Jean Vanier: l’Eucharistie
don de Dieu par excellence
Je dédie ce blogue à mon bon ami Nicholas Tubio qui a
aujourd’hui même 19 ans. Bonne fête cher
Nicholas ! Ton amour pour Jésus m’émerveille. Tu cours à l’église de notre
paroisse les dimanches matins pour venir participer à la messe. Tu aimes
tellement Jésus et Jésus t’aime tellement.
Jean Vanier, qui est décédé le 7 mai dernier, a donné l’enseignement
ci-dessous dans la ville de Québec, ma ville natale, le 16 juin 2008, lors du Congrès
Eucharistique International (CEI). Vous pouvez entendre et voir cet enseignement en cliquant sur le lien ci-dessous. Malheureusement, il manque le début de l'enseignement. Mais cette vidéo est aussi disponible sur YouTube, avec là aussi quelques petits défauts dans la qualité de la transmission.
Il y a 6 jours - Téléversé par Webtélé ECDQ
Le grand Jean Vanier est décédé ce mardi 7 mai 2019. Pour lui rendre hommage
Vous pourrez lire en entier le texte écrit de Jean Vanier en consultant la note au bas de ce blogue (1). J'ai choisi certains passages en pensant surtout à mon ami Nicholas. C’est moi qui ai mis certaines phrases en
caractères gras. Je l’ai fait en pensant à mon ami Nicholas.
L’EUCHARISTIE:
LE DON DE DIEU PAR EXCELLENCE
Lundi, 16 juin 2008 :
Témoignage
Monsieur Jean Vanier
Fondateur de l’Arche
Monsieur Jean Vanier
Fondateur de l’Arche
Nos
communautés de l’Arche, qui réunissent des personnes fragilisées par un
handicap mental et des personnes qui ont choisi de vivre avec elles, veulent
être le signe que l’amour est possible, elles veulent être des communautés de
paix et d’unité. J’ai le privilège de vivre ainsi depuis près de 44 ans la mission
de Jésus : annoncer une Bonne Nouvelle aux pauvres et aux méprisés et les
libérer de l’oppression du rejet et du mépris en les aidant à découvrir qu’ils
sont aimés comme ils sont, qu’ils sont précieux, qu’ils ont leur place dans la
société et dans l’Église.
Nos sociétés
sont marquées par une culture de compétition où quelques-uns gagnent, beaucoup
perdent et plus encore sont victimes. Une culture qui magnifie les forts, les
beaux et les capables tend à rejeter les plus faibles et les plus vulnérables.
Comment créer une culture d’accueil où chacun soit accueilli et honoré et
trouve un lieu d’appartenance où il puisse développer ses capacités et ses dons
et grandir vers une liberté et une autonomie plus grandes? N’est-ce pas là
notre défi – nous qui sommes disciples de Jésus?
J’aimerais
vous parler d’Éric. Nous l’avons rencontré à l’hôpital psychiatrique à 40 km de
notre communauté. Il était sourd, muet, incapable de marcher, il souffrait d’un
lourd handicap mental. Je n’avais jamais rencontré un jeune avec autant
d’angoisse. Il avait été abandonné par ses parents, qui étaient désemparés
devant un enfant dont le corps et l’intelligence étaient si profondément
blessés. Mais Éric, comme chacun de nous, avait un coeur et un coeur blessé par
le rejet. Ne se sentant
pas aimé, il ne se sentait pas aimable.
On comprend
la souffrance des parents, mais il faut comprendre aussi la souffrance de ceux
et celles qui sentent qu’ils sont une déception et un poids pour leurs parents
et pour la société, qui ne se sentent pas accueillis ni aimés tels qu’ils sont.
Éric n’avait
pas seulement besoin de professionnels capables et généreux qui l’aident. Il avait soif
d’une relation authentique, d’une communion des coeurs qui lui révèlent sa
valeur, son importance, son amabilité et sa beauté profonde. L’amitié et la
communion des coeurs ne sont pas la même chose que la générosité. Dans la
générosité, je garde l’initiative, je décide de ce que je donne. L’amitié,
elle, implique une certaine égalité; nous devenons frères et soeurs, présents
et vulnérables les uns aux autres.
Cette vie de
relation transforme les Érics, qui découvrent qu’ils sont aimés, respectés et
appréciés tels qu’ils sont. Ils peuvent alors avancer dans la vie et se
développer au plan humain et spirituel. Mais ceux qui vivent avec eux et
deviennent leurs amis sont eux aussi transformés. Ils découvrent la culture de
l’accueil et du respect de chaque personne, quelles que soient ses capacités ou
incapacités, quelles que soient sa religion ou sa culture.
