Homélie 17ème dimanche,
année B
Nous avons entendu aujourd’hui le récit de la
multiplication des pains selon saint Jean. Nous connaissons tous cet épisode de
la vie de Jésus. Une chose qui est utile dans notre vie de chrétien, c’est de
faire des comparaisons entre les évangiles. Ces comparaisons nous permettent de
voir différents points de vue.
Car les évangélistes nous présentent les événements de
façon différente. Éric-Emmanuel Schmitt aime beaucoup les évangiles. Selon lui, et selon beaucoup d'autres personnes aussi, le fait
qu’il y ait des différences entre les quatre évangiles, et même des
contradictions, est une grande preuve de leur authenticité et de leur véracité. Car quelqu’un
qui veut monter un complot et même une histoire, s’arrange pour que tout soit « clean », que tout soit bien organisé et qu’il n’y ait rien qui « cloche ».
Les évangélistes ne se sont pas préoccupés de cela, et c’est un très bon signe, nous
dit Schmitt.
L’évangéliste Jean est particulièrement différent des
trois autres évangiles qu'on appelle communément les "évangiles synoptiques". Saint Jean veut montrer que Jésus est le Seigneur, le
grand Roi, le Roi de l’univers, le roi de majesté. Par exemple, quand les
évangiles synoptiques parlent de l’arrestation de Jésus, ils donnent certes un signe de la majesté de Jésus car il remet en place l’oreille du soldat nommé Malchus,
qui avait été coupée par saint Pierre. Mais dans saint Jean, la royauté de Jésus
est beaucoup mieux et beaucoup plus signalée. Par exemple, quand Jésus demande aux soldats qui sont venus l’arrêter :
« Qui cherchez-vous? », les
soldats répondent : « Jésus
le Nazaréen ». Jésus leur dit alors: « C’est moi, je le suis ». Et à ces mots, les soldats reculèrent et
tombèrent à terre (Jn 18, 6). De même, dans l’évangile d’aujourd’hui, on note une
grande différence entre l’évangile de Jean et les évangiles synoptiques: en
Jean, Jésus agit seul. Dans les évangiles synoptiques, Jésus voyant la foule,
dit aux disciples : « Donnez-leur
vous-mêmes à manger. » Jésus multiplie les pains, mais ce sont les
disciples qui distribuent la nourriture. Ici rien de cela. C’est Jésus lui-même
et tout seul, qui nourrit la foule. Il semble qu’on veuille montrer un autre
aspect de Jésus : c’est Jésus et Jésus seul qui sauve le monde :
11 Alors Jésus prit les pains,
et, après avoir rendu grâce,
il les distribua aux convives ;
il leur donna aussi du poisson, autant qu'ils en voulaient.
12 Quand ils eurent mangé à leur faim,
il dit à ses disciples :
« Rassemblez les morceaux en surplus,
pour que rien ne se perde. » (Jn 18, 11-12)
et, après avoir rendu grâce,
il les distribua aux convives ;
il leur donna aussi du poisson, autant qu'ils en voulaient.
12 Quand ils eurent mangé à leur faim,
il dit à ses disciples :
« Rassemblez les morceaux en surplus,
pour que rien ne se perde. » (Jn 18, 11-12)
J’avoue que sur ce point, je préfère la façon de dire
des synoptiques. Jésus a besoin de nous pour nourrir la foule. J’aime voir cette
foule nombreuse dans les évangiles, qui aime Jésus, qui a soif de sa Parole. Jésus
les entretenait pendant des heures et les gens buvaient ses paroles. À tel point,
qu’on oubliait même de manger et que Jésus devait se préoccuper non seulement
de nourrir leurs âmes, mais aussi leurs corps. Aujourd’hui, nous ne voyons pas
un tel enthousiasme et un tel engouement pour entendre et écouter la Parole de Dieu. Mais la plupart du temps il arrive dans la vie des gens, des événements qui font en sorte qu'ils se posent les vraies questions de l'existence; un moment où dodo, auto, boulot, ne suffisent plus, un moment où ils sentent qu’ils n’en peuvent plus, qu’ils sont épuisés
psychologiquement et spirituellement. C’est alors qu’ils ont besoin d’entendre une
Parole qui vient de Dieu. Mais qui va leur donner cette Parole de la part de
Dieu? Normalement, ce sont les disciples de Jésus qui vont faire cela. Mais
pour que les disciples de Jésus puissent nourrir les gens qui ressentent une faim
spirituelle, il faut qu’ils soient eux-mêmes abondamment nourris de la Parole de
Dieu. On ne donne pas ce qu’on n’a pas.
J’ai la conviction que dans les évangiles, on peut
trouver toutes les réponses aux questions et aux objections que les gens ont
contre la religion et la foi. C’est une de mes convictions profondes. Mais
encore faut-il connaître très bien les évangiles, toutes les paroles de Jésus.
Encore aujourd’hui, c’est Dieu qui fait la plus grande part : Il nous
donne sa Parole en abondance. C’est à nous d’aller y puiser pour répondre aux
aspirations profondes de nos contemporains.
Nourrissons-nous de l’évangile, de toutes les Paroles
de Jésus. Car nos contemporains, pour une grande part, ne sont pas prêts à se
nourrir du Pain eucharistique, mais ils sont très souvent en attente du Pain qu’est
la Parole de Dieu.
Seigneur, fais de nous de fidèles témoins de ta
Parole; qu’elle prenne chair en nous afin qu’on puisse la partager avec joie et
assurance.
Votre homélie de ce jour rejoint l'expérience que j'ai vécue...que nous avons vécue dans l'Aventure de l'Évangile. Il faut longtemps se coller à la Parole de Dieu pour avoir faim de Jésus Eucharistie. À preuve, c'est après cinq ans d'existence qu'ensemble, à l'Aventure de de l'Évangile, nous avons vécu "Quand la parole devient Pain".
RépondreSupprimerL'extrait suivant de votre homélie traduit bien ce que ce je viens d'affirmer:
Nourrissons-nous de l’évangile, de toutes les Paroles de Jésus. Car nos contemporains, pour une grande part, ne sont pas prêts à se nourrir du Pain eucharistique, mais ils sont très souvent en attente du Pain qu’est la Parole de Dieu.
Merci chère amie de lire si régulièrement mes blogues. Vous n'êtes jamais en retard, c'est le moins qu'on puisse dire. Je nous souhaite de connaître toujours plus la Parole de Dieu et d'en vivre plus intensément.
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