Bienheureuse
Marie-Anne Blondin
Bienheureuse Marie-Anne Blondin 18 avril 1809 - 2 janvier 1890
Aujourd’hui, en ce 18 avril, 2018, nous
célébrons au Canada la mémoire de la Bienheureuse Marie-Anne Blondin. Durant le
Temps de Pâques, nous célébrons sept
de nos saints (ou saintes) et
Bienheureux (ou Bienheureuses) du
Canada.
En 1833, Esther devient institutrice à l'école du
village de Vaudreuil. C'est là qu'elle découvre une des causes de
l'analphabétisme ambiant: un règlement d'Église, qui interdit aux femmes
d'enseigner aux garçons, et aux hommes d'enseigner aux filles. Ne
pouvant financer deux écoles paroissiales, les curés choisissent souvent
de n'en tenir aucune. Et les jeunes croupissent dans l'ignorance, incapables
de suivre le catéchisme pour faire leur première communion. En 1848, avec
l'audace du prophète que meut un appel irrésistible de l'Esprit,
Esther soumet à son évêque, Monseigneur Ignace Bourget, le projet
qu'elle nourrit depuis longtemps: celui de fonder une Congrégation religieuse
«pour l'éducation des enfants pauvres des campagnes dans des écoles mixtes». Le
projet est novateur pour l'époque! Il paraît même «téméraire
et subversif de l'ordre établi». Mais, puisque l'État favorise ce genre
d'écoles, l'évêque autorise un modeste essai pour éviter un plus grand
mal.
La Congrégation des Soeurs de Sainte-Anne est fondée
à Vaudreuil, le 8 septembre 1850 et Esther - désormais appelée «Mère
Marie-Anne» - en devient la première supérieure. Le recrutement rapide
de la jeune Congrégation requiert très tôt un déménagement. À l'été de 1853,
l'évêque Bourget transfère la Maison mère à Saint-Jacques-de-l'Achigan. Le
nouvel aumônier, l'abbé Louis-Adolphe Maréchal, s'ingère de façon abusive
dans la vie interne de la communauté. En l'absence de la Fondatrice, il
change le prix de la pension des élèves. Et, quand il doit lui même
s'absenter, il demande aux soeurs d'attendre son retour pour se confesser.
Après une année de conflit entre l'aumônier et la supérieure,
soucieuse de protéger les droits de ses soeurs, l'évêque Bourget croit
trouver une solution: le 18 août 1854, il demande à Mère
Marie-Anne de «se déposer». Il convoque des élections et
exige de Mère Marie-Anne de «ne plus accepter le mandat de supérieure, si ses
soeurs veulent la réélire». Privée du droit que lui donne la Règle
de la Communauté d'être réélue, Mère Marie-Anne obéit à son évêque qu'elle
considère comme l'instrument de la Volonté de Dieu sur elle. Et elle
«bénit mille fois la divine Providence de la conduite toute maternelle
qu'elle tient à son égard, en la faisant passer par la voie des
tribulations et des croix».
Nommée alors directrice au Couvent de
Sainte-Geneviève, Mère Marie-Anne devient une cible de harcèlement de la part
des nouvelles autorités de la Maison mère, subjuguées par le despotisme de
l'aumônier Maréchal. Sous prétexte de mauvaise administration, on la ramène à
la Maison mère en 1858, avec la consigne épiscopale de «prendre les moyens
pour qu'elle ne nuise à personne». Depuis cette nouvelle destitution et
jusqu'à sa mort, elle est tenue à l'écart de toute responsabilité administrative.
On l'écarte même des délibérations du conseil général où les élections de
1872 et de 1878 l'ont réélue. Affectée aux plus obscurs travaux de la
buanderie et de la repasserie, elle mène une vie de renoncement total, qui
assure la croissance de sa Congrégation. C'est là le paradoxe d'une
influence qu'on a voulu neutraliser: dans les caves obscures de
la repasserie de la Maison mère, de nombreuses générations de
novices recevront de la Fondatrice l'exemple d'une vie d'obéissance,
d'humilité et de charité héroïques. À une novice qui lui demandait un jour
pourquoi elle, la Fondatrice, était maintenue dans de si
modestes emplois, elle s'est contentée de répondre avec douceur: «Plus
un arbre enfonce ses racines profondément dans le sol, plus il a de chances
de grandir et de porter du fruit».
L'attitude de Mère Marie-Anne, face aux situations
d'injustice dont elle fut victime, nous permet de découvrir le sens
évangélique qu'elle a toujours donné aux événements de sa vie. Comme le
Christ passionné pour la Gloire de son Père, elle n'a cherché en tout que «la
Gloire de Dieu» qu'elle a donnée pour fin à sa communauté. «Faire connaître
le bon Dieu aux jeunes qui n'avaient pas le bonheur de le connaître», c'était
pour elle un moyen privilégié de travailler à la Gloire de Dieu. Dépouillée
de ses droits les plus légitimes, spoliée de sa correspondance personnelle
avec son évêque, elle cède tout, sans résistance, attendant de Dieu le
dénouement de tout, sachant que «dans sa Sagesse, il saura discerner le vrai
du faux et récompenser chacun selon ses oeuvres».
