mardi 2 juillet 2019

Copernic en pastorale

Copernic en pastorale
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Planétarium de Montréal: 
Sur la photo de gauche, la statue de Copernic se trouve au-dessus de l'arrangement floral, à droite 

Je ne sais pas comment se passe la pastorale dans votre diocèse et dans votre paroisse. Je ne puis parler vraiment que du diocèse dans lequel j’œuvre depuis vingt ans : le diocèse de Montréal.

La pastorale la plus importante ou du moins qui occupe le plus de temps et d’énergie dans notre paroisse et probablement dans toutes les paroisses de notre diocèse, est la pastorale dirigée vers les enfants auxquels on offre ce qu’on appelle ici des « parcours de foi ». Le but recherché par les parcours est de faire vivre aux enfants une expérience de Jésus. Le but est de permettre aux enfants de rencontrer Jésus, de faire l’expérience de sa Personne et de son AMOUR. Voilà le but.

Dans de nombreuses paroisses, on incite les parents à participer aux catéchèses dans l’espérance que les parents aussi soient touchés par la Parole de Dieu et fassent une expérience de Jésus Christ Sauveur du monde et Sauveur de chaque personne. Mais les parents sont susceptibles d’être touchés par ricochet, si je puis m’exprimer ainsi, bien maladroitement. Car les parcours sont faits pour des enfants et non pour des adultes.

LA RÉVOLUTION COPERNICIENNE DÉSIRÉE

Copernic est l’homme de science qui a révolutionné la cosmologie. Jusqu’à la venue de cet homme sur la terre au XVIème siècle, tout le monde pensait que le soleil tournait autour de la terre. Copernic a prouvé le contraire; il a prouvé que c’est la terre qui tourne autour du soleil et que la terre n’est pas le centre du monde. Ce fut évidemment une énorme révolution.

Mon confrère Gérald Lajeunesse (qui me succédera comme curé à la paroisse dans deux mois) et moi suggérons de vivre un projet pilote qui pourrait en quelque sorte être considéré comme une petite révolution.

Jusqu’à maintenant, la pastorale gravitait autour des enfants. Nous suggérons qu’elle gravite maintenant autour des adultes et qu’elle influence par ricochet les enfants. Ce qui ne veut pas dire que la catéchèse ne serait adressée qu’aux parents. Il y aurait aussi une catéchèse adressée aux enfants. Mais les personnes principalement visées par l’annonce de Jésus Christ seraient les parents. On ne parlerait pas dans un premier temps de « catéchèse » car la catéchèse dans l’initiation chrétienne vient en second. On parlerait de l’annonce kérygmatique: l’annonce de la Personne de Jésus qui est Dieu qui s’incarne en ce monde, vit, meurt et ressuscite pour nous sauver et nous conduire au Père.

Gérald et moi avons tous les deux une vingtaine d’années d’expérience en paroisse. Nous voyons les grands efforts que nos catéchètes et nos RSE (Répondants ou Répondantes au Service à l’Enfance, ministère qui n’existe semble-t-il que dans le diocèse de Montréal) ont déployés depuis des dizaines d’années et nous constatons que le message évangélique ne passe pas vraiment. Il y a du beau qui se vit et du très beau, mais cela s’évanouit avec le temps et ne laisse pratiquement plus de trace. Allez faire un tour dans les églises à partir de la fin du mois de juin et dites-moi combien vous voyez d’enfants québécois de souche et de jeunes parents québécois de souche. Les seuls enfants et les seuls parents que je vois dans mon église de ce temps-ci, viennent d’Haïti ou d’Afrique. Je les ai d’ailleurs félicités et remerciés lors de ma dernière homélie en paroisse (dimanche dernier le 30 juin  dernier). Je leur ai dit que je craignais que les Québécois de souche les contaminent. Et je disais souhaiter que ce soit eux qui influenceraient notre peuple et ramèneraient nos compatriotes à la foi chrétienne. (1)

Remarques :

Depuis le début de la chrétienté, ce sont les adultes qui se sont convertis au Christ et qui ont amenés leurs enfants dans le sillon de la foi chrétienne. La prédication de la Parole de Dieu a toujours été d’abord adressée aux adultes.

Quand j’étais enfant, les premiers qui m’ont parlé de Dieu, ce sont mes parents. Ils ne m’ont pas seulement parlé de Dieu, ils me l’ont montré par leurs gestes et leurs actions. Ils m’ont prouvé que Dieu était important pour eux et je les ai suivis bien volontiers à la messe dominicale.

On souhaite beaucoup de nos jours que les enfants ramènent les parents à la foi chrétienne. C’est un bien pieux souhait, mais cela n’arrive que rarement et presque, je pense, par miracle.

Un enfant qui vit en garde partagée, peut bien vivre un parcours de foi. Mais si les parents ne s’intéressent pas à l’expérience chrétienne que vit leur enfant, la semence de vie divine ne grandira pas. Si un seul des deux parents s’intéresse aux choses de la foi et que l’autre parent est indifférent ou même hostile aux choses de Dieu, l’enfant ne pourra qu’en vivre l’influence et les conséquences. Et la semence pourra difficilement grandir.

Les premiers chrétiens étaient « ASSIDUS À L’ENSEIGNEMENT DES APÔTRES, À LA COMMUNION FRATERNELLE ET À LA FRACTION DU PAIN » (Actes des Apôtres, chapitre 2, verset 42). Notons ici qu’il s’agit des PREMIERS CHRÉTIENS; donc de gens qui ne connaissaient pas beaucoup leur religion puisque c’était les « premiers chrétiens ». On nous dit qu’ils étaient ASSIDUS À L’ENSEIGNEMENT. Que veut dire « être assidus » ? Est-ce que ça veut dire huit rencontres avant Noël et 8 rencontres après Noël ? On sait très bien que dans le terminologie néotestamentaire, l’expression « fraction du pain » désigne l’Eucharistie, spécialement l’eucharistie dominicale. Les premiers chrétiens étaient ASSIDUS À LA FRACTION DU PAIN Est-ce que cela veut dire participer à trois messes avant Noël et trois messes après Noël ????  

Quant à la « COMMUNION FRATERNELLE », le troisième élément caractéristique de la vie des premiers chrétiens, elle ne peut exister qu’entre personnes qui se connaissent, qui se parlent, et qui passent du temps ensemble. Combien de temps ceux et celles qui veulent devenir chrétiens passent-ils dans la communauté chrétienne?

« Les gens n’ont pas le temps ». Voilà l’argument massue qu’on nous présente toujours pour limiter les exigences de la vie évangélique. Je regrette, mais les gens ont souvent du temps pour ce qui les intéresse. Cela, je le vois à tous les jours. À commencer par les programmes à la télé et en poursuivant jusque dans les sports. Ce qui manque, c’est la PERLE RARE, JÉSUS CHRIST, que les gens n’ont pas encore rencontré et qui une fois qu’on l’a rencontré, nous rend heureux et prêts à tout laisser pour le suivre :

« Et laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 11)

« Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle. » (Mt 13, 45-46)

C’est cette perle rare que nous voulons absolument que les gens de notre époque rencontrent. Et pour cela il faut y mettre du TEMPS et de l’ASSIDUITÉ. Et je dirais surtout aujourd’hui, comme il en était pour les premiers chrétiens.


(1) Voir ou entendre la fin de la vidéo ci-dessous. 





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