jeudi 30 novembre 2023

30 novembre : saint André, apôtre

 30 novembre : saint André, apôtre

Statue de Saint André dans la Basilique Saint-Pierre, à Rome
sculpteur : François Duquesnoy

Aujourd'hui, c'est fête dans l'Église. Nous célébrons la fête de saint André, apôtre et martyr. Cet apôtre est souvent représenté mourant sur une croix en forme de X ou debout devant une telle croix, car il serait mort crucifié sur une croix ayant cette forme. 

On dit souvent que saint André est le "premier appelé", le "premier disciple". C'est vrai oui et non. De fait il a été appelé à suivre Jésus en même temps qu'un autre disciple. C'est saint Jean, dans le premier chapitre de son évangile qui nous parle de l'appel des deux premiers disciples. Il semble bien que ce soit lui, saint Jean, le second disciple qui était avec André ce jour-là et qui s'est mis à suivre Jésus. 

Après avoir passé une journée seulement auprès de Jésus, André va trouver son frère Simon, qui deviendra l'apôtre Pierre et lui dit : " Nous avons trouvé le Messie" - ce qui veut dire : Christ " (Évangile selon saint Jean, chapitre 1, verset 41). Remarquez qu'André ne dit pas "J'ai trouvé le Messie" mais "Nous avons trouvé le Messie." Il admet donc avoir été appelé par Jésus en même temps que quelqu'un d'autre. La vie chrétienne est essentiellement une vie communautaire. La magnifique prière du "Notre Père" que Jésus nous a apprise,  n'est pas au singulier, mais au pluriel. Un chrétien qui prie le Notre Père, ne prie pas seulement pour lui-même mais pour tous les chrétiens et chrétiennes du monde entier.  

Vers une vision pastorale :  

Hier, j'ai une fois de plus essayer de coucher sur papier des idées concernant la vision pastorale que devrait se donner nos paroisses. Cela fait des mois que notre équipe pastorale travaille sur ce point et nous avons hâte d'accoucher de la vision que Dieu attend de nous. 

J’ai toujours entendu dire que la vision que se donne une paroisse devrait idéalement être personnalisée, c’est-à-dire le reflet de ce qui est caractéristique à la paroisse en question ;  dans le cas présent : caractéristique de nos deux paroisses.  

Or il y a une caractéristique qui saute aux yeux en nos paroisses. Les deux pasteurs de nos paroisses, le curé et son vicaire (en l'occurence, moi), ont la même vision sur le point suivant : nous ne voulons plus donner de sacrement à des personnes qui n'ont pas été évangélisées. Cela vaut pour les pesonnes qui demandent des sacrements pour elles-mêmes, mais aussi pour les parents qui demandent le baptême pour leurs enfants. Je ne prétends pas que nous ayons raison de penser ainsi ; l’avenir le dira. Mais c’est vraiment ce qui caractérise au plus haut point la vision des deux pasteurs de nos communautés.

Ces dernières années, j’ai vécu de grandes souffrances en donnant le baptême à des enfants dont les parents n’étaient chrétiens que de noms et sur papier. Dans l'état actuel de la situation au Québec, je suis incapable désormais de poser des questions aussi sérieuses que celles qu’on pose aux parents, au parrain et à la marraine juste avant de baptiser l'enfant. Nous demandons à ces quatre personnes s'ils croient au Père éternel, à son Fils Jésus Christ, à l'Esprit Saint, à la Résurrection, à l'Église, au pardon des péchés, à la vie éternelle. Je ne suis plus capable de poser ces questions parce que je ne suis plus capable d'entendre les réponses que je reçois. À toutes ces questions, j'entends normalement comme réponse un faible : "Je crois". Mais je sais très bien que dans 95% des cas cette réponse est inexacte et fausse. Cela ne prend pas la tête à Papineau pour savoir cela. Les jeunes adultes n'ont reçu pratiquement aucune formation religieuse depuis qu'ils sont nés. Comment pourraient-ils croire à tout cela. Et ces questions que pose le prêtre ou le diacre juste avant le baptême, ce ne sont pas des questions simplement théoriques. Ce sont des questions qui visent la pratique. En répondant oui à ces questions, la personne devrait pouvoir aussi nous dire ce que cela produit dans sa vie, ce que cela change dans sa vie.        

Je ne suis plus capable de vivre cela. C’est rendu viscéral pour moi. Je me sens hypocrite et complice d’une mascarade. Et je suis sûr que nous ne rendons pas service à Jésus et à son Église de perpétuer une telle pratique.  

