lundi 8 juin 2015

Quelle est ta " béatitude " ?

Quelle est ta « béatitude »?

Il existe une façon de faire Église, qui se nomme: L’Aventure de l’Évangile. Quand je dis façon de faire Église, je veux dire par là: une façon de réunir des chrétiens pour leur permettre de mieux vivre leur baptême. L’Aventure de l’Évangile est née dans le diocèse de Trois-Rivières, au Québec, grâce à une inspiration qu’a eue l’évêque du lieu: Mgr Martin Veillette. Un jour, ou une nuit, Mgr Veillette s’est posé la question suivante: « Est-ce que l’Évangile est connu, aimé et vécu dans mon diocèse, dans les foyers des chrétiens de mon diocèse? » Et comme la réponse semblait de toute évidence être négative, Mgr Veillette a décidé de faire quelque chose pour améliorer la situation. Ce fut le début de l’Aventure de l’Évangile. La nouveauté extraordinaire de cette Aventure, c’est d’avoir trouvé des moyens de mettre la Parole de Dieu en lien avec la vie de tous les jours. C’est de permettre aux gens de voir que la Parole de Dieu est là pour éclairer leurs vies et les guider dans leur existence de tous les jours.

Des petits groupes se réunissent une fois par mois pour réfléchir à un thème qui touche leur vie de tous les jours. Par exemple, un thème peut être celui-ci: Quel est on rapport à l’argent dans ma vie? Est-ce que l’argent est important, très important, trop important? La nouveauté consiste ici dans le fait que le début de la soirée consiste à considérer une situation de vie en lien avec le thème. Ensuite les personnes du groupe s’expriment, sans discuter, sur la façon dont ils vivent le thème ou voient le thème. Et à la toute fin, la Parole de Dieu est proclamée et jette une lumière fulgurante sur le sujet traité durant la rencontre. Quelle belle façon Mgr Veillette a trouvée, pour rendre l’Évangile vivant et agissant dans la vie des chrétiens!

Samedi dernier, nous avons vécu le grand rassemblement qui clôture à chaque année l’Aventure de l’Évangile. Tous les groupes de la paroisse qui vivent l’Aventure de l’Évangile, étaient réunis en un même lieu, pour vivre une expérience. L’expérience vécue cette journée-là, avait pour objet la « recherche du bonheur ». Cette recherche du bonheur nous a conduit sur le chemin des huit Béatitudes proclamées par Jésus dans le sermon sur la montagne (Mt 5, 1-12). À l’aide de différentes réflexions sur notre vie de tous les jours, chaque personne présente a pu, à la fin de la journée, découvrir la béatitude que Dieu a déposée comme un grand cadeau dans son cœur au début de son existence. J’avais déjà entendu quelque chose de semblable, mais je n’avais jamais découvert quelle était la béatitude que j’avais reçue en cadeau. Ce jour-là, les participants ont aussi pris conscience du fait qu’il y a une autre béatitude, parmi les huit, qui constitue leur point faible, et sur laquelle ils devront travailler durant toute leur vie.

Ce fut vraiment extraordinaire de constater que chaque personne ait découvert ce jour-là la béatitude, ou les deux béatitudes qui collent le plus à sa vie. Quelle lumière! Quelle grâce! Cela ne veut pas dire que tout est devenu lumineux. Il y a de grands mystères rattachés à chacune des béatitudes proclamées par Jésus, mais comme nous sommes heureux lorsque nous faisons un pas de plus à l’intérieur du mystère.

Ma béatitude: J’ai été étonné et émerveillé samedi dernier, d’apprendre que la béatitude que j’ai reçue de Dieu comme un cadeau, est la suivante: « Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3). Jusqu’à maintenant, la béatitude qui m’interpellait le plus était celle-ci: « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8). Je me rends compte maintenant, grâce à la journée vécue samedi, que la béatitude des cœurs purs est mon point faible; c’est la béatitude que je dois sans cesse travailler; ce sera mon combat pour le reste de mes jours. Mais le combat sera beaucoup plus facile, si j’apprends à entrer de plus en plus dans le bonheur promis à ceux qui vivent la première béatitude; le bonheur promis aux pauvres de cœur.

