Pourquoi un pape devient-il pape?
Voilà une question un peu
étrange, n’est-ce pas? Pas si étrange que cela, à vrai dire, car quiconque sait
ce qu’est un pape, s’est probablement déjà posé cette question. Je vais donner
une réponse vraie, mais non exhaustive, évidemment. Ma réponse aujourd’hui est
celle-ci: un pape devient pape parce qu’il aime Jésus plus que d’autres
personnes qui aiment Jésus. Un pape devient pape parce qu’il aime beaucoup
Jésus. Car parmi les gens qui aiment Jésus, il y a ceux et celles qui l’aiment
beaucoup, ceux et celles qui l’aiment moyennement, et ceux et celles qui l’aiment
peu ou pas du tout.
Jésus a confirmé le choix de
Pierre comme premier pape, quelques jours après sa résurrection. Lorsque Jésus ressuscité
est apparu à ses apôtres sur le bord du lac de Tibériade, il a demandé à Pierre
à trois reprises: « Simon, fils de
Jean, m’aimes-tu? ». Chacune de ces trois questions posées à Pierre, était
un peu différente. Je veux insister ici sur la première des trois questions:
« Quand
ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que
ceux-ci ? » Il lui répond: « Oui, Seigneur! Toi, tu le sais:
je t’aime. » Jésus lui dit: « Sois le berger de mes agneaux. » (Jn 21, 15)
La
question de Jésus est très intéressante. Elle montre que pour être pape, il
faut aimer Jésus d’une façon très spéciale; il faut aimer Jésus plus que la
grande majorité des gens. Je remercie les papes que j’ai connus d’avoir tant
aimé Jésus. Nous allons lire dans un instant un texte du pape Paul VI qui nous
montre l’amour immense qu’il avait pour Jésus. Voilà le premier exemple que je
désire recevoir de chaque pape: l’exemple de quelqu’un qui est amoureux de
Jésus.
À
première vue, on pourrait penser que ces trois questions sur l’amour, ont dû
être très éprouvantes pour l’apôtre Pierre. Mais comme le dit le cardinal Carlo
Maria Martini, décédé en 2012, c’est mystérieusement le moyen que Jésus a
choisi pour que Pierre retrouve confiance en lui et qu’il ne puisse plus douter
de la confiance que Jésus avait en lui:
«
Comment Jésus lui restitue la confiance? Non pas par à un interrogatoire sur
les faits, mais grâce à interrogatoire sur l’amour. Ainsi Jésus l’interroge sur
la réalité qui est la plus profonde et la plus vraie chez Pierre; il va creuser
dans le fond de cet homme et y chercher ce qu’il y a en lui de meilleur.
S’il
l’avait interrogé sur la constance, sur la cohérence, sur la maîtrise de soi,
sur la prudence, sur toutes ces choses, Pierre aurait peut-être dit: « Oui, j’ai failli; je ne mérite plus
confiance, je ne suis plus digne d’être appelé ton vicaire, fais de moi le
dernier de tes employés ». Au lieu de cela, Jésus l’interroge sur
l’amour et voilà que nous nous scandalisons quasiment de cela, ou encore nous
sommes si aveugles que nous ne nous étonnons même pas de l’étrangeté de cette
interrogation.
Il
m’est arrivé quelques fois de lire les questionnaires qui se font lorsque
quelqu’un doit être examiné en vue d’un poste de responsabilité dans
l’Église : on demande s’il sait prêcher, s’il sait administrer, s’il sait
organiser, s’il sait se débrouiller dans des situations difficiles. Il n’y a
aucune question sur l’amour; je n’ai jamais vu dans ces questionnaires la
demande « s’il sait aimer ».
Mais
Jésus, au contraire, demande l’amour: « Sais-tu aimer? ». Et puisque Jésus sait ce qu’il fait, cela
veut dire que c’est elle la question la plus importante, la demande
fondamentale adressée à l’homme, celle où se joue non seulement le destin de
l’homme, mais aussi celui de l’Église.
Voyons
un peu comment Jésus interroge Pierre sur l’amour. Il l’interroge trois fois,
comme pour dire : « Non, non, non, …
c’est cela la question; je n’en ai pas d’autres » (1)
Je suis très heureux d'avoir redécouvert ce texte du cardinal Martini. Les mots de ce cardinal m'ont réconcilié avec le dialogue entre Jésus ressuscité et saint Pierre. Jusqu'à maintenant, je considérais que ce dialogue avait dû être une terrible épreuve pour le premier des apôtres. Quelles questions embarrassantes après son triple reniement! Mais maintenant je comprends que l'intention de Jésus n'était pas d'embarrasser son bon ami, mais de lui redonner confiance. Car Jésus savait que Pierre l'aimait et l'avait toujours aimé. Jésus savait aussi que Pierre avait pleuré amèrement son triple reniement et que cela aussi était un signe de son amour. Ces pleurs ont mystérieusement fait croître l'amour de Pierre envers Jésus. D'autant plus que Pierre a croisé le regard de Jésus immédiatement après l'avoir renié pour la troisième fois, comme le relate saint Luc (Lc 22, 61). Le regard d'amour qu'a posé Jésus sur son apôtre à ce moment précis et crucial, a été à jamais gravé dans la mémoire de saint Pierre et a contribué à faire grandir énormément l'amour du disciple pour son Maître et Ami. C'est cet amour que Jésus a voulu faire ressortir par ses trois questions. Comme c'est beau, n'est-ce pas?
