samedi 12 mars 2016

" N'arrête pas mon cri " (Job 16, 18)

« N’arrête pas mon cri » (Job 16, 18)
 
Jésus crie

Livre de Job chapitre 16, verset 18: « Terre, ne couvre pas mon sang, et que rien n’arrête mon cri ».

Saint Grégoire le Grand est un très grand commentateur des Saintes Écritures. Dans le bréviaire, nous lisions ces jours ci un extrait de son commentaire sur le livre de Job. Saint Grégoire le Grand commente la phrase de Job qui dit: « Terre, ne couvre pas mon sang, et que rien n’arrête mon cri » (les bibles modernes mettent le pluriel: mes cris; mais je vais respecter la traduction de saint Grégoire, que je trouve plus forte). Le commentaire de saint Grégoire nous manifeste la vérité proclamée par saint Augustin, à savoir que toutes les Saintes Écritures nous parlent de Jésus. Par la voix de Job, nous entendons clairement Jésus nous parler. Voici un extrait du commentaire de saint Grégoire le Grand sur le livre de Job :

« Le bienheureux Job, préfigurant l'Église, parle tantôt au nom du corps, tantôt au nom de la tête. Et, alors que les membres sont l'objet de ses discours, il s'élève tout à coup aux paroles dites par la tête. C'est pourquoi, il dit : J'ai souffert tout cela sans qu'il y ait aucun crime dans mes mains, et alors que je présentais à Dieu des prières pures. 

En effet, il a souffert sans qu'il y ait eu aucun crime dans ses mains, celui qui n 'a jamais commis de péché ni proféré de mensonge ; pourtant, il a subi le supplice de la croix pour nous racheter. C'est pourquoi le sang de notre Rédempteur, que ses persécuteurs furieux avaient répandu, les croyants l'ont bu par la suite et ont proclamé que Jésus est le Fils de Dieu. Au sujet de ce sang, il est dit ensuite avec à-propos: « Terre, ne couvre point mon sang, et n'arrête pas mon cri ». Or, cette terre n'a pas caché le sang de notre Rédempteur, parce que
tout homme pécheur, buvant le sang qui a payé sa rédemption, la proclame, en rend grâce et la fait connaître à tous ceux qu'il approche. Et la terre n'a pas recouvert son sang, parce que la sainte Église a proclamé déjà maintenant le mystère de sa rédemption dans toutes les parties du monde.

Remarquez ce qui suit : N'arrête pas mon cri. En effet, ce sang de notre rédemption, qui nous est donné à boire, est le cri de notre Rédempteur. Ce qui fait dire à saint Paul: Son sang répandu parle plus fort que celui d'Abel. Du sang d'Abel il avait été dit : Le sang de ton frère, de la terre crie vers moi. Mais le sang de Jésus parle plus fort que celui d'Abel, parce que le sang d'Abel a demandé la mort du meurtrier de son frère, tandis que le sang du Seigneur a obtenu la vie pour ses persécuteurs.

Afin que le sacrement de la passion du Seigneur ne soit pas inefficace en nous, nous devons imiter ce qui nous est donné à boire et proclamer aux autres ce que nous vénérons. En effet, son cri est arrêté en nous, si la langue tient caché ce que l'âme a cru, Mais, pour que son cri ne soit pas arrêté en nous, il reste que chacun, selon sa capacité, fasse connaître à ceux qu'il approche le mystère qui le fait vivre. »

Comme elle est belle cette phrase de saint Grégoire le Grand: « Chacun doit faire connaître à ceux qu’il approche, le mystère qui le fait vivre»

Ces magnifiques paroles, un autre pape (car saint Grégoire le Grand a été pape), qui nous est cher, nous les a dites à sa façon. Le pape François, dans son exhortation apostolique La joie de l’Évangile, nous dit:

« Ton cœur sait que la vie n’est pas la même sans lui, alors ce que tu as découvert, ce qui t’aide à vivre et te donne une espérance, c’est cela que tu dois communiquer aux autres. Notre imperfection ne doit pas être une excuse; au contraire, la mission est un stimulant constant pour ne pas s’installer dans la médiocrité et pour continuer à grandir. Le témoignage de foi que tout chrétien est appelé à donner, implique d’affirmer, comme saint Paul : « Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait ; mais je poursuis ma course […] et je cours vers le but » (Ph 3, 12-13). » (La joie de l’Évangile, no. 121)

« En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation, et il serait inadéquat de penser à un schéma d’évangélisation utilisé pour des acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement destiné à bénéficier de leurs actions. La nouvelle évangélisation doit impliquer que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. Cette conviction se transforme en un appel adressé à chaque chrétien, pour que personne ne renonce à son engagement pour l’évangélisation, car s’il a vraiment fait l’expérience de l’amour de Dieu qui le sauve, il n’a pas besoin de beaucoup de temps de préparation pour aller l’annoncer, il ne peut pas attendre d’avoir reçu beaucoup de leçons ou de longues instructions. Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ; nous ne disons plus que nous sommes « disciples » et « missionnaires », mais toujours que nous sommes « disciples-missionnaires ». Si nous n’en sommes pas convaincus, regardons les premiers disciples, qui immédiatement, après avoir reconnu le regard de Jésus, allèrent proclamer pleins de joie: « Nous avons trouvé le Messie » (Jn 1, 41). La samaritaine, à peine eut-elle fini son dialogue avec Jésus, devint missionnaire, et beaucoup de samaritains crurent en Jésus « à cause de la parole de la femme » (Jn 4, 39). Saint Paul aussi, à partir de sa rencontre avec Jésus Christ, « aussitôt se mit à prêcher Jésus » (Ac 9, 20 ). Et nous, qu’attendons-nous? » (La joie de l’Évangile, no. 120)

J’aime beaucoup le mot cri qu’emploie Job. Le prophète Isaïe emploie aussi ce mot: « Crie à pleine gorge! Ne te retiens pas! Que s’élève ta voix comme le cor! Dénonce à mon peuple sa révolte, à la maison de Jacob ses péchés » (Is 58, 1) Dans un cri, est exprimé un sentiment d’urgence.

Questions pour un partage: Quelle phrase t’a le plus touché dans ce blogue? Qu’en est-il de la conviction qui est la tienne, de devoir annoncer l’Évangile en paroles et en gestes? Quand as-tu parlé récemment de ce qui te fait vivre (ta vie de foi) à une personne que tu connais très peu?



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