mercredi 24 septembre 2025

24 septembre : Émilie Tavernier-Gamelin

 24 septembre : Émilie Tavernier-Gamelin

Bienheureuse Émilie Tavernier-Gamelin

Note : À part les réflexions vraiment personnelles et la citation regardant Les Patriotes, les paragraphes de ce blogue sont tirés du fascicule mentionné à la note 1.

Oh que j'aime cette femme, cette bienheureuse de chez nous ! Sa vie est tout simplement EXTRAORDINAIRE. Tout comme sainte Marie de l'Incarnation et sainte Marguerite d'Youville, elle a connu la vie de couple dans le mariage et la vie de famille avant de devenir religieuse. 

Elle est née à Montréal le 19 février 1800 sur une terre nommée "Terre Providence". C'est vraiment un clin d'oeil de la Providence car Émilie fondera les Soeurs de la Providence et on la surnommera " La Providence des pauvres".   

"Elle est la dernière des quinze enfants d’Antoine Tavernier et de Marie-Josephte Maurice. À quatre ans, Émilie perd sa mère et est confiée à sa tante paternelle Marie-Anne. Elle a quinze ans à la mort de son père, et elle est confiée à la tutelle de son frère François. Lorsque ce dernier devient veuf, trois ans plus tard, elle se porte à son secours." (1)

Elle est donc orpheline de mère et de père à l'âge de 15 ans. 
 
"En 1823, Émilie épouse Jean-Baptiste Gamelin, un pomiculteur dont elle partage les travaux, les aspirations et l’amour des pauvres. Trois enfants naissent, mais ce bonheur est vite assombri par le décès de deux enfants, de son époux et de son dernier enfant. Sur son lit de mort, Jean-Baptiste lui lègue, en souvenir de leur amour, le soin d’un déficient mental dont il s’était occupé depuis qu’il lui avait sauvé la vie." (1)

C'est vraiment incroyable d'avoir vécu autant de deuils avant d'avoir atteint ses trente ans. Comment cette femme a-t-elle pu traverser tout cela sans être découragée ? Le secret de sa force nous est connu : "La confiance en la Providence marque la vie spirituelle de cette époque. Lorsqu'elle est accablée par la souffrance et le deuil, Émilie trouve dans la Vierge des Douleurs le modèle qui orientera toute sa vie. Sa prière et sa contemplation de la Vierge au pied de la Croix - une image que lui avait donnée son directeur spirituel après ses deuils successifs - lui inspire une charité compatissante pour toutes les souffrance." (1)

Image de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, remise à Emilie Tavernier-Gamelin par Jean-Baptiste Bréguier dit St-Pierre, p.s.s., en 1828.

Tombeau de la Bienheureuse Émilie Gamelin, 
Maison mère des Soeurs de la Providence à Montréal, rue de Salaberry  
À remarquer : Une représentation de La Pietà au-dessus du tombeau : 
La Vierge Marie tenant entre ses bras le corps inanimé de son fils   

"Seule, à vingt-huit ans, loin de se replier sur sa souffrance, Émilie se met à accueillir les pauvres sans ressources qu’elle rencontre ou qui viennent à elle. Sa maison devient la leur,  et elle multiplie les refuges pour abriter leur indigence. Femmes âgées, orphelins, prisonniers, immigrés, sans-travail, sourds-muets, aveugles, jeunes ou couples en difficultés, handicapés physiques ou intellectuels connaissent bien sa résidence. Partout dans la ville, on la nomme spontanément « La Providence des pauvres ». (1)   

La liste ci-dessus de toutes les catégories de gens que Mère Léonie a secourues est impressioonnante ; j'en ai compté onze. Je suis sûr que notre Bienheureuse a secouru tous ces gens. Je connais en particulier l'assistance des Soeurs de la Providence aux personnes sourdes.  "Seule, à vingt-huit ans, loin de se replier sur sa souffrance, Émilie se met à accueillir les pauvres sans ressources qu’elle rencontre ou qui viennent à elle. Sa maison devient la leur,     et elle multiplie les refuges pour abriter leur indigence. Femmes âgées, orphelins, prisonniers, immigrés, sans-travail, sourds-muets, aveugles, jeunes ou couples en difficultés, handicapés physiques ou intellectuels connaissent bien sa résidence. Partout dans la ville, on la nomme spontanément « La Providence des pauvres ». (1)   

