mercredi 1 avril 2015

Comment cela se fera, puisque je suis vierge?

« Comment cela se fera, puisque je suis vierge? »

Une dame qui lit assez assidûment mon blogue, et qui a visionné la première capsule vidéo de mes enseignements (1), m’a écrit ceci: 

« Une petite remarque: vous dites que Marie était vierge parce qu'elle s'était consacrée corps et âme au Seigneur. En fait, ce que je comprends, c'est qu'elle était vierge comme toutes les jeunes filles du temps avant de se marier et qu'elle était destinée à la vie conjugale puisque fiancée à Joseph! » 

Cette chère dame a mis le doigt sur l’affirmation la plus problématique de ma première capsule ou de mon premier clip vidéo. J’ai affirmé, dans la vidéo, que Marie avait exclu d’être mère car elle avait l’intention de demeurer vierge. Je ne l’ai pas dit ainsi, mais j’ai dit quelque chose d’équivalent. Or telle est ma pensée, et, d’après ce que je comprends, la pensée de l’Église. Si cela est vrai, certaines questions très importantes nous viennent immédiatement à l’esprit, dont celle-ci: comment, dans un tel cas, Marie a-t-elle accepté d’épouser Joseph, si elle désirait demeurer vierge et si, par le fait même, elle n’envisageait aucunement de devenir mère? Voilà toute une question en effet.

Que Marie ait désiré, dès son jeune âge, se consacrer totalement à Dieu, corps et âme, il me semble qu’on puisse le déduire de la fête de la Présentation de Marie, célébrée chaque année le 21 novembre. D'après ce que je comprends, la fête de la Présentation de Marie, nous invite à faire mémoire du jour où Marie, à l’aube de sa vie consciente, s’est donnée corps et âme à Dieu. En un sens, Marie a été la première « religieuse », la première consacrée, du moins en désir. Tel était son désir profond.

À l’Annonciation, quand l’ange lui apprend qu’elle sera enceinte et qu’elle donnera la vie à un fils qui sera le Fils du Très-Haut, Marie demande: « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d’homme » (Lc 1, 34). L’Église a toujours compris cette réponse de Marie à l’ange Gabriel, comme étant le signe évident qu’elle désirait demeurer vierge. Qu’un ange apparaisse à Marie et lui parle, cela a dû étonner énormément Marie. Mais que cet ange lui annonce qu’elle serait enceinte et qu'elle donnerait naissance à un enfant, cela n’aurait pas dû, normalement, la surprendre, puisque elle s’était engagée dans la voie du mariage. Mais de fait, cela l’a énormément surprise. Pourquoi? Parce qu’elle désirait demeurer vierge dans le mariage.  

Ici, nous nageons dans le mystère. Et devant le mystère, nous ne pouvons que nous incliner et adorer. Il n’est pas facile de trouver des textes du magistère de l’Église qui nous éclairent sur le sujet. Un des textes qui lèvent le voile sur cette question, est un texte assez peu connu; il s’agit de l’exhortation apostolique de saint Jean-Paul II, sur Saint Joseph, intitulée « Redemptoris custos », publiée en 1989. Ce texte lève le voile sur le mystère, mais ne l’élucide pas. Dans ce texte, le pape affirme clairement qu’en se mariant à Joseph, Marie désirait rester vierge:

« Tout en affirmant clairement que Jésus a été conçu par le fait de l'Esprit Saint et que dans ce mariage la virginité a été préservée (cf.Mt 1. 18-25; Lc 1, 26-38), les évangélistes appellent Joseph l'époux de Marie et Marie l'épouse de Joseph (cf. Mt 1, 16. 18-20. 24; Lc1, 27; 2, 5) (Redemptoris Custos, no. 7).

