, tout comme David, le roi vertueux par excellence. Si David a pu commettre l’adultère et le meurtre prémédité, Guy Simard peut malheureusement en faire tout autant. Je considère les douze péchés cités aujourd’hui par Jésus comme étant de petits volcans tapis au fond de mon cœur et qui pourraient à tout moment faire éruption. Car ce que Jésus décrit aujourd’hui, c’est le cœur humain, le cœur de chaque personne humaine, et donc, le cœur de Guy Simard. Il est aussi intéressant de noter que David a tout fait pour que ses péchés soient inconnus des hommes, et la terre entière connaît désormais ses péchés; même Guy Simard les connaît. Jésus n’a-t-il pas dit : « Rien, en effet, n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. » (Lc 12, 2)  

Mais le plus beau dans tout cela, c’est la conversion de David. David est dans les ténèbres; qui le sortira des ténèbres? C’est la Parole de Dieu qui le sortira des ténèbres. C’est toujours la Parole de Dieu qui nous sortira des ténèbres. Cette parole lui viendra du prophète Nathan. Dieu dit à son prophète: « Va dire à David que je sais tout ce qu’il a fait ». Comme il est parfois difficile et dangereux d’être prophète! Nathan a dû se demander comment il dirait cela à David. Or Nathan était très brillant; il a inventé une petite histoire (2 Sam 12) où un riche possédait du petit et gros bétail en abondance. Son voisin était pauvre et ne possédait qu’une petite brebis; mais il aimait tellement cette brebis qu’elle couchait dans son lit et mangeait à sa table. Arrive un voyageur chez le riche et ce dernier décide de faire tuer la brebis de son voisin pour la servir en nourriture au visiteur. David entre alors dans une grande colère et s’exclame : « Cet homme mérite la mort. » Nathan regarde David et lui dit: « Cet homme, c’est toi. » Alors les yeux de David s’ouvrent; et son cœur aussi. Et David dit cette phrase admirable : « J’ai péché contre le Seigneur. » Il ne dit pas : « J’ai péché contre Urie » ou encore: « J’ai péché contre Bethsabée. ». Il dit: « J’ai péché contre le Seigneur. ». Voilà l’essence même du péché : une offense faite au Seigneur, à Quelqu’un qui nous aime tellement.

Hier et aujourd’hui, la liturgie nous présente comme psaume, le psaume 50, psaume communément appelé: le Miserere. . Ce n’est pas pour rien que ce psaume est proclamé aujourd’hui. Ce psaume semble sorti tout droit du cœur et des lèvres de David, après son péché. Voici quelques passages de ce psaume:

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j'ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.
 Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret tu m'apprends la sagesse.


Purifie-moi avec l'hysope, et je serais pur ;
lave-moi et je serais blanc, plus que la neige.

Créé en moi un coeur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.

Rends-moi la joie d'être sauvé ;
que l'esprit généreux me soutienne.

Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur,
et ma langue acclamera ta justice.

Si j'offre un sacrifice tu n'en veux pas,
tu n'acceptes pas d'holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.

Si toi qui me lis en ce moment, tu prends conscience de ton état de pécheur, et si par pur bonheur et par pure grâce, tu crois en Jésus notre Sauveur et notre Dieu, je t’invite à entrer dans ton cœur et à remercier Dieu le Père de t'avoir donné la foi en son Fils bien-aimé Jésus Christ, le divin médecin. Lui seul peut guérir en profondeur le cœur malade de l’être humain.
Chacun de nous peut pécher et pécher gravement. Mais si cela ne nous arrive pas, c’est que Dieu aura été encore plus Miséricordieux envers nous. Il nous aura alors en quelque sorte « sauvé davantage ». C’est ma sainte préférée qui m’a fait comprendre cela:

« Je reconnais que sans Lui, j’aurais pu tomber aussi bas que Ste Madeleine, et la profonde parole de Notre Seigneur à Simon retentit avec une grande douceur dans mon âme… Je le sais : « Celui, à qui l’on remet moins, aime moins », mais je sais aussi que Jésus m’a plus remis qu’à Ste Madeleine, puisqu’il m’a remis d’avance, m’empêchant de tomber. Ah ! Que je voudrais pouvoir expliquer ce que je sens !… 

Ah ! Que je voudrais pouvoir expliquer ce que je sens !… Voici un exemple qui traduira un peu ma pensée. - Je suppose que le fils d’un habile docteur rencontre sur son chemin une pierre qui le fasse tomber et que dans cette chute il se casse un membre, aussitôt son père vient à lui, le relève avec amour, soigne ses blessures, (…). Sans doute cet enfant a bien raison d’aimer son père ! Mais je vais encore faire une autre supposition. Le père ayant su que sur la route de son fils se trouvait une pierre, s’empresse d’aller devant lui et la retire. Certainement, ce fils, objet de sa prévoyante tendresse, ne sachant pas le malheur dont il est délivré par son père ne lui témoignera pas sa reconnaissance et l’aimera moins que s’il eût été guéri par lui… Mais s’il vient à connaître le danger auquel il vient d’échapper, ne l’aimera-t-il pas davantage ? Eh bien, c’est moi qui suis cette enfant, objet de l’amour prévoyant d’un Père. (…) J’ai entendu dire qu’il ne s’était pas rencontré une âme pure aimant davantage qu’une âme repentante, ah ! Que je voudrais faire mentir cette parole !… » (Thérèse de l’Enfant-Jésus, Manuscrits autobiographiques, A 38-39)


P.S.  Je viens tout juste d'apprendre la mort du cardinal Carlo Maria Martini. Il est décédé vendredi dernier, le 31 août 2012. Prions pour le repos de son âme.  La devise épiscopale de ce cher cardinal était la suivante: " Pro veritate adversa diligere ", que je traduirais littéralement de la façon suivante: "Pour la vérité, aimer l'adversité". N'est-ce pas une belle devise pour un évêque ?   
 



dimanche 22 janvier 2012

Convertissez-vous !

