mardi 12 avril 2022

La vie chrétienne = une vie

 La vie chrétienne = une vie (1)

Au Québec, et spécialement à Montréal, où je vis et j'exerce mon ministère sacerdotal, plusieurs baptisés n'ont, semble-t-il aucune idée de ce qu'est la vie chrétienne. De nombreux jeunes parents, qui n'ont pour la plupart aucune formation religieuse, demande le baptême pour leurs enfants parce qu'eux-mêmes ont été baptisés et parce qu'ils savent que si leurs enfants veulent se marier à l'èglise un jour, ils devront être confirmés. Voilà les deux principales motivations qui incitent plusieurs parents, dans le Québec d'aujourd'hui, à faire batpiser leurs enfants. On semble complètement oublier que la vie chrétienne est une vie et doit donc imprégner toute la vie de la personne baptisée. Un baptisé et une baptisée, en plusieurs points, ne doivent pas vivre comme une personne non baptisée. Toute la vie du baptisé doit être transformée par la personne du Christ, par son enseignement et ses exemples. J'ai lu dernièrement un livre de Mgr Jacques Leclercq, prélat du diocèse de Malines-Bruxelles, décédé en 1971. Le livre, intitulé : "Le prêtre devant Dieu et devant les hommes" (1), écrit en 1964, est d'une étonnante actualité. Voici ci-dessous quelques extraits de ce livre, qui traitent du sujet de ce blogue :  

" Un bon moyen d'y voir clair est de se demander ce qui change quand on devient chrétien. Un menuisier chrétien ou non chrétien rabote les planches de la même manière; un médecin chrétien ou non chrétien prend la tension de la même manière; À quoi le chrétien doit-il se reconnaître? À son dévouement, à son désintéressement, à son désir du bien de ceux que sa profession l'amène à servir, à sa conscience professionnelle. Ceci amène le chrétien à être préoccupé d'être professionnellement compétent, de faire de bonnes études, etc." (Le prêtre devant Dieu et devant les hommes, Casterman1964, p. 210).

"La vie surnaturelle elle-même a pour but final d'agir sur l'action. On reconnaît le chrétien, non à ce qu'il va à la messe, à ce qu'il reçoit les sacrements, à ce qu'il prie ou médite, mais à sa vie, et à l'emprise de la charité sur sa vie." (Ibid, p. 210) 

"Le christianisme est religion d'incarnation; et la vie chrétienne s'accomplit dans la vie de l'homme, dans la vie complète de l'homme, qui est une vie matérielle inspirée par l'esprit. Impossible d'être chrétien sans s'occuper de la vie matérielle, mais vue sous un certain angle. Il est également impossible d'avoir l'esprit chrétien sans que la vie en soit modifiée, et toute la vie. Car la vie - ou, si on préfère, l'action - dépend de ce qu'on a dans l'esprit. Bien plus, la prière et le culte n'ont de valeur chrétienne que dans la mesure où ils transforment la vie. C'est la vie seule qui exprime ce qu'on a dans l'âme. Ceux qui vont à la messe et qui vivent comme des païens, sont plus pécheurs, parce que leur vie insulte le sacrifice du Christ qu'ils prétendent vénérer par une cérémonie rituelle." (Ibid, p. 219)

LA VIE CHRÉTIENNE, EST UNE VIE DANS LE CHRIST, PAR LE CHRIST ET POUR LE CHRIST. 

Un chrétien qui, à quelque période de sa vie que ce soit, n'est pas intéressé à connaître Jésus et à conformer sa pensée et son agir à l'évangile, ne vit pas son baptême. Il se peut que cette désertion soit temporaire; nous le souhaitons tous. Mais il se peut que cette désertion soit chronique et presque irréversible. 

Le but de l'Église, est de former des chrétiens conscients de leur identité et fiers d'être des disciples de Jésus. Si les parents de nos enfants, de nos jours, n'ont pas, d'abord pour eux-mêmes, ce but dans la tête et dans le coeur, ils devraient d'abord travailler sur eux, avant de confier à l'Église l'éducation religieuse de leurs enfants. Car l'Église a toujours été d'abord une Église domestique. C'est à la maison que se vit d'abord la foi et la charité chrétiennes. Personnellement, je n'enverrais jamais mes enfants se former à une religion à laquelle je ne crois pas ou ne crois plus. 

Les personnes baptisées qui ne sont pas très fières de leur baptême, devraient réfléchir au tort qu'elles risquent de produire à l'Église en envoyant leurs enfants se former à la vie chrétienne en paroisse. Car au train où vont les choses, nous voyons de plus en plus de catéchètes qui s'interrogent sérieusement sur ce qu'ils font et qui sont susceptibles de se décourager. Ces chers catéchètes ne voient qu'occasionnellement le fruit de leurs labeurs, car une fois que nos jeunes ont reçu les sacrements de l'initiaton chrétienne, on les voit rarement fréquenter la communauté chrétienne.   

S'il n'y a pas un tournant sérieux et drastique dans la façon dont nous accueillons les demandes de premières communions et de confirmations au sein de nos paroisses, nous nous dirigeons vers un mur. Le dynamisme quittera le coeur de nos intervenants en pastorale et même de nos pasteurs. 

Les enfants ne sont pas fous. Ils voient très clairement si leurs parents croient ou non à Jésus et à son Évangile. lls ne peuvent que juger défavorablement le fait d'être obligés de se former à une façon de pensée et de vivre que leurs parents ont volontairement délaissée. Ils penseront instinctivement que la religion, c'est pour les enfants et qu'il seront libres de l'abandonner une fois qu'ils auront vécu leur confirmation. Dans le milieu écclésial ici, on connaît presque tous le dicton suivant: "Avec la confirmation, nos jeunes confirment leur absentéisme de l'Église jusqu'au moment de leur mort ".

Je m'excuse pour les personnes qui jugeront ce blogue très déprimant et peut-être même inconvenant. Quant à moi, si je l'ai écrit, c'est que je le juge important et essentiel pour l'éclosion d'une nouvelle vision des choses, et d'une nouvelle façon de former à la vie chrétienne. 

Comme le dit un autre dicton : "On ne réveille pas quelqu'un qui ne dort pas". Ce dicton, je l'applique aux parents qui volontairement ont abandonné les croyances de leur baptême ou qui vivent comme si Dieu n'était pas important dans leur vie. Il est presque inutile de vouloir réveiller ces gens, car ils ne dorment pas ; au contraire, ils sont très ancrés dans leurs idées. On ne peut qu'attendre que se creuse en eux une brèĉhe, par où la lumière de l'Évangile du salut pourra s'infiltrer. 

Je vous souhaite à tous une belle et fructueuse SEMAINE SAINTE. Personnellement, j'offre cette semaine à Dieu, dans l'espérance qu'il accordera de grandes grâces de conversion à note peuple. J'offre aussi ce temps béni pour le pauvre peuple Ukrainien et les dirigeants de toutes les nations. 

 

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