Bruno Lantéri et l’adoration
eucharistique
Bruno Lantéri 1759 - 1830
Vous savez probablement
que je suis un Père Oblat de la Vierge Marie. Le fondateur de notre
Congrégation religieuse est le Père Bruno Lantéri.
Quand j’avais une
vingtaine d’années, ce qui m’a attiré à joindre la Congrégation des Oblats
de la Vierge Marie, ce fut de prendre connaissance de la spiritualité du
Père Lantéri. J’ai immédiatement découvert de grandes ressemblances entre ma
vie spirituelle et celle de Bruno Lantéri. Tout comme Bruno Lantéri, j’ai été
attiré et formé par les Exercices spirituels de Saint-Ignace de Loyola; j’avais
aussi développé un grand amour envers la Vierge Marie et comme le Père
Lantéri, j’avais déjà à vingt ans un grand attachement et un grand respect
envers la personne du pape et le Magistère de l’Église catholique. J’ai donc décidé de
m’expatrier en Italie pour voir si le Seigneur m’appelait de toute éternité à
devenir Oblat de la Vierge Marie. Et je suis devenu un fils du Père
Lantéri. De même que nous héritons grandement des gènes de nos parents, de même
nous héritons grandement des gènes spirituels de notre fondateur.
Et les années ont
passé. Ce qui me frappe le plus maintenant dans la spiritualité de notre
fondateur, c’est son immense amour pour Jésus. La spiritualité de Bruno Lantéri
est d’abord et avant tout christologique. Le Père Lantéri a toujours vécu sous
le regard amoureux de Jésus. Il nous a recommandé à nous, ses fils spirituels,
de toujours commencer nos actions en posant un regard d’amour sur Jésus :
« Dans chacune
de leurs actions (les Oblats de la Vierge Marie) ont donc toujours Jésus devant
les yeux; Jésus est toujours leur compagnon et leur modèle. … Ils commenceront leurs actions par un
regard tranquille de foi vers Jésus notre modèle.
… Ils poursuivront leur action en insérant souvent des élans tranquilles
et suaves du cœur vers Jésus. »
(Directoire pour la formation spirituelle des Oblats de la Vierge Marie)
Il est évident pour moi
que cet amour de Jésus, le Père Lantéri l’a acquis en vivant et en donnant
durant toute sa vie les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola.
Le cœur de ces « Exercices » est la méditation amoureuse de la
vie de Notre Seigneur Jésus Christ.
La dévotion mariale du
Père Lantéri était toute tournée vers Jésus :
« Vierge
Sainte, Mère de Dieu et ma Mère, je vous demande deux choses qui me sont
également nécessaires: donnez-moi votre Fils, car il est mon trésor et sans Lui
je suis pauvre; donnez-moi à votre Fils car il est ma sagesse, ma lumière et
sans Lui je suis dans les ténèbres. Tout à Jésus par Marie. Tout à Marie pour
Jésus. »
Il est normal, selon
moi, que l’Oblat de la Vierge Marie vive les étapes spirituelles de son
fondateur. Très tôt dans sa vie, Bruno Lantéri a pris Marie pour Mère aimante; très tôt il a été initié aux Exercices spirituels de saint Ignace et très tôt
il a développé un amour inconditionnel envers le pape, le « doux Christ de
la terre » comme l’appelait sainte Catherine de Sienne. De même, moi, Guy
Simard, assez tôt j’ai vécu ces trois traits caractéristiques de la vie et de
la spiritualité de Bruno Lantéri.
Et le temps a passé
dans la vie de Bruno Lantéri et dans la vie de Guy Simard. À l’âge de 52 ans,
notre fondateur a vécu une grande épreuve et cette épreuve est devenue en
quelque sorte la grâce de sa vie. Soupçonné à juste titre par Napoléon d’avoir
fourni de façon clandestine au pape Pie VII les documents qui lui étaient
nécessaires pour se défendre, le Père Lantéri fut envoyé en exil, en dehors de
la ville de Turin où il exerçait avec zèle son ministère sacerdotal. Cet exil a
duré trois ans. Cantonné dans sa maison de campagne appelée « La
Grangia » éloigné de toute activité apostolique intense, le Père
Lantéri s’est approché de Dieu et a atteint grâce à cette retraite, les plus
hauts degrés de la vie mystique. C’est du moins ce que nous croyons, nous, les
Oblats de la Vierge Marie. La lecture assidue des œuvres de saint Bonaventure, cet
amoureux de Jésus, et surtout les heures d’adoration eucharistique qu’il a
vécues à la Grangia, ont littéralement transformé le cœur de Bruno
Lantéri. Voici ce que raconte Luigi Craveri, compagnon Oblat du Père
Lantéri :
« Il a nourri son
amour pour Dieu par le temps qu’il a passé devant le Saint Sacrement. Et durant
les années qu’il a passées à la Grangia, il a médité profondément sur les
choses de Dieu à travers les écrits de Saint Bonaventure, avec tellement de
saveur et de pénétration qu’il a dit n’avoir jamais connu Dieu autant qu’après
avoir lu ces sublimes écrits; par conséquent, je ne doute pas que son âme ait
atteint les plus hauts niveaux de contemplation, et j’ai vu qu’il pouvait
discerner les degrés et la nature d’une telle prière avec une grande
facilité. »
Confiné à la Grangia,
Bruno a cherché et a obtenu la permission de garder le Saint Sacrement dans sa
chapelle. … Comme il en a été durant toute sa vie, l’Eucharistie a occupé durant les trois ans à la Grangia, une
place centrale dans la vie de prière de Bruno. Craveri en a témoigné : « La vivacité de sa foi brillait sur
