Quelle est ta « béatitude »?
Il existe une façon de faire Église, qui se nomme: L’Aventure de l’Évangile. Quand je dis façon de faire Église, je veux dire par
là: une façon de réunir des chrétiens pour leur permettre de mieux
vivre leur baptême. L’Aventure de
l’Évangile est née dans le diocèse de Trois-Rivières, au Québec, grâce à
une inspiration qu’a eue l’évêque du lieu: Mgr Martin Veillette. Un jour, ou
une nuit, Mgr Veillette s’est posé la question suivante: « Est-ce
que l’Évangile est connu, aimé et vécu dans mon diocèse, dans les foyers des
chrétiens de mon diocèse? » Et comme la réponse semblait de toute évidence
être négative, Mgr Veillette a décidé de faire quelque chose pour améliorer la
situation. Ce fut le début de l’Aventure
de l’Évangile. La nouveauté extraordinaire de cette Aventure, c’est d’avoir trouvé des moyens de mettre la Parole de Dieu en lien avec
la vie de tous les jours. C’est de permettre aux gens de voir que la Parole de Dieu est là pour
éclairer leurs vies et les guider dans leur existence de tous les jours.
Des petits groupes se réunissent
une fois par mois pour réfléchir à un thème qui touche leur vie de tous les
jours. Par exemple, un thème peut être celui-ci: Quel est on rapport à l’argent
dans ma vie? Est-ce que l’argent est important, très important, trop important?
La nouveauté consiste ici dans le fait que le début de la soirée consiste à
considérer une situation de vie en lien avec le thème. Ensuite les
personnes du groupe s’expriment, sans discuter, sur la façon dont ils vivent le
thème ou voient le thème. Et à la toute fin, la
Parole de Dieu est proclamée et jette une lumière fulgurante
sur le sujet traité durant la rencontre. Quelle belle façon Mgr Veillette a
trouvée, pour rendre l’Évangile vivant et agissant dans la vie des chrétiens!
Samedi dernier, nous avons vécu
le grand rassemblement qui clôture à
chaque année l’Aventure de l’Évangile. Tous les groupes de la paroisse qui
vivent l’Aventure de l’Évangile,
étaient réunis en un même lieu, pour vivre une expérience. L’expérience vécue
cette journée-là, avait pour objet la « recherche du bonheur ». Cette recherche du bonheur nous a
conduit sur le chemin des huit Béatitudes
proclamées par Jésus dans le sermon
sur la montagne (Mt 5, 1-12). À l’aide de différentes réflexions sur notre
vie de tous les jours, chaque personne présente a pu, à la fin de la journée,
découvrir la béatitude que Dieu a déposée comme un grand cadeau dans son cœur
au début de son existence. J’avais déjà entendu quelque chose de semblable,
mais je n’avais jamais découvert quelle était la béatitude que j’avais reçue en
cadeau. Ce jour-là, les participants ont aussi pris conscience du fait qu’il
y a une autre béatitude, parmi les huit, qui constitue leur point
faible, et sur laquelle ils devront travailler durant toute leur vie.
Ce fut vraiment extraordinaire de
constater que chaque personne ait découvert ce jour-là la béatitude, ou les
deux béatitudes qui collent le plus à sa vie. Quelle lumière! Quelle grâce!
Cela ne veut pas dire que tout est devenu lumineux. Il y a de grands mystères
rattachés à chacune des béatitudes proclamées par Jésus, mais comme nous sommes
heureux lorsque nous faisons un pas de plus à l’intérieur du mystère.
Ma béatitude: J’ai été étonné et émerveillé samedi dernier,
d’apprendre que la béatitude que j’ai reçue de Dieu comme un cadeau, est la
suivante: « Heureux les pauvres de
cœur, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3). Jusqu’à
maintenant, la béatitude qui m’interpellait le plus était celle-ci: « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu »
(Mt 5, 8). Je me rends compte maintenant, grâce à la journée vécue samedi, que
la béatitude des cœurs purs est mon point faible; c’est la béatitude que je
dois sans cesse travailler; ce sera mon combat pour le reste de mes jours. Mais
le combat sera beaucoup plus facile, si j’apprends à entrer de plus en plus
dans le bonheur promis à ceux qui vivent la première béatitude; le bonheur promis aux
pauvres de cœur.