Empêchée de se laisser appeler «mère» par les
autorités qui lui ont succédé, Mère Marie-Anne ne s'attache pas jalousement à
son titre de Fondatrice; elle accepte plutôt l'anéantissement, comme Jésus,
«son Amour crucifié», pour que vive sa communauté. Elle ne renonce pas
pour autant à sa mission de mère spirituelle de sa
Congrégation; elle s'offre à Dieu «pour expier tout le mal qui s'est
commis dans la communauté»; et elle demande tous les jours à sainte
Anne, «pour ses filles spirituelles, les vertus nécessaires aux éducatrices
chrétiennes».
Comme tout prophète investi d'une mission de salut
pour les siens, Mère Marie-Anne a vécu la persécution, en pardonnant
sans restriction; car elle était convaincue qu'il y a «plus de bonheur à
pardonner qu'à se venger». Ce pardon évangélique était pour elle le garant de
«la paix de l'âme qu'elle tenait pour le bien le plus précieux»; et elle
en donna un ultime témoignage sur son lit d'agonie, en demandant à sa
supérieure de faire venir l'abbé Maréchal «pour l'édification des
soeurs».
Sentant venir sa fin, Mère Marie-Anne lègue à
ses filles, en guise de testament spirituel, ces quelques mots qui résument
bien toute sa vie: «Que l'Eucharistie et l'abandon à la Volonté de Dieu
soient votre ciel sur la terre». Puis elle s'éteint paisiblement à la Maison
mère de Lachine, le 2 janvier 1890, «heureuse de s'en aller chez le bon Dieu»
qu'elle avait servi toute sa vie." (1)
J’aime beaucoup la première lecture qui a été choisie
pour la messe en l’honneur de Mère Marie-Anne. Comme c’est souvent le cas pour
les messes en l’honneur de nos saints et Bienheureux, nous avons le choix entre
deux textes bibliques pour ce qui est de la première lecture. Mon choix va à la
lecture du texte de l’Ancien Testament,
tiré du livre de Ben Sirac le Sage: 2,
1-8. 17-18:
« Mon
fils, si tu viens te mettre au service du Seigneur, prépare-toi à subir
l’épreuve ; fais-toi un cœur droit, et tiens bon ; ne t’agite pas à
l’heure de l’adversité.
3 Attache-toi au Seigneur, ne l’abandonne pas, afin d’être comblé
dans tes derniers jours.
4 Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta
pauvre vie, sois patient ;
5 car l’or est vérifié par le feu, et les hommes agréables à Dieu,
par le creuset de l’humiliation. Dans les maladies comme dans le dénuement, aie
foi en lui.
6 Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends
tes chemins droits, et mets en lui ton espérance.
7 Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde, ne vous
écartez pas du chemin, de peur de tomber.
8 Vous qui craignez le Seigneur, ayez confiance en lui, et votre
récompense ne saurait vous échapper.
17 Ceux qui craignent le Seigneur
prépareront leur cœur et s’humilieront devant lui, disant :
18 « Nous voulons tomber dans les mains du Seigneur, et non dans
celles des hommes. Car telle est sa grandeur, telle est aussi sa
miséricorde. »
J’aime aussi la prière d’ouverture de la messe:
Seigneur,
la bienheureuse
Marie-Anne Blondin a trouvé dans la contemplation du mystère de la Croix, la
force de te suivre sur le chemin des tribulations et d'accomplir
mystérieusement la mission d'éducation que tu lui avais confiée.
Accorde-nous, par son
intercession, la grâce de trouver, dans ton mystère pascal, le véritable sens
de notre existence, et la grâce de te faire connaître aux personnes vers qui tu
nous envoies.
Toi qui règnes avec le
Père et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen.
(1) Marie-Anne Blondin (1809-1890)
Seigneur,
la bienheureuse
Marie-Anne Blondin a trouvé dans la contemplation du mystère de la Croix, la
force de te suivre sur le chemin des tribulations et d'accomplir
mystérieusement la mission d'éducation que tu lui avais confiée.
Accorde-nous, par son
intercession, la grâce de trouver, dans ton mystère pascal, le véritable sens
de notre existence, et la grâce de te faire connaître aux personnes vers qui tu
nous envoies.
Toi qui règnes avec le
Père et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen.
www.vatican.va/news_services/liturgy/saints/ns_lit_doc_20010429_blondin_fr.html
Le plus beau dans cette histoire, sans les sœurs de Ste-Anne, l'École d'évangélisation St-André de Joliette n'aurait pas existé. Le tout a débuté à Horeb St-Jacques. Elle ont cru à cette forme d'évangélisation. Que Dieu bénisse Esther Blondin.
RépondreSupprimerCher Denis, c'est grâce à notre amie Christiane que j'ai su que le mystérieux Rancourt Coté, c'était toi. Je n'aurais jamais trouvé cela tout seul. En mettant en ligne le blogue sur Mère Marie Anne, en fin de journée le jour de sa fête, j'étais loin de me douter que la vie de cette Bienheureuse avait déjà eu une incidence sur ma paroisse. Quel mystère; quel heureux mystère!!! Cela fait plus d'un an que j'entends parler de l'Horeb Saint-Jacques, mais je n'avais jamais su que ce lieu de spiritualité appartenait aux Soeurs de Sainte-Anne quand l'École d'Évangélisation Saint-André a vu le jour dans le diocèce de Joliette il y a dix ans. Vive Mère Marie-Anne, vive les Soeurs de Sainte-Anne, vive l'École d'Évangélisation Saint-André !!!!
RépondreSupprimerVoir: http://horebsaintjacques.com/