Convertissez-vous !


La Parole de Dieu d’aujourd’hui, en ce troisième dimanche du temps ordinaire se résume en ces deux mots: « Convertissez-vous ». En saint Marc, Jésus commence sa prédication par ces mots: « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu s’est approché. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1, 15). La conversion se vit à plusieurs niveaux; un de ces niveaux, c’est notre esprit : on doit convertir nos idées. C’est cela que Jésus demande ici en premier : changez d’idée sur Dieu ; croyez que je suis la Bonne Nouvelle, croyez qu’en moi, le Royaume de Dieu s’est approché, s’est fait proche. Changer d’idée, ce n’est pas facile, et ce, à tous les âges de la vie. Un jour un homme se promène sur la rue et voit quelqu’un venir vers lui. Il lui dit: « Salut Jean-Paul, tu as bien changé! Tu mesurais six pieds deux pouces et maintenant tu ne fais même pas cinq pieds six pouces! Tu avais les yeux noirs et maintenant tu as les yeux bleus! Jean-Paul, tu as bien changé! »  L’autre lui dit: « Je ne m’appelle pas Jean-Paul, mais Louis. » Le premier répond: « Non, tu n’as pas changé de nom aussi! » Cette petite histoire humoristique montre à quel point certaines personnes tiennent à leurs idées et à quel point il est parfois difficile voire impossible de les faire changer d’idées.

Un autre niveau de la conversion est celui du cœur. Par cœur, j’entends ici la vie morale, la rectitude dans le domaine de l’agir ; agir correctement, agir bien. Il est souvent très difficile d’admettre qu’on agit mal ; et il est très difficile, une fois que l’on admet agir mal, de se corriger, de s’amender. Et si un jour on élimine Dieu de notre vie, le grand danger, c’est d’en venir à penser réellement que nous ne faisons rien de mal. D’ailleurs les mots que j’ai mis comme titre à ce texte, les mots « convertissez-vous », ce n’est pas moi qui vous les dit, c’est Dieu dans sa Parole d’aujourd’hui. Mais si je n’entends jamais Dieu me dire: « convertis-toi », j’en viendrai un jour à croire que je n’ai pas besoin de conversion. Quand j’ai décidé de devenir prêtre, j’ai quitté le Québec pour entrer dans une communauté religieuse qui n’existait pas ici au Canada. Je me suis expatrié durant neuf ans. J’ai donc perdu de vue mes amis et connaissances. De retour au Québec, je rencontre un type que je connaissais un peu pour avoir fait du sport avec lui. Il voit que je suis prêtre. Il en est tout étonné et une des premières phrases qu’il me dit est celle-ci: « Moi, je ne fais rien de mal » J’ai été vraiment étonné de cette phrase-là. Pourquoi m’a-t-il dit cela? C’est vraiment étonnant. Je ne l’avais pourtant pas interrogé sur sa conduite. Faut croire que la seule vue d’un prêtre nous amène à poser un regard même furtif sur notre conduite. Vous savez quoi ; je crois que cet homme était tout à fait sincère quand il disait « moi, je ne fais rien de mal ». Mais je crois aussi qu’il était tout à fait dans l’erreur en disant cela. Je suis sûr que cet homme aurait des choses à changer s’il laissait Dieu entrer dans sa vie et l’éclairer. Quelqu’un a dit un jour: « nous vivons dans un drôle de monde où les pécheurs se reconnaissent saints et les saints se reconnaissent pécheurs ». Voilà une belle façon de dire les choses. Si vous êtes dans votre appartement et que les rideaux sont fermés, si vous êtes dans les ténèbres, vous ne verrez pas la poussière et la saleté. Mais laissez entrer la lumière et vous verrez ce qui ne va pas. Saint Jean ne cesse de dire que le péché, c’est les ténèbres et que vivre en Dieu, c’est la lumière.

Pour nous inviter à la conversion, l’Église nous propose aujourd’hui un extrait du livre de Jonas. Dieu dit à Jonas: « Lève-toi, va à Ninive la grande ville païenne et proclame le message que je te donne pour elle : …   Encore quarante jours et Ninive sera détruite. »  Le livre de Jonas est un livre très court ; quatre chapitres seulement : deux pages et demie dans votre Bible. Il vaut la peine d’aller lire ce livre et de le méditer. La Bible doit être considérée comme une bibliothèque comportant une multitude de livres et une multitude de rayons. Il y a les livres dits historiques, les livres prophétiques, les livres sapientiaux. Le livre de Jonas est considéré comme un livre prophétique. Cela peut semer la confusion car il faut savoir que Jonas, contrairement aux prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, etc, n’a jamais existé. En fait, le livre de Jonas s’apparente davantage aux livres sapientiels. On sait que c’est un conte, une histoire inventée. Jonas dans la baleine, cela n’a jamais existé. Le livre de Jonas est un vibrant appel à la conversion. Dieu envoie Jonas dans la ville païenne pour réveiller les gens de leur torpeur. Et le message est clair: « si vous ne changez pas de vie, la ville sera détruite ». On devine que les comportements moraux de plusieurs habitants de Ninive étaient contraires à la loi divine. Mais il fallait quelqu’un pour les réveiller de leur torpeur. Cette menace venant d’un Dieu bon peut nous surprendre aujourd’hui et nous scandaliser. Or lorsqu’on lit le livre de Jonas, on se rend compte que ce qui scandalisait le prophète Jonas, ce n’était pas la menace que Dieu faisait peser sur les habitants de Ninive mais plutôt la bonté de Dieu. Jonas a commencé par fuir la volonté de Dieu. Ayant reçu la mission de Dieu, il a pris un bateau dans la direction opposée à Ninive. Vers la fin du livre, Jonas dit ceci: « Ah ! Yahvé, n’est-ce point là ce que je disais lorsque j’étais encore dans mon pays ? C’est pourquoi je m’étais d’abord enfui à Tarsis; je savais en effet que tu es un Dieu de pitié et de tendresse, lent à la colère, riche en grâce et te repentant du mal. » (Jon 4, 2) Jonas savait très bien que Dieu ne mettrait pas sa menace à exécution ; c’est pour cela qu’il n’a pas voulu, dans un premier temps aller à Ninive.