« Selon la coutume du peuple hébreu, le mariage se concluait en deux étapes: on célébrait d'abord le mariage légal (vrai mariage), et c'est seulement après un certain temps que l'époux faisait venir l'épouse chez lui. Avant de vivre avec Marie, Joseph était donc déjà son « époux »; toutefois, Marie gardait au fond d'elle-même le désir de réserver exclusivement à Dieu le don total de soi. On pourrait se demander de quelle manière ce désir se conciliait avec le « mariage ». La réponse ne vient que du déroulement des événements du salut, c'est-à-dire de l'action spéciale de Dieu même. Depuis l'Annonciation, Marie sait qu elle doit réaliser son désir virginal de se donner à Dieu de façon exclusive et totale précisément en devenant mère du Fils de Dieu. La maternité par le fait de l'Esprit-Saint est la forme de don que Dieu lui-même attend de la Vierge « accordée en mariage» à Joseph. Marie prononce son fiat. Le fait qu'elle est « accordée en mariage » à Joseph est compris dans le dessein même de Dieu. C'est ce qu'indiquent les deux évangélistes cités, mais plus particulièrement Matthieu. Les paroles adressées à Joseph sont très significatives: « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit-Saint. » (Mt 1, 20.) Elles expliquent le mystère de l'épouse de Joseph: Marie est vierge dans sa maternité. En elle, « le Fils du Très-Haut » prend un corps humain et devient « le Fils de l'homme ». En s adressant à Joseph par les paroles de l'Ange, Dieu s'adresse à lui comme a l'époux de la Vierge de Nazareth. Ce qui s'est accompli en elle par le fait de l'Esprit- Saint exprime en même temps une particulière confirmation du lien sponsal qui préexistait déjà entre Joseph et Marie. Le messager dit clairement à Joseph: « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse. » Ainsi, ce qui était advenu auparavant - son mariage avec Marie - s'était fait par la volonté de Dieu et devait donc être conservé. Dans sa maternité divine, Marie doit continuer à vivre comme « une vierge, épouse d'un mari » (cf. Lc 1, 27) (Redemptoris Custos, no. 18).

Marie et Joseph, véritables époux:

« Pour l'Église aussi, s'il est important de proclamer la conception virginale de Jésus, il est non moins important de défendre le mariage de Marie avec Joseph car, juridiquement, c'est de lui que dépend la paternité de Joseph. On comprend alors pourquoi les générations ont été énumérées selon la généalogie de Joseph: « Pourquoi - se demande saint Augustin - n'auraient-elles pas dû être celles de Joseph? Joseph n'était-il pas l'époux de Marie? [...] L'Écriture affirme, par la voix autorisée de l'Ange, qu'il était son époux. Ne crains pas, dit-il, de prendre chez toi Marie, ton Épouse.- ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint. Il reçoit l'ordre de donner à l'enfant son nom, bien qu'il ne soit pas né de lui. Elle enfantera un fils, dit-il, auquel tu donneras le nom de Jésus. L'Écriture sait bien que Jésus n'est pas né de Joseph, puisque, alors qu'il était préoccupé au sujet de l'origine de la maternité de Marie, il lui est dit: cela vient de l'Esprit Saint. Et pourtant, l'autorité paternelle ne lui est pas enlevée puisqu'il lui est ordonné de donner à l'enfant son nom. Enfin, la Vierge Marie elle-même, qui a bien conscience de ne pas avoir conçu le Christ par l'union conjugale avec lui, l'appelle cependant père du Christ. » (12) Le fils de Marie est aussi fils de Joseph en vertu du lien matrimonial qui les unit: « En raison de ce mariage fidèle, ils méritèrent tous les deux d'être appelés les parents du Christ, non seulement elle, d'être appelée sa mère, mais lui aussi, d'être appelé son père, de même qu'époux de sa mère, car il était l'un et l'autre par l'esprit et non par la chair. » (13) Dans ce mariage, il ne manqua rien de ce qui était nécessaire pour le constituer: « En ces père et mère du Christ se sont réalisés tous les biens du mariage: la progéniture, la fidélité, le sacrement. Nous connaissons la progéniture, qui est le Seigneur Jésus lui-même; la fidélité, car il n'y a aucun adultère; le sacrement, car il n'y a aucun divorce. » (14)

