mercredi 26 décembre 2018

Homélie de la nuit de Noël 2018

Homélie de la nuit de Noël 2018 

Chers amis, à Noël, nous pouvons célébrer quatre messes différentes : la messe de la Vigile, célébrée au coucher du soleil, la messe de la nuit, la messe de l'aurore et la messe du jour. En paroisse cette année, j'ai célébré la messe de la nuit et la messe du jour. L'évangile de la messe de la nuit nous présente l'humanité de Jésus, avec le récit de la naissance de l'Enfant-Dieu à Bethléem, au côté de Marie et de Joseph. L'évangile de la messe du jour, nous présente l'autre nature de Jésus, sa nature divine, en nous faisant lire le fameux Prologue de Jean (Jn 1, 1-18). 

Mes deux homélies de Noël ont gravité sur la dualité " ténèbres et lumière ", si présente dans la Bible et si éclairante aussi.  Voici donc, l'essence de mon homélie de la nuit de Noël : 

Chers paroissiens et paroissiennes, RÉJOUISSONS-NOUS; OUI, RÉJOUISSONS-NOUS !

Cette invitation à la joie, ce sont des anges venus du ciel qui l’ont adressée à de simples bergers. Or cette invitation, elle nous est faite à nous aussi :

« Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » (Lc 2, 10-11)

Voilà la cause de notre joie, de notre très grande joie : « AUJOURD’HUI NOUS EST NÉ UN SAUVEUR QUI EST LE CHRIST, LE SEIGNEUR. »

Il est très beau cet enfant qui git dans la crèche. Mais l’important c’est de connaître la personnalité de cet enfant qui est né il y a 2000 ans. Pour connaître la personnalité de cet enfant, la Parole de Dieu de ce soir nous éclaire.

Le prophète Isaïe nous dit dans la première lecture :

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9, 1)

On ne comprend rien au mystère qui se vit ce soir, si on ne réalise pas que le peuple qui vit en ce moment à Montréal et partout dans le monde, est un peuple qui marche dans les ténèbres.

Les ténèbres ici, ce ne sont pas la noirceur de la nuit, la noirceur que l’on peut constater en ce moment à l’extérieur de cette église, noirceur qu’éclaire quelques lumières et quelques lampadaires. Cette noirceur-là, on est capable de la maîtriser, de la combattre, de l’éliminer. Le génie humain est de plus en plus capable d’éclairer le monde physique.

Mais la noirceur dont parle la Parole de Dieu transmise par le prophète Isaïe, est d’un tout autre ordre. Cette noirceur, elle est intérieure à nous; ces ténèbres, elles sont en nous. Quand le prophète Isaïe dit que le peuple marche dans les ténèbres, il aurait pu dire et il aurait peut-être dû dire, en un sens, que le peuple traîne ces ténèbres avec lui, en lui, partout où il va.

La deuxième lecture de ce soir, tirée de la lettre de saint Paul à Tite, nous aide à comprendre un peu de quelles ténèbres parle le prophète Isaïe.

« Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde » (Tt 2, 11-12)

Ici saint Paul mentionne seulement deux péchés : l’impiété et la convoitise. Mais ces deux mots comprennent de nombreux péchés: l’impiété est avant tout le manque de révérence envers Dieu. C'est le péché premier et fondamental  de tous ceux qui ne veulent pas croire en Dieu. Mais c’est le fait aussi de toute personne qui commet un péché car le péché est en son essence, une offense faite à Dieu; tout péché consiste à manquer de foi et d’amour envers Dieu. En ce sens, tout péché est la manifestation de l'impiété qui habite le coeur de chaque être humain.  

L'impiété

Lors de l'homélie de Noël, je n'ai pas insisté sur l'importance du mot impiété dans la Bible, et en particulier chez saint Paul. Mais un blogue est propice à de tels développements. En préparant mon homélie, j'ai découvert que le mot impiété traduit le mot grec " asebeia ". Asebeia en grec, signifie: manque de révérence envers Dieu ou mépris de Dieu. Voici ce que le Père Raniero Cantalamessa écrit dans son livre sur la Lettre aux Romains, alors qu'il commente Romains 1, 18-23

" Pour saint Paul, le péché fondamental, l'objet principal de la colère divine, c'est l'asebeia, c'est-à-dire l'impiété. En quoi consiste exactement l'impiété? Il l'explique aussitôt, en disant qu'elle consiste dans le refus de glorifier (doxazein) et de remercier (eucharistein) Dieu. Autrement dit, dans le refus de reconnaître Dieu comme Dieu, de lui attribuer la considération qui lui est due. Elle consiste, pourrions-nous dire, dans le fait d' "ignorer " Dieu, non pas dans le sens "de ne pas savoir qu'il existe", mais dans celui de "faire comme s'il n'existait pas"...  Réduit à son germe originaire, le péché consiste dans le refus de cette "reconnaissance"; c'est la tentative, de la part de la créature, d'effacer, de sa propre initiative, par arrogance, la différence infinie qu'il y a entre elle et Dieu. Le péché s'attaque, ainsi, à la racine même des choses; il "étouffe la vérité" et tente de tenir la vérité captive de l'injustice. C'est quelque chose de beaucoup plus ténébreux et de plus terrible que ce que l'homme peut dire ou imaginer. Si le monde savait, en réalité, ce qu'est le péché, il en mourrait d'épouvante." (1)

La convoitise: 

La convoitise quant à elle, se retrouve dans de nombreux domaines: le désir de posséder de la richesse, qui entraîne au vol, à la duplicité, au parjure, à la corruption. La convoitise c’est aussi le fait de désirer les biens de l’autre, la femme de l’autre et de considérer l’autre comme un objet qui puisse me satisfaire. Tout cela se passe dans le cœur de l’homme et dans sa conscience. Tout cela pollue l’être humain. Or l’être humain est-il condamné à vivre sa vie avec cette pollution interne qui le détruit, qui détruit ses relations avec les autres, qui détruit même la planète? Non, nous ne sommes pas condamnés à vivre avec ce fardeau sur notre conscience. Il y a quelqu’un qui peut nous laver et libérer de tout cela: Jésus Christ, notre Sauveur, Jésus, Dieu fait homme. C’est ce que nous dit la fin de la deuxième lecture de ce soir:

« Jésus s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. » (Tt 2, 14)

Oui, RÉJOUISSONS-NOUS car nous les chrétiens, nous connaissons le divin médecin de nos âmes, de nos consciences. Le seul être qui puisse nous laver intérieurement, au plus profond de nous. Aucun être humain peut faire cela. Seul Dieu et Dieu fait homme peut faire cela.

Jésus aujourd’hui naît pour nous. On va le voir grandir durant l’année liturgique, on le voir agir et nous serons invités à entrer dans sa vie, à nous nourrir de sa vie: à nous nourrir de son Corps et de son Sang; à écouter sa Parole et à La faire entrer en nous. Car Jésus veut vivre en nous.

Il y a une très belle prière durant le temps de l’Avent. On demande à Dieu de faire en sorte que tous ceux et celles qui se prosterneront devant l’Enfant de Bethléem, puissent communier à la vie d’un tel Rédempteur. C’est ce que je vous souhaite de tout cœur en ce Noël 2018.


(1) Raniero Canalamessa, La vie dans la Seigneurie du Christ, Les Éditions du Cerf, 1990,  p. 35. 



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