« Guy (Jean, Nicole,
etc.), m’aimes-tu? » (Jésus)
Nous vivons en fin de semaine le
dernier dimanche de l’année liturgique. Nous célébrons Jésus Roi de l’univers. C’est une solennité que j’aime beaucoup.
Jésus veut régner sur l’univers et je me dois de partager avec Lui ce désir. Pour
que ce désir se réalise, Jésus doit d’abord régner en moi et autant que
possible de façon complète et totale. Nous savons grâce à la Parole de Dieu et à l’enseignement de l’Église,
que nous verrons Jésus face à face lorsque nous serons parfaitement unis à Lui,
immaculés dans l’amour: « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du
monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. »
(Ephésiens 1, 4)
À mes yeux, la seule question qu’il
vaut la peine de se poser en ce grand jour où nous célébrons notre Roi, c’est
la demande que Jésus a adressée à son ami Simon-Pierre à trois reprises, au
lendemain de la Résurrection: « Pierre,
m’aimes-tu? ». Voilà la question que Jésus désire nous poser,
aujourd’hui, selon moi.
J’ai fait une heureuse découverte
ces jours-ci. J’ai partagé cette découverte dans un de mes derniers blogues
intitulé: « Pourquoi un pape
devient-il pape ».
La question que Jésus Ressuscité
pose au chef des apôtres, sur le bord du lac de Tibériade, m’a toujours posé
problème. Cela m’a toujours semblé être une question embarrassante pour
Simon-Pierre. Or comment la plus belle question que Jésus puisse nous poser,
peut-elle être embarrassante? C’est, comme on dit parfois, une contradiction
dans les termes.
Dernièrement, je me suis souvenu
d’un magnifique texte du cardinal Carlo Maria Martini, que j’ai lu il y a de
cela plusieurs années. En lisant à nouveau ce texte, j’ai finalement compris
que l’on peut interpréter de façon très positive les trois questions sur
l’amour que Jésus a posées à Pierre. Les lignes que vous lirez dans un instant,
ne résolvent pas tous les problèmes et interrogations que peuvent soulever ce
passage des évangiles, mais elles jettent une lumière nouvelle et pénétrante
sur le dialogue entre Jésus et Pierre. Vous pourrez lire dans un instant les
réflexions du cardinal Martini; elles m’ont servi dernièrement pour répondre à
une question qui peut sembler étrange, mais qui a son importance; cette
question est la suivante: « Pourquoi
un pape devient-il pape? »
Pourquoi un pape devient-il pape?
(Blogue « Dieu ma joie » du Père Guy Simard,
omv, en date du 16 novembre 2017)
Voilà une question un peu étrange, n’est-ce pas? Pas si
étrange que cela, à vrai dire, car quiconque sait ce qu’est un pape, s’est
probablement déjà posé cette question. Je vais donner une réponse vraie, mais
non exhaustive, évidemment. Ma réponse aujourd’hui est celle-ci: un pape
devient pape parce qu’il aime Jésus plus que d’autres personnes qui aiment
Jésus. Un pape devient pape parce qu’il aime beaucoup Jésus. Car parmi les gens
qui aiment Jésus, il y a ceux et celles qui l’aiment beaucoup, ceux et celles
qui l’aiment moyennement, et ceux et celles qui l’aiment peu ou pas du tout.
Jésus a confirmé le choix de Pierre comme premier pape,
quelques jours après sa résurrection. Lorsque Jésus ressuscité est apparu à ses
apôtres sur le bord du lac de Tibériade, il a demandé à Pierre à trois
reprises: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu? ». Chacune de ces
trois questions posées à Pierre, était un peu différente. Je veux insister ici
sur la première des trois questions:
« Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre:
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que
ceux-ci ? » Il lui répond: « Oui, Seigneur! Toi, tu le sais:
je t’aime. » Jésus lui dit: « Sois le berger de mes agneaux. » (Jn 21, 15)
La question de Jésus est très intéressante. Elle montre
que pour être pape, il faut aimer Jésus d’une façon très spéciale; il faut
aimer Jésus plus que la grande majorité des gens. Je remercie les papes que
j’ai connus d’avoir tant aimé Jésus. Nous allons lire dans un instant un texte du
pape Paul VI qui nous montre l’amour immense qu’il avait pour Jésus. Voilà le
premier exemple que je désire recevoir de chaque pape: l’exemple de quelqu’un
qui est amoureux de Jésus.
À première vue, on pourrait penser que ces trois
questions sur l’amour, ont dû être très éprouvante pour l’apôtre Pierre. Mais
comme le dit le cardinal Carlo Maria Martini, décédé en 2012, c’est
mystérieusement le moyen que Jésus a choisi pour que Pierre retrouve confiance
en lui et qu’il ne puisse plus douter de la confiance que Jésus avait en lui:
« Comment Jésus lui restitue la confiance?
Non pas par à un interrogatoire sur les faits, mais grâce à interrogatoire sur
l’amour. Ainsi Jésus l’interroge sur la réalité qui est la plus profonde et la
plus vraie chez Pierre; il va creuser dans le fond de cet homme et y chercher
ce qu’il y a en lui de meilleur.
