Origène et « Le Bon Samaritain »
Dimanche dernier, notre Mère l’Église nous présentait
comme évangile, la merveilleuse parabole du Bon Samaritain.
J’ai écrit dernièrement sur cette parabole (1). J’ai mentionné qu’une vidéo mise sur l’internet m’a fait
réaliser que le Bon Samaritain a été meilleur qu’on le pense à l’endroit
de l’homme attaqué par des brigands et laissé à moitié mort sur le chemin. Si
je vous demandais de me mentionner toutes les attitudes et tous les gestes de
Miséricorde que le Samaritain a posés à l’endroit du blessé, vous me mentionneriez
sûrement quelques-uns de ces gestes. Mais je suis persuadé que, sauf exception,
vous ne mentionneriez pas un de ces gestes. Pourquoi? Parce que vous ne l’avez probablement jamais remarqué auparavant. Cela fait 36 ans que je suis prêtre; j’ai lu et
entendu durant ma vie de très nombreuses fois cette parabole de Jésus et je me
rends compte qu’un détail important m’a toujours échappé, du moins jusqu’à
maintenant. Cela nous montre à quel point nous pouvons manquer d’attention
quand nous lisons un texte ou quand nous écoutons ce qu’on nous dit ou ce qu’on
nous raconte. Et cela est d’autant plus déplorable lorsqu’il s’agit de notre
rapport et de notre RENCONTRE avec la PAROLE DE DIEU.
Voici la parabole :
« « Un homme descendait de Jérusalem
à Jéricho,
et il tomba sur des bandits ;
ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups,
s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ;
il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ;
il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ;
il le vit et fut saisi de compassion.
Il s’approcha, et pansa ses blessures
en y versant de l’huile et du vin ;
puis il le chargea sur sa propre monture,
le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent,
et les donna à l’aubergiste, en lui disant :
‘Prends soin de lui ;
tout ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rendrai quand je repasserai.’
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain
de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répondit :
« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »
Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
et il tomba sur des bandits ;
ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups,
s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ;
il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ;
il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ;
il le vit et fut saisi de compassion.
Il s’approcha, et pansa ses blessures
en y versant de l’huile et du vin ;
puis il le chargea sur sa propre monture,
le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent,
et les donna à l’aubergiste, en lui disant :
‘Prends soin de lui ;
tout ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rendrai quand je repasserai.’
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain
de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répondit :
« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »
Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
Aviez-vous déjà remarqué que le Bon
Samaritain n’avait pas seulement conduit le blessé à l’auberge et n’avait
pas seulement donné de l’argent à l’aubergiste pour qu’il prenne soin de lui,
mais qu’il avait passé toute la nuit à prendre soin de l’homme qui avait failli
mourir ce jour-là? Quand on lit les mots que j’ai mis en rouge ci-dessus, on
imagine très facilement ce qui s’est passé à l’auberge. Sachant à quel point le
Bon Samaritain a été prévenant en voyant l’homme gisant dans son sang sur le
sol, et connaissant les gestes qu’il a posés sur le blessé, il est inimaginable
de penser qu'une fois arrivé à l’auberge, il ait demandé deux
chambres: une pour lui et une pour le blessé. Non, évidemment. Il a
demandé une chambre seule et il a veillé et soigné le blessé durant toute la
nuit. Vous demandez-vous maintenant comment il se fait que vous n’ayez
jamais vu cela?
Origène, cet auteur fameux des premiers
siècles du christianisme, avait pourtant vu tout cela :
« Et après avoir conduit le moribond à l’auberge, il ne le quitte
pas immédiatement, mais demeure avec lui toute une journée pour soigner ses
blessures, non seulement pendant le jour, mais encore durant la nuit, lui
consacrant ainsi toute sa sollicitude et son savoir-faire. Lorsque le matin, il
s’apprêtait à partir, il prélève sur son argent, sur ses fonds personnels, deux
deniers, de bon aloi, et il en gratifie l’aubergiste … » (2)
Origène 184 - 254
(2) Origène, in Lucam, SC 87, 406-408, Éd du Cerf, p.455
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