jeudi 9 mai 2019

Obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Actes 5,29)

Obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes (Actes 5, 29)

Le Temps Pascal que nous vivons en ce moment, est le temps le plus beau de l’année liturgique. Profitons-en car il dure 50 jours. Durant ce temps de Pâques, tous les chrétiens devraient demander deux grâces à Dieu :

1- Demander la grâce de faire une expérience du Ressuscité. Demander à Dieu que la présence de Jésus toujours à nos côtés, se rende en quelque sorte palpable; que nous devenions plus conscients que Jésus est l’Emmanuel, le DIEU AVEC NOUS.

2- Demander à Dieu de vivre une nouvelle effusion de l’Esprit Saint. N’attendons pas à la Pentecôte pour demander l’Esprit Saint. Demandons instamment à l’Esprit Saint de venir plusieurs fois en notre cœur durant le Temps pascal y raviver ses dons et ses fruits.

Depuis le lundi de Pâques, les premiers chrétiens nous sont donnés en exemple. Il faut que l’on regarde les premiers chrétiens agir pour connaître et comprendre comment tout chrétien doit agir.

Aujourd’hui, dans la première lecture à la messe, la Parole de Dieu nous donne une phrase extraordinaire prononcée par Pierre et les apôtres au lendemain de la Pentecôte. Alors que les autorités politiques et religieuses de cette époque cherchaient à les empêcher d’annoncer Jésus Ressuscité dans le Temple et les rues de Jérusalem, Pierre et les apôtres leur firent cette réponse admirable : « IL FAUT OBÉIR À DIEU PLUTÔT QU’AUX HOMMES » (Actes 5, 29)

Cette vérité, cette règle de vie est exprimée à deux reprises dans les Actes des Apôtres, dans deux chapitres successifs: le chapitre 4 et le chapitre 5. C’est donc un grand signe de l’importance de cet enseignement.

Au chapitre 4 : 

« Ils disaient : « Qu’allons-nous faire de ces gens-là ? Il est notoire, en effet, qu’ils ont opéré un miracle ; cela fut manifeste pour tous les habitants de Jérusalem, et nous ne pouvons pas le nier. Mais pour en limiter la diffusion dans le peuple, nous allons les menacer afin qu’ils ne parlent plus à personne en ce nom-là. » Ayant rappelé Pierre et Jean, ils leur interdirent formellement de parler ou d’enseigner au nom de Jésus. Ceux-ci leur répliquèrent : « Est-il juste devant Dieu de vous écouter, plutôt que d’écouter Dieu ? À vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. »   Après de nouvelles menaces, ils les relâchèrent, faute d’avoir trouvé le moyen de les punir : c’était à cause du peuple, car tout le monde rendait gloire à Dieu pour ce qui était arrivé. » (Actes 4, 16-21)

Au chapitre 5 :

« La foule accourait aussi des villes voisines de Jérusalem, en amenant des gens malades ou tourmentés par des esprits impurs. Et tous étaient guéris. Alors intervint le grand prêtre, ainsi que tout son entourage, c’est-à-dire le groupe des sadducéens, qui étaient remplis d’une ardeur jalouse pour la Loi. Ils mirent la main sur les Apôtres et les placèrent publiquement sous bonne garde. Mais, pendant la nuit, l’ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison et les fit sortir. Il leur dit : « Partez, tenez-vous dans le Temple et là, dites au peuple toutes ces paroles de vie. » Ils l’écoutèrent ; dès l’aurore, ils entrèrent dans le Temple, et là, ils enseignaient.

Alors arriva le grand prêtre, ainsi que son entourage. Ils convoquèrent le Conseil suprême, toute l’assemblée des anciens d’Israël, et ils envoyèrent chercher les Apôtres dans leur cachot. En arrivant, les gardes ne les trouvèrent pas à la prison. Ils revinrent donc annoncer : « Nous avons trouvé le cachot parfaitement verrouillé, et les gardes en faction devant les portes ; mais, quand nous avons ouvert, nous n’avons trouvé personne à l’intérieur. » Ayant entendu ce rapport, le commandant du Temple et les grands prêtres, tout perplexes, demandaient ce qu’il adviendrait de cette affaire. Là-dessus, quelqu’un vient leur annoncer: « Les hommes que vous aviez mis en prison, voilà qu’ils se tiennent dans le Temple et enseignent le peuple ! » Alors, le commandant partit avec son escorte pour les ramener, mais sans violence, parce qu’ils avaient peur d’être lapidés par le peuple. 

Ayant amené les Apôtres, ils les présentèrent au Conseil suprême, et le grand prêtre les interrogea: « Nous vous avions formellement interdit d’enseigner au nom de celui-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Vous voulez donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ! » En réponse, Pierre et les Apôtres déclarèrent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice. C’est lui que Dieu, par sa main droite, a élevé, en faisant de lui le Prince et le Sauveur, pour accorder à Israël la conversion et le pardon des péchés. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. » Ceux qui les avaient entendus étaient exaspérés et projetaient de les supprimer. » (Actes 5, 16-33)

Dans mon homélie de dimanche dernier, j’ai invité nos paroissiens à lire la lettre pastorale que les évêques du Canada ont écrite en 2012 sur « la liberté de conscience et de religion ».


