Copernic en pastorale
Planétarium de Montréal:
Sur la photo de gauche, la statue de Copernic se trouve au-dessus de l'arrangement floral, à droite
Je ne sais pas comment se passe
la pastorale dans votre diocèse et dans votre paroisse. Je ne puis parler
vraiment que du diocèse dans lequel j’œuvre depuis vingt ans : le diocèse
de Montréal.
La pastorale la plus importante
ou du moins qui occupe le plus de temps et d’énergie dans notre paroisse et
probablement dans toutes les paroisses de notre diocèse, est la pastorale
dirigée vers les enfants auxquels on offre ce qu’on appelle ici des
« parcours de foi ». Le but recherché par les parcours est de faire
vivre aux enfants une expérience de Jésus. Le but est de permettre aux enfants
de rencontrer Jésus, de faire l’expérience de sa Personne et de son AMOUR.
Voilà le but.
Dans de nombreuses paroisses, on
incite les parents à participer aux catéchèses dans l’espérance que les parents
aussi soient touchés par la Parole de Dieu et fassent une expérience de Jésus
Christ Sauveur du monde et Sauveur de chaque personne. Mais les parents sont
susceptibles d’être touchés par ricochet, si je puis m’exprimer ainsi, bien
maladroitement. Car les parcours sont faits pour des enfants et non pour des
adultes.
LA RÉVOLUTION
COPERNICIENNE DÉSIRÉE
Copernic est l’homme de science
qui a révolutionné la cosmologie. Jusqu’à la venue de cet homme sur la terre au
XVIème siècle, tout le monde pensait que le soleil tournait autour de la terre.
Copernic a prouvé le contraire; il a prouvé que c’est la terre qui tourne
autour du soleil et que la terre n’est pas le centre du monde. Ce fut
évidemment une énorme révolution.
Mon confrère Gérald Lajeunesse
(qui me succédera comme curé à la paroisse dans deux mois) et moi suggérons de
vivre un projet pilote qui pourrait en quelque sorte être considéré comme une
petite révolution.
Jusqu’à maintenant, la pastorale
gravitait autour des enfants. Nous suggérons qu’elle gravite maintenant autour
des adultes et qu’elle influence par ricochet les enfants. Ce qui ne veut pas
dire que la catéchèse ne serait adressée qu’aux parents. Il y aurait aussi une
catéchèse adressée aux enfants. Mais les personnes principalement visées par
l’annonce de Jésus Christ seraient les parents. On ne parlerait pas dans un
premier temps de « catéchèse » car la catéchèse dans l’initiation
chrétienne vient en second. On parlerait de l’annonce kérygmatique:
l’annonce de la Personne de Jésus qui est Dieu qui s’incarne en ce monde, vit,
meurt et ressuscite pour nous sauver et nous conduire au Père.
Gérald et moi avons tous les deux
une vingtaine d’années d’expérience en paroisse. Nous voyons les grands efforts
que nos catéchètes et nos RSE (Répondants ou Répondantes
au Service à l’Enfance, ministère qui n’existe semble-t-il
que dans le diocèse de Montréal) ont déployés depuis des dizaines d’années
et nous constatons que le message évangélique ne passe pas vraiment. Il y a du
beau qui se vit et du très beau, mais cela s’évanouit avec le temps et ne
laisse pratiquement plus de trace. Allez faire un tour dans les églises à
partir de la fin du mois de juin et dites-moi combien vous voyez d’enfants
québécois de souche et de jeunes parents québécois de souche. Les seuls enfants
et les seuls parents que je vois dans mon église de ce temps-ci, viennent
d’Haïti ou d’Afrique. Je les ai d’ailleurs félicités et remerciés lors de ma
dernière homélie en paroisse (dimanche dernier le 30 juin dernier). Je leur ai dit que
je craignais que les Québécois de souche les contaminent. Et je disais
souhaiter que ce soit eux qui influenceraient notre peuple et ramèneraient nos
compatriotes à la foi chrétienne. (1)
Remarques :
Depuis le début de la chrétienté,
ce sont les adultes qui se sont convertis au Christ et qui ont amenés leurs
enfants dans le sillon de la foi chrétienne. La prédication de la Parole de Dieu a
toujours été d’abord adressée aux adultes.
Quand j’étais enfant, les
premiers qui m’ont parlé de Dieu, ce sont mes parents. Ils ne m’ont pas
seulement parlé de Dieu, ils me l’ont montré par leurs gestes et leurs actions.
Ils m’ont prouvé que Dieu était important pour eux et je les ai suivis bien
volontiers à la messe dominicale.
On souhaite beaucoup de nos jours
que les enfants ramènent les parents à la foi chrétienne. C’est un bien pieux
souhait, mais cela n’arrive que rarement et presque, je pense, par miracle.
Un enfant qui vit en garde
partagée, peut bien vivre un parcours de foi. Mais si les parents ne
s’intéressent pas à l’expérience chrétienne que vit leur enfant, la semence de
vie divine ne grandira pas. Si un seul des deux parents s’intéresse aux choses
de la foi et que l’autre parent est indifférent ou même hostile aux choses de
Dieu, l’enfant ne pourra qu’en vivre l’influence et les conséquences. Et la
semence pourra difficilement grandir.
Les premiers chrétiens étaient « ASSIDUS
À L’ENSEIGNEMENT DES APÔTRES, À LA COMMUNION FRATERNELLE ET À LA FRACTION DU
PAIN » (Actes des Apôtres, chapitre 2, verset 42). Notons ici qu’il
s’agit des PREMIERS CHRÉTIENS; donc de gens qui ne connaissaient pas beaucoup
leur religion puisque c’était les « premiers chrétiens ». On nous dit
qu’ils étaient ASSIDUS À L’ENSEIGNEMENT. Que veut dire « être
assidus » ? Est-ce que ça veut dire huit rencontres avant Noël et 8
rencontres après Noël ? On sait très bien que dans le terminologie
néotestamentaire, l’expression « fraction du pain »
désigne l’Eucharistie, spécialement l’eucharistie dominicale. Les
premiers chrétiens étaient ASSIDUS À LA FRACTION DU PAIN Est-ce que cela
veut dire participer à trois messes avant Noël et trois messes après Noël ????
Quant à la « COMMUNION
FRATERNELLE », le troisième élément caractéristique de la vie des
premiers chrétiens, elle ne peut exister qu’entre personnes qui se connaissent,
qui se parlent, et qui passent du temps ensemble. Combien de temps ceux et
celles qui veulent devenir chrétiens passent-ils dans la communauté chrétienne?
« Les gens n’ont pas
le temps ». Voilà l’argument massue qu’on nous présente toujours
pour limiter les exigences de la vie évangélique. Je regrette, mais les gens
ont souvent du temps pour ce qui les intéresse. Cela, je le vois à tous les
jours. À commencer par les programmes à la télé et en poursuivant jusque dans
les sports. Ce qui manque, c’est la PERLE RARE, JÉSUS CHRIST, que les gens n’ont
pas encore rencontré et qui une fois qu’on l’a rencontré, nous rend heureux et prêts à tout laisser pour le suivre :
« Et laissant tout, ils le
suivirent » (Lc 5, 11)
« Le Royaume des cieux est
comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle. » (Mt 13, 45-46)
C’est cette perle rare que nous
voulons absolument que les gens de notre époque rencontrent. Et pour cela il
faut y mettre du TEMPS et de l’ASSIDUITÉ. Et je dirais surtout
aujourd’hui, comme il en était pour les premiers chrétiens.
(1) Voir ou entendre la fin de la vidéo ci-dessous.
Merveilleuse homélie! Bravo!!!!!
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