Eux qui
viennent souvent d’une culture de compétition, où chacun tend à s’enfermer sur
lui-même, soucieux de sa propre réussite, découvrent leur vulnérabilité et les
liens d’humanité qui unissent tous les hommes et les femmes de la terre. Ils
découvrent que l’amour et la paix sont possibles à travers cette ouverture aux
autres; nous ne sommes pas tous voués aux conflits, au rejet et au mépris des
personnes plus faibles et différentes.
Après une conférence sur les personnes avec un
handicap que j’avais donnée en Syrie, le grand mufti d’Alep s’est levé pour me
remercier. Il a dit : « Si j’ai bien compris, les personnes avec
un handicap nous conduisent vers Dieu ». Ces paroles sont au coeur de
l’Évangile.
Il y a quelques années, un petit garçon avec un
handicap faisait sa première communion dans une église de Paris. Après l’Eucharistie,
il y avait une fête de famille. L’oncle, qui était aussi le parrain de l’enfant, dit à
la maman: « Quelle était belle cette
liturgie! Mais comme c’est triste qu’il n’ait rien compris ». L’enfant a entendu
ces paroles et les yeux pleins de larmes, a dit à sa maman : « Ne t’inquiète pas maman, Jésus m’aime comme
je suis. » Cet enfant avait une sagesse que l’oncle n’avait pas encore: que
l’Eucharistie est le don de Dieu par excellence. Ce jeune est le témoin que la
personne avec un handicap – parfois lourd – trouve vie, force et consolation
dans et à travers la communion eucharistique.
N’y a-t-il pas là un appel que toute l’Église doit
entendre? À l’Arche et à Foi et Lumière nous avons l’expérience que si nous
sommes attentifs aux besoins les plus profonds des personnes avec un handicap,
nous pouvons discerner leur désir de communion au moment de l’Eucharistie. N’y
a-t-il pas caché dans leur cri pour la communion des coeurs un cri pour la
communion avec Jésus dans l’Eucharistie?
Dans l’Évangile, Jésus dit que le royaume de Dieu est
comme un repas de noces. Il raconte une parabole où les gens bien insérés dans
la société refusent l’invitation à ce repas. Le maître de maison, blessé par ce refus, dit à ses
serviteurs d’aller chercher « les pauvres, les estropiés, les infirmes et les
aveugles », (Lc 14), c'est-à-dire tous les marginaux. Il les convie tous au
banquet de l’amour. Saint Paul dit que Dieu a choisi ce qu’il y a de fou et de
faible dans le monde, les plus méprisés pour confondre les puissants et les
sages. Nous découvrons cela tous les jours à l’Arche. La simplicité des faibles
est étonnante, leur cri pour la relation touche profondément nos coeurs.
Bien sûr, Dieu nous aime tous, les riches et les
puissants comme les pauvres et les faibles; mais les personnes faibles et
vulnérables qui ont soif de relations et d’une communion des coeurs sont plus
ouvertes à notre Dieu de la relation et de l’amour. Ceux et celles qui
cherchent avant tout le pouvoir et la réussite humaine peuvent facilement
négliger cet appel à l’amour.
Dans le 6e chapitre
de l’évangile de saint Jean, Jésus se révèle non seulement comme le Christ
généreux et puissant, mais comme le Fils de Dieu vulnérable et aimant, qui nous
offre le don de son amitié. Il a soif de vivre une communion de coeur avec
nous. Ce chapitre commence avec Jésus qui est suivi par une grande foule de
ceux qui ont été témoins des guérisons qu’Il a accomplies. Jésus, plein de
bonté et de compassion, est touché par cette foule de pauvres gens fatigués et
affamés. Il les fait asseoir et multiplie les pains et les poissons. Tous sont
ravis, rassasiés, reposés. Ils veulent faire de Jésus un roi et on les comprend.
Mais Jésus
s’échappe, car Il ne veut pas être simplement le Messie qui fait du bien. Il
veut entraîner ses disciples plus loin. Il veut leur faire découvrir le sens
profond, non seulement de sa vie et du mystère de l’incarnation, mais aussi de
leurs vies, de nos vies. Après cette
multiplication des pains, Il révèle qu’Il n’est pas juste venu pour donner un
pain de la terre, mais pour donner un pain du ciel, un pain qui donne la Vie
éternelle. Ce pain n’est
pas seulement le Pain de la Parole de Dieu, c’est sa personne même, son corps
et son sang : le don de Dieu par excellence. Jésus révèle
que ceux qui « mangent son corps et boivent son sang demeurent en Lui et Lui
demeure en eux ».
