L’ESPÉRANCE
Chers amis, je veux vous parler
aujourd’hui de la vertu théologale qu’est l’ESPÉRANCE. Je suis convaincu que
cette vertu théologale est très importante pour nous les catholiques du XXIème
siècle. C’est probablement la vertu qui nous manque le plus et que,
mystérieusement, nous ne demandons que très rarement à Dieu dans nos prières.
Mystère!
Dans notre paroisse, nous avons
mis en place il y a deux ans, un moyen que je juge assez extraordinaire pour
l’évangélisation; ce moyen se nomme le « Système des Cellules Paroissiales d’Évangélisation » (SCPÉ).
Dans certains pays du monde, l’implantation du SCPÉ se fait tout naturellement
et se développe à une très grande vitesse, pour ne pas dire à une vitesse
vertigineuse. Ce n’est pas le cas au Québec, et surtout pas dans notre
paroisse. Les « cellules
paroissiales d’évangélisation », dont le mot « cellule » est tiré du monde de la biologie, devraient
avoir pour caractéristique de se « multiplier »,
tout comme il en est dans le corps humain où les cellules ont pour mission de
se multiplier. Or même si le SCPÉ est implanté depuis déjà deux ans dans notre
paroisse, nous n’avons pour l’instant que deux « cellules ». C’est très peu à mes yeux. Et cela met à l’épreuve
mon ESPÉRANCE. Je suis frappé par le fait que mon dernier blogue, intitulé
« Mes initiales: GS », porte sur
l’espérance. Le Seigneur semble vouloir me dire que la joie que je recherche
tant dans ma vie et qui est mon désir le plus profond, doit nécessairement être
associée à l’ESPÉRANCE et même s’ancrer dans l’ESPÉRANCE. Si je persiste, comme
pasteur à vouloir mener le défi de l’implantation du SCPÉ dans notre paroisse,
c’est que j’ai FOI en ce moyen
d’évangélisation. J’ai une très grande FOI
en ce moyen providentiel qui nous est donné par l’Esprit Saint spécialement
pour notre temps. Mais je dois avouer que ma vertu d’ESPÉRANCE est mise à dure épreuve par l’implantation très lente des
CPÉ dans notre milieu. Le tout est de ne pas nous décourager. Demandons à Dieu
l’ESPRÉRANCE.
Le poète et écrivain Charles Péguy
est une des personnes qui ont le mieux parlé de l’espérance. Péguy parle de la « petite espérance » dans
son œuvre intitulée: Le porche du mystère de la deuxième vertu. Le
titre de cette œuvre m’a toujours paru bizarre et très compliqué. Mais depuis
quelque temps, je trouve ce titre magnifique. C’est un peu comme si le poète
Charles Péguy s’avançait sur la pointe des pieds pour parler de l’espérance.
Cet auteur a une telle révérence et une telle admiration pour la vertu de
l’espérance, qu’il est conscient que ce qu’il va dire, ne sera toujours qu’une
introduction (le « porche ») dans le « mystère »
que revêt l’espérance.
Pour
comprendre ce titre, il faut savoir que pendant des siècles, lorsqu’on parlait
des trois vertus « théologales »,
on les mentionnait toujours dans l’ordre suivant: la FOI , l’ESPÉRANCE et la CHARITÉ. L’espérance
était toujours au milieu des deux grandes vertus que sont la FOI et la CHARITÉ. C’est ce
qui fait dire à Péguy que l’espérance était toujours entre ses deux grandes
sœurs, la FOI et la CHARITÉ. Mais laissons
parler Péguy:
« La
petite Espérance s'avance entre ses deux grandes sœurs
et
on ne prend pas seulement garde à elle.
Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le
chemin
raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route
entre ses deux sœurs la petite espérance
S'avance.
Entre ses deux grandes sœurs.
Le peuple
chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n'a
de regard
que pour les deux grandes sœurs.
Celle qui
est à droite et celle qui est à gauche.
Et il ne
voit quasiment pas celle qui est au milieu.
La
petite, celle qui va encore à l'école.
Et qui
marche.
Perdue
dans les jupes de ses sœurs.
Et il
croit volontiers que ce sont les deux grands
qui
traînent la petite par la main.
Au
milieu.
Entre les
deux.
pour lui
faire faire ce chemin raboteux du salut.
Les
aveugles, ils ne voient pas au contraire
Que c'est
elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs.
Et que
sans elle elles ne seraient rien…
C'est
elle, cette petite, qui entraîne tout.
Car la Foi ne voit que ce qui
est. Et elle, elle voit ce qui sera.
L'Espérance
voit ce qui sera. Dans le temps et pour l'éternité…
Pour
ainsi dire dans le futur de l'éternité même...
Dieu et
le prochain.
Comme la Foi voit. Dieu et la
création.
Mais
l'Espérance aime ce qui sera. Dans le temps et pour l'éternité…
Pour
ainsi dire dans le futur de l'éternité.
L'Espérance
voit ce qui n'est pas encore et qui sera.
Elle aime
ce qui n'est pas encore et qui sera…
Dans le
futur du temps et de l'éternité.
La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’espérance.
La foi, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant.
J’éclate tellement dans ma création.
La charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant.
Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un coeur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres.
Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne.
Moi-même.
Ça c’est étonnant.
La foi, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant.
J’éclate tellement dans ma création.
La charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant.
Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un coeur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres.
Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne.
Moi-même.
Ça c’est étonnant.
La foi va
de soi. La foi marche toute seule. Pour
croire il n'y a qu'à se laisser aller, il n'y a qu'à
regarder. Pour ne pas croire il faudrait se vio-
-lenter, se torturer,se tourmenter, se contrarier.
Se raidir. Se prendre à l'envers, se mettre à l'en-
-vers, se remonter. La foi est toute naturelle, toute
allante, toute simple, toute venante. Toute bonne
venante. Toute belle allante. C'est une bonne
femme que l'on connaît, une vieille bonne
femme, une bonne vieille paroissienne, une
bonne femme de la paroisse, une vieille grand-
-mère, une bonne paroissienne. Elle nous raconte
les histoires de l'ancien temps, qui sont arrivées
dans l'ancien temps.
Pour ne pas croire, mon enfant, il faudrait
se boucher les yeux et les oreilles. Pour ne pas voir,
pour ne pas croire.
La charité va malheureusement de soi. La charité
marche toute seule. Pour aimer son prochain il
n'y a qu'à se laisser aller, il n'y a qu'à regarder
tant de détresse. Pour ne pas aimer son prochain
il faudrait se violenter, se torturer, se
tourmenter, se contrarier. Sa raidir. Se faire
mal. Se dénaturer, se prendre à l'envers, se
mettre à l'envers. Se remonter. La charité est
toute naturelle, toute jaillissante, toute simple,
toute bonne venante. C'est le premier mouve-
ment du cœur. C'est le premier mouvement qui
est le bon. La charité est une mère et une sœur.
Pour ne pas aimer son prochain, mon enfant, il
faudrait se boucher les yeux et les oreilles.
À tant de cris de détresse.
croire il n'y a qu'à se laisser aller, il n'y a qu'à
regarder. Pour ne pas croire il faudrait se vio-
-lenter, se torturer,se tourmenter, se contrarier.
Se raidir. Se prendre à l'envers, se mettre à l'en-
-vers, se remonter. La foi est toute naturelle, toute
allante, toute simple, toute venante. Toute bonne
venante. Toute belle allante. C'est une bonne
femme que l'on connaît, une vieille bonne
femme, une bonne vieille paroissienne, une
bonne femme de la paroisse, une vieille grand-
-mère, une bonne paroissienne. Elle nous raconte
les histoires de l'ancien temps, qui sont arrivées
dans l'ancien temps.
Pour ne pas croire, mon enfant, il faudrait
se boucher les yeux et les oreilles. Pour ne pas voir,
pour ne pas croire.
La charité va malheureusement de soi. La charité
marche toute seule. Pour aimer son prochain il
n'y a qu'à se laisser aller, il n'y a qu'à regarder
tant de détresse. Pour ne pas aimer son prochain
il faudrait se violenter, se torturer, se
tourmenter, se contrarier. Sa raidir. Se faire
mal. Se dénaturer, se prendre à l'envers, se
mettre à l'envers. Se remonter. La charité est
toute naturelle, toute jaillissante, toute simple,
toute bonne venante. C'est le premier mouve-
ment du cœur. C'est le premier mouvement qui
est le bon. La charité est une mère et une sœur.
Pour ne pas aimer son prochain, mon enfant, il
faudrait se boucher les yeux et les oreilles.
À tant de cris de détresse.
Mais l'espérance ne va pas de soi. L'espérance ne
va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il
faut être bien heureux, il faut avoir obtenu,
reçu une grande grâce.
C'est la foi qui est facile et de ne pas croire qui se-
rait impossible. C'est la charité qui est facile et
de ne pas aimer qui serait impossible. Mais c'est
d'espérer qui est difficile.
à voix basse et honteusement
Et le facile et la pente est de désespérer et c'est la
grande tentation. »
(Charles Péguy – Le proche du mystère
de la deuxième vertu)
Questions pour un partage:
1- J’ai volontairement omis dans
ce blogue de citer la Parole de Dieu, ce qui est assez anormal pour
un enseignement dédié aux « cellules »
(1). La raison en est que ma première question est la suivante:
« Pouvez-vous citer de mémoire des
paroles de Jésus qui regarde spécifiquement l’ESPÉRANCE ? »
2- Quelle est la caractéristique
fondamentale de l’ESPÉRANCE, selon Charles Péguy?
3- M’arrive-t-il parfois de prier
Dieu pour qu’Il augmente en moi l’ESPÉRANCE?
(1) Ce blogue est un enseignement dédié aux deux
« cellules » de notre paroisse. Le SCPÉ implique que les membres de
la cellule se réunissent à chaque semaine pour vivre une soirée en sept étapes.
La troisième étape de la soirée consiste en un enseignement du pasteur et la
quatrième étape, en l’approfondissement de l’enseignement par les membres de la
cellule. Le SCPÉ est donc en lien constant et profond avec la paroisse. Quand
vous avez lu un de mes blogues qui se terminaient par les mots « Questions pour un partage », vous
avez lu un des enseignements donnés à nos deux cellules.
La foi est un cadeau qu'on reçoit; la charité il faut avoir des œillères ou être sourd et aveugle pour la nier ou ne pas la constater. L'espérance exige un effort personnel de chacun, elle n'est pas gratuite; et elle ne va pas sans la présence de la foi et de la charité elle en découle.
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