Regrets d’un curé
D’abord,
qu’est-ce qu’un curé? Ici au Québec, la grande majorité des gens considèrent
les mots « prêtre » et
« curé » comme étant des
synonymes. Ce qui fait que dans les médias, on entend des phrases comme
celles-ci: « Dix curés s’opposent à
la position du pape, ou de leur évêque. » Lorsque je lis ou entends de
telles phrases, je suis convaincu de leur fausseté. Je sais que le ou la
journaliste veut parler de dix prêtres.
Un curé
est un prêtre qui a charge d’une paroisse. La majorité des prêtres ne sont pas
curés, ne l’ont jamais été, et ne le seront jamais. Une paroisse, c’est
d’abord, physiquement, un territoire. Il y a de cela quatre ans, j’étais curé
de trois paroisses à la Pointe-aux -Trembles, à Montréal. Je suis
maintenant le curé d’une seule paroisse, ayant le même territoire. Les trois
églises existantes sont demeurées en tant que lieux de culte et le territoire
de la paroisse s’est en quelque sorte agrandi, puisqu’il couvre maintenant le
territoire des trois paroisses préexistantes. Le territoire s’est agrandi, oui
et non, me direz-vous; et vous avez raison.
Le curé
de la paroisse, a, selon une antique appellation: « charge d’âmes ». Son rôle, son devoir est de conduire les
personnes baptisées qui habitent le territoire de la paroisse, sur le chemin de
la perfection chrétienne, sur le chemin de la sainteté. Voilà son rôle
essentiel. Je dirais qu’il n’est là que pour cela; mais pour tout cela.
Je suis
curé de paroisse depuis plus de dix ans. Il se passe toutes sortes de choses dans une paroisse; toutes sortes
d’activités, d’événements, de réjouissances et de deuil. Je veux
m’arrêter aujourd’hui à une des souffrances principales d’un curé. Un curé de
paroisse a vraiment l’impression d’avoir failli à sa tâche de curé, lorsqu’il
constate que les personnes les plus engagées dans sa paroisse, les personnes
les plus talentueuses et les plus généreuses (cette partie de la phrase est certainement fausse car il existe très
certainement dans la paroisse, des personnes plus talentueuses et plus généreuses,
mais soit que je ne les connaisse pas,
soit qu’elles ne s’impliquent pas pour le moment dans la paroisse) ne sont
pas capables de s’entendre et de vivre ensemble; lorsque des personnes qui
pourraient faire un bien énorme pour le Royaume
de Dieu, ne voient en l’autre que ses défauts et ferment les yeux sur ses
qualités qui pourtant sautent aux yeux, au premier coup d’œil. Je ne prône pas ici
l’aveuglement volontaire sur les défauts des autres. Il faut voir les défauts
des autres, mais il faut surtout les TAIRE; ne pas en parler inutilement à d'autres, Lorsqu’on constate des défauts évidents chez les autres, on devrait N'EN PARLER QU’À DIEU. Seul Dieu a le
pouvoir de guérir les blessures les plus profondes: les nôtres et celles des autres. Si des personnes nous
fatiguent autant et nous exaspèrent, ce n’est pas dû uniquement à elles. Cela
est dû aussi aux blessures profondes qui habitent le cœur de chacun. Avant
de prier pour que l’autre personne change, il serait convenable de prier pour
que Dieu guérisse notre propre coeur. On pourrait se poser la question suivante: Pourquoi Dieu est-il capable d’aimer
inconditionnellement chacun de ses enfants? Une des réponses possibles à cette question est celle-ci: il n’existe aucune blessure psychologique, génétique ou sociologique en Dieu.
Lorsque nous aurons appris à TAIRE les
défauts des autres et à prier pour que Dieu guérisse nos propres blessures,
nous serons peut-être alors capables de commencer à prier sincèrement pour les personnes
qui nous énervent. Car c’est là le sommet de l’évangile: « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui
vous persécutent » (Mt 5, 44 ). Voilà le sommet de la montage sur laquelle
Jésus s’est assis un jour: l’amour des
ennemis. Mais normalement, on ne peut pas arriver au sommet d’une montagne
tout d’un coup. Il faut passer par certains paliers et certaines étapes.
Je prie
le Seigneur de me donner la grâce (car ce
serait vraiment un cadeau du ciel), de voir un jour régner l’harmonie au
sein des personnes qui, dans ma paroisse, ont le souci de faire croître le Royaume des cieux.
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