Voici quelques extraits de cette lettre pastorale :

Ce que comprend la liberté religieuse

No. 5- Chacun « a le droit d’honorer Dieu selon la juste règle de sa conscience (11). » Les autres, ainsi que la société civile, ont le devoir correspondant de respecter le libre épanouissement spirituel des personnes (12). En plus d’être libre de toute contrainte extérieure, chacun doit pouvoir exercer librement le droit de choisir, de professer, de diffuser et de pratiquer sa propre religion en privé et en public. Ce qui comprend la liberté pour les parents d’éduquer leurs enfants selon leurs convictions religieuses et de choisir des écoles qui offrent cette formation. En outre, l’État est tenu de protéger ce droit en l’encadrant sur le plan juridique et administratif, mais aussi de créer un environnement où il puisse s’exercer.  

Les croyantes et les croyants doivent donc pouvoir exprimer publiquement leur identité religieuse, sans subir quelque pression que ce soit pour la cacher ou la masquer. Comme l’a déclaré le Pape Benoît XVI devant l’Assemblée générale des Nations Unies, « il n’est pas imaginable que des croyants doivent se priver d’une partie d’eux-mêmes – de leur foi – afin d’être des citoyens actifs. Il ne devrait jamais être nécessaire de nier Dieu pour jouir de ses droits (13). » Par ailleurs, les croyants doivent aussi reconnaître que « les justes limites à l’exercice de la liberté religieuse doivent être déterminées pour chaque situation sociale avec la prudence politique, selon les exigences du bien commun (14). »

Notes: 

11 Bienheureux Jean XXIII, Pacem in Terris, n° 14.
12 Cf. Bienheureux Jean-Paul II, Message aux pays signataires de l’Acte final d’Helsinki sur la valeur et l’objet de la liberté de conscience et de religion (le 1er septembre 1980), n° 2.
13 Benoît XVI, Discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies (18 avril 2008).
14 Conseil pontifical Justice et Paix, Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n° 422.

Affirmer le rôle qui revient à la religion dans l’arène publique

No.12- Moins flagrante que la persécution violente des croyants, la « dérision culturelle systématique des croyances religieuses », pour reprendre l’expression du pape Benoît XVI25, sévit dans plusieurs régions du monde. Pour les laïcistes radicaux, toute expression de croyance religieuse doit être reléguée dans la sphère privée : ils cherchent donc à priver la religion de la moindre influence sur la société.

Contraindre les croyants à garder pour eux leurs convictions tandis que les athées et les agnostiques ne sont soumis à aucune restriction de cette nature, c’est en fait une forme d’intolérance religieuse. Ce n’est pas la façon de favoriser l’harmonie entre les citoyens d’une société pluraliste libre et démocratique. Une approche qui cherche ainsi à imposer le « caractère privé de la religion » est une manière à peine voilée de restreindre ou de contrôler la liberté des croyants d’exprimer publiquement leurs convictions. Les tentatives pour restreindre à la « sacristie » l’expression de la foi religieuse et la limiter à certaines initiatives de justice sociale doivent être regardées comme une grave restriction d’un droit garanti. Jamais il n’aura été plus nécessaire pour les chrétiens engagés d’agir et d’intervenir publiquement dans la sphère de leur vie professionnelle. À l’heure précisément où plusieurs voudraient exclure les croyants d’une pleine participation aux institutions fondamentales de la société, il faut réclamer le droit de participer.

Protéger le droit à l’objection de conscience

No.16- Les personnes qui entendent suivre leur conscience et agir en conséquence doivent parfois résister, jusqu’à l’héroïsme même, aux directives de l’État, d’un tribunal ou d’un employeur qui tente de se substituer à leur conscience en les contraignant à agir contre leurs convictions en matière de foi et de mœurs. En l’occurrence, la liberté de conscience signifie que la personne a le droit de suivre, selon ce qu’elle comprend de son devoir, la volonté de Dieu et sa loi.

Le Catéchisme de l’Église catholique formule clairement ce principe. « Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile. Le refus d’obéissance aux autorités civiles, lorsque leurs exigences sont contraires à celles de la conscience droite, trouve sa justification dans la distinction entre le service de Dieu et le service de la communauté politique. “Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu” (Mt 22, 21). “Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” (Ac 5, 29) (35). » Par exemple, il n’est jamais permis à un catholique d’appuyer le droit à l’avortement ou à l’euthanasie. En fait, l’avortement et l’euthanasie sont « des crimes qu’aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s’y opposer par l’objection de conscience (36). » Comme il s’agit ici de liberté de conscience, le droit à l’objection de conscience doit être protégé par la loi pour toute profession où les principes essentiels du droit naturel sont violés « gravement et de façon répétée (37). »

No.17- Il est souvent difficile de faire valoir son droit à l’objection de conscience. Il s’agit de résister avec courage à ceux et celles qui prônent ou exigent des actes contraires à la voix de sa conscience. Ceux qui ne veulent pas se faire complices des exigences d’une loi immorale doivent être prêts à faire les sacrifices nécessaires pour défendre la vérité et à vivre avec la souffrance qui s’ensuivra. « En effet, face aux nombreuses difficultés que la fidélité à l’ordre moral peut faire affronter même dans les circonstances les plus ordinaires, le chrétien est appelé, avec la grâce de Dieu implorée dans la prière, à un engagement parfois héroïque (38). »

Notes: 

35 Catéchisme de l’Église catholique, n° 2242; voir n° 2256.
36 Bienheureux Jean-Paul II, Evangelium Vitae, n° 73.
37 Conseil pontifical Justice et Paix, Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n° 400.
38 Bienheureux Jean-Paul II, Veritatis Splendor, n° 93.

Questions pour un partage: Connaissez-vous ou avez-vous connu (personnellement ou par personne interposée) des chrétiens qui n’ont jamais eu peur de témoigner de leur foi? 

Vous considérez-vous comme une personne qui a de l’audace pour témoigner de sa foi ?


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire