jeudi 9 juillet 2020

Une femme évêque ?

Une femme évêque ?
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«Non, Madame Soupa, les femmes ne sont pas exclues de l’Église!»

FIGAROVOX/TRIBUNE - La théologienne Anne Soupa avait suscité l’intérêt médiatique en se portant candidate pour devenir archevêque de Lyon - poste traditionnellement réservé aux hommes. Une autre théologienne catholique, Sandra Bureau, lui répond, estimant que la différenciation des rôles au sein de l’Église n’est pas synonyme pour autant d’une infériorisation des femmes.
Sandra Bureau est une vierge consacrée du Diocèse de Lyon, diplômée de l’Institut Catholique de Paris où elle a soutenu en 2011 une thèse en théologie dogmatique sur «L’inversion trinitaire chez H.U. von Balthasar». Elle enseigne actuellement au Séminaire Provincial Saint Irénée de Lyon après avoir été en charge de la formation des laïcs dans le Diocèse de Lyon. Elle est engagée dans la Communauté Aïn Karem.

Le 25 mai dernier, Madame Anne Soupa, féministe convaincue, constatant que dans l’Église catholique aucune femme n’avait encore été placée à la tête d’un Diocèse, ni même n’avait été admise à l’ordination, a voulu dénoncer cette situation jugée profondément injuste à ses yeux. Elle a donc profité de la vacance du siège épiscopal de Lyon pour proposer, par le biais des réseaux sociaux, sa candidature comme Archevêque de Lyon. Et cela en s’appuyant sur sa notoriété d’écrivain, de bibliste, de théologienne...
Vous trouverez la référence à l'article de madame Sandra Bureau au bas du présent blogue (1). Je ne citerai pas en entier son article car il est trop long, mais je vous invite à le lire au complet. Je veux simplement souligner les arguments que je trouve les plus forts ou qui sont nouveaux à mes yeux. Si vous lisez l'article de madame Bureau, vous jugerez peut-être que certains des arguments que je ne mentionne pas ici, sont plus probants. Cela est très possible. Je veux simplement indiquer ici ceux qui me plaisent particulièrement. 

Arguments forts à mes yeux: 

1- La grande liberté de Jésus

La grande liberté de Jésus face à toutes les coutumes de son époque. Si Jésus avait voulu que des femmes soient prêtres, il aurait institué des femmes prêtres. Plusieurs personnes disent que Jésus n'aurait jamais pu poser un tel geste dans une société patriarcale comme celle qui existait à son époque en Palestine. L'expresssion "sans compter les femmes et les enfants" que l'on retrouve à quelques reprises dans les évangiles, montre assez bien le peu de considération dont jouissaient les femmes au temps de Jésus. Mais selon moi et selon madame Bureau, cet objection ne tient pas la route. Jésus est allé tellement souvent à l'encontre des us et coutumes de son époque, qu'une dérogation de plus n'aurait pas pesé beaucoup dans la balance, comme on dit. Jésus est le premier "rabbi" (ou "rabbouni" qui est son diminutif et qui en hébreu signifie: Maître; voir Jn 20, 16) ) à avoir valorisé les femmes au point de leur permettre de le suivre partout sur la route; il aurait pu, s'il l'avait voulu, leur conférer le sacerdoce. Jésus est la plus grande NOUVEAUTÉ qu'ait connu l'histoire; il a fait entrer l'humanité dans un monde complètement NOUVEAU. Voici ce que madame Bureau écrit:  

Jésus est libre, libre comme personne de nous ne le sera jamais, libre de manger avec les pécheurs et les publicains, libre de s’approcher des lépreux ou des samaritains, libre de dénoncer toute injustice, toute inégalité sociale... libre aussi d’appeler des femmes. S’il ne le fait pas c’est non seulement parce qu’il n’y a là aucune injustice à dénoncer, mais encore parce que la femme a sa vocation propre, sur laquelle nous reviendrons."

C'est d'ailleurs cet argument que j'ai voulu mettre en évidence dans un blogue que j'ai écrit sur ce sujet. Vous pouvez lire ce blogue en cliquant sur les mots suivants: L'ordination des femmes.

2- Dieu s'est fait "homme"; Dieu ne s'est pas fait "femme". 

Est-ce que Dieu a été injuste en se faisant homme et en ne se faisant pas femme ? En s'incarnant, il fallait que Dieu se fasse homme ou femme. Il a décidé de se faire homme. En cela, il n'a commis aucune injustice envers la femme. S'il avait choisi de se faire femme, il n'aurait commis aucune injustice envers l'homme. Sa liberté est souveraine. Voici ce qu'écrit madame Bureau:

"Qu’on me permette donc de faire droit à la pensée théologique ici réduite à l’insignifiance et à l’instrumentalisation. Madame Soupa affirme en effet: «Si ma candidature est interdite par le droit canon, c’est tout simplement parce que je suis une femme, que les femmes ne peuvent être prêtre et que seuls les prêtres, en devenant évêques, dirigent l’Église catholique.» C’est avoir une bien médiocre vision du droit canonique que d’affirmer cela. Car le droit de l’Église n’est pas au-dessus de l’Église et moins encore au-dessus de la Révélation, il est au service de l’une et de l’autre. Il n’y a pas de «tout simplement parce que je suis une femme» qui tienne. Il y a au contraire toute la cohérence de l’histoire sainte, de cette économie par laquelle Dieu a voulu nous rejoindre en son Fils Jésus Christ, se faire homme pour nous arracher au péché et à la mort. Si le droit affirme que seul un homme (vir) peut être ordonné, c’est parce que Dieu, en son Fils, s’est fait homme, parce qu’il a épousé une humanité singulière, masculine (vir). Ni l’Église, ni son droit, ne sont au-dessus de ce que Dieu veut et fait, et ce faisant de ce qu’il nous dit qu’il est et de ce qu’il nous dit que nous sommes. Si nous nous plaçons au-dessus du dessein de Dieu sur l’homme au lieu de nous placer sous son regard, sous sa main bienveillante, alors nous ne pouvons plus voir ce qu’il veut pour nous, et a fortiori nous ne pouvons plus voir la place qui est nôtre."
3- Madame Soupa considère que le fait que seuls un homme peut être prêtre ou évêque, consititue une injustice 50% de la population. Madame Bureau rétorque que de fait, l'injustice ne toucherait pas seulement 50% dela population, mais bel et bien 98% de la population.   

Madame Bureau montre très bien qu'il ne suffit pas d'être un homme pour être prêtre ou évêque. Encore faut-il que la personne soit appelée par Dieu. Or il est raisonnable de croire que Dieu appelle environ 2% de la population à être prêtre. Dieu est-il injuste envers 98% de la population ? Voici ce qu'écrit madame Bureau: Madame Sandra Bureau nous dit que lorque Jésus a adressé les paroles suivantes à Pierre lors de la dernière Cène, il faisait directement allusion au sacerdoce ministériel : 
Il ne suffit pas d’être homme, vir, pour être ordonné, il faut encore être appelé par Dieu, «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis» (Jn 15,16), et il faut que cet appel entendu au plus intime de la prière soit confirmé par l’Église, il faut, comme on dit, avoir «les aptitudes requises», être «jugé digne». Dans le cas de l’épiscopat il faut avoir reçu du Pape un mandat apostolique. Telle est la logique de l’élection par laquelle Dieu choisit quelques-uns au profit de tous. Logique qui n’est pas d’exclusion mais d’inclusion. Dieu, en effet, en choisissant Israël n’a pas exclu les autres peuples, il est passé par le Peuple élu pour attirer à lui la multitude des nations. Dieu en choisissant quelques hommes (vir) pour soutenir son Église n’exclut pas le reste des fidèles, il se sert d’eux pour la sanctification de tous. Donc contrairement à ce que dit Madame Soupa cette logique divine d’élection «n’exclut» pas 50 % de la population, elle «exclut» 98 % de la population.
Une fois de plus, la liberté de Dieu est souveraine.Il appelle qui il veut. 
Argument nouveau pour moi : 
Madame Sandra Bureau nous dit que lorque Jésus a adressé les paroles suivantes à Pierre lors de la dernière Cène, «si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas part avec moi» (Jn 13,8), Notre Seigneur faisait directement allusion au sacerdoce ministériel. 
Oui le Christ n’a appelé que des hommes à être Apôtre, que des hommes à «avoir part» avec lui: «si je ne te lave pas les pieds, dit-il à Pierre, tu n’auras pas part avec moi» (Jn 13,8). Cette «part» est précisément le sacerdoce, cette configuration à sa charge mais aussi à son être, elle est ce qui habilite les Apôtres, dans le mémorial de sa Passion, la messe, à dire, en lieu et place du Christ, «ceci est mon Corps, ceci est mon Sang». Alors quand Madame Soupa affirme plus loin, pour défendre qu’une charge épiscopale peut être assumée par un laïc, que «les Douze compagnons de Jésus n’étaient pas prêtres. Pierre était même marié», elle omet pour le moins ce changement radical qui est intervenu à un moment de leur histoire et qui seul les a habilités à enseigner au nom du Christ, à sanctifier les fidèles et à diriger les communautés. Avec le sacerdoce de la Nouvelle Alliance, celui que confère le Christ, il ne s’agit plus comme dans le sacerdoce lévitique - dont effectivement ni les Apôtres, ni le Christ n’ont hérité - d’exercer simplement une charge mais de participer à la personne du Christ, de participer à celui-là seul qui est Prêtre, le Christ Jésus. Quant à dire que Pierre était marié, ou avait été marié, c’est indéniable puisqu’il avait une belle-mère! Nous savons que le célibat sacerdotal est une grâce faite à l’Église latine, et que l’Église d’Orient admet des prêtres mariés. Mais jamais l’Orient n’a retenu cet argument pour un épiscopat marié, elle n’ordonne à l’épiscopat que des prêtres qui ont fait choix du célibat. Ne faisons pas fi de la Tradition.

J'ai fait une courte recherche sur le web à propos de cette quetion. La phrase de Jésus adressée directement à Pierre lors de la Cène, est effectivement un signe du sacerdoce conféré aux Apôtres. Voici un texte à ce sujet :

Portions sacerdotales
Il y a un autre détail dans le récit de Jean qui pourrait suggérer que Jésus a vu ses apôtres comme des prêtres. En réponse au refus de Pierre de se faire laver les pieds, Jésus répond: «Si je ne te lave pas, tu n'as aucune part en moi» (Jean 13: 8).
Le mot grec pour «part», meros , fait écho à la «portion» que les prêtres de l'Ancien Testament devaient avoir en Dieu et en Dieu seul:
  • Et le Seigneur dit à Aaron: «Tu n'auras pas d'héritage dans leur pays, et tu n'auras aucune portion [grec, meris ] parmi eux; Je suis votre part [grec, meris ] et votre héritage parmi le peuple d'Israël »(Nombres 18:20).
  • Par conséquent, Lévi n'a aucune part [grec, meris ] ni héritage avec ses frères; le Seigneur est son héritage, comme le Seigneur votre Dieu lui a dit (Deut. 10: 9).

Il est possible que Jésus disant "Tu n'as aucune part en moi" signale le statut sacerdotal des apôtres, ayant une part unique en Jésus comme Aaron et les Lévites avaient une part unique en Dieu. (Cela semblerait également indiquer la divinité de Jésus). (2)

(1) https://www.lefigaro.fr/vox/religion/non-madame-soupa-les-femmes-ne-sont-pas-exclues-de-l-eglise-20200624

(2) https://www.catholic.com/magazine/online-edition/did-jesus-make-the-apostles-priests-at-the-last-supper


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