L’appel à la conversion doit s’entendre à la lumière de d’autres paroles de Jésus telles que celles-ci: « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » (Jn 10, 10)  « Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 17).

Remercions Dieu de tout faire pour nous réveiller, pour nous convertir. Il est bon, lorsqu’on parle de conversion, de regarder les endroits où cet appel est le mieux entendu. Cela peut nous encourager. Personnellement, je considère qu’un des endroits où l’appel à la conversion est le mieux entendu, c’est au sein du mouvement des alcooliques anonymes. Vous savez comme moi, j’imagine, à quel point il est difficile de faire admettre à un ou une alcoolique qu’il ou elle est malade. Comme cela prend du temps à un alcoolique d’admettre son problème, sa maladie! Si un alcoolique admet sa maladie et désire s’en sortir, souvent il se dirige (ou on le dirige) vers les AA. Or une des étapes cruciales du cheminement des AA, est d’admettre que la personne alcoolique ne pourra pas s’en sortir seule, sans l’aide d’une force supérieure à elle, force qui de fait se nomme Dieu. Les AA sont alors invités à mettre leur confiance et leur espérance en ce Dieu tel qu’ils le conçoivent. Et cela fonctionne ; en se remettant librement à Dieu, ils reçoivent la force d’en haut et parviennent à vivre sobres. Voilà qui est très intéressant : dans le domaine de la conversion, le grand rôle est toujours joué par Dieu. C’est Dieu qui convertit les cœurs. Il s’agit pour nous de demander instamment à Dieu de nous convertir. Cela restera toutefois toujours un combat, une lutte. Et une lutte de tous les jours. Comme il fait bon entendre une personne dire qu’elle n’a pas bu une goutte d’alcool depuis dix ans, quinze ans, vingt ans! Or cela s’est fait au jour le jour, un jour à la fois. Et vous, cher ami, cher amie, quel est votre combat ? Je suis convaincu que la plupart des êtres humains ont un combat à mener durant leur vie sur cette terre; qu’ils ont une difficulté à vivre sur le plan de l’agir moral; que cette difficulté leur est propre et tout à fait particulière; que ce combat se vivra à chaque jour jusqu’à leur mort; et que seulement Dieu pourra les mettre sur le chemin de la lumière. « Ma grâce te suffit » (2 Cor 12, 9) a dit Jésus à saint Paul qui lui demandait d’enlever le problème principal dans sa vie de chrétien. Remercions Dieu pour ses appels à la conversion; pour ses appels à la vie.

dimanche 15 janvier 2012

Mon amie Catherine

Chers amis, aujourd’hui, je désire vous présenter une de mes paroissiennes : Catherine, âgée d’une dizaine d’années. Je dis : « vous la présenter »; mais je devrais plutôt dire « vous la faire connaître ». Une fois que vous aurez lu ce qui suit, je vous invite à faire une petite prière pour elle, afin que le Seigneur l’attire de plus en plus à Lui.


Montréal, le 15 janvier 2012.


Chère Catherine,

J’espère que tu vas bien. Je veux t’abord te dire que je t’aime beaucoup et que c’est toujours une grande joie de te voir à chaque dimanche (du moins quand je suis là).

J’aime toutes tes questions. Certaines d’entre elles sont plus difficiles que les autres et j’ai bien conscience de ne pas toujours répondre de façon satisfaisante. Mais dans le domaine de la religion et de Dieu, on ne fera toujours que patauger, c’est-à-dire : balbutier.

La question que tu m’as posée dimanche dernier est peut-être la plus belle question qu’on puisse poser à quelqu’un qui croit en Dieu. Je ne me souviens pas des mots exacts que tu as employés, mais tu me disais à peu près ceci : « Vous avez parlé l’autre jour du fait qu’on peut rencontrer Dieu. J’avoue que je n’ai pas bien compris ce que vous vouliez dire. »

Voilà la question la plus importante qui soit pour quelqu’un qui croit en Dieu : comment peut-on le rencontrer? Il me semble que la Parole de Dieu de ce dimanche tombe pile pour te donner un début de réponse. J’avais déjà commencé à te répondre l’autre jour après la messe mais je continue aujourd’hui par lettre; d’autant plus que je ne te verrai pas aujourd’hui. C’est le Père Sylvain qui présidera l’eucharistie.

La première lecture nous présente le jeune Samuel qui rencontre pour la première fois le Seigneur. Durant la nuit, Dieu l’a appelé trois fois par son nom pour lui parler. La voix de Dieu était tellement claire que Samuel pensait que c’était le prêtre Éli qui l’appelait de sa chambre. Après la deuxième fois, la Bible nous dit cette phrase merveilleuse : « Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. »

Il y a plusieurs façons de connaître le Seigneur et Dieu a plusieurs façons de se révéler à nous. Chère Catherine, tu connais déjà le Seigneur. Grâce à tes parents, à tes catéchètes et aussi un peu grâce à moi, tu connais le Seigneur. Et Dieu se révèle déjà à toi. Comment expliques-tu le fait que tu viennes me voir après chaque eucharistie pour me poser une ou deux questions? Ces questions, qui penses-tu les a mises dans ton cœur et dans ton esprit ? Pour moi, c’est évident, très évident que c’est Dieu qui te parle, à sa façon et qui te dit : « Va voir le Père Guy; j’ai hâte de voir ce qu’il te répondra. » Évidemment, je blague un peu en disant cela, mais pas trop. Et Dieu doit sourire en entendant tes profondes questions et mes pauvres réponses.