Voici maintenant l’exemple d’un pape de notre époque, qui ne s’est pas gêné de manifester au monde entier à quel point son cœur était épris de Jésus, amoureux de Jésus.
Voici maintenant l’exemple d’un pape de notre époque, qui ne s’est pas gêné de manifester au monde entier à quel point son cœur était épris de Jésus, amoureux de Jésus.
Extraits d’une homélie prononcée par Paul VI à Manille (traduction qui est mienne):
HOMÉLIE DE PAUL VI À MANILLE (29
NOVEMBRE 1970)
Jésus Christ
Moi, Paul, successeur de saint Pierre, chargé de la
mission pastorale pour l’Église entière, je ne serais jamais venu de Rome
jusqu’à ce pays extrêmement lointain, si je n’étais fermement persuadé de deux
choses fondamentales : la première : du Christ; la deuxième, de votre
salut. Du Christ ! Oui, je sens la nécessité de l’annoncer, je ne puis pas le
taire : « Malheur à moi si je n’annonçais pas
l’Évangile ! » (1 Cor 9, 16) Je suis envoyé par Lui, par
le Christ lui-même, pour cela. Je suis apôtre, je suis témoin. Plus
le but est éloigné, plus la mission est difficile, plus est urgent l’amour qui
nous pousse (2 Cor 5, 14). Je dois proclamer son nom : Jésus est le Christ, le
Fils du Dieu vivant. C'est Lui qui nous a révélé le Dieu invisible; c'est Lui
qui est le Premier Né de toute créature; Il est le fondement de toute chose. Il
est le maître de l'humanité et son rédempteur; il est né, il est mort, Il est
ressuscité pour nous; Il est le centre de l’histoire et du monde; Il est Celui
qui nous connaît et qui nous aime ; il est le compagnon et l'ami de notre vie,
l'homme de la douleur et de l'espérance; c'est Lui qui doit venir, qui sera
finalement notre juge et aussi, nous l’espérons, la plénitude éternelle de
notre existence, notre félicité.
Je n'en finirais jamais de parler de lui ; il est la
lumière, il est la vérité ; bien plus, il est le chemin, la vérité et la vie.
Il est le pain, la source d'eau vive qui comble notre faim et notre soif. Il
est notre berger, notre chef, notre modèle, notre réconfort, notre frère. Comme
nous et plus que nous, il a été petit, pauvre, humilié, travailleur, opprimé,
souffrant. C'est pour nous qu'il a parlé, accompli ses miracles, fondé un
royaume nouveau où les pauvres sont bienheureux, où la paix est le principe de
la vie commune, où ceux qui ont le coeur pur et ceux qui pleurent sont relevés
et consolés, où les affamés de justice sont rassasiés, où les pécheurs peuvent
obtenir le pardon, où tous découvrent qu'ils sont frères.
Jésus Christ : vous avez entendu parler de lui; bien
plus, pour la majorité d’entre vous, vous lui appartenez déjà, vous êtes
chrétiens. Eh bien à vous chrétiens, je répète son nom, et je l'annonce à tous
: le Christ Jésus est le principe et la fin, l'alpha et l'oméga, le roi du
monde nouveau; Il est le secret de l’histoire; Il est la clef de nos destins;
Il est le médiateur et pour ainsi dire le pont entre la terre et le ciel. Il
est, de la façon la plus haute et la plus parfaite, le Fils de l'homme, parce
qu'il est le Fils de Dieu, éternel, infini ; et il est le fils de Marie, bénie
entre toutes les femmes, sa mère selon la chair et notre mère par notre
participation à l'Esprit du Corps mystique. Jésus Christ ! Retenez-le bien:
c’est notre annonce perpétuelle, c’est la voix que nous faisons retentir par
toute la terre (Rom 10, 18), et pour l’éternité des siècles (Rom 9, 5).
Souvenez-vous de ceci et méditez ceci: le pape est venu
ici parmi nous, et il a crié : Jésus Christ ! Et ici j’exprime
la deuxième idée dynamique qui m’a conduit à vous : nous devons célébrer
Jésus Christ non seulement pour ce qu’Il est en lui-même, mais nous devons le
louer et l’aimer pour ce qu’Il est pour nous, pour chacun de nous, pour chaque
peuple et pour chaque civilisation. Christ est notre Sauveur. Christ est notre
bienfaiteur suprême. Christ est notre libérateur. Christ nous est nécessaire
pour être des personnes humaines dignes et vraies dans l’ordre temporel, et des
personnes sauvées et élevées à l’ordre surnaturel.
(1) Carlo
Maria Martini, « è il
Signore! » Gv. 21,7, Cooperativa In Dialogo, 1983, pp. 53-54. J’ai moi-même traduit le texte en français.
Ce blogue est en fait un enseignement pour les cellules paroissiales d’évangélisation qui sont dans notre
paroisse. Le but de cet enseignement est de susciter en nous un plus grand
amour envers Jésus.
Question pour le partage :
Comment est-ce que je montre à
Jésus que je l’aime? De quelles manières concrètes?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire