L’adoration eucharistique
Les Pères
Greg Staab et Bill Neubecker, omv,
en adoration
devant le Saint-Sacrement
Photo ci-dessus: Les Pères Greg et Bill
sont des membres de ma Congrégation
religieuse: Les Oblats de la Vierge Marie. Greg, celui qui est au lit, souffre d'atrophie
multisystématisée depuis quelques années. Il ne peut pratiquement plus marcher. Bill va le visiter presque à chaque jour.
Témoignage du pape François: « Je prie l’Office chaque matin. J’aime prier avec les psaumes. Je célèbre ensuite la messe. Et je prie le rosaire. Ce que je préfère vraiment, c’est l’Adoration du soir, même quand je suis distrait, que je pense à autre chose, voire quand je sommeille dans ma prière. Entre sept et huit heures du soir, je me tiens devant le saint sacrement pour une heure d’adoration. Mais je prie aussi mentalement quand j’attends chez le dentiste ou à d’autres moments de la journée. La prière est toujours pour moi une prière “mémorieuse” (memoriosa), pleine de mémoire, de souvenirs, la mémoire de mon histoire ou de ce que le Seigneur a fait dans son Église ou dans une paroisse particulière. C’est la mémoire dont saint Ignace parle dans
Voici maintenant un texte
de Nicolas Buttet, prêtre, modérateur de la fraternité « Eucharistein », et auteur d’une
trilogie sur l’Eucharistie: Aimer et faire connaître l’amour (éd. de
l’Emmanuel), Brûlé au soleil de Dieu
(éd. du Cerf), et L’Eucharistie à l’école
des saints (éd. de l’Emmanuel):
L’adoration eucharistique
rejoint un peu le sacrifice d’Holocauste dans l’Ancien Testament, c’est-à-dire,
brûler toute l’offrande pour Dieu seul. Quelque part, en adorant, on brûle tout
notre temps pour Dieu. Quel gaspillage ! Brûler, gaspiller du temps devant
Dieu, comme ça, sans rien faire (…) qu’être en sa Présence.
Ça c’est une manière de voir,
mais une manière tellement paradoxale qu’elle dit toute la signification,
finalement… Donner du temps à Dieu… L’amour donne du temps à l’être aimé. C’est
la seule manière d’ailleurs de montrer à une personne qu’on aime, ce n’est pas
de lui offrir des cadeaux matériels, c’est de lui offrir du temps, offrir de sa
personne. Et bien c’est une manière de signifier à Dieu l’amour qu’on a pour
lui. Et c’est vrai que prendre du temps pour le Seigneur, gratuitement, comme
ça, c’est une manière d’exprimer l’amour.
Mais en même temps, c’est
profondément actif, parce que dans l’échange, dans la présence, il y a vraiment
une sortie de soi, une extase de soi. C’est une spécificité de l’adoration
eucharistique, de plonger dans le cœur de Jésus qui est devant moi, de rentrer
en relation avec lui, qui est réellement et corporellement présent en face de
moi. Et donc cette extase du « moi », cet exode du « moi » est un exercice
permanent qui va à l’encontre de la culture actuelle, qui est très égocentrée,
qui est très refermée sur elle-même… Cet enfermement sur soi, cette nouvelle
trinité moderne « moi, moi, moi », et bien là on est « toi, toi, toi,
Jésus ».
D’un point de vue plus
anthropologique, l’adoration est vraiment un lieu de guérison de la
personnalité, parce qu’elle nous évite ce repliement sur nous-mêmes, pour nous
mettre en extase de soi. Et ça c’est un sacré travail, que de mettre Dieu à la
première place dans notre vie, et de sortir de soi pour aimer, jusqu’à cette
folie de l’amour qui doit ensuite, bien sûr, se concrétiser dans la vie de tous
les jours, avec nos frères et sœurs en humanité.
Les catholiques, surtout les jeunes catholiques, ont renoué depuis quelque temps avec cette forme de prière. Pourquoi, selon vous ? A quoi est-ce que cela est dû? Est-ce que ça correspond à un besoin véritable, à une urgence spirituelle?
Les catholiques, surtout les jeunes catholiques, ont renoué depuis quelque temps avec cette forme de prière. Pourquoi, selon vous ? A quoi est-ce que cela est dû? Est-ce que ça correspond à un besoin véritable, à une urgence spirituelle?
Ils ont « renoué », je dirais ils ont « renouvelé »,
complètement. Parce que si l’on pense à « renouer », on dirait qu’on a retrouvé
une pratique ancienne. Or il me semble qu’il y a une terrible actualité de
l’adoration eucharistique. Quand on demandait à Mère Térésa comment faire pour
changer les paroisses et changer le monde, elle disait: « Exposez Jésus tous les
jours sur vos autels, et vous allez voir que tout va changer ». Donc, il y a une bouleversante
actualité de l’adoration eucharistique, ce n’est pas une pratique ancienne
qu’on remettrait au goût du jour, c’est une actualité prophétique que l’on
signifie par l’adoration eucharistique.
Nous adorons et nous exposons le Seigneur, mais plus exactement, nous nous exposons au regard d’amour de Dieu. Je crois que dans un monde très blessé comme le nôtre, dans un monde où il est difficile de vivre notre vie de chrétien, l’adoration eucharistique est vraiment une réponse à cela.
L’adoration eucharistique va,
à la fois, nous donner un cœur d’enfant, et redonner à l’humanité entière un
cœur d’enfant. Pas un cœur puéril, mais un cœur d’enfant de Dieu, un cœur d’une
personne qui sait que, sans Dieu, elle ne peut rien faire, un cœur branché sur l’essentiel:
sur le Christ, l’Unique.
Finalement, il y a dans
l’adoration eucharistique, le réponse aux deux tragédies de notre temps : la
présomption de bâtir un monde sans Dieu, qui mène à une catastrophe, et le
désespoir de ne plus savoir où se tourner devant les épreuves de notre monde.
L’homme ne vivra la paix, la
joie, le bonheur, ne pourra établir la justice sur la terre, que lorsqu’il se
mettra humblement à genoux devant son Dieu. La grandeur de l’homme, c’est être
à genoux devant Dieu. Quand l’homme se met à genoux devant Dieu, le plan de
Dieu, l’œuvre de Dieu va pouvoir s’accomplir dans les cœurs et dans le monde.
Au cœur d’une crise économique tragique qui va encore empirer, au cœur de guerres et de violences, de menaces de guerre et de bruit de bottes au Moyen-Orient, eh bien au cœur de toutes ces souffrances de nos frères et sœurs en humanité, on est en train de dire : « voilà, on va faire la révolution !» La révolution consiste à mettre Dieu à la première place dans nos cœurs, dans nos vies et dans la société.
Au cœur d’une crise économique tragique qui va encore empirer, au cœur de guerres et de violences, de menaces de guerre et de bruit de bottes au Moyen-Orient, eh bien au cœur de toutes ces souffrances de nos frères et sœurs en humanité, on est en train de dire : « voilà, on va faire la révolution !» La révolution consiste à mettre Dieu à la première place dans nos cœurs, dans nos vies et dans la société.
Tiré de: Fraternité Eucharistein: Accueil
eucharistein.org/
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