Donc, déjà, à ton jeune âge, Dieu te parle, te façonne, t’instruit et te guide vers Lui. Je remercie Dieu pour tout ce qu’Il fait déjà pour toi. Tu sais, tu es très très chanceuse d’être déjà aussi près du Seigneur et d’être déjà une de ses bonnes amies.

Mais d’un autre côté, je suis sûr qu’à certains moments de ta vie, Dieu se fera encore plus près de toi, comme il le fait aujourd’hui dans sa Parole, pour le jeune Samuel. Tu entendras (pas nécessairement avec tes oreilles, mais surtout avec ton cœur) sa douce et claire voix te parler. Je suis sûr de cela. Mais cela n’arrivera probablement pas très souvent. Dans la vie de Mère Teresa, que tu connais sûrement un peu, il y a eu un moment où Dieu lui a parlé très clairement dans son cœur. Agnès (c’est le nom de baptême de Mère Teresa) était alors déjà dans une communauté religieuse. Un jour qu’elle était en train, Dieu lui a parlé très distinctement et lui a demandé de quitter sa communauté religieuse pour aller vivre avec les pauvres et les aider. Et Agnès s’est toujours souvenue de la date de ce grand jour; c’était durant la nuit du 10 septembre 1946. Aujourd’hui, dans l’évangile, saint Jean nous raconte sa première rencontre avec le Seigneur et il nous dit qu’il était environ seize heures (quatre heures de l’après-midi) quand il a rencontré Jésus pour la première fois. Par conséquent, il existe de ces rencontres avec Dieu qu’on n’oubliera jamais. C’est de ce genre de rencontre que je parlais le jour où mes paroles ont résonné à tes oreilles et ont interrogé ton cœur.

Catherine, sais-tu ce que veut dire ton prénom? Ton prénom vient d’un mot grec qui veut dire « pur ». Je crois vraiment que tu as un cœur pur. Je demande à Dieu de te conserver ce cœur pur toute ta vie. Jésus a dit un jour : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. » (Mt 5, 8)

Ton ami,

Guy, omv




vendredi 13 janvier 2012

Le chapelet 101 (fin)

Le chapelet 101 (fin)
Voici quels sont les cinq mystères joyeux : premier mystère joyeux : l’Annonciation : l’archange Gabriel demande à Marie si elle désire devenir la Mère de Dieu; deuxième mystère joyeux : la Visitation : Marie rend visite à sa cousine Élisabeth; troisième mystère joyeux : la naissance de Jésus; quatrième mystère joyeux : la présentation de Jésus au Temple; cinquième mystère joyeux : le recouvrement de Jésus au Temple, à l’âge douze ans. L’idéal est de bien connaître ce que dit la Parole de Dieu sur chacun de ces mystères. La personne qui prie, pensera, méditera sur ce qui s’est passé durant ce mystère : elle verra en imagination les lieux et les personnes, entendra ce que les principaux personnages disent, verra ce qu’ils font, etc. C’est en cela que consiste « la méditation d’un mystère du rosaire ». On ne peut alors que retirer pour nous-mêmes les fruits du mystère. Les Ave Maria accompagnent notre méditation qui se vit avec Marie et sous sa maternelle influence.
Les cinq mystères douloureux sont : premier mystère douloureux : l’agonie de Jésus dans le jardin des oliviers; deuxième mystère douloureux : la flagellation de Jésus; troisième mystère douloureux : le couronnement d’épines; quatrième mystère douloureux : le portement de la croix; cinquième mystère douloureux : la mort de Jésus sur la croix. 
Les cinq mystères glorieux sont : premier mystère glorieux: la résurrection de Jésus; deuxième mystère glorieux: l’Ascension de Jésus; troisième mystère glorieux: la venue du Saint-Esprit sur Marie et les apôtres; quatrième mystère glorieux : l’Assomption de la Vierge Marie au ciel; cinquième mystère glorieux : le couronnement de Marie, Reine du ciel et de la terre. 
Le pape Jean-Paul II, dans sa lettre sur le rosaire, a eu l’idée géniale d’ajouter cinq mystères lumineux : premier mystère lumineux : le baptême de Jésus; deuxième mystère lumineux : les noces à Cana, en Galilée; troisième mystère lumineux : Jésus qui annonce partout le Royaume de Dieu; quatrième mystère lumineux : la transfiguration de Jésus sur la montagne; cinquième mystère lumineux : l’institution de l’eucharistie. En agissant ainsi, le pape Jean-Paul II nous invite à méditer en compagnie de la Vierge Marie, d’autres mystères lumineux de la vie publique de Jésus, selon notre choix. Le chapelet s’ouvre ainsi à l’infini, en quelque sorte. De plus, le pape nous invite à prier les mystères joyeux les lundis et les samedis; les mystères lumineux les jeudis; les mystères douloureux, les mardis et les vendredis; les mystères glorieux les mercredis et les dimanches (Rosarium Virginis Mariae, no. 38)
Traditionnellement, nous commençons la prière du rosaire par le signe de la croix et la récitation du Credo (le « Je crois en Dieu »). Le Credo ne figure pas matériellement sur le rosaire, mais certaines personnes disent cette prière en tenant le crucifix que l'on retrouve sur chaque chapelet. Viennent ensuite un Notre Père, trois Je vous salue Marie et un Gloire au Père. Souvent ces prières initiales sont dites aux intentions du pape. Viennent ensuite les cinq dizaines de chapelet. À la fin de chaque dizaine, nous disons un Gloire au Père; il n'y a pas de grain sur le chapelet pour les Gloire au Père. J’espère que ces informations sur le chapelet ou le rosaire vous ont été utiles et vous encourageront à mettre cette prière mariale par excellence dans votre vie. Bonne prière !