La foule des
disciples est choquée. Ils veulent bien d’un Jésus généreux qui fait des
miracles, mais ils ne sont pas prêts à accueillir un Jésus qui désire demeurer
en eux et auquel il est nécessaire de donner une place de plus en plus grande
dans leurs coeurs. Saint Thomas définit l’amitié en disant que deux amis
demeurent l’un dans l’autre. Le mot clé de l’amitié c’est « demeurer ». Les
deux amis ont alors les mêmes désirs, les mêmes pensées, la même espérance, ils
sont un, l’un dans l’autre.
Manger le
corps de Jésus, boire son sang à l’Eucharistie, ce n’est pas juste une grâce
pour le moment de la communion. C’est le signe que Jésus désire nous appeler à
une communion des coeurs, qu’il désire être l’ami de chacun, vivre en chacun.
Cette amitié est offerte à tous, les plus petits comme les plus grands, les
enfants et les personnes avec de lourds handicaps.
C’est bien
pour cela que la communion eucharistique – signe de la communion de nos coeurs
avec le coeur de Jésus – est le don de Dieu par excellence. Elle trouve son
prolongement et son accomplissement dans notre désir de vivre une réelle
présence auprès de tous nos frères et soeurs et spécialement les plus pauvres
et les plus rejetés. La mission de Jésus d’annoncer une Bonne Nouvelle aux
pauvres et de vivre en communion avec eux est la mission de tous les amis de
Jésus.
Pouvons-nous
oser espérer qu’un des fruits de ce congrès eucharistique sera que nous
découvrions tous le sens profond de ce don de l’amitié de Jésus dans sa
présence réelle dans l’Eucharistie – et que nous cherchions tous à vivre une
présence réelle auprès des personnes faibles et rejetées?
Paul écrit (1
Cor 12) que les personnes les plus faibles dans l’Église, celles qui sont les
moins présentables et que l’on cache, sont indispensables à l’Église et doivent
être honorées.
Devenir l’ami
des pauvres n’est plus alors une option serait-elle préférentielle; c’est le
sens même de l’Église. Les pauvres, avec leur cri pour la relation, nous
dérangent et nous bousculent. Si nous les écoutons, ils éveillent nos coeurs et
nos intelligences pour qu’ensemble nous formions l’Église, le corps du Christ,
source de compassion, de bonté et de pardon pour tous les êtres humains.
Et j’ose évoquer une autre
espérance : que le corps et le sang de Jésus réellement présent dans
l’Eucharistie puissent être source, non plus de division entre tous les
baptisés, mais d’unité entre eux, afin que le monde croie dans l’amour
libérateur de Jésus. (1)
Ainsi se terminent les extraits de l'enseignement que Jean Vanier a donné à Québec en 2008. Je désire maintenant vous partager un autre fait merveilleux:
Où est Jésus ?
Au mois de mars dernier, j’ai vécu la session internationale
de l’École
d’Évangélisation Saint-André (ÉÉSA). Il s’agissait de la session « Maranatha ». Le prédicateur était
monsieur Dexter Alejandro Reyes, venu du Mexique où il est l’adjoint du fondateur
de l’ÉÉSA. Durant cette session, M. Reyes nous a raconté un très beau fait.
Dans son pays, une maman dont le jeune adolescent était handicapé
intellectuellement, voulait que son jeune puisse faire sa première communion.
Elle en parla au curé de sa paroisse qui ne savait pas trop quelle réponse
donner à la mère. Il a donc suggéré ceci : « Emmenez-moi votre enfant
à l’église tel soir, et je vérifierai l’état de ses connaissances. » Avant que
la mère et l’enfant n’arrivent à l’église, le prêtre exposa le Saint-Sacrement sur l’autel. Arrivent la
mère et le jeune adolescent. Après les avoir saluer, le prêtre dit au jeune :
« J’aimerais que tu me dises où est Jésus dans cette église. ».
Le jeune homme se mit à se promener un peu partout dans l’église. À un moment
donné, il s’arrête devant un grand tableau qui représentait Jésus. Il le
regarde assez longuement. Ensuite il se dirige vers le Saint-Sacrement exposé et reste
quelque temps devant l’ostensoir. Après quelques minutes, il dit au prêtre en
pointant le tableau qu’il avait contemplé : « On dirait bien que Jésus est là; mais il n’est pas là. » Ensuite
il pointe l’ostensoir qui contenait l’hostie consacrée et il dit au prêtre :
« On dirait bien que Jésus n’est pas
là, mais Il est là. »
(1)
Le grand Jean Vanier est décédé ce mardi 7 mai 2019. Pour lui rendre hommage , nous vous partageons ses ...
Au revoir Jean Vanier! Sa présence à Québec au CEI2008. | ECDQ.tv
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