Le
dimanche de la joie
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Homélie, dimanche de la joie, 16 décembre 2018
Au milieu du temps de l'Avent et au milieu du temps du Carême, nous vivons un dimanche sous le signe de la joie. Le dimanche d'aujourd'hui a pour nom: Gaudete et le dimanche de la mi-Carême se nomme: "Laetare". Ces deux verbes latins sont une invitation à nous réjouir. En ce dimanche si près de Noël, nous sommes invités à
échanger le violet comme couleur liturgique pour la couleur rose. La joie étant mon « désir le plus profond » (1), je
porte avec fierté la chasuble et l’étole roses aux deux dimanches de l’année où
cela est possible. Ce sont d’ailleurs deux paroissiens (une paroissienne et un paroissien) qui m’ont fait ces cadeaux liturgiques.
Aujourd'hui, la Parole de Dieu à la messe ne nous invite pas seulement à nous réjouir; elle nous "commande" de nous réjouir.
Dans la première lecture, le prophète Sophonie nous dit:
Pousse des cris de joie, fille de Sion !
Éclate en ovations, Israël !
Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie,
fille de Jérusalem !
Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi,
il a écarté tes ennemis.
Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi.
Tu n’as plus à craindre le malheur. (So 3, 14-18a)
Éclate en ovations, Israël !
Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie,
fille de Jérusalem !
Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi,
il a écarté tes ennemis.
Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi.
Tu n’as plus à craindre le malheur. (So 3, 14-18a)
Et dans la deuxième lecture, saint Paul nous dit:
Frères,
soyez toujours dans la joie du Seigneur ;
je le redis : soyez dans la joie.
Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes.
Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, (Ph 4, 4-6)
soyez toujours dans la joie du Seigneur ;
je le redis : soyez dans la joie.
Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes.
Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, (Ph 4, 4-6)
MADAME GEORGETTE BLAQUIÈRE ET LA JOIE CHRÉTIENNE:
En ce jour dédié à la joie chrétienne, je désire vous faire connaître un magnifique texte de madame Georgette Blaquière. Toutes les phrases de ce texte sont importantes, selon moi.
Dans son livre intitulé "L'Évangile de Marie ", madame Blaquière commente le premier mot que Marie a entendu de la bouche de l'archange Gabriel, le jour de l'Annonciation. Le mot grec utilisé par saint Luc pour citer la première parole de l'ange, est: " Kaïré ". Madame Blaquière a été professeure de grec et elle connaît très bien la Bible. Voici ce qu'elle écrit:
" Réjouis-toi..."
Voilà donc cette jeune fille dans sa maison. Que faisait-elle ? Je n'en sais rien. Vous pouvez l'imaginer, mais l'Évangile ne le dit pas. " L'ange entra chez elle et lui dit: " Réjouis-toi, comblée de grâce." (Lc 1,28) "Réjouis-toi", le premier mot de la nouvelle alliance, le premier mot du premier matin du monde nouveau, mot annoncé par les prophètes, hérauts du Messie, criant devant Lui pour annoncer sa venue: " Réjouis-toi Jérusalem ! Jubilez à cause d'elle, vous tous qui l'aimez. Soyez remplis d'allégresse à cause d'elle, vous tous qui portiez son deuil " (Is 66, 10). " Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton Roi vient à toi ! (Za 9,9). " Pousse des cris de joie, fille de Sion ! une clameur d'allégresse Israël ! Réjouis-toi, triomphe de tout ton coeur, fille de Jérusalem ! " (So 3,14)
Le mot grec " kaïré ", " réjouis-toi ", n'est pas à traduire ici par " bonjour " ou " salut ". Il n'est pas l'équivalent du " shalom " " la paix ". C'est vraiment dans tout le contexte de la tradition juive, le "réjouis-toi" messianique, le premier mot que Dieu adresse au monde en l'adressant à Marie au jour enfin venu : Dieu nous ordonne de nous réjouir. Nous le recevons chaque matin de plein fouet au début de l'office liturgique de l'Église: " Venez, adorons le Seigneur, crions de joie pour Dieu notre Sauveur ".
Posons-nous la question: est-ce que nous nous réjouissons de Dieu ? Où en sommes-nous de la joie du salut? Parce qu'enfin nous sommes baptisés, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ, le salut est venu, il nous a été offert et si nous l'accueillons, nous sommes des sauvés !...
Cette joie-là, plus forte que tout, devrait tout engloutir, à tout moment. Où en suis-je de ma joie?
Certes, Marie n'a pas crié de joie tout au long de sa vie. Mais la joie l'a habitée sans cesse, fût-elle douloureuse. La joie qui s'enracine dans la foi que Dieu sauve, que Dieu est là, cette joie est offerte à tout croyant, en tout temps: tous les matins quand je me lève, le salut de Dieu m'a précédé. Le Sauveur est là, pour cette journée. Est-ce que je l'accueille dans la joie ou dans l'indifférence ?... Ne devrais-je pas, tous les matins, être émerveillé de ce que Dieu est venu me sauver et sauver le monde! Je devrais le proclamer et le crier !
Oui, mais en tout temps ? Quel que soit le poids d'épreuve ? Non, je ne peux pas. Mon fardeau est si lourd que je ne peux pas. Et c'est vrai qu'humainement je ne peux pas, mais l'Esprit en moi le peut. " Le fruit de l'Esprit Saint, c'est la joie " et la liberté (Ga 5, 22). Alors, aujourd'hui, je vais essayer de me mettre devant mon Dieu, mon Dieu vivant et vrai, livré pour moi, demeurant au coeur de ce monde dans la Présence eucharistique, caché mais vivant, dans son anéantissement et dans sa gloire. Je vais me mettre devant Lui et je vais Lui dire: " Mon Dieu, réjouis-moi, donne-moi ta Joie ". Le moment où Jésus a parlé de livrer sa Joie à ses apôtres (" afin qu'ils aient en eux ma Joie en sa plénitude" (Jn 17,13), le moment où Jésus a osé parler de "la plénitude de sa Joie", c'est une demi-heure avant Gethsémani... Quelques heures avant sa douloureuse Passion, Il a osé dire qu'Il nous laissait en héritage la plénitude de la Joie. Le mot " joie " revient neuf fois dans le discours après la Cène, sur les lèvres de Jésus... Le premier mot de l'Annonciation sera un des derniers de Jésus: la plénitude de la Joie...
Si nous " avions le foi ", nous nous réjouirions, non pas certes de la souffrance, mais de ce que le salut va plus loin que le mal, plus loin que la souffrance, plus loin que la mort : Christ est venu, Christ reviendra, Christ est là, Il est toujours offert, même s'Il n'est pas reçu... " Il est venu chez les siens et les siens ne l'ont pas reçu "(Jn 1,11). Malgré cela, Il n'est pas remonté aux cieux mais Il reste offert... car " le don de Dieu est sans repentance." (Ro 11,29). À moi de l'accueillir aujourd'hui et de me réjouir de Lui.
Tiré de: Georgette Blaquière, L'Évangile de Marie, Éditions du Lion de Juda, 1986, pp. 20-22.
(1) Dieu ma joie: Le désir le plus profond
dieumajoie.blogspot.com/2011/06/le-desir-le-plus-profond.html
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