 
Annexe :
Je désire terminer ces considérations sur le chapelet en citant les dernières paroles du pape Jean-Paul II dans sa lettre sur le rosaire (Rosarium Virginis Mariae) :
Le Rosaire, un trésor à redécouvrir

43. Chers frères et sœurs! Une prière aussi facile, et en même temps aussi riche, mérite vraiment d'être redécouverte par la communauté chrétienne.  

Je m'adresse à vous en particulier, chers Frères dans l'épiscopat, prêtres et diacres, et aussi à vous, agents pastoraux engagés dans divers ministères, pour que, en faisant l'expérience personnelle de la beauté du Rosaire, vous en deveniez des promoteurs actifs.

Je m'en remets aussi à vous, théologiens, afin qu'en menant une réflexion à la fois rigoureuse et sage, enracinée dans la Parole de Dieu et attentive au vécu du peuple chrétien, vous fassiez découvrir les fondements bibliques, les richesses spirituelles et la valeur pastorale de cette prière traditionnelle.

Je compte sur vous, les consacrés, hommes et femmes, appelés à un titre particulier à contempler le visage du Christ à l'école de Marie.

Je me tourne vers vous, frères et sœurs de toute condition, vers vous, familles chrétiennes, vers vous, malades et personnes âgées, vers vous les jeunes: reprenez avec confiance le chapelet entre vos mains, le redécouvrant à la lumière de l'Écriture, en harmonie avec la liturgie, dans le cadre de votre vie quotidienne.

Que mon appel ne reste pas lettre morte! Au début de la vingt-cinquième année de mon Pontificat, je remets cette Lettre apostolique entre les mains sages de la Vierge Marie, m'inclinant spirituellement devant son image dans le splendide sanctuaire qui lui a été édifié par le bienheureux Bartolo Longo, apôtre du Rosaire. Je fais volontiers miennes les paroles touchantes par lesquelles il termine la célèbre Supplique à la Reine du Saint Rosaire: « Ô Rosaire béni par Marie, douce chaîne qui nous relie à Dieu, lien d'amour qui nous unit aux Anges, tour de sagesse face aux assauts de l'enfer, havre de sécurité dans le naufrage commun, nous ne te lâcherons plus. Tu seras notre réconfort à l'heure de l'agonie. À toi, le dernier baiser de la vie qui s'éteint. Et le dernier accent sur nos lèvres sera ton nom suave, ô Reine du Rosaire de Pompéi, ô notre Mère très chère, ô refuge des pécheurs, ô souveraine Consolatrice des affligés. Sois bénie en tout lieu, aujourd'hui et toujours, sur la terre et dans le ciel ».

Du Vatican, le 16 octobre 2002, début de la vingt-cinquième année de mon Pontificat.

JEAN- PAUL II

Le chapelet 101 (suite)

Le chapelet 101 (suite)
Des personnes m’ont demandé ces jours-ci de leur enseigner comment prier le chapelet. J’avoue que de telles demandes me réjouissent. J’ai l’impression d’être utile à quelque chose. Si je puis donner le goût aux gens de prier le chapelet, j’aurai fait une œuvre merveilleuse.
Comment prier le chapelet :
Je commencerai par vous partager mon expérience personnelle. J’ai déjà écrit, dans un précédent texte, que ma vie a été complètement changée à partir du moment où j’ai mis le chapelet dans ma vie quotidienne. J’avais alors une vingtaine d’années. J’avais déjà prié le chapelet en famille, étant plus jeune. Je mes souviens de ces débuts de soirée où toute la famille était réunie dans la cuisine, à genoux, pour la récitation du chapelet grâce à la transmission radiophonique. Vers l’âge de vingt ans, je priais le chapelet seul, dans ma chambre, aux pieds d’une statue de la Vierge Marie. Ma façon de prier le chapelet à l’époque était la suivante : je pensais exclusivement aux mots de cette prière; spécialement aux mots du Je vous salue Marie. La première partie du Je vous salue Marie est tirée des évangiles. Les premiers mots sont les mots mêmes de l’ange Gabriel à Marie; suivent les mots qu’Élisabeth a dits à Marie lorsque celle-ci rendit visite à sa cousine. La deuxième partie des Ave Maria consiste à invoquer le secours de la prière de Marie pour nous pécheurs maintenant et à l’heure de notre mort. Je me souviens très bien que prier le chapelet en pensant simplement aux mots, me faisait un très grand bien.
Quelques années plus tard, j’entrais dans la communauté des Oblats de la Vierge Marie, à Rome. J’avais à l’époque des confrères venant des États-Unis qui ont eu le don de me mettre en crise en apprenant la façon dont je priais le chapelet. Ces confrères étaient stupéfaits de constater que je ne méditais pas les mystères du rosaire. J’ai alors appris à mes dépens qu’il existe une autre façon de prier le chapelet, une façon privilégiée de prier le rosaire : il s’agit de méditer le chapelet. Ce fut une épreuve pour moi d’apprendre cela; j’ai eu l’impression d’avoir erré pendant des années en priant le chapelet d’une autre manière, sous une autre forme, en quelque sorte. Suite à cette découverte, j’ai même perdu le goût en quelque sorte de prier le chapelet. C’est stupide, mais c’est ainsi. J’ai quand même tiré une leçon de tout cela : peu importe la façon dont nous prions le chapelet, ce sera toujours une immense grâce de le prier. Prions-le comme on veut, mais prions-le.
Il est vrai toutefois que méditer le chapelet est la façon privilégiée de faire cette prière. C’est ce que les papes nous encouragent à faire. Nous n’avons qu’à lire la magnifique lettre du pape Jean-Paul II sur le rosaire pour nous convaincre de cela. Le chapelet nous permet de méditer la vie de Jésus en compagnie de Marie, sa Mère et notre Mère. Traditionnellement, le rosaire comportait quinze dizaines de chapelet, soit trois chapelets de cinq dizaines chacun. Les cinq premiers mystères du rosaire sont appelés les mystères joyeux; les cinq autres, les mystères douloureux et les derniers : les mystères glorieux. Pendant que nous méditons un de ces mystères, les Ave Maria nous servent en quelque sorte de musique de fond. Quelqu’un me disait dernièrement : « comme un mantra ». Oui, c’est tout à fait cela. Les mots répétés sont un soutien à la prière.

