Disciples-missionnaires
Paul et Barnabé à Lystre, par Jacob Jordaens
Paul et Barnabé à Lystre, par Jacob Jordaens
La parole qui, selon moi, caractérise
le mieux ce qu’est un chrétien, est le mot « disciple ». Hier, alors que nous célébrions la mémoire de
saint Barnabé, la première lecture de la messe nous disait ceci :
« C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens »
(Ac 11, 26). Je trouve cette phrase de la Bible vraiment extraordinaire. Nous sommes
tellement habitués de nous qualifier de chrétiens; c’est d’ailleurs ma plus
grande fierté que de dire que je suis chrétien. Mais nous semblons oublier que
les toutes premières personnes qui ont cru à Jésus notre Seigneur, et à qui se
sont mises à le prendre comme modèle de vie, se qualifiaient de « disciples ». « C’est
à Antioche que les disciples furent appelés chrétiens ». Hier,
durant l’eucharistie célébrée en paroisse, j’ai vécu une joie qui m’a surpris.
À l’homélie, j’ai dit à mes paroissiens que nous vivions un grand jour et que
selon moi, saint Barnabé sera un patron important dans notre processus de revitalisation
de la paroisse. Je me suis surpris à dire ces mots. Quand nous disons certaines
paroles sans les avoir pensé ou cogité auparavant, surtout si nous les
prononçons durant une homélie, nous pouvons légitimement penser qu’elles sont
inspirées de Dieu, qu’elles ont été « soufflées »
par l’Esprit Saint.
Le texte de l’Écriture proclamé hier en la fête de
saint Barnabé, est tiré du chapitre 11 des Actes
des Apôtres. Nous sommes au tout début de l’activité missionnaire de
l’Église. Le diacre Étienne vient d’être assassiné. Le premier martyre de
l’Église, a donné sa vie pour le Christ. C’est alors que commence la première
persécution des disciples. Les croyants en Jésus quittent Jérusalem et se
rendent dans d’autres contrées. Voici ce que dit le chapitre 11 des Actes des Apôtres:
« Les
frères dispersés par la tourmente qui se produisit lors de l’affaire d’Étienne
allèrent jusqu’en Phénicie, puis à Chypre et Antioche, sans annoncer la Parole à personne d’autre
qu’aux Juifs. Parmi eux, il y en avait qui étaient
originaires de Chypre et de Cyrène, et qui, en arrivant à Antioche,
s’adressaient aussi aux gens de langue grecque pour leur annoncer la Bonne Nouvelle :
Jésus est le Seigneur. La main du Seigneur
était avec eux : un grand nombre de gens devinrent croyants et se
tournèrent vers le Seigneur. La nouvelle
parvint aux oreilles de l’Église de Jérusalem, et l’on envoya Barnabé jusqu’à
Antioche. À son arrivée, voyant la grâce de
Dieu à l’œuvre, il fut dans la joie. Il les exhortait tous à rester d’un cœur
ferme attachés au Seigneur. C’était en effet
un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. Une foule considérable
s’attacha au Seigneur. Barnabé partit alors à
Tarse chercher Saul. L’ayant trouvé, il
l’amena à Antioche. Pendant toute une année, ils participèrent aux assemblées
de l’Église, ils instruisirent une foule considérable. Et c’est à Antioche que,
pour la première fois, les disciples reçurent le nom de
« chrétiens ». (Actes 11, 19-26)
Barnabé
est donc en quelque sorte, le premier missionnaire. Suite à la persécution, des
croyants arrivent dans d’autres pays et se mettent à annoncer Jésus aux Juifs
qu’ils trouvaient dans ces pays. Arrivés à Antioche, certains osèrent annoncer
Jésus à des non-juifs, à des païens. Ces croyants sont certainement de bons
disciples de Jésus qui témoignent de leur foi. Mais le « missionnaire », à proprement
parler, est quelqu’un qui est « envoyé ». Le missionnaire est un
envoyé. Les Apôtres ont envoyé Barnabé de Jérusalem à Antioche, précisément
pour aller constater et diriger cette nouvelle forme d’évangélisation qui
consistait à annoncer Jésus Christ à des non-juifs. Antioche est l’endroit où
Jésus le juif, est annoncé à des non-juifs, à des païens. Et c’est là que les
croyants ont reçu pour la première fois le nom de « chrétiens ». Personnellement, j’en conclus que le chrétien est
celui qui ose annoncer Jésus à des personnes de culture et de religion
différente de la sienne.
