Jas, neveu de Pier Giorgio, raconte
Jas Gawronski
Pier Giorgio Frassati avait une
sœur nommée Luciana; elle était seize mois plus jeune que lui. Ils étaient de très grands
amis. Luciana a écrit d’excellents livres sur son frère. Elle épousa Jan
Gawronski et le couple eut six enfants dont Jas et Wanda. Jas est un journaliste
politique et est membre du Parlement Européen.
Wanda est très occupée à faire connaître son neveu à travers le monde. Elle
donne de nombreuses entrevues et est même venue au Canada. Le Père Thomas
Rosica fondateur de la chaîne télévisée Sel
et Lumière, en a profité un jour pour l’interviewer (1).
Un des livres les plus
impressionnants qu’ait écrits Luciana à propos de son frère,
raconte les derniers jours de sa vie. Pier Giorgio est mort en six jours: son
agonie a duré du lundi 29 juin au samedi 4 juillet. Ce cher Bienheureux était
né un Samedi Saint et il est mort un
samedi, jour dédié à la Vierge Marie ,
cette Mère qu’il aimait tant. Aujourd’hui, 29 juin 2016, en la Solennité des apôtres Pierre et Paul, nous pouvons
penser à l’agonie qu’a commencée à vivre Pier Giorgio le 29 juin 1925. Le livre
de Luciana commence ainsi :
« Le
matin de Saint Pierre, fête de son premier prénom, la mort a frappé à la porte
de sa chambre. Durant des mois et des mois, il avait fait l’exhortation
suivante : « La mort peut arriver d’un moment à l’autre. La vertu du
chrétien est de toujours être prêt à la recevoir, à chaque jour. » (Traduction :
Guy Simard, omv) (2)
Dans
l’édition italienne de ce livre, M. Jas Gawronski, le fils de Luciana et le
neveu de Pier Giorgio, a écrit une préface. Je l’ai traduite pour vous. La
voici:
« Il n’est pas facile d’être le neveu
d’un homme qui est saint, de l’avoir au sein de la famille, de sentir sa
présence qui exalte et qui nous conditionne. Conditionnant (3) a été pour moi Pier Giorgio lors de mes années d’enfance et
d’adolescence, quand j’entendais souvent parler de lui à la maison et que je ne
le comprenais pas. De fait, je n’ai pas été tout de suite attiré par sa
personnalité que je connaissais peu et que je refusais d’approfondir peut-être
bien parce que j’avais la sensation qu’on me l’imposait. Ma curiosité envers
lui est née et s’est développée quand j’ai commencé à voyager à travers le
monde et à rencontrer des personnes qui le connaissaient et qui me parlaient de
Pier Giorgio avec curiosité et enthousiasme. Un jour, en Haïti, dans une
précaire petite salle VIP de l’aéroport, nous n’étions plus que deux personnes
à attendre un avion qui était en retard: moi et un énorme prêtre noir que j’ai
su par la suite être l’évêque de ce pays. Ne sachant plus de quoi parler, je
lui ai dit que j’étais le neveu d’un Bienheureux, de Pier Giorgio Frassati. En
entendant ce nom, il bondit sur ses pieds avec un élan qui semblait
incompatible avec sa stature, il m’embrassa en me soulevant de terre, et il commença
à me poser des questions qui révélaient sa connaissance étendue de la vie et de
l’œuvre de mon oncle. Des épisodes comme celui-là m’ont fait penser que si dans
tout le monde catholique on connaît et apprécie la figure de Pier Giorgio, il
devait y avoir une raison que moi aussi j’aurais dû découvrir. Et les échos
entendus à la maison, les souvenirs des récits que j’écoutais récalcitrant à
l’époque, ont alors pris un ton différent, compréhensible et apte à être
partagé.
J’ai
commencé à m’informer, à lire les nombreux livres qui lui sont dédiés, surtout
ceux de ma mère, dont celui-ci, qui parcourt les heures de son agonie et de sa
mort, et qui est peut-être le plus touchant. J’ai cherché à parler avec des
prêtres et des laïcs attirés par sa personnalité. Et j’ai rapidement compris
que sa sainteté est différente de celle des autres, qu’elle est plus normale,
plus simple, plus laïque, plus « extraordinairement ordinaire »,
comme quelqu’un l’a dit. Une sainteté que je sentais toujours plus proche. J’ai
été particulièrement attiré par le fait qu’il soit un saint actif, avec une
vision laïque de la religion, non enfermée dans les monastères ou dans les
corridors de la Curie ,
mais pleine de lumière, capable de se répandre dans la société, dans le monde
de l’école, de l’université, du travail, de la politique, et surtout des
pauvres. Depuis ce temps, j’ai toujours pensé à Pier Giorgio comme étant un
homme qui, s’il avait eu à choisir entre l’église et les pauvres, malgré son
immense foi et son désir de prière, aurait toujours choisi d’aider et de
fréquenter les malades et les nécessiteux, plutôt que de fréquenter les oratoires
(ici,
l’auteur fait allusion à ce que Don Bosco avait fondé. Don Bosco avait fondé
des « oratoires », c’est-à-dire des lieux où les jeunes pouvaient se
divertir et apprendre à devenir chrétiens, en particulier par un enseignement
religieux).