Samedi dernier, j’ai compris une chose essentielle concernant la première béatitude. Jusqu’à maintenant, je réservais cette béatitude aux justes dans la Bible, aux « anawim » de la Bible, c’est-à-dire à ces personnes qui sont fidèles à Dieu, même dans un état ou un moment d’extrême pauvreté matérielle. Je réservais cette béatitude aux personnes qui, dans une situation de détresse, mettaient toute leur confiance en Dieu. Jamais je n’avais imaginé que cette béatitude pouvait s’appliquer aux personnes qui se reconnaissent foncièrement et ontologiquement pécheresses. Or s’il y a une phrase de la Bible qui peut me caractériser, c’est bien celle-ci: « Oui je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi » (Ps 50, 5). Pourtant je connais depuis longtemps la parabole de Jésus sur le pharisien et le publicain, parabole qui nous présente un modèle de pauvreté de cœur.  

« Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant: "Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ". » (Lc 18, 13).

Je comprends un peu mieux, viscéralement, que c’est une grâce de se reconnaître pécheur; que c’est une joie et un bonheur de se reconnaître pécheur, car alors Jésus n’est pas venu sur terre pour rien. Il a eu la bonté de s’incarner pour me sauver. Je dois accueillir avec joie tout ce qu’il a fait et enduré pour mon péché; à cause de mon péché. Je demande à Dieu de ne jamais me complaire dans le péché, mais de me réjouir de mon état de pécheur.

Seigneur Jésus, fais que mon péché me rapproche de Toi et me conduise à une totale confiance en Toi! Fais qu’en baissant les yeux, comme le publicain, je Te trouve au plus profond de mon cœur, et que je T’adore.

Au moment même où je faisais cette découverte dans ma vie, le Seigneur a permis que je lise pour la première fois certaines pensées de ma sainte préférée: sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. En juillet 1890, Thérèse a écrit ceci à sa cousine Marie Guérin:

« Tu te trompes si tu crois que ta petite Thérèse marche toujours avec ardeur dans le chemin de la vertu. Elle est faible et bien faible. Tous les jours elle en fait une nouvelle expérience. Mais Jésus se plaît à lui enseigner, comme à Saint Paul, la science de se glorifier dans ses infirmités. C'est une grande grâce que celle-là et je prie Jésus de te l'enseigner, car là seulement se trouvent la paix et le repos du cœur. Quand on se voit si misérable on ne veut plus se considérer et on ne regarde que l'unique Bien-Aimé!… » (Lettre 109). (Tiré de: La Revue Sainte Rita, juin 2015, p. 22)

Voici d’autres pensées de Thérèse, qui vont dans le même sens:

« Parfois nous nous surprenons à désirer ce qui brille. Alors rangeons-nous humblement parmi les imparfaits, estimons-nous des petites âmes qu'il faut que le bon Dieu soutienne à chaque instant; dès qu'Il nous voit bien convaincues de notre néant, il nous tend la main; oui, il suffit de s'humilier, de supporter avec douceur ses imperfections. Voilà la vraie Sainteté ! » (Lettre 243)

Le 16 novembre 1896, elle écrit à sa tante, Mme Guérin:  

Je vous en prie, ma chère Tante, priez le Bon Dieu que je grandisse en sagesse, Lc 2,52 comme (2r ) le Divin Enfant Jésus, ce n'est pas ce que je fais, je vous l'assure, demandez à notre chère petite Marie de l'Eucharistie, elle vous dira que je ne mens pas; de jour en jour, je deviens plus maligne, et cependant il y a bientôt neuf ans que je suis dans la maison du Seigneur. Ps 27,4 Je devrais donc être déjà avancée dans les voies de la perfection, mais je suis encore au bas de l'échelle; cela ne me décourage pas et je suis aussi gaie que la cigale.

Même aveu dans son dernier manuscrit:

« Je ne m’étonne plus de rien, je ne me fais pas de peine en voyant que je suis la faiblesse même, (2 Co 12,5) au contraire c’est en elle que je me glorifie et je m’attends chaque jour à découvrir en moi de nouvelles imperfections. » (Ms C, 15r)

« J’éprouve une joie bien vive, non seulement qu’on me trouve imparfaite, mais surtout de m’y sentir moi-même et d’avoir tant besoin de la miséricorde de Dieu, au moment de ma mort. »   






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