mercredi 11 janvier 2012

Le chapelet 101 (première partie)

Le chapelet 101 (première partie)
En ce début d’année 2012, j’ai exprimé le désir que chacun et chacune de nous découvre l’importance de prier le chapelet tous les jours. Je vous ai dit que dans mon cas, je crois que le chapelet est un instrument efficace de sanctification personnelle. Quelqu’un pourrait me dire : « Oui, c’est peut-être vrai pour toi, pour ta sanctification personnelle;  mais peut-être pas pour ma sanctification personnelle. Il ne faudrait pas que tu penses que ce qui est bon pour toi, est nécessairement bon pour moi. » Voilà une remarque très intéressante. Il est important de comprendre que le chapelet a deux buts : la sanctification personnelle et l’apostolat. Le premier apostolat est et sera toujours l’apostolat de la prière. Quand Jésus a abordé un jour la délicate question des vocations, il n’a fait allusion qu’à un seul moyen d’en obtenir : « Priez le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Mt 9,38). Voilà ce que j’appelle l’apostolat de la prière; la prière est un véritable apostolat. Or il est très important de considérer l’aspect apostolique du chapelet. Peut-être bien que ma sanctification personnelle ne dépend pas essentiellement de cette forme de prière, mais plutôt de d’autres formes de prière. Cela peut être très vrai. Mais il faut savoir que si la Vierge Marie a demandé si souvent à nous ses enfants de prier le chapelet « à chaque jour », c’est aussi dans un but apostolique. La très Sainte Vierge sait très bien toutes les grâces que nous pouvons obtenir « pour le monde » grâce à la récitation du chapelet.  D’ailleurs, combien de fois notre Mère du ciel nous a-t-elle dit : « Dites le chapelet tous les jours et vous obtiendrez la paix. » Cette phrase, Marie l’a dite et répétée en particulier aux enfants de Fatima en 1917, en pleine guerre mondiale. Personnellement, je suis convaincu que quiconque prie le chapelet, reçoit de grandes grâces de paix pour sa propre vie, mais aussi  pour la vie de nombreuses autres personnes à travers le monde. 
Lorsque j’avais une vingtaine d’années, j’ai pris la résolution de prier le chapelet à tous les jours. Ma vie a alors radicalement changé. À chaque jour je me mettais à genoux dans ma chambre, au sous-sol de la rue Raymond Casgrain, à Québec, et je priais le chapelet. Je priais le chapelet devant une statue de Notre Dame de la Confiance (la Vierge Marie, sous ce titre, est représentée d’une façon spéciale). J’ai toujours cette statue avec moi, ici, dans ma chambre à Montréal. Je vais vous faire une confession publique, en quelque sorte. Lorsque j’étais adolescent, j’avais cette même statue dans ma chambre. Mais j’étais embarrassé que la Vierge Marie soit si en vue dans ma chambre, spécialement à la pensée de ce que pourraient penser ou dire mes amis en la voyant. J’ai donc pris la statue et je l’ai mise dans un tiroir de la pièce voisine qui était destinée à la visite, à la très rare visite. La pauvre statue est demeurée de longues et nombreuses années dans cette chambre sombre, au fond d’un tiroir encore plus sombre. Elle en est sortie quelques années plus tard pour trôner cette fois bien en vue sur mon bureau, dans ma chambre du sous-sol de la rue Raymond Casgrain et elle continue d’être bien en vue pour quiconque me rend visite dans mes appartements à Montréal. C’est ma façon de réparer, en quelque sorte, le manque de délicatesse, d’attention et d’amour que j’ai eu par le passé envers notre Mère du ciel si aimante, si généreuse et si douce. Heureusement que Marie est la personne la plus humble qui soit, après Dieu, bien sûr. Je sais très bien qu’Elle ne m’en veut pas et qu’elle me pardonne ces manques d’amour.   


dimanche 8 janvier 2012

Épiphanie 2012

Épiphanie 2012 :

