jeudi 31 mars 2016

Pape François: "N'ayez pas peur de la joie "

Pape François: « N’ayez pas peur de la joie »
 
Nous sommes dans l’octave de Pâques. Aujourd’hui, l’évangile de la messe nous présente l’apparition de Jésus aux disciples le soir de Pâques, selon saint Luc: 

« À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit: « La paix soit avec vous! ». Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit: « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé  qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara: « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous: Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit: « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »  (Lc 24, 35-48)

Comme vous le savez sûrement, le pape François célèbre à chaque jour la messe devant des fidèles à la chapelle de la résidence Sainte-Marthe où il demeure. Il y a deux ans, il a commenté ainsi l’évangile d’aujourd’hui:

N’ayons pas peur de la joie

« Il y a un mot dans ce passage de l’Évangile (Luc 24, 35-48) qui nous explique bien ce qui s’était passé à ce moment-là ». En substance, les disciples « préféraient penser que Jésus était une idée, un fantôme, mais pas la réalité ». Et tout le travail de Jésus était de faire comprendre qu’il était réalité: “Donnez-moi à manger, touchez-moi, c’est moi! Un fantôme n’a pas de chair, n’a pas de corps, c’est moi!” En outre, « nous pensons que cela advient après que certains d’entre eux l’avaient vu pendant la journée: ils étaient sûrs qu’il était vivant. Que s’est-il passé ensuite, on ne sait pas... ». Le passage évangélique suggère, que « la peur de la joie est une maladie du chrétien ». Nous aussi « nous avons peur de la joie » et nous disons à nous-mêmes qu’« il vaut mieux penser: oui, Dieu existe, mais il est là-bas, Jésus est ressuscité, il est là-bas! ». Comme pour dire: gardons « un peu de distance ». Et ainsi « nous avons peur de la proximité de Jésus, parce que cela nous donne de la joie ». Cette attitude explique aussi pourquoi il y a « tant de chrétiens d’enterrement », dont « la vie semble un enterrement continuel ». Des chrétiens qui « préfèrent la tristesse et non la joie; ils se meuvent mieux non pas dans la lumière de la joie, mais dans les ombres ». Tout comme « ces animaux qui ne réussissent à sortir que la nuit mais qui à la lumière du jour ne voient rien. Comme les chauves-souris ! Et avec un peu de sens de l’humour, nous pouvons dire qu’il y a des “chrétiens chauves-souris”, qui préfèrent les ombres à la lumière de la présence du Seigneur ». 

« Nous avons peur de la joie et Jésus, avec sa résurrection, nous donne la joie: la joie d’être chrétien, la joie de le suivre de près, la joie d’aller sur les routes des béatitudes, la joie d’être avec lui ». C’est pourquoi il faut surmonter « la peur de la joie » et penser à combien de fois « nous ne sommes pas joyeux parce que nous avons peur ». Comme les disciples « avaient été battus par le mystère de la croix ». D’où leur peur. « Et là d’où je viens, il y a un proverbe qui dit: celui qui se brûle avec du lait bouillant, pleure quand il voit une vache ». Et ainsi, les disciples, « brûlés par le drame de la croix, ont dit: non, arrêtons-nous ici! Lui est au ciel, ça va très bien, il est ressuscité, mais qu’il ne vienne pas une autre fois ici parce que nous n’y arrivons pas! ». 

Le Pape François a conclu sa méditation en invoquant le Seigneur afin qu’il « fasse avec nous tous ce qu’il a fait avec les disciples qui avaient peur de la joie: ouvrir notre esprit ». Et « qu’il nous fasse comprendre qu’il est une réalité vivante, qu’il a un corps, qu’il est avec nous et qu’il nous accompagne, qu’il a gagné: demandons au Seigneur la grâce de n’avoir pas peur de la joie ». (Pape François, le jeudi 24 avril 2014)  (1)
  
J’aime cette interprétation que donne le pape: les disciples ont été déçus une fois dans leurs espérances. Ils ont peur d’être déçus une deuxième fois, de se tromper une deuxième fois. Je pense que c’est le cas de plusieurs catholiques au Québec. Ils ont été déçus par les représentants de Dieu dans le passé, et ils ont peur de « se faire avoir de nouveau », comme on dit au Québec. Le dicton que nous employons chez nous, n’est pas le même que celui qu’on emploie en Argentine, mais il lui est semblable; nous disons : « Chat échaudé, craint l’eau froide ».

J’aime beaucoup la phrase que répète souvent M. Éric-Emmanuel Schmitt, écrivain très connu de notre époque: « On pense souvent que la liberté consiste en la possibilité de dire « non ». Or l’essentiel de la liberté consiste à dire « oui ». La Vierge Marie est l’exemple parfait de cela.


(1) 

N’ayons pas peur de la joie (24 avril 2014)

Français ]

  

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