Samedi dernier, j’ai compris une
chose essentielle concernant la première béatitude. Jusqu’à maintenant, je
réservais cette béatitude aux justes dans la Bible , aux
« anawim » de la Bible ,
c’est-à-dire à ces personnes qui sont fidèles à Dieu, même dans un état ou un
moment d’extrême pauvreté matérielle. Je réservais cette béatitude aux
personnes qui, dans une situation de détresse, mettaient toute leur confiance
en Dieu. Jamais je n’avais imaginé que cette béatitude pouvait s’appliquer aux
personnes qui se reconnaissent foncièrement et ontologiquement pécheresses. Or s’il y a une phrase de la
Bible qui peut me caractériser, c’est bien celle-ci: « Oui je connais mon péché, ma faute est
toujours devant moi » (Ps 50, 5). Pourtant je connais depuis longtemps
la parabole de Jésus sur le pharisien et
le publicain, parabole qui nous présente un modèle de pauvreté de cœur.
« Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas
lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant: "Mon Dieu, aie pitié du
pécheur que je suis ". » (Lc
18, 13).
Je
comprends un peu mieux, viscéralement, que c’est une grâce de se reconnaître
pécheur; que c’est une joie et un bonheur de se reconnaître pécheur, car alors
Jésus n’est pas venu sur terre pour rien. Il a eu la bonté de s’incarner pour
me sauver. Je dois accueillir avec joie tout ce qu’il a fait et enduré pour mon
péché; à cause de mon péché. Je demande à Dieu de ne jamais me complaire dans
le péché, mais de me réjouir de mon état de pécheur.
Seigneur Jésus, fais que mon péché me
rapproche de Toi et me conduise à une totale confiance en Toi! Fais qu’en
baissant les yeux, comme le publicain, je Te trouve au plus profond de mon
cœur, et que je T’adore.
Au moment même où je faisais cette découverte dans ma vie, le Seigneur a permis que je lise pour la première fois certaines pensées de ma sainte préférée: sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. En juillet 1890, Thérèse a écrit ceci à sa
cousine Marie Guérin:
« Tu te trompes si tu crois que ta petite Thérèse marche
toujours avec ardeur dans le chemin de la vertu. Elle est faible et bien
faible. Tous les jours elle en fait une nouvelle expérience. Mais Jésus se
plaît à lui enseigner, comme à Saint Paul, la science de se glorifier dans ses
infirmités. C'est une grande grâce que celle-là et je prie Jésus de te
l'enseigner, car là seulement se trouvent la paix et le repos du cœur. Quand on
se voit si misérable on ne veut plus se considérer et on ne regarde que
l'unique Bien-Aimé!… » (Lettre 109). (Tiré de: La Revue Sainte Rita, juin 2015, p. 22)
Voici d’autres pensées de Thérèse, qui vont dans le même
sens:
« Parfois nous nous surprenons à désirer ce qui brille.
Alors rangeons-nous humblement parmi les imparfaits, estimons-nous des petites
âmes qu'il faut que le bon Dieu soutienne à chaque instant; dès qu'Il nous voit
bien convaincues de notre néant, il nous tend la main; oui, il suffit de
s'humilier, de supporter avec douceur ses imperfections. Voilà la vraie
Sainteté ! » (Lettre 243)
Le 16 novembre 1896, elle écrit à sa tante, Mme Guérin:
Je vous en prie, ma chère
Tante, priez le Bon Dieu que je grandisse en sagesse, Lc 2,52 comme (2r ) le Divin
Enfant Jésus, ce n'est pas ce que je fais, je vous l'assure, demandez à notre
chère petite Marie de l'Eucharistie, elle vous dira que je ne mens pas; de jour
en jour, je deviens plus maligne, et cependant il y a bientôt neuf ans que je
suis dans la maison du Seigneur. Ps 27,4 Je devrais donc être
déjà avancée dans les voies de la perfection, mais je suis encore au bas de
l'échelle; cela ne me décourage pas et je suis aussi gaie que la cigale.
Même aveu dans son dernier manuscrit:
« Je ne m’étonne plus de rien, je ne me fais pas de
peine en voyant que je suis la faiblesse même, (2 Co 12,5) au contraire c’est
en elle que je me glorifie et je m’attends chaque jour à découvrir en moi de
nouvelles imperfections. » (Ms C, 15r)
« J’éprouve une joie bien vive, non seulement qu’on me
trouve imparfaite, mais surtout de m’y sentir moi-même et d’avoir tant besoin
de la miséricorde de Dieu, au moment de ma mort. »
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