Jésus, juge miséricordieux
Le Jugement dernier, détail de la fresque sur la coupole de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence. Fresques, exécutées par Giorgio Vasari et Federigo Zuccaro (Wikipédia).
« Dieu n’a pas envoyé son
Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par
lui » (Jn 3, 17).
Le présent blogue est dû à une phrase du pape François dans son exhortation apostolique Gaudete et exultate, sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel, au numéro 151. Le pape a écrit cette phrase étonnante: " Nous ne devons pas apprivoiser la puissance du visage du Christ » [113]." J'avoue que cette phrase m'est apparue très bizarre. Il me semble que s'il y a un visage que l'on devrait tous apprivoiser, c'est bien celui de Jésus. Quand j'entends le verbe "apprivoiser", je pense instinctivement au Petit prince de Saint-Exupéry. Dans cette oeuvre magistrale, le petit prince rencontre un jour un renard et le renard lui dit: " Apprivoise-moi ! "; et ce sera le début d'une belle amitié. Alors comment peut-on dire que " nous ne devrions pas apprivoiser la puissance du visage du Christ ".
Devant cette difficulté, la première chose à faire, c'est aller voir le texte d'où cette phrase est tirée. La note 113 nous dit que ces paroles, le pape les avait déjà prononcées le 10 novembre 2015 à Florence, lors du discours qu'il a prononcé aux participants au cinquième congrès de l'Église italienne. Je suis donc allé sur le site du Saint-Siège et j'ai été voir à la rubrique " discours du pape François ", pour trouver le discours qu'il a prononcé le 10 novembre 2015. En lisant ce discours, j'ai compris d'après le contexte, que le verbe "apprivoiser" n'avait pas été très bien choisi. Il aurait mieux valu dire qu'on ne doit jamais " s'habituer à la puissance du visage du Christ " car cette puissance est toujours nouvelle.
Cette petite recherche m'a permis de découvrir un très beau discours du pape et de voir pour la première fois de ma vie des images du Jugement dernier peint sur la coupole de la cathédrale de Florence. Le pape, au début de son discours, mentionne un très beau détail concernant cette oeuvre d'art:
" Chers frères et sœurs,
Dans la coupole de cette
très belle cathédrale est représenté le Jugement dernier. Au centre, il y a
Jésus, notre lumière. L’inscription qui se lit au sommet de la fresque
est Ecce Homo. En regardant cette coupole, nous sommes attirés vers
le haut, tandis que nous contemplons la transformation du Christ jugé par
Pilate dans le Christ assis sur le trône du juge. Un ange lui apporte l’épée,
mais Jésus n’a pas recours aux symboles du jugement; au contraire, il soulève
la main droite en montrant les signes de la passion, car Il « s’est livré en
rançon pour tous » (1 Tm 2, 6). « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour
juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). " (1)
Voici d'autres extraits de ce magnifique discours:
" Dans la lumière de ce
juge de miséricorde, nos genoux se plient en adoration, et nos mains et nos
pieds se revigorent. Nous pouvons parler d’humanisme uniquement à partir de la
centralité de Jésus, en découvrant en Lui les traits du visage authentique de
l’homme. C’est la contemplation du visage de Jésus mort et ressuscité qui
recompose notre humanité, même celle qui est fragmentée par les vicissitudes de
la vie, ou celle qui est marquée par le péché. Nous ne devons pas apprivoiser
la puissance du visage du Christ. Le visage est l’image de sa transcendance.
C’est le misericordiae vultus. Laissons-nous regarder par Lui.
Jésus est notre humanisme. Soyons toujours préoccupés par sa question: « Mais
pour vous, leur dit-il, qui suis-je? » (Mt 16, 15).
En regardant son visage, que voyons-nous? Tout d’abord, le visage d’un Dieu « vidé », d’un Dieu qui a revêtu la condition de serviteur, humilié et obéissant jusqu’à la mort (cf. Ph 2, 7). Le visage de Jésus est semblable à celui de tant de nos frères humiliés, réduits en esclavage, vidés. Dieu a revêtu leur visage. Et ce visage nous regarde. Dieu — qui est « l’être qui surpasse tout ce que la pensée peut concevoir de plus grand », comme le disait saint Anselme, le Deus semper maior de saint Ignace de Loyola — devient toujours plus grand que lui-même en s’abaissant. Si nous ne nous abaissons pas, nous ne pourrons pas voir son visage. Nous ne verrons rien de sa plénitude si nous n’acceptons pas que Dieu se soit vidé. Et par conséquent, nous ne comprendrons rien de l’humanisme chrétien et nos paroles seront belles, cultivées, raffinées, mais elles ne seront pas des paroles de foi. Ce seront des paroles qui résonnent dans le vide." (1)
En regardant son visage, que voyons-nous? Tout d’abord, le visage d’un Dieu « vidé », d’un Dieu qui a revêtu la condition de serviteur, humilié et obéissant jusqu’à la mort (cf. Ph 2, 7). Le visage de Jésus est semblable à celui de tant de nos frères humiliés, réduits en esclavage, vidés. Dieu a revêtu leur visage. Et ce visage nous regarde. Dieu — qui est « l’être qui surpasse tout ce que la pensée peut concevoir de plus grand », comme le disait saint Anselme, le Deus semper maior de saint Ignace de Loyola — devient toujours plus grand que lui-même en s’abaissant. Si nous ne nous abaissons pas, nous ne pourrons pas voir son visage. Nous ne verrons rien de sa plénitude si nous n’acceptons pas que Dieu se soit vidé. Et par conséquent, nous ne comprendrons rien de l’humanisme chrétien et nos paroles seront belles, cultivées, raffinées, mais elles ne seront pas des paroles de foi. Ce seront des paroles qui résonnent dans le vide." (1)
En lisant ce discours, j'ai découvert que le deuxième chapitre de l'exhortation Gaudete et exultate, qui porte sur deux ennemis de la sainteté, à savoir le gnosticisme et le pélégianisme, avait sa source dans ce discours du pape prononcé à Florence.
(1) Visite pastorale - Florence : Rencontre avec les participants au Ve Congrès de l'Église italienne (Cathédrale Santa Maria del Fiore, 10 novembre 2015) (Vidéo)
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