son visage durant les longues heures qu’il passait en adoration devant le Saint
Sacrement. C’est là qu’il récitait souvent l’Office Divin, et méditait
longuement. Parfois il me semblait qu’en laissant la porte de sa chambre
ouverte, laquelle chambre était à seulement quelques pas de la chapelle, il restait
constamment dans la présence du Divin Maître. » (1)
Cet amour du Saint-Sacrement et de l’Adoration
Eucharistique que le Père Lantéri a développé et accru durant ses trois années
d’exil à la Grangia, notre fondateur l’a conservé jusqu’à la fin de sa vie. Vers
la fin de sa vie, dans la maison des Oblats à Pinerolo, le Père Lantéri a
donné une fois de plus une grande preuve de son amour pour l’adoration
eucharistique :
« Le très révérend
Père Lantéri était très dévôt au Saint-Sacrement et à cause de cela, il voulut
l’avoir dans la chapelle interne de la maison à Pinerolo, adjacente à sa
chambre; et pour pouvoir l’adorer plus
fréquemment, surtout durant sa maladie, il fit faire une petite fenêtre dans sa
propre chambre, en face de l’autel de la chapelle, et grâce à cette fenêtre, il
pouvait adorer le Saint Sacrement presque continuellement durant sa dernière
maladie puisqu’elle était placée à l’opposé de son lit. » (Positio,
626, Relazione del P. Michele Valmino O.M.V)
« Avant d’aller
dormir, je passais dans sa chambre et je lui demandais s’il voulait quelque
chose. Parfois il acceptait que je lui rende un service, parfois non, mais en
me disant qu’il éprouvait une grande consolation du fait que le pape lui avait
accordé la grâce d’avoir près de lui le Saint-Sacrment. » (Positio, 677, Relazione del Fr. Pietro
Gardetti, O.M.V.)
« Le grand
Serviteur de Dieu, Bruno Lantéri, fondateur de la Congrégation des Oblats de la
Vierge Marie, adressait durant le jour et durant la nuit de fréquentes oraisons
jaculatoires au Saint-Sacrement; une d’entre elles faisait voir tout son amour
pour Jésus et la soif qu’il avait de Lui: « Bone Jesu sitio te ! »
« Bon Jésus j’ai soif de toi ! ». Parfois il répétait plus brièvement
avec les yeux fixés sur le tabernacle : « Sitio ! Sitio ! »
« J’ai soif ! J’ai soif ! » Et parfois il s’adressait à la
Sainte Vierge et il lui faisait cette prière, la prière d’un enfant affamé à sa
Mère : « O Vierge Marie, rassasiez la faim qui me dévore en me
donnant la chair de votre Jésus : Virgo Maria, satia me ! » (G.
M. FULCONIS, L’Ame Sainte, Montreuil-sur-Mer 18913, 192.)
Je crois bien humblement que je suis rendu dans ma vie d'Oblat de la Vierge Marie, à vouloir imiter cet aspect de la vie et de la spiritualité du Père Lantéri: augmenter mon amour et ma dévotion envers l'adoration eucharistique. Je considère que le cadeau le plus précieux que je laisserai à mes paroissiens au terme de mes douze années comme curé de la paroisse Saint-Enfant-Jésus à la Pointe-aux-Trembles dans le diocèse de Montréal et à la veille de mon départ, c'est la magnifique chapelle d'adoration que nous avons inaugurée le 19 avril 2015 et qui est devenue une "chapelle d'adoration en continu de jour " le 25 novembre 2018. Sur semaine, de jour, plus de 50 personnes se succèdent pour adorer Jésus-Eucharistie. Voilà ce qui réjouit vraiment mon coeur de prêtre alors que je m'apprête à céder la cure de la paroisse à mon confrère le Père Gérald Lajeunesse, omv.
Je désire aussi porter à votre attention que la première maison Oblate à avoir été fondée en Amérique du Nord, se trouve à Boston. En 1976, l'archevêque de Boston a confié aux Oblats de la Vierge Marie le Sanctuaire Eucharistique de Boston. C'est là que se trouve notre séminaire aux États-Unis. Il y a deux ans, lors d'un séjour à Boston, j'ai été émerveillé d'apprendre que depuis neuf ans déjà (en comptant les deux années qui ont passé depuis mon dernier voyage à Boston) il y a de l'adoration eucharistique continuelle (de jour et de nuit) en notre demeure qui est toujours le Sanctuaire Eucharistique de Boston. Comme notre fondateur doit être heureux de cela !!!
Je désire aussi porter à votre attention que la première maison Oblate à avoir été fondée en Amérique du Nord, se trouve à Boston. En 1976, l'archevêque de Boston a confié aux Oblats de la Vierge Marie le Sanctuaire Eucharistique de Boston. C'est là que se trouve notre séminaire aux États-Unis. Il y a deux ans, lors d'un séjour à Boston, j'ai été émerveillé d'apprendre que depuis neuf ans déjà (en comptant les deux années qui ont passé depuis mon dernier voyage à Boston) il y a de l'adoration eucharistique continuelle (de jour et de nuit) en notre demeure qui est toujours le Sanctuaire Eucharistique de Boston. Comme notre fondateur doit être heureux de cela !!!
Je demande instamment à notre cher fondateur le Père Bruno Lantéri de prier pour moi afin que Dieu augmente toujours plus en moi le désir et le besoin d'adorer Jésus dans le Saint-Sacrement afin que je puisse dire à mon tour de tout mon coeur: " Bone Jesu sitio te ! "
(1) Timothy M. Gallagher, omv, BEGIN AGAIN, The Life and Spiritual Legacy of Bruno Lanteri, Crossroad, 2013, p. 97.
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