S’il est vrai qu’une vision pastorale est quelque chose de très personnalisée, alors selon moi la vision pastorale de nos paroisses pourrait s’énoncer ainsi :

« Nous voulons faire tout notre possible pour former des disciples de Jésus avant de sacramentaliser. »

Je suis aller voir sur le web si le mot « sacramentaliser » était français et j’ai trouvé la citation ci-dessous qui est très intéressante :  

§  Ainsi la controverse qui a eu cours et qui existe encore à savoir s’il faut évangéliser avant de sacramentaliser, ne semble pas tellement fondée en regard de ces perspectives sociologiques et institutionnelles. — (Luc Bouchard, L’initiation sacramentelle des enfants, impasse ou signe d’espérance ?, 1996, page 160)

Autrement dit, cette façon de voir ne semble pas encore acceptée sociologiquement et par les autorités religieuses.

Je sais que l’énoncé de vision que je viens de formuler ne semblera pas très entraînant et enthousiasmant pour certains de nos paroissiens et paroissiennes. Je connais des gens qui sont au service de nos communautés depuis plusieurs années et qui ne veulent rien savoir de notre vision concernant le baptême des petits enfants.  Mais l’important est que la grande majorité de nos paroissiens adhèrent à la vision. Il faudra sûrement l'intervention du Saint Esprit pour que la majorité de nos paroissiens adhèrent à cette vision mais je crois que cela vaut le coup d'essayer. Si nous perpétuons le "statu quo", nous foncerons dans un mur. Il faudra sûrement aussi expliquer davantage et plus souvent notre point de vue aux paroissiens et paroissiennes. Mais je crois sincèrement que nos principaux collaborateurs et collaboratrices sur le plan pastoral sont en accord avec nous sur cette vision, du moins pour la majorité d’entre eux. Si cette vision correspond aux vues de l'Esprit Saint pour notre temps, il se chargera sûrement de faire adhérer la majorité de nos paroissiens et paroissiennes à cette nouvelle façon de voir et de faire.  

Jésus a formé ses apôtres durant trois ans, à raison de sept jours par semaine, avant de leur donner un sacrement : leur première communion. Ce qui importait pour Jésus, c’était de former ses apôtres et ses disciples, de leur montrer comment se mettre à sa suite, comment vivre comme lui, avec lui et en lui.

Quant aux conversions et baptêmes hâtifs que le Nouveau Testament nous présente, ils possèdent tous une caractéristique essentielle : les personnes qui se sont faites baptiser dans le « Actes des apôtres » croyaient toutes que Jésus étaient leur Sauveur, qu’il était ressuscité et donc bien vivant avec eux et pour eux. Les jeunes adultes du Québec d'aujourd'hui n'ont pas cette foi. Or LES SACREMENTS SONT LES SACREMENTS DE LA FOI. De plus, comme le dit Georges, notre curé : "Autre temps, autres moeurs". Ce qui était peut-être valable il y a deux mille ans, n'est pas nécessairement adéquat aujourd'hui. 

Certains diront que je juge ces jeunes adultes. Je ne les juge pas comme tel ; je juge les faits. Je sais très bien que ce n’est pas de leur faute s’ils n’ont pas la foi chrétienne, bien que baptisés.  

Cet énoncé de vision est tout à fait dans la ligne de la découverte qu’a faite notre équipe pastorale il y a un an. Après une journée de travail et de discernement dans le but de découvrir notre vision pastorale, tout le groupe a été d’accord pour dire que la phrase de Jésus à Pierre après la résurrection, est vraiment au cœur de ce que nous désirons comme vision. Jésus ressuscité a dit à Pierre sur les rives du Lac de Tibériade :  

« TOI, SUIS-MOI ! » (Jn 21, 22)

Ces mots veulent dire : « Toi, ne regarde pas ce que font les autres, ce que croient les autres, mais essaie de me connaître, de m’aimer et de m’imiter." Chaque chrétien doit suivre Jésus du mieux qu'il peut c'est-à-dire l'imiter du mieux qu'il peut. C'est cela la sainteté à mes yeux. 

Quelqu'un pourrait se demander : "Pourquoi le Père Guy nous parle-t-il de tout cela aujourd'hui, en la fête de Saint André ?"

J'avoue que cela peut paraître surprenant. Je ne pensais pas que j'allais écrire tout cela aujourd'hui. Mais dans le fond, c'est une très bonne journée pour ouvrir mon coeur sur cette question. Le grand mandat missionnaire que Jésus nous a laissé le jour de son Ascencion au ciel, c'est de faire des disciples. Tout ce que je désire, c'est de devenir un meilleur disciple de Jésus. Et je pense que tel devrait être le désir de toute personne baptisée. Or nous fêtons aujourd'hui un des deux premiers disciples à avoir répondu à l'invitation de Jésus à le suivre. Je demande donc à saint André de m'aider à être disciple de Jésus et de m'aider à trouver les meilleurs moyens de conduire des gens à choisir Jésus comme Maître, ou, autrement dit, à être ses disciples. C'est Jésus qui les formera par son Esprit Saint et qui les sanctifiera. 

SAINT ANDRÉ, PRIEZ POUR NOUS !


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