L’orgueil: grand obstacle à l’amour
« Être charitable, c’est avoir été blessé de la
blessure de l’autre. » (Abbé Pierre, Les
pensées)
Notre pape François nous a écrit dernièrement une
exhortation sur l’appel à la sainteté
dans le monde actuel (1). J’aime beaucoup
les mots « dans le monde actuel ». Le pape a vraiment les deux pieds
ancrés dans la réalité. Dans son exhortation, François (comme il aime lui-même se présenter), nous dit d’ailleurs que « le
christianisme est principalement fait pour être pratiqué, et s’il est objet de
réflexion, ceci n’est valable que quand il nous aide à incarner l’Évangile dans
la vie quotidienne » (Gaudete et exultate, no. 109).
Dans le quatrième chapitre de son exhortation, le pape
donne cinq caractéristiques de la sainteté dans le monde actuel. La première
caractéristique que le pape mentionne et développe montre de façon assez
extraordinaire à mes yeux que L’ORGUEIL EST LE GRAND OBSTACLE À L’AMOUR ET À LA
VIE FRATERNELLE. Il est très facile pour moi de constater que dans ma vie personnelle,
il en est ainsi et je crois sincèrement que cet énoncé est universel. Voici
quelques extraits de l’exhortation du pape :
112. La première de ces grandes
caractéristiques, c’est d’être centré, solidement axé sur Dieu qui aime et qui
soutient. Grâce à cette force intérieure, il est possible d’endurer, de
supporter les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions
de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts : « Si Dieu est pour
nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8, 31). Voilà la source de la paix qui
s’exprime dans les attitudes d’un saint. Grâce à cette force intérieure, le
témoignage de sainteté, dans notre monde pressé, changeant et agressif, est
fait de patience et de constance dans le bien. C’est la fidélité de l’amour,
car celui qui s’appuie sur Dieu (pistis) peut également être fidèle aux frères
(pistós) ; il ne les abandonne pas dans les moments difficiles, il ne se laisse
pas mener par l’anxiété et reste aux côtés des autres même lorsque cela ne lui
donne pas de satisfactions immédiates.
113. Saint Paul invitait les Romains à ne « rendre à personne le mal pour
le mal » (Rm 12, 17), à ne pas vouloir se « faire justice à
[eux]-mêmes » (v. 19), et à ne pas se laisser vaincre par le mal, mais à être
vainqueurs « du mal par le bien » (v. 21). Cette attitude n’est pas un signe de
faiblesse mais de la vraie force, car Dieu lui-même « est lent à la colère,
mais grand par sa puissance » (Na 1, 3). La Parole de Dieu nous met
en garde : « Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit
être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes » (Ep 4,
31).
114. Il nous faut lutter et être attentifs face à nos propres penchants
agressifs et égocentriques pour ne pas permettre qu’ils s’enracinent : «
Emportez-vous, mais ne commettez pas le péché : que le soleil ne se couche pas
sur votre colère » (Ep 4, 26). Quand des circonstances nous
accablent, nous pouvons toujours recourir à l’ancre de la supplication qui nous
conduit à demeurer encore dans les mains de Dieu et près de la source de la
paix : « N’entretenez aucun souci ; mais en tout besoin recourez à l’oraison et
à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu.
Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde
vos cœurs et vos pensées » (Ph 4, 6-7).
116. La force intérieure qui est l’œuvre de
la grâce nous préserve de la contagion de la violence qui envahit la vie
sociale, car la grâce apaise la vanité et rend possible la douceur du cœur. Le
saint ne consacre pas ses énergies à déplorer les erreurs d’autrui ; il est
capable de faire silence devant les défauts de ses frères et il évite la
violence verbale qui dévaste et maltraite, parce qu’il ne se juge pas digne
d’être dur envers les autres, mais il les estime supérieurs à lui-même
(cf. Ph 2, 3).
117. Il n’est pas bon pour nous de regarder de haut, d’adopter la posture
de juges impitoyables, d’estimer les autres indignes et de prétendre donner des
leçons constamment. C’est là une forme subtile de violence[95]. Saint Jean de la Croix proposait autre chose : «
Préfère être enseigné de tout le monde que d’instruire le moindre de tous »[96]. Et il ajoutait un conseil pour tenir éloigné le
démon : « [...| Te réjouir du bien d’autrui comme du tien propre, [...] désirer
que les autres te soient préférés en toutes choses, le désirer, dis-je, très
sincèrement. De cette façon, tu surmonteras le mal par le bien, tu repousseras
le démon loin de toi, tu auras le cœur dans la joie. Et tout cela, tu
chercheras à l’exercer envers les personnes qui te reviendront le moins. Sache
que si tu n’en viens là, tu n’arriveras pas à la parfaite charité, et que même
tu n’en approcheras point »[97].
118. L’humilité ne peut s’enraciner dans le cœur qu’à travers les
humiliations. Sans elles, il n’y a ni humilité ni sainteté. Si tu n’es pas
capable de supporter et de souffrir quelques humiliations, tu n’es pas humble
et tu n’es pas sur le chemin de la sainteté. La sainteté que Dieu offre à son
Église vient à travers l’humiliation de son Fils. Voilà le chemin !
L’humiliation te conduit à ressembler à Jésus, c’est une partie inéluctable de
l’imitation de Jésus-Christ : « Le Christ […] a souffert pour vous, vous
laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces » (1 P 2, 21).
Pour sa part, il exprime l’humilité du Père qui s’humilie pour marcher avec son
peuple, qui supporte ses infidélités et ses murmures (cf. Ex 34,
6-9 ; Sg 11, 23-12, 2 ; Lc 6, 36). C’est
pourquoi les Apôtres, après l’humiliation, étaient « tout joyeux d’avoir été
jugés dignes de subir des outrages pour le Nom de Jésus » (Ac 5,
41).
Excellent, Guy. Pourrais-je mettre ton article dans evangeliser.net?
RépondreSupprimerCher Gérald, tu peux mettre mes blogues sur https://evangeliser.net/ sans me demander la permission.
RépondreSupprimerMerci pour ce très beau texte, riche d'enseignement.
RépondreSupprimerQue toute la gloire te revienne mon Dieu.