C’est
peut-être ce trait qui le rapproche le plus de Jean-Paul II, avec lequel il
partageait aussi l’amour de la montagne. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de
parler de Pier Giorgio avec le pape Wojtyla, et à chaque fois, ses yeux
s’illuminaient avec une nouvelle énergie et un enthousiasme de jeune. Je me
souviens du jour où ma famille et moi-même, avons reçu le pape à Pollone, dans
la province de Biella, où il vint pour « rendre
hommage », comme il le dit alors, à la tombe de Pier Giorgio. Il a
atterri en hélicoptère sur le terrain voisin de notre maison, et dans le petit
village, ce fut une grande fête. En saluant ma mère, il lui a fait une caresse
sur la joue, et à ce moment, une pensée inconvenante me traversa l’esprit: je
pensai que le pape était jaloux de qui avait connu Pier Giorgio
aussi bien et avait partagé sa brève vie; que par cette caresse à la sœur de
Pier Giorgio, il voulait effleurer le visage de ce saint qu’il avait aimé et
béatifié.
Il m’est
difficile de parler de Pier Giorgio, peut-être parce que sa vie a été si brève,
peut-être parce qu’elle a été si simple, simplement dédiée à la charité qui
l’animait jour et nuit. Maintenant il est pour moi comme une ancre à qui je
confie mes problèmes, mes désirs et mes aspirations. Je voudrais qu’il le soit
aussi pour mes enfants, pour leur laisser cet extraordinaire plaisir de
découvrir graduellement son exceptionnelle normalité, comme l’ont fait et
continueront de le faire tant de gens à travers le monde, et comme ce livre
extraordinaire de ma mère nous aide à le comprendre.
Jas
Gawronski (4)
Dans la
vidéo ci-dessous, l’animatrice énumère les titres de M. Gawronski et les
fonctions importantes qu’il a occupées durant sa vie; mais dès que
l’énumération est terminée, M. Gawronski mentionne que la chose la plus
importante dans tout cela, est le fait d’être le neveu de Pier Giorgio. À la deuxième minute et vingt-troisième
seconde (2: 23), il dit ceci :
« Mais
la chose la plus importante, c’est mon oncle qui était le frère de ma mère et qui
est béatifié, pas saint encore mais béatifié. C’est le frère de ma mère et
c’est donc très très près de moi. Il est mort à 24 ans, il y a de cela 90 ans.
Il continue à être connu parce que c’était un homme d’une nouveauté et d’une …
(je suis incapable de savoir quel mot il
prononce à ce moment-là) énormes. »
Alain Besançon et Jas Gawronski à l'Institut culturel italien de Paris ...
https://www.youtube.com/watch?v=n59Kp_9mFMc
7 janv. 2016 - Ajouté par iicparigi
Vidéo de la rencontre du 10 décembre 2015. Alain Besançon et Jas Gawronskidiscutent au sujet de "L'Église de ...
(1)
Wanda Gawronska - Witness - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=a3jSME96II0
20 déc. 2011 - Ajouté par Salt and Light
Pier Giorgio Frassati was born into a prominent Italian family in 1901. Yet instead of enjoying a comfortable life of ...
(2) Luciana
Frassati, Mio fratello Pier Giorgio una
vita mai spenta, Aragano, 2010, p. 7.
(3) Jas emploie le mot « condizionante » à la fin de la
phrase précédente et au début de la présente phrase. Ce mot est très difficile
à traduire. Il évoque selon moi ce qu’en psychologie, nous appelons « l’inhibition ». Étant donné qu’il
est très difficile de traduire ce mot, je l’ai gardé tel quel.
Inhibition: Selon que l'on se réfère à la
psychiatrie ou à la psychanalyse, on trouve deux définitions un peu différentes de l'inhibition. Dans la première, l'inhibition est le
blocage, involontaire et souvent douloureux, de l'activation émotionnelle, avec
perte de réactions ou d'initiatives.
(4) Luciana Frassati, Ibid, Premessa, pp. V à VII.
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