Jeanne Le Ber et la Vierge Marie (2)
Jeanne Le Ber (1662 - 1714)
(suite du blogue précédent)
« … À Montréal, le
commandant des forces armées n’est autre que Charles Lemoyne de Longueuil,
l’aîné des cousins germains et le fondé de pouvoir de Jeanne. Il fait
confectionner par sa cousine Marguerite Lemoyne, c.n.d., un étendard avec
lequel il attendra les Anglais à la frontière. Pierre Leber peint une image de
la Vierge et Jeanne y écrit une prière:
« Nos ennemis
mettent leur confiance dans leurs armes, mais nous mettons la nôtre au nom de
la Reine des Anges, que nous invoquons. Elle est terrible, comme une armée
rangée en bataille: sous sa protection, nous espérons vaincre nos
ennemis. »
Et l’on attend
fébrilement. Au début de l’été 1711, un brouillard plane de longues semaines
sur l’estuaire du Saint-Laurent. Rien ne se passe, sinon qu’un très fort vent
de nord-est s’élève.
… à la mi-septembre
1711, Vaudreuil est averti par ses éclaireurs de l’estuaire que l’armée anglaise
est à 80 lieues de Québec. L’alarme redouble. Vaudreuil envoie des hommes sur terre
et sur mer. Arrivés à l’île aux Œufs, un spectacle de désolation les attend.
Les rivages sont jonchés de cadavres d’hommes, de femmes, d’enfants, de vaches,
cochons, moutons et chiens. Les épaves de plusieurs gros navires brisés gisent
entre deux eaux. Que s’est-il passé?
L’explication parviendra
plus tard. Le 18 août, la flotte de Walker se trouve bel et bien à l’entrée du
Saint-Laurent. Des vents violents soufflent, d’abord du nord-ouest, puis du
sud-est. La brume épaisse rend la navigation presque impossible. La flotte est
entraînée du côté nord de la rive jusqu’à l’île aux Œufs où, la nuit du 22 août
1711, huit navires s’échouent. Près de 900 personnes périssent noyées. Deux
jours plus tard, Walker décide de retourner à Boston. Il perd encore quatre
bateaux à la hauteur du Cap-Breton. Comble de malchance pour lui: le
vaisseau amiral explose avec plus de quatre cents hommes à bord, à son retour à
Porthmouth.
Pendant ce temps,
Charles Lemoyne de Longueuil marche avec sa modeste troupe de quelques
centaines d’hommes, bannière de Jeanne en tête, à la rencontre des trois mille
soldats et sept cents Iroquois commandés par Nicholson … qui se sont
volatilisés, car ce général anglais a décidé à nouveau de rebrousser chemin en
apprenant le désastre survenu à la flotte de son compatriote.
Le plupart des colons de
Nouvelle-France, comme Marie Morin, attribuent cette déroute de l’envahisseur
britannique à un bienfait de la Providence, ardemment priée par tous en cette
circonstance. Mais monsieur de Belmont, le premier biographe de Jeanne Leber,
qui ne doute pas de la sainteté de son héroïne, qu’il connaît bien, ne prête ce
bienfait qu’aux prières de Jeanne. Il estime qu’il s’agit, ni plus ni moins, du
« plus grand miracle qui soit arrivé
depuis le temps de Moïse et où la Sainte Vierge renouvela celui qu’elle avait
fait vingt ans auparavant ». Ce qui nous reporte à peu près en octobre
1690, lorsque l’amiral Phips et son immense armée avaient subi un échec lors de sa
tentative pour prendre Québec.
Il n’en reste pas moins
que la discrète personnalité de Jeanne a impressionné beaucoup de monde. Son
silence, sa pauvreté, sa chasteté volontaires et ses pénitences diffusent
mystérieusement une confiance collective inestimable, évoquant l’image de
sainte Geneviève protégeant Paris contre les Huns. » (1)
Remarques personnelles: Tout comme pour l'éclatant miracle biblique raconté dans le blogue précédent (2 Ch 20, 20-24), aucune arme n'a été utilisée pour vaincre l'ennemi. Seules la puissance et la Miséricorde de Dieu ont décimé et dispersé l'adversaire, aussi nombreux soit-il.
Nous ne saurons qu’au ciel qui, du peuple qui a vécu au temps de Jeanne ou de monsieur de Belmont, a raison quant à la véritable cause de cette victoire. Mais je tends à penser que c'est l'interprétation des événements faite par M. de Belmont qui est la bonne. Je pense aussi que ce sont le prières et les sacrifices que Jeanne a faits durant toute sa vie de recluse, qui ont obtenu ce miracle éclatant, digne du récit biblique mentionné ci-dessus.
Nous ne saurons qu’au ciel qui, du peuple qui a vécu au temps de Jeanne ou de monsieur de Belmont, a raison quant à la véritable cause de cette victoire. Mais je tends à penser que c'est l'interprétation des événements faite par M. de Belmont qui est la bonne. Je pense aussi que ce sont le prières et les sacrifices que Jeanne a faits durant toute sa vie de recluse, qui ont obtenu ce miracle éclatant, digne du récit biblique mentionné ci-dessus.
Un des éléments qui me font croire
cela, c’est le fait que Jeanne, pour contrer les attaques de l’ennemi, a mis
toute sa confiance en la Sainte Vierge Marie et a invité les colons de l’époque
à faire de même. Or, si vous relisez le texte ci-dessus, vous remarquerez que
la débandade de la flotte de l’amiral Walker a débuté le 22 août 1711. Or le 22
août est la fête liturgique de Marie
Reine. Or dans la prière que Jeanne a composée à cette occasion, c’est le
vocable de Reine qu’elle attribue à la Vierge Marie:
« Reine des anges, notre Souveraine et notre très chère mère, vos filles de la Congrégation confient à vos soins la garde de leurs métairies. Elles espèrent de votre bonté que vous ne souffrirez pas que vos ennemis touchent au partage de celles qui sont sous votre protection et qui mettent toute leur confiance en Vous Seule. »
« Reine des anges, notre Souveraine et notre très chère mère, vos filles de la Congrégation confient à vos soins la garde de leurs métairies. Elles espèrent de votre bonté que vous ne souffrirez pas que vos ennemis touchent au partage de celles qui sont sous votre protection et qui mettent toute leur confiance en Vous Seule. »
« Nos ennemis mettent leur confiance dans
leurs armes, mais nous mettons la nôtre au nom de la Reine des Anges, que nous
invoquons. Elle est terrible, comme une armée rangée en bataille : sous sa
protection, nous espérons vaincre nos ennemis. »
Selon moi, la vie de Jeanne,
tout imprégnée d’union à Dieu, spécialement à Jésus dans le Saint-Sacrement et dédiée à la prière,
au travail et à la mortification a été le paratonnerre qui a protégé Montréal et la Nouvelle-France pendant que cette grande dame vivait sur notre
sol. De même, je crois personnellement que la vie des Recluses Missionnaires qui vivent tout près de chez nous, est le
paratonnerre qui nous protège des fléaux et calamités ainsi que des attaques du
démon.
(1) Françoise Deroy-Pineau, Jeanne le Ber, La Recluse au coeur des combats, Éditions Bellarmin, 2000, pp. 144-146.
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