À bas la culpabilité ! Vive la
reconnaissance !
Chers amis, quelle est la meilleure
façon de vivre le Triduum Pascal? Je pense que Jésus désire que
l’on pense à Lui, à ce qu’Il a fait pour nous et que nous ne cessions de nous
en émerveiller. Je ne crois pas que Jésus désire que l’on s’apitoie sur notre
sort, que l’on se regarde soi-même avec tristesse et culpabilité. Je sais que
sur le chemin qui l’a conduit au Calvaire, Jésus a dit aux femmes de Jérusalem
de ne pas pleurer sur Lui, mais sur elles et leurs enfants. Mais il a dit cela,
semble-t-il, en pensant à la destruction de Jérusalem, qui allait avoir lieu
quelques années plus tard.
Quand Jésus ressuscité apparaîtra
à ses apôtres et à ses disciples, le soir de Pâques, il ne leur reprochera
aucunement de l’avoir abandonné et de l’avoir laissé seul lors de sa
douloureuse Passion. Il avait d’ailleurs lui-même demandé aux gardes, lors de
son arrestation dans le jardin des oliviers, de laisser partir ses amis, de les
laisser tranquilles. Ce que Jésus ressuscité souhaite pour ses amis, c’est la
Paix. Il leur souhaite d’ailleurs cette
paix plus d’une fois dans ses premières paroles comme Ressuscité. Il ne veut
pas que les apôtres se sentent mal de l’avoir abandonné, mais Il désire plutôt
qu’ils se réjouissent avec Lui de sa victoire sur le mal et sur la mort.
Voici, en ce sens, un très beau
texte de Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, en France :
Serait-ce moi,
Seigneur?
Jésus déclara : « Amen je vous le dis, l’un de
vous va me livrer. »
Profondément attristés, les apôtres se mirent à lui demander l’un après l’autre : « Serait-ce moi Seigneur ? » Mt 26, 22
Profondément attristés, les apôtres se mirent à lui demander l’un après l’autre : « Serait-ce moi Seigneur ? » Mt 26, 22
-- « Serait-ce moi Seigneur qui m’assoupirai tout à
l’heure au lieu de rester à tes côtés lorsque tu auras besoin de ma présence et
de ma prière au jardin de Gethsémani ?
-- Serait-ce moi qui ferai comme si je ne te connaissais pas
lorsque tu seras soumis à la question dans la maison du Grand Prêtre ?
-- Serait-ce moi qui vais te vendre pour une trentaine de
pièces d’argent ?
-- Serait-ce moi Seigneur qui aujourd’hui encore m’assoupis
au lieu de veiller, qui vis ma foi dans la faible mesure où mes occupations
quotidiennes m’en laissent le loisir.
-- Serait-ce moi qui, peut-être, te trahis sans même en
avoir véritablement conscience ?
C’est toi…
C’est possible, mais
-- C’est aussi toi qui as quitté tes filets, ta sécurité, ta
respectabilité pour me suivre.
-- C’est toi qui as risqué ta vie et surmonté ta peur pour
m’accompagner au plus loin que tu pouvais.
-- C’est toi qui as marché avec moi sur les routes de Galilée
et dans ma montée vers Jérusalem sans savoir où nous allions. Et
-- C’est toi qui, aujourd’hui encore, là où tu es, là où tu
en es, entretiens la petite flamme de la foi sur ton lieu de travail, au sein
de ta famille, parmi tes amis pour qui je ne suis pas forcément grand-chose.
-- C’est toi qui as le courage parfois d’être, en mon nom,
signe de contradiction.
Vis pleinement ces instants d’intimité
Alors, laisse donc cette question avec son poids de
culpabilité et d’angoisse que tu n’as pas à porter. Vis pleinement ces instants
d’intimité ensemble, ce dernier moment d’amitié auquel je tiens plus que tout.
D’accord Seigneur, mais laisse-moi reposer ma
question: serait-ce pour moi Seigneur qu’aujourd’hui, aujourd’hui encore,
tu t’apprêtes à donner ta vie? Serait-ce pour moi? (Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, Retraite
dans la ville 1 avril 2015)
Ce court texte m’a fait pensé aux paroles que m’a dites mon
frère Luc, ces jours-ci. Luc est prêtre dans le diocèse de Québec. Il est allé
recevoir le sacrement de la réconciliation ces jours-ci. Son confesseur lui a dit que
nous, quand nous allons nous « confesser », nous regardons la tache
noire sur le drap blanc. Mais Dieu regarde toute notre personne. Il n’oublie
pas, Lui, l’ensemble de notre vie. Il n’oublie pas tout le bien que nous
faisons.
Je vous souhaite un saint et fructueux Triduum.
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