mercredi 15 mai 2019

Jeanne Le Ber et la Vierge Marie (1)

Jeanne Le Ber et la Vierge Marie (1)
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                                                              Jeanne Le Ber (1662 - 1714)

Note: Le présent blogue est la première partie d'un blogue en deux parties. Si vous lisez le blogue ci-dessous, je vous encourage fortement à lire le blogue suivant qui en est la suite. La ressemblance entre le miracle que vous lirez dans la deuxième partie et le miracle biblique raconté dans la première partie, vous sautera aux yeux. 

Il est malheureux que nous connaissions si peu notre histoire. Car l’histoire de Montréal est avant tout à mes yeux une « HISTOIRE SAINTE ». Montréal a été fondé par un grand chrétien et une grande chrétienne: Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance. Ces deux géants de notre histoire ont eu comme filleule Jeanne Le Ber, l’illustre « Recluse de Montréal ». Jeanne, était, aux dires de tous d’une beauté exceptionnelle et de plus, de par ses parents, elle était très riche. C’était donc la candidate idéale pour un mariage. Mais Jeanne a suivi la voie exceptionnelle et exigeante que Dieu lui a tracée. Je suis heureux de vous parler, en ce mois de Marie, d'une des plus grandes héroïnes de notre histoire.   

Recluse

« À 18 ans, ses parents l’autorisent à vivre en recluse dans la maison familiale. Ainsi, complètement retirée du monde, ne parlant presque jamais, elle ne quitte sa chambre que pour aller à la messe. À 33 ans, elle s’isole davantage : le 5 août 1695, elle quitte sa famille et se retire dans la maison de la Congrégation de Notre-Dame où Marguerite Bourgeoys et ses sœurs l’accueillent avec grande joie. Là, elle poursuit sa réclusion dans un minuscule appartement adossé au sanctuaire de la chapelle. » (1) Et ce, jusqu’à sa mort, à l’âge de 52 ans.  

Il y a des miracles dans la Bible, qui m’ont toujours étonné. Un de ces miracles se trouve dans le livre des Chroniques (Deuxième livre des Chroniques chapitre 20, versets 1 à 30). Ce passage est assez long; je vais donc le résumer. Josaphat, le roi de Juda, est pris de panique car de très nombreux ennemis viennent l’attaquer. Il s’agit des fils de Moab, des fils d’Ammone et des Méounites. Josaphat décide de consulter Dieu. L’Esprit du Seigneur vient s’emparer d’un lévite nommé Yahaziel et le fait prophétiser en ces termes :

« Ne craignez pas, ne vous effrayez pas devant cette foule immense ; car ce combat n’est pas le vôtre, mais celui de Dieu. Demain, descendez vers eux ; voici qu’ils arrivent par la montée de Ciç; vous les trouverez à l’extrémité du ravin près du désert de Yerouël. Mais là, vous n’aurez pas à combattre ; restez sur place et prenez position ; vous verrez comment le Seigneur va vous sauver. Juda et Jérusalem, ne craignez pas, ne vous effrayez pas: demain, sortez à leur rencontre, le Seigneur sera avec vous. » (2 Ch 20, 16-17)

« De grand matin, ils se levèrent et partirent pour le désert de Teqoa. À leur départ, Josaphat, debout, s’écria : « Écoutez-moi, gens de Juda et habitants de Jérusalem. Ayez confiance dans le Seigneur votre Dieu, et vous tiendrez; ayez confiance en ses prophètes, et vous réussirez. » Après avoir pris conseil du peuple, il mit en place des hommes qui chantaient le Seigneur et louaient la splendeur de sa sainteté. Précédant la troupe, ils disaient: « Rendez grâce au Seigneur, éternel est son amour! » Au moment où ils entonnaient l’acclamation et la louange, le Seigneur tendit une embuscade aux fils d’Ammone, de Moab et de la montagne de Séïr, qui marchaient contre Juda. Ceux-ci furent battus. Les fils d’Ammone et de Moab se dressèrent contre les habitants de la montagne de Séïr pour les vouer à l’anathème et les anéantir. Puis, lorsqu’ils en eurent fini avec les habitants de Séïr, ils s’entraînèrent les uns les autres à se détruire. Les gens de Juda parvinrent au promontoire d’où l’on a vue sur le désert, et ils se tournèrent vers la foule : elle n’était plus que cadavres gisant à terre, et pas un survivant ! (2 Ch 20, 20-24) Aucune arme n'a été employée par le peuple de Dieu pour se défaire de ses ennemis. 