Barnabé
est non seulement à mes yeux le premier missionnaire, mais il est celui qui est
responsable du rayonnement extraordinaire qu’a eu saint Paul. Les disciples de
Jérusalem étaient très méfiants vis-à-vis Saul (Paul); on connaissait sa vie de
persécuteur des chrétiens. C’est Barnabé qui conduisit Saul aux apôtres et qui
fit en sorte que ces derniers ont eu confiance en celui qui deviendra l’apôtre
des nations:
« Arrivé
à Jérusalem, Saul cherchait à se joindre aux disciples, mais tous avaient peur
de lui, car ils ne croyaient pas que lui aussi était un disciple. Alors Barnabé le prit avec lui et
le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul
avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il s’était
exprimé avec assurance au nom de Jésus. Dès
lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s’exprimant avec assurance
au nom du Seigneur. » (Actes 9, 26-28)
Barnabé
n’est pas vraiment le nom du premier missionnaire. Le nom du premier
missionnaire, est: Joseph. :
« Il y avait un lévite originaire
de Chypre, Joseph, surnommé Barnabé par les Apôtres, ce qui se traduit :
« homme du réconfort ». Il vendit un champ qu’il
possédait et en apporta l’argent qu’il déposa aux pieds des Apôtres. » (Actes 4, 36-37)
Ce sont
les Apôtres qui ont donné à Joseph le nom de Barnabé. Cela est aussi très
intéressant. Les Apôtres ont vu en Barnabé un homme qui avait une grande force
intérieure, un homme qui aussi avait probablement vécu des épreuves, puisqu’ils
l’ont nommé « l’homme du réconfort », l’homme de la consolation.
Un
changement de nom indique aussi un passage. Saul est devenu Paul après sa
conversion. Et nous, les chrétiens, nous sommes devenus en 2013, des
disciples-missionnaires. Le pape François a inventé un nouveau mot pour décrire
les chrétiens du XXIème siècle. Ce nouveau mot, nous le trouvons dans
l’exhortation apostolique La joie de l’Évangile, au numéro 120:
« En vertu du Baptême reçu, chaque membre du
Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). Chaque baptisé, quelle
que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un
sujet actif de l’évangélisation, et il serait inadéquat de penser à un schéma
d’évangélisation utilisé pour des acteurs qualifiés, où le reste du peuple
fidèle serait seulement destiné à bénéficier de leurs actions. La nouvelle
évangélisation doit impliquer que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon
nouvelle. Cette conviction se transforme en un appel adressé à chaque chrétien,
pour que personne ne renonce à son engagement pour l’évangélisation, car s’il a
vraiment fait l’expérience de l’amour de Dieu qui le sauve, il n’a pas besoin
de beaucoup de temps de préparation pour aller l’annoncer, il ne peut pas
attendre d’avoir reçu beaucoup de leçons ou de longues instructions. Tout
chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en
Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes « disciples » et «
missionnaires », mais que nous sommes toujours «disciples-missionnaires». Si nous n’en sommes pas convaincus,
regardons les premiers disciples, qui immédiatement, après avoir reconnu le
regard de Jésus, allèrent proclamer pleins de joie: « Nous avons trouvé le
Messie » (Jn 1, 41). La
samaritaine, à peine eut-elle fini son dialogue avec Jésus, devint
missionnaire, et beaucoup de samaritains crurent en Jésus « à cause de la parole
de la femme » (Jn 4, 39).
Saint Paul aussi, à partir de sa rencontre avec Jésus Christ, « aussitôt se mit
à prêcher Jésus » (Ac 9,
20 ). Et nous, qu’attendons-nous ? (Pape François, La joie de
l’Évangile, no. 120).
Il y a trente-deux
ans, j’étais ordonné prêtre à Rome, par le pape Jean-Paul II. J’ai été ordonné
prêtre le 12 juin 1983. Je ne me considère pas encore comme un chrétien, même
si j’en ai le titre. Je me considère encore moins comme un « disciple-missionnaire ». Mais je
désire de tout mon cœur le devenir. Je compte sur vous, en cette journée
importante pour moi, pour que vous
m’obteniez de Dieu cette grâce. Merci à l’avance.
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