"Durant les troubles de 1837-1838, elle sera la seule autorisée à visiter chaque semaine les prisonniers incarcérés au Pied-du-Courant. Elle prie avec eux, leur apporte des vivres, du tabac et la correspondance qu’on lui a confiée. Cette activité lui vaut d’être appelée « l’ange des prisonniers politiques »." (1)

Auprès des patriotes emprisonnés

Le contexte politique des années 1830, particulièrement tendu, mène à la rébellion des patriotes de 1837-1838. Déjà sensible au sort des prisonniers et prisonnières de la ville, Émilie obtient l'autorisation de rendre visite aux patriotes incarcérés à la prison Au Pied du Courant, auxquels toute visite est normalement interdite[13]. Elle les écoute, leur lit des textes à caractère spirituel et leur apporte « de la soupe et autres soulagemens »[13]. Elle introduit clandestinement dans la prison le courrier adressé à ces prisonniers ainsi que diverses marchandises, et même des enfants des prisonniers en les faisant passer pour ses assistants. Elle prie aussi avec eux[14].(2)

Des patriotes exécutés à Montréal en 1839, d'après un croquis d'Henri Julien.  


On comprend maintenant pourquoi l’évangile qui a été choisi pour honorer la mémoire de Mère Gamelin, soit le suivant :

«  Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli; j’étais nu, et vous m’avez habillé; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi. » (Mt 25, 34-36)

"Elle fondera les Sœurs de la Providence et succombera en vingt-quatre heures au choléra, le 23 septembre 1851. »  

De toutes ses années comme religieuse, je veux surtout souligner les épreuves extérieures et intérieures qu'elle a connues à la fin de sa vie. Elle écrit ceci, en avril 1851, cinq mois avant sa mort : "J'écrase sous le joug et je sens mon incapacité. Il faut recommencer une nouvelle vie, il faut que j'aie plus de générosité à correspondre aux desseins de la Providence sur moi." 

C'est toujours sur la bonté et la miséricorde du "bon Dieu" qu'elle compte pour assumer les souffrances morales que lui causent ses compagnes, l'attitude de son évêque et le caractère du supérieur ecclésiastique, monsieur Prince. Femme forte, loin de cultiver du ressentiment, elle répond à la souffrance par une charité active.  

La force a été une vertu éminente d'Émilie. Son esprit de mortification s'exprime non seulement dans les pratiques de son époque, mais peut-être surtout par la patience avec laquelle elle supporte celles que l'autorité impose à cette femme d'âge mûr, lorsque, par exemple, on lui demande de se détacher du sachet contenant les cheveux de ses enfants qu'elle porte sur elle. Cette femme habituée à gérer sa maison et à mener sa vie en toute indépendance, a trouvé la force et l'humilité nécessaires pour s'astreindre aux exigences souvent tatillonnes de la vie religieuse à cette époque. 

Et voici, en terminant, les deux paragraphes qui m'impressionnent le plus. Ils me font penser aux cinquante années que sainte Mère Teresa a vécues dans la noirceur totale de l'âme, dans la nuit de la foi. Cette persévérance à continuer à aimer leur Seigneur et les autres malgré l'absence totale de la jouissance de la foi, est pour moi un signe de sainteté encore plus grand que tous les gestes de bonté et de miséricorde que les deux religieuses dont je parle en ce moment ont pu dispenser autour d'elles durant leur vie.   

"Lorsqu'Émilie vit une période d'abandon intérieur total, aux prises avec une profonde désolation spirituelle, - "peu de ferveur, découragement, tentations de toutes sortes, surtout d'antipathie contre quelques soeurs, jugement peu favorable sur leur compte, peine à me supporter moi-même, pensant qu'il était inutile de tant se donner de peine à travailler à sa perfection, découragement complet dans toutes mes actions, faisant absolument que par obéissance mes exercices, et pour ne pas malédifier la communauté..." - pour se donner du courage, sans doute, elle envoie un billet à sa belle-soeur et l'invite avec son frère François à venir faire avec elle le chemin de la croix et la prière du soir. 

Au coeur de cette détresse psychologique et intérieure, elle ne cède pas à l'impatience et accepte la dureté des autres à son égard." (1)

Voilà ce qui m'impressionne le plus chez cette femme qui est désormais une Bienheureuse dans l'Église.  


(1)  
 

Recueil de célébrations des saints et saintes, bienheureux et bienheureuses du Canada, Concacan inc, 2002, approuvé par la Conférence des évêques catholiques du Canada).



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