S’il l’avait interrogé sur la constance,
sur la cohérence, sur la maîtrise de soi, sur la prudence, sur toutes ces
choses, Pierre aurait peut-être dit: « Oui, j’ai failli; je ne mérite
plus confiance, je ne suis plus digne d’être appelé ton vicaire, fais de moi le
dernier de tes employés ». Au lieu de cela, Jésus l’interroge sur
l’amour et voilà que nous nous scandalisons quasiment de cela, ou encore nous
sommes si aveugles que nous ne nous étonnons même pas de l’étrangeté de cette
interrogation.
Il m’est arrivé quelques fois de lire les
questionnaires qui se font lorsque quelqu’un doit être examiné en vue d’un
poste de responsabilité dans l’Église : on demande s’il sait prêcher, s’il
sait administrer, s’il sait organiser, s’il sait se débrouiller dans des
situations difficiles. Il n’y a aucune question sur l’amour; je n’ai jamais vu
dans ces questionnaires la demande « s’il sait aimer ».
Mais Jésus, au contraire, demande l’amour:
« Sais-tu aimer? ». Et puisque Jésus sait ce qu’il fait, cela
veut dire que c’est elle la question la plus importante, la demande
fondamentale adressée à l’homme, celle où se joue non seulement le destin de
l’homme, mais aussi celui de l’Église.
Voyons un peu comment Jésus interroge
Pierre sur l’amour. Il l’interroge trois fois, comme pour dire :
« Non, non, non, … c’est cela la question; je n’en ai pas
d’autres » (1)
Je suis très heureux d'avoir redécouvert ce texte du
cardinal Martini. Les mots de ce cardinal m'ont réconcilié avec le dialogue
entre Jésus ressuscité et saint Pierre. Jusqu'à maintenant, je considérais que
ce dialogue avait dû être une terrible épreuve pour le premier des apôtres.
Quelles questions embarrassantes après son triple reniement! Mais maintenant je
comprends que l'intention de Jésus n'était pas d'embarrasser son bon ami, mais
de lui redonner confiance. Car Jésus savait que Pierre l'aimait et l'avait
toujours aimé. Jésus savait aussi que Pierre avait pleuré amèrement son triple
reniement et que cela aussi était un signe de son amour. Ces pleurs ont
mystérieusement fait croître l'amour de Pierre envers Jésus. L’origine des
chaudes larmes que Pierre a versées à l’aube du matin où Jésus fut condamné à
mort, se trouve certainement dans le regard que Jésus a posé sur son ami immédiatement
après que celui-ci l’eut renié pour la troisième fois, comme le relate saint Luc
(Lc 22, 61). Le regard d'amour qu'a posé Jésus sur son apôtre à ce moment
précis et crucial, a été à jamais gravé dans la mémoire de saint Pierre et a
contribué à faire grandir énormément l'amour du disciple pour son Maître et
Ami. C'est cet amour que Jésus a voulu faire ressortir par ses trois questions.
Comme c’est beau, n’est-ce pas?
La peinture que vous voyez ci-dessus est une commande
spéciale que j’ai faite à une artiste de chez nous, madame Anne-Marie Forest. Lorsque
j’ai rencontré Anne-Marie et que j’ai su qu’elle était peintre professionnelle,
je lui ai demandé de peindre la scène évangélique qui me bouleverse le plus, c'est-à-dire
le regard qu’a posé Jésus sur Simon-Pierre, après que celui-ci l’eut renié pour
une troisième fois. J’ai dit à Anne-Marie que je désirais que Jésus soit placé
entre deux soldats et qu’il soit en train de regarder Pierre. Je lui ai aussi
dit que Pierre ne devrait pas être dans la peinture; c’est chacun de nous qui,
regardant Jésus, devions nous mettre dans la peau et les souliers de
Simon-Pierre. N’est-ce pas que cette peinture est magnifique? Merci chère
Anne-Marie pour cet immense cadeau qui continue à m’inspirer et m’inspirera
jusqu’à ma mort.
Voici maintenant l’exemple d’un pape de notre époque, qui
ne s’est pas gêné de manifester au monde entier à quel point son cœur était
épris de Jésus, amoureux de Jésus.
Extraits d’une homélie prononcée par Paul VI à Manille (traduction
qui est mienne):
HOMÉLIE DE PAUL VI À MANILLE (29 NOVEMBRE 1970)
Jésus Christ
(Pour lire cette
page merveilleuse de Paul VI, voir le blogue « Dieu ma joie » en date du 16 novembre 2017)
(1) Carlo Maria Martini, « ... è il
Signore! » Gv. 21,7, Cooperativa In Dialogo, 1983, pp. 53-54. J’ai
moi-même traduit le texte en français.
Ce blogue est en fait un enseignement pour les cellules
paroissiales d’évangélisation qui sont dans notre paroisse. Le but de
cet enseignement est de susciter en nous un plus grand amour envers Jésus.
Question pour le partage :
Comment est-ce que je montre à Jésus que je l’aime? De
quelles manières concrètes?
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