Nous célébrons aujourd’hui l’Épiphanie 2012. Le mot épiphanie est un mot d’origine grecque qui veut dire « manifestation ». Dieu se manifeste aujourd’hui comme le sauveur de tous. Aux bergers, il s’était manifesté par des anges, comme le sauveur d’Israël. Aujourd’hui, il se manifeste aux sages venus d’Orient, au moyen d’une étoile. C’est la logique de Dieu de se manifester. Dieu aime à se manifester.
On dirait parfois que Dieu joue à la cachette avec nous; qu’Il se plaît à se cacher. Personnellement, je crois qu’Il se plaît à se manifester. Mais pour percevoir les manifestations de Dieu, il faut souvent avoir un cœur pur et un cœur humble. Je ne sais pas si les bergers dans les champs près de Béthléem avaient un cœur pur; on dit souvent que les bergers de l’époque avaient mauvaise réputation. Mais je suis certain qu’ils avaient un cœur humble. Quant aux sages venus d’Orient, je ne serais pas du tout surpris qu’ils aient eu un cœur à la fois pur et humble.
L’Épiphanie est pour moi une fête emblématique, une fête inclusive, une fête genre. J’aime à célébrer aujourd’hui toutes les manifestations de Dieu dans ma vie et dans la vie de tous les enfants de Dieu.
Je veux remercier le Seigneur d’avoir permis que quelques fois durant ma vie, et même plusieurs fois, j’aie été un ange pour mes frères et sœurs humains, ou une étoile pour eux. Un ange pour les aider, les secourir; ou une étoile pour les guider. Et je suis sûr que toute personne qui me lit présentement, a été un jour ou l’autre un ange de Dieu pour quelqu’un, une étoile dans la vie de quelqu’un; et même plusieurs fois.
Ces jours-ci, Dieu nous a envoyé un ange : il se nomme Benjamin Breedlove. Ce jeune homme de 18 ans est mort le jour de Noël. Quelques jours avant sa mort, il a voulu raconter au monde entier son histoire, l’histoire de sa vie. Il l’a fait au moyen de petits cartons qu’il mettait devant nos yeux. Depuis qu’il était tout jeune, il a eu de sévères problèmes au cœur. Trois fois il a déjoué la mort; trois fois il a failli mourir. Sur ses petits cartons, il nous décrit les expériences qui ont eu lieu à plus d’une reprise à l’approche de la mort; en particulier l’expérience d’une lumière différente de toutes les lumières, une lumière qui apportait une paix à nulle autre pareille. Et Ben termine sa deuxième vidéo en nous demandant si nous, nous croyons aux anges ou à Dieu? Et il répond : « Moi oui ».
J’ai été voir sur un site internet les réactions de ceux et celles qui ont vu et lu le témoignage de Benjamin. La grande majorité des personnes qui s’expriment, s’adressent à Benjamin comme s’il était encore vivant en ce monde et lui disent qu’elles croient tout à fait à ce qu’il dit et à ses expériences à l’approche de la mort. Benjamin est pour moi un ange que le Seigneur nous a envoyé à la veille de Noël. Il faut que vous alliez voir ses deux dernières vidéos. Vous trouverez le site sur mon précédent message, sur le blogue. Benjamin littéralement « rayonne » sur les vidéos; spécialement lorsqu’il sourit, mais aussi lorsqu’il devient triste. La première phrase de la Parole de Dieu d’aujourd’hui était tirée du prophète Isaïe et disait : « Debout, Jérusalem, resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » Voilà le message essentiel de la fête de l’Épiphanie : « Debout, Guy (daigne aussi mettre ton prénom), resplendis »; « debout, Guy, rayonne ».
Ces jours-ci, une bonne amie me faisait part de ce qu’elle a vécu dernièrement. Cette amie est religieuse. Elle vit dans un couvent. Dans ce couvent, une des religieuses ne va vraiment pas bien depuis quelque temps. Elle est malade et complètement désorientée. On a dû lui dire qu’elle devait déménager et s’en aller à l’infirmerie générale. Cette pauvre religieuse n’accepte pas du tout cette décision. Le matin du départ, elle était dans sa chambre, très agitée et la responsable était incapable de lui faire entendre raison. Mon amie religieuse passait à cet instant dans le corridor. La responsable s’adresse alors à mon amie et lui dit : "Jeanne (non fictif ; par respect j’ai changé son prénom) ne veut pas partir;  je ne sais pas quoi faire."  Vite j'ai fait un regard dans mon coeur et j'ai dit au Seigneur de m'accompagner. Je suis entrée dans la chambre, j'ai vu son regard un peu en colère, j'ai mis mes deux mains sur ses épaules et lui ai parlé très doucement en lui disant: " Ne regarde plus ce qui reste dans la chambre et qui t'inquiète, J'y verrai.  Descends; tes deux compagnes t’attendent en bas. J’irai te voir à l’infirmerie." Elle m'a regardée et m'a dit: " Tes deux mains sont comme celles d'un ange et cela me calme. Alors, bonjour et à bientôt."  L'autre soeur n'en revenait pas..."
Comme ce témoignage est beau ! Ce qui me frappe surtout, c’est le geste accompagné de la parole. D’abord le geste. Ces deux mains posées sur la personne troublée ont eu l’effet d’un baume. C’est le toucher qui touche le plus. « Élémentaire mon cher Watson », me direz-vous! C’est vrai que comme lapalissade, on ne peut guère faire mieux. Mais tous connaissent la vertu bénéfique du toucher; les enfants plus que tous. Quoi de mieux pour apaiser un enfant que de le faire reposer sur le sein de sa mère ! Jésus se plaisait à guérir par le toucher et par la parole.
Je souhaite à chacun et chacune d’entre vous d’être une « épiphanie » pour les autres, de « manifester » de plus en plus la bonté de Dieu à vos semblables. Debout, resplendissons !


jeudi 5 janvier 2012

Ben Breedlove

Ben Breedlove

Chers amis,

On peut dire, en quelque sorte, que toute la planète a été touchée durant le temps des fêtes par le témoignage du jeune Ben Breedlove (son nom de famille sonne comme celui qui respire l’amour; son prénom est Benjamin ), 18 ans, décédé le jour de Noël 2011. En décembre dernier, Ben a tourné deux vidéos sur lesquelles on peut le voir s’exprimer sur ce qu’il vivait. Il a choisi de s’exprimer sans dire un mot, faisant défiler devant nous 74 petits cartons sur lesquels était écrite son histoire. Je vais mettre le lien de ces vidéos à la fin du présent article. Vous n'aurez qu'à " cliquer " sur le mot " vidéo " pour voir ce jeune homme; j'allais écrire " pour voir ce jeune ange ". Il est beau de constater que Ben est entré au ciel le jour où les anges ont proclamé dans les cieux: " Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix aux hommes que Dieu aime ! " (Lc 2, 14)