Quand ils analysent la nature du mariage, saint Augustin comme saint Thomas considèrent constamment qu'elle réside dans l' « union indivisible des esprits », dans l' « union des coeurs », dans le « consentement » (15), tous éléments qui se sont manifestés d'une manière exemplaire dans ce mariage. Au point culminant de l'histoire du salut, quand Dieu révèle son amour pour l'humanité par le don du Verbe, c'est précisément le mariage de Marie et de Joseph qui réalise en pleine « liberté » le « don sponsal de soi » en accueillant et en exprimant un tel amour. (16) « Dans cette grande entreprise du renouvellement de toutes choses dans le Christ, le mariage, lui aussi purifié et renouvelé, devient une réalité nouvelle, un sacrement de la Nouvelle Alliance. Et voici qu'au seuil du Nouveau Testament comme à l'entrée de l'Ancien se dresse un couple. Mais, tandis que celui d'Adam et Eve fut la source du mal qui a déferlé sur le monde, celui de Joseph et de Marie est le sommet d'où la sainteté se répand sur toute la terre. Le Sauveur a commencé l'oeuvre du salut par cette union virginale et sainte où se manifeste sa toute-puissante volonté de purifier et sanctifier la famille, ce sanctuaire de l'amour et ce berceau de vie. » (17) (Redemptoris Custos, no. 7).

Romano Guardini:
Ce qui fait la grandeur d’un auteur ou d’un écrivain catholique, selon moi, c’est sa capacité de s’ouvrir au mystère. Pour cela, il faut d’abord se rendre compte qu’il y a du mystère, et ne pas vouloir le diminuer ou l’éliminer parce qu’il est un énorme défi pour l’intelligence humaine. Romano Guardini est un écrivain catholique exceptionnel. C’est précisément lorsqu’il aborde le mystère de la "virginité sponsale" de la Vierge Marie, que Romano Guardini me donne la preuve de sa grande qualité d’écrivain catholique:

La persévérance devant l’incompréhensible, par le recours à Dieu. « Marie a conclu ses fiançailles et n’a pu les envisager autrement que comme une démarche qui la conduirait au mariage au sens complet du mot. Cependant elle ne pouvait se comprendre elle-même en une telle situation, car l’orientation la plus profonde de sa vie y contredisait. Lui eût-on demandé quel tour devaient donc prendre les choses, elle eût répondu qu’elle n’en savait rien. Elle savait et ne savait pas: situation qu’elle eût été incapable de définir, attente qu’elle n’eût pu justifier. Marie s’est fiancée, ou plutôt elle a donné son accord aux fiançailles que lui proposait son tuteur, — mais en même temps une conviction intime lui disait que les choses suivraient un cours à part. Dans un état où, tout à la fois, elle sait et ne sait pas, dans cette attente qu’elle ne peut définir, elle vit pour Dieu dans la confiance. C’est l’attitude déjà notée et que j’appellerais proprement ‘mariale’: la persévérance devant l’incompréhensible, par le recours à Dieu. Quand enfin l’Ange apportera son message: Marie doit devenir Mère par la puissance de l’Esprit de Dieu, son âme profonde dira : ‘C’était donc cela ! ‘ » (Romano Guardini, La mère du Seigneur, Cerf, 1961, pp.35-37).

(1) Pour voir cette capsule vidéo, veuillez cliquer sur le lien suivant: 
 http://www.youtube.com/watch?v=gqeLjehxasY

ou sur ceci: 

  1. 1. Quel est le secret de la joie de Marie ? / Guy ... - YouTube

    www.youtube.com/watch?v=gqeLjehxasY
    27 mars 2015 - Ajouté par Guy Simard, omv
    VISITEZ LE BLOG : http://dieumajoie.blogspot.ca VISITEZ : http://www.unfeusurlaterre.org - site de l ...
  



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