Extraordinaire, n’est-ce pas? Eh bien quelque chose de semblable s’est produit chez nous au début de la colonie.

« Lors de l’été 1709, les Montréalais  apprennent à la fois la présence de l’armée du général anglais Nicholson au bord du lac Champlain et l’arrivée imminente d’une expédition navale par l’estuaire du Saint-Lauent. La population entière s’inquiète. Notamment les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame qui craignent, comme tous, de voir l’ennemi s’emparer de leur ferme et de leurs récoltes.

Une sœur alerte Jeanne qui ne s’émeut pas et assure « que la Sainte Vierge aurait soin de ce pays, qu’elle ne permettrait pas que ses ennemis y vinssent (car elle) est gardienne de cette ville. Nous ne devons rien craindre. » La sœur insiste. Jeanne rédige alors une prière sur une image de la Vierge :

« Reine des anges, notre Souveraine et notre très chère mère, vos filles de la Congrégation confient à vos soins la garde de leurs métairies. Elles espèrent de votre bonté que vous ne souffrirez pas que vos ennemis touchent au partage de celles qui sont sous votre protection et qui mettent toute leur confiance en Vous Seule. »

Les sœurs clouent l’image et sa prière sur la porte de leur grange de la Pointe-Saint-Charles. Une partie des habitants de Montréal et des alentours s’empresse alors de faire apporter à Jeanne une image « afin qu’elle leur fit le plaisir d’écrire dessus quelque prière de sa main ». Manifestement, on la considère comme une sainte à miracles. Ce qui lui déplaît profondément. Elle refuse de se prêter au manège. Les voisins volent l’image des sœurs, recopient la prière et chacun l’affiche sur sa propre porte. Jeanne en est quitte pour en refaire une autre à l’intention de la Congrégation de Notre-Dame.  

« À la fin de l’hiver 1711, les Britanniques mobilisent leurs énergies terrestres et maritimes en un nouvel effort pour se rendre maîtres du Canada par les armes. L’amiral Walker rassemble une flotte de quatre-vingt-huit vaisseaux et douze mille hommes. Le général Nicholson commande presque trois mille soldats et sept cents Iroquois. Averti – d’en « bas » - au printemps par les colons d’Acadie et – d’en « haut » - par les Amérindiens alliés, Vaudreuil, le gouverneur général de Nouvelle-France se met en état de résister, bien qu’il ne dispose que d’à peine cinq mille hommes. Il fortifie Québec.

À Montréal, Ramezay donne des ordres à tous les habitants des alentours. Qu’ils se tiennent sur leurs gardes, prêts à partir pour aller au-devant des ennemis, à pied, à travers bois, dès qu’on les saurait en marche vers la ville. Des « découvreurs » sont envoyés du côté de l’estuaire. On attend le siège de Québec pour la mi-juillet. Le mouvement des militaires est continuel dans toute la vallée laurentienne pendant quatre mois.

Au début août, on apprend que Walker a fait escale à Boston le 25 juin précédent. Le 30 juillet, il a quitté ce port pour se diriger vers Québec.

Pendant toutes ces alarmes, les prières sont généralisées à travers la Nouvelle-France, autant dans les paroisses que dans les communautés religieuses. On jeûne, on se donne la discipline en commun, on invoque la Sainte Vierge, saint Joseph et les anges. On récite des neuvaines, on assiste à des messes. Hommes et femmes n’hésitent pas à suivre les processions pieds nus et corde au cou. Pour éviter « le danger d’être sous la domination des Anglais », on prononce des vœux héroïques. Des femmes de Montréal promettent de ne pas danser pendant un an. (2)

(suite au prochain blogue)


Découvrez Jeanne Le Ber, la première recluse en Amérique du Nord! ... À 33 ans, elle s'isole davantage : le 5 août 1695, elle quitte sa famille et se retire dans la ...

(2) Françoise Deroy-Pineau, Jeanne le Ber, La Recluse au coeur des combats, Éditions Bellarmin, 2000, pp. 144-146.


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