Voici, bout à bout, ce qu’il y avait d’écrit sur les 74 petits cartons :
Première vidéo :
Allô, je suis Ben Breedlove.
Toute ma vie, j’ai eu un problème cardiaque.
(CMH), pour cardiomyopathie hypertrophique.
C’est un problème très sérieux et dangereux.
Avec le temps, j’ai compris à quel point c’est dangereux.
Ça m’a fait peur et je déteste cette sensation.
Je n’ai jamais eu le droit de faire tous les sports que pratiquaient mes amis.
Ça me dérange de ne pas avoir pu vivre ça dans ma vie.
J’espérais juste pouvoir être comme tout le monde.
Mais c’est une chose que j’ai appris à accepter et à vivre avec.
La première fois que j’ai frôlé la mort, j’avais 4 ans.
J’ai eu une attaque qui aurait pu me coûter la vie. Effrayant, non?
Le taux de sucre dans mon sang était descendu à 14.
Je ne me souviens pas beaucoup de cette journée.
Il y a une chose cependant que je n’oublierai jamais.
On me transportait sur une civière le long d’un corridor.
Il y avait les deux infirmières qui poussaient la civière et ma mère qui courait à côté.
Il y avait cette grande lumière au-dessus de moi.
Je ne comprenais pas ce que c’était parce que c’était tellement lumineux.
J’ai dit à ma mère : « Regarde cette lumière ! », en la pointant du doigt.
Elle a dit qu’elle ne voyait rien.
Il n’y avait pas de lumières allumées dans ce corridor.
Je ne pouvais la quitter des yeux. Je ne pouvais m’empêcher de sourire.
Je n’avais plus aucun problème, plus rien n’avait de l’importance.
Et je continuais de sourire.
Je ne peux même pas décrire la paix, à quel point c’était paisible.
Jamais je n’oublierai cette sensation ou cette journée-là.
Après ça, tout a bien été pendant quelques années
Jusqu’en 2007, quand j’ai eu de nouveaux problèmes cardiaques.
Les docteurs ont décidé qu’il fallait faire quelque chose.
Le 3 mai 2009. J’ai eu une opération pour installer un stimulateur cardiaque/défibrillateur.
C’était grave, mais je n’avais pas le choix.
C’est à ce moment que mon problème cardiaque est devenu lourd.
J’étais pas mal triste
Été 2011. Pour une deuxième fois, j’ai frôlé la mort.
J’ai subi une opération des amygdales.
Une opération tout ce qu’il y a d’ordinaire.
Ma mère et ma soeur étaient dans la salle d’attente.
Un aumônier est entré et a dit : « Nous devons prier.
Votre fils a eu un arrêt cardiaque et ils sont en train de lui donner des décharges électriques pour le ranimer. »
Ça a été un miracle qu’ils puissent me ranimer.
J’avais peur de mourir, mais je suis TELLEMENT content de n’être pas mort.
Ensuite, j’ai essayé très fort de tout oublier et de ne pas m’en faire.
Deuxième vidéo :
Il y a deux semaines, le 6 décembre 2011
fut la troisième fois où j’ai déjoué la MORT.
Je marchais dans le corridor de l’école.
Je sentais que j’allais m’évanouir, alors je me suis assis sur un banc.
Je me suis évanoui.
La prochaine chose dont je me souviens, je me réveille, il y a toute une équipe de soins d’urgence autour de moi.
Je ne pouvais ni parler ni bouger, je ne pouvais que regarder ce qu’ils faisaient.
Ils ont mis les tampons pour les décharges électriques sur ma poitrine.
J’ai entendu l’un d’eux dire « ils sont prêts ».
Et l’autre a dit « Go ! » Je me suis encore évanoui.
Mon coeur s’est arrêté et je n’ai pas respiré pendant 3 MINUTES.
Quand les corps des gens « meurent », le cerveau continue de fonctionner pendant un court laps de temps.
Je les ai entendus dire « Il ne respire plus, son coeur s’est arrêté et il n’a plus de pouls. »
J’ai vraiment pensé, ça y est, je meurs.
La prochaine chose qui s’est passée, je ne sais pas si c’était un rêve ou une vision,
mais pendant que j’étais toujours sans connaissance, je me trouvais dans une pièce blanche
sans murs, elle continuait à l’infini…
Il n’y avait pas de bruits. Seulement cette même sensation de paix que j’avais ressentie quand j’avais 4 ans.
Je portais un vraiment beau costume, tout comme mon rappeur préféré, Kid Cudi.
Pourquoi il était la seule personne là, avec moi, je cherche encore.
Mais je me regardais dans ce miroir en face de moi.
La première chose que j’ai pensée c’est, wow, on paraît vraiment bien !
J’avais toujours cette même sensation, je ne pouvais arrêter de sourire.
Je me suis regardé dans le miroir, j’étais fier de MOI,
de ma vie en entier, ce tout ce que j’ai fait.
C’est la meilleure des sensations.
Kid Cudi m’a amené vers un bureau en verre et a mis sa main sur mon épaule.
Juste à ce moment, ma chanson préférée de lui s’est mise à jouer, Mr. Rager.
La partie où ça dit « Quand le rêve finira-t-il… Quand le ciel commencera-t-il?
Puis il a dit, “Va, maintenant”.
Juste à ce moment-là, je me suis réveillé et les infirmiers faisaient de la réanimation.
Je ne voulais pas quitter cet endroit.
J’avais envie de ne jamais me réveiller.
Croyez-vous aux Anges  ou en Dieu?
Moi, oui.

Plus de 1500 personnes ont participé aux funérailles de Ben. Deanne, la mère de Benjamin, a dit ceci lors des funérailles : « C’est stimulant de savoir que Ben a planté une semence dans la pensée des gens afin qu’ils commencent à penser aux choses qui importent vraiment dans la vie. Vous savez, nous avons tous de l’espoir. Tout le monde a des défis à relever, mais nous avons un réel espoir et Ben a vu cela. Il a senti et expérimenté la paix de Dieu lorsqu’il a eu ces avant-goûts du ciel et de la divine présence. »
digitaljournal.com/article/316890 -    29 Dec 2011 – Ben Breedlove, 18, died on Christmas night from a heart attack. He had three near-